Police d'Etat

Chapitre 3 : Retour à Hawaï - Partie III

4813 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/08/2024 10:33

Ils étaient restés planter au milieu de la pièce ne comprenant pas vraiment ce qu'il venait de se passer. Elle se mit à rire doucement.

- Qu'est-ce qui vous fait rire comme ça ?

- C'est bien un McGarrett, rit-elle. Ce qu'il veut, il l'obtient.

- J'espère que c'est le dernier de son espèce, ironisa-t-il.


Il lissa sa cravate entre deux doigts et la suivit sur la plage. Ils s'assirent sur le sable et regardèrent les vagues.

- Vous êtes sur l'île depuis combien de temps ?

- Comment vous savez que je ne suis pas d'ici ?

- Votre cravate parle d'elle-même.


Il en portait une noire à rayures grises. Sa préférée. Celle que sa fille lui avait offert pour la fête des pères. Il avait remarqué que les hawaïens n'en portaient pas mais il ne se voyait pas trop avec des chemises à fleurs et un bermuda. Le summum serait qu'on l'oblige à porter des tongs. Ce genre d'accoutrement n'était vraiment pas pour lui. Le classique lui correspondait parfaitement.

- Là d'où je viens on en porte une tous les jours.

- Sur l'île nous avons une autre façon de faire. Et une autre façon de s'habiller également, dit-elle, en souriant. Nous sommes plus décontractés.

- J'ai cru comprendre.

- Vous vous y ferez.


Elle lui sourit, en se relevant, et s'éloigna sur la plage. Danny se redressa à son tour tout en la suivant des yeux. Il rejoignit sa voiture et démarra. La fraîcheur de la climatisation lui fit le plus grand bien.

- Cette femme donne chaud sans s'en rendre compte.




Hôtel Waikiki, Chambre 2121.


Steve était allongé sur son lit et avait écouté à de nombreuses reprises la voix de son père sur le dictaphone. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il enquêtait sur les services de police. Il avait également passé plusieurs appels pour en apprendre davantage sur ce Danny Williams. Divorcé. Flic de New York. Il était arrivé sur l'île récemment pour être avec sa fille. Ces anciens collègues New-yorkais l'avaient mentionné comme un très bon enquêteur. Il souleva la partie amovible de la boîte à outils et découvrit une énorme enveloppe kraft marron qu'il déversa sur son lit. Des photos d'une voiture carbonisée. Celle de sa mère. Le rapport d'enquête était joint. Il le lut attentivement. C'était bien l'accident qui avait causé le décès de sa mère mais le rapport indiquait qu'une bombe était posée dans le véhicule. Cette découverte soulevait de nouvelles questions. Pourquoi son père gardait ça dans une boîte à outils ? Pourquoi une bombe avait été installée dans la voiture de sa mère ? Il rangea tout et glissa la caisse sous son lit. Il se leva et se dirigea vers la terrasse. Il parcourait des yeux la vue s'étendant devant lui. L'océan. Les montagnes verdoyantes au loin. Cette vue. La plus belle qu'il n'ait jamais vu. Enfin si. Il y avait une personne encore plus belle que l'île d'Hawaï. Alexa avec ses yeux gris qui vous transperçaient le cœur. Le balancement léger de ses hanches lorsqu'elle marchait. Ses courbes alléchantes où il aurait aimé promener ses mains. Sa peau tellement douce sous ses doigts. Tout en elle appelait au désir le plus ardent. Catherine ne lui faisait pas le même effet. Elle était séduisante mais elle n'avait pas ce qu'Alex possédait. Ce petit sourire qui pouvait faire chavirer n'importe quel homme normalement constitué. Lorsqu'elle apparaissait, ils se retournaient tous sur elle. Elle attirait comme un aimant. Et pourtant, personne n'aurait osé l'aborder. Murphy veillait au grain, comme si c'était chasse gardée. Steve avait toujours suspecté qu'il s'était passé un truc entre eux à la manière dont il la regardait. Durant leur semaine de traque, il avait eu le temps de les observer tous les deux. Il avait surpris plusieurs fois le regard de Tom sur elle. Un regard qui en disait long sur leur relation. La manière dont il se comportait avec elle aussi. Il avait senti qu'il tenait à elle.




Alex gara sa voiture de location sur le parking de la plage. Elle repéra la jeep de Kono un peu plus loin. Elle retira ses baskets et les prit à la main pour descendre sur le sable. Elle s'approcha au plus près de l'eau qui vint lui lécher les chevilles. Elle porta sa main à ses yeux pour tenter de repérer son amie. Elle la vit au bout d'un moment sur sa planche rouge et blanche. Elle lui fit un petit signe de la main et partit s'asseoir sur le sable. Kono sortit de l'eau et courut vers elle, en tenant sa planche sous le bras. Dans son petit bikini blanc. Les hommes installés sur le sable se retournèrent sur son passage. Elle planta sa planche et se posa près de son amie.

- Je ne comprends pas pourquoi tu es encore célibataire. Regarde tous ces mecs la bave aux lèvres, rit Alex, en montrant deux types un peu plus loin.

- Tu peux parler ma vieille. Je te rappelle que tu es aussi seule que moi.


Alex tira la langue à son amie. Cette dernière lui balança une poignée de sable.

- Avoue que tu n'as d'yeux que pour ton beau Commandant McGarrett, répliqua Kono.


Elle ne pouvait pas nier, aucun homme ne trouvait grâce à ses yeux. Il n'y aurait jamais de place pour un autre dans son cœur. Elle avait essayé avec Murphy. Ils avaient passé un très beau moment ensemble. Une nuit très sensuelle. Mais malgré tout, elle n'avait pas réussi à sortir Steve de ses pensées. Même si il était déjà pris par une autre.

- Et voilà, on parle de lui et tu pars dans tes rêves.

- Je suis allée faire un tour chez John. Ne m'engueule pas, dit-elle, en voyant l'expression de son amie. Avec Steve.

- Avec Steve ? Vous vous êtes donnés rendez-vous pour aller sur une scène de crime ? Il aurait pu trouver plus glamour comme rencard.

- Ce n'était pas un rencard. J'étais assis sur la plage devant la maison et il est arrivé. Tout simplement.

- Et vous vous êtes dit, pourquoi ne pas aller jeter un œil sur une scène de crime ?

- A peu près ça. Et j'ai aussi rencontré le Lieutenant qui était en charge de l'affaire.

- Comment ça était ?


Elle lui fit un rapide résumé sur ce qu'ils avaient trouvé dans la boîte à outils avant l'arrivée de Danny et de son gros coup de colère. Elle l'écoutait sans dire un mot. Elle avait entendu parler de lui. Le petit blond teigneux comme l’appelait ses collègues. Alex lui raconta sa conversation avec Steve sur la plage. Elle observait le visage de son amie dont les yeux brillaient dès qu'elle prononçait le prénom du jeune homme. Kono ne l'avait jamais rencontré. Elle l'avait vu en photo en uniforme chez John et elle avait dû reconnaître qu'il était fort séduisant.

- J'ai autre chose à te dire aussi. J'ai reçu un appel de l’État-Major ce matin, dit Alex, en se relevant. Je dois me rendre au camp Pendleton pour obtenir ma nouvelle affectation. Je pars demain soir.

- Tu plaisantes ? Ils auraient pu te laisser digérer le décès de Murphy. Enfin, je ne sais pas quoi, c'était quand même ton Commandant. Même plus que ça.


Alex lui jeta une nouvelle poignée de sable, en riant.

- Tu es la seule à connaître ce petit détail. Mais je t'avoue que repartir en mission sans Tom ce ne sera pas la même chose. Et j'ai quelque regret aussi. Mais, il savait dès le début qu'il n'y aurait pas de place pour lui.

- C'est le moins que l'on puisse dire, rit son amie. Au grand désespoir de Chin qui a tenté de nous caser avec plusieurs de ses amis. Heureusement qu'il a vite abandonné. Tu ne peux pas parler à ton père ? Lui demander de repousser ton départ ?

- Kono, je sais que pour toi c'est compliqué mais tu le savais quand je me suis engagée dans cette voie. Je suis une White. J'ai ça dans le sang.

- Ah ça, je l'ai toujours su. Tu aimes risquer ta vie.

- Tu risqueras la tienne aussi quand tu auras ta plaque de flic et tu comprendras pourquoi j'aime autant ça.




Le taxi s'arrêta devant un hôtel miteux, Steve en descendit tout en courant sous la pluie diluvienne. Il frappa deux coups à une porte et Danny l'ouvrit, en grimaçant, lorsqu'il découvrit qui était derrière. Il le laissa entrer dans la pièce.

- Je suis passé au poste et j'ai vu ton capitaine, enchaîna Steve. Il m'a dit que tu avais mis sur écoute un certain Fred Doran.

- Je peux savoir comment tu as su où je vivais ?

- J'ai mes sources, répondit-il, énigmatique.


Steve regarda tout autour de lui. C'était encore plus glauque à l'intérieur. Il remarqua une photo sur la table de nuit et la prit dans les mains. Une petite fille brune souriait à l'objectif, assise dans l'herbe.

- C'est ta fille ?

- Tu es un vrai Sherlock Holmes dis donc.

- Ne me dis pas qu'elle et toi vous vivez dans ce trou à rats ?

- Tu es qui toi. SOS nounou parfaite.


Danny était hors de lui. On lui avait retiré sa première véritable enquête depuis qu'il était sur l'île à cause de ce McGarrett et maintenant il était là en face de lui en train de critiquer sa manière de vivre.

- Qui est ce Fred Doran ?

- Je ne pense pas que tu aies besoin de moi pour le découvrir. Tu as l'air d'avoir tes sources.

- Arrête aide-moi.


Steve lui montra la photo de Doran qu'il avait trouvé dans le dossier. C'était un afro-américain pas vraiment souriant avec des rastas. Danny s'assit, dans le canapé qui grinça sous son poids, tandis que Steve préféra rester debout près de la fenêtre entrouverte.

- Fred Doran est un trafiquant d'arme. Il a fait deux ans pour revente d'armes prohibés. Il est aussi au centre d'une affaire d'homicide en cours.

- Je ne vois pas le rapport avec l'enquête sur mon père. Hesse ne se serait pas associé à un type comme Doran.

- La balle qui a tué ton père vient de la même arme que celle pour mon enquête sur Doran. Deux meurtres, une arme. C'est pour cette raison que je me suis retrouvé sur le deuxième crime. A mon avis, ton Hesse, à son arrivé sur l'île, a été voir Doran pour obtenir une arme.

- Ton Doran, il sait sûrement où trouver Victor. Allez viens on y va.


Danny se leva en riant. Steve était arrivé à la porte et commençait déjà à l'ouvrir.

- Doucement, je te rappelle que ce n'est plus mon enquête depuis que j'ai été mis sur la touche par ta faute.

- Ton supérieur de New York m'a dit que tu étais là depuis six mois. Tu connais le métier et tu peux avoir un regard neuf sur l'affaire.

- Comment tu as su que je venais de New York ?

- Tu as une légère trace d'alliance. Tu es divorcé et tu es venu ici pour te rapprocher de ta fille c'est évident. Ce qui veut dire qu'entre les visites, il n'y a que ton boulot et c'est exactement ce que je recherche.

- Je ne supporte pas les mecs comme toi. Et tu ne réponds jamais aux questions que l'on te pose ?

- Tu n'as pas le choix, Lieutenant. Le Gouverneur m'a donné carte blanche et je te veux avec moi. Tu vas voir on va s'adorer.

- J'en doute fortement, murmura-t-il.




- J'ai ramené le déjeuner, les filles.


Chin posa la boîte de crevettes thaï sur la table. Alex arriva aussitôt, en sentant l'odeur de la nourriture. Elle mourrait de faim.

- Kono n'est pas là ?

- Tu sais comment elle est quand elle surfe. Il n'y a que les vagues et elle. Rien d'autre ne compte.

- Ça fait du bien de t'avoir à la maison, Alex. Tu nous avais manqué.


Chin avait connu la jeune femme toute petite. Il l'avait vu grandir et avait vu les ravages qu'elle pouvait causer avec sa cousine, Kono, sur les hommes. Et pourtant, elles étaient toujours célibataires. L'une comme l'autre. Il leur avait présenté quelques prétendants avant de cesser voyant que cela ne menait nulle part. Il la regarda ouvrir la barquette et piocher une crevette. Chin alla se laver les mains. En passant, il remarqua le sac de voyage à la porte de sa chambre. Lorsqu'il avait perdu son boulot de flic et que ses fiançailles étaient tombées à l'eau, ils avaient décidé tous les trois d'emménager ensemble. Cela leur semblait tout naturel, Chin étant un peu comme leur grand frère. Et elles voulaient surtout le garder à l’œil pour ne pas qu'il commette l'irréparable. Il avait tout perdu du jour au lendemain. Beaucoup aurait été tenté par la solution facile. Mais pas lui. Il avait pu compter sur John. Sur Kono, sa cousine. Et sur Alex. Les trois personnes qu'il chérissait le plus au monde. Aujourd'hui, il n'en restait plus que deux.

- Tu repars déjà ? demanda-t-il, en indiquant le sac.

- Oui demain soir. Je dois recevoir ma nouvelle affectation.


Elle s'approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue. Il la serra doucement contre lui.

- Ne dis rien, Chin, je t'en prie. J'ai déjà eu cette discussion avec Kono. Je pensais que j'allais rester un peu plus longtemps cette fois-ci étant donné la situation.


Elle comprenait ce que ressentait ses amis. Son téléphone vibra sur la table. Chin jeta un bref coup d’œil et vit le nom de Steve apparaître. Il eut un petit sourire.

- Tu l'as esquivé pendant cinq ans et maintenant, il t'envoie un message, sourit-il. Tu me cacherais quelque chose ?


Elle lut rapidement le texto et courut à sa chambre pour en ressortit, un instant plus tard, en jeans et débardeur. Elle enfila son gilet tactique et glissa son 9mm sur la poche de devant. Un sourcil levé, Chin ne la quittait pas des yeux.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ?

- Steve a trouvé une piste qui pourrait le conduire au meurtrier de son père.

- N'en dis pas plus, je viens avec toi. J'ai une dette envers John et je compte bien l'honorer.

- Je te rappelle que tu n'es plus flic, Chin.

- Tu ne l'es pas davantage, petit scarabée.




Dans la voiture, un silence pesant régnait. Danny roulait en direction du domicile de Doran. La sonnerie du film Psycho retentit dans la voiture. Il éteignit son portable en grimaçant.

- Ton divorce ne se passe pas bien ?

- Et bien non. Ça aurait pu être mieux si mon ex ne s'était pas remariée et n'avait pas entraîné ma fille au doux paradis des noix de coco.

- Tu n'aimes pas Hawaï ?

- Non. Je n'aime pas cette île. Je n'aime pas les plages. Encore moins l'océan. Tu vois moi je suis un citadin. Je veux des routes et des gratte-ciel. Pas des tsunamis ou des attaques de requins. Je suis un flic de New York. Avec une cravate. Pas un Hawaïen en tong.


La sonnerie retentit une nouvelle fois. Danny attrapa son portable et décrocha pour couper court à sa discussion avec Steve.

- Oui très chère... Oh mon petit chat... Non, non, je pensais que c'était ta mère... Je suis très heureux que tout le monde à l'école aime Monsieur Lapin... Oui, moi aussi, je suis pressé d'être ce week-end... Danno t'aime aussi trésor.


Il raccrocha le téléphone, un sourire immense sur les lèvres.

- C'est qui Danno ?

- Non, arrête tout de suite.


Steve sourit. Ils continuèrent leur route dans le silence le plus total. Ils se garèrent devant tout un tas de caravanes et de bungalows qui auraient pu connaître des jours meilleurs. Steve sortit de la voiture, en dégainant son arme.

- Et attends, ce Doran est un fou furieux. Il tire sur tout ce qui bouge. On devrait appeler des renforts.

- Les renforts sont juste là, dit Steve, en claquant la portière.


Il lui indiqua du doigt la jeune femme qu'il avait rencontré le matin même. Elle était accompagnée d'un asiatique qui lui fit un petit signe de tête. Ils repérèrent le mobile-home de Doran et s'en approchèrent doucement. Des hurlements de femme en sortaient. Une bouteille de vodka vide passa à travers la porte ouverte. Steve fit signe à Danny et Alex de passer par devant. Ils passèrent sans se faire voir devant la porte et se plaquèrent contre le mur. Chacun d'un côté de la porte vitrée. Une femme blonde en petite tenue sortit. Danny l'attrapa au vol et lui emprisonna la bouche de sa main.

- Jessy revient ici tout de suite, hurlait Doran. On n'en a pas fini tous les deux.


Le suspect à l'intérieur s'arrêta et vit une ombre à travers les persiennes. Il attrapa son fusil mitrailleur. Jessy mordit un grand coup dans la main de Danny qui la lâcha aussitôt.

- Y a les flics, tire-toi, lui hurla-t-elle.


Il enclencha son fusil et tira à l'aveugle. Alex se jeta sur Danny et ils basculèrent par-dessus la rambarde pour atterrir sur un vieux pick-up, garé juste en dessous.

- Tout va bien ? hurla Steve.

- Oui, répondit-elle.

- Fonce et attrape cet enfoiré, répliqua Danny.


Steve défonça la porte de derrière et entra dans la maison. Doran avait filé par une fenêtre sur le côté. Il y sauta, à son tour, et atterrit dans les poubelles. Il lui courut après entre les caravanes. Il entendait Chin derrière lui. Il vit Doran, un peu plus loin, attraper une femme qui descendait de sa camionnette avec un panier rempli de bananes, qui chuta lourdement sur le sol. Il la tint fermement devant lui en collant le canon de son fusil sur sa tête. Steve arriva l'arme au poing, Chin toujours sur les talons. Il s'arrêta à un mètre de Doran sans baisser son arme. La femme suppliait, en pleurant.

- Tu as vendu une arme à Victor Hesse. Je veux savoir où il est ?

- Tu perds ton temps, je ne dirais rien.

- Ce n'est pas toi que je veux c'est lui. Où il est ?

- Je n'en sais rien. Maintenant, balancez vos flingues ou je la tue. Vous êtes sourds ou quoi ? Je te jure que je la tue si tu n'obéis pas.


Steve examina la situation un court instant avant de prendre une décision. Il ne pouvait pas tirer sans blesser l'otage. Il fit signe à son ami de baisser son arme. Au moment où il la jeta sur le sol, il vit Doran la pointer sur lui. Des coups de feu explosèrent. Doran s'écroula. Steve aperçut Danny derrière la camionnette, l'arme encore fumante dans sa main.




Les policiers barricadaient la zone autour du bungalow de Doran. Jessy se trouvait menotter à l'arrière d'une des voitures et regardait Danny, avec un air mauvais sur le visage. Il faisait son rapport à ses collègues sur la fusillade. Steve inspectait l'intérieur de la maison à la recherche d'éventuels indices, avec Chin et Alex. Dans la chambre de Doran, il remarqua que le lit était défait. Il entendit un léger grattement venant de sa droite. Il tourna sa lampe torche et découvrit une porte, fermée par un tournevis. Il le retira et l'ouvrit. Une jeune adolescente asiatique était ligotée à l'intérieur. Lorsqu'elle le vit, elle se tassa au fond du placard.

- N'aie pas peur. Tout va bien, lui murmura-t-il.


Il appela ses amis tout en attrapant une couverture pour la recouvrir. Il ne pouvait pas la sortir en sous-vêtement avec tous les hommes qui se trouvaient à l'extérieur.

- Tout va bien. N'aie pas peur. Je fais partie de la police. Comment tu t'appelles ?


Voyant qu'elle ne le comprenait pas, il lui répéta sa question dans un chinois parfait. Elle lui répondit d'une petite voix rauque. Il sortit son couteau de sa poche et coupa ses liens. Il voulut s'approcher davantage mais elle se tassa au fond du placard. Il sentit la main d'Alex se poser sur son bras. Elle lui fit signe de la laisser, seule avec elle. Elle s'assit sur le sol près de l'adolescente, tout en parlant chinois à voix basse avec elle. Steve préféra les laisser seule et sortit sur le perron. Après sa discussion, Alex rejoignit les trois hommes.

- Elle est arrivée par cargo clandestinement il y a quatre jours avec ses parents et deux cent autres personnes. C'est là qu'elle a été vendue à Doran. Et, je vous passe les détails de ce qu'il lui a fait subir, murmura-t-elle.

- Elle doit avoir à peine quinze ans, chuchota Chin. Pauvre gamine.

- Je t'avais dit que c'était un grand malade, s'exclama Danny.

- Nous ne sommes pas plus avancé. La seule personne qui aurait pu nous renseigner est morte, répliqua Steve.

- Vous vous foutez de moi ? C'est une caméra cachée ? hurla Danny.

- Il y a une filière pour faire entrer les clandestins. Hesse a dû suivre le même chemin pour entrer ici, indiqua Chin.


Danny sentait la moutarde lui monter au nez. Il devint rouge prêt à exploser sous la colère.

- Vous prenez des risques stupides et inutiles. Moi, je suis père de famille je ne vais pas risquer ma vie pour une histoire de vengeance.

- Cette jeune fille aussi est la fille de quelqu'un, dit Steve.

- Mais tu ne comprend rien à rien. Pour quelqu'un qui a perdu son père, je te trouve complètement con.

- Tu viens de dire quoi là ? Imagine si il avait fait à ta fille ce qu'il a fait subir à cette adolescente. Imagine juste ça un instant. Ne me dis surtout pas que tu ne ferais pas n'importe quoi pour retrouver l'ordure qui lui aurait fait ça.

- Je t'interdis de mêler ma fille à cette discussion.


Il pointait son doigt sur Steve tout en martelant chaque mot qu'il prononçait.

- Je te préviens, Danny. Je déteste qu'on s'approche trop près de moi.


Il posa son doigt, une nouvelle fois, sur le torse de Steve. Ce dernier lui attrapa le bras et le tordit violemment jusqu'à ce que Danny soit au sol.

- Désolé Lieutenant mais je t'avais prévenu.

- Mais tu es qui toi ? Un ninja ?


Alex et Chin avaient assisté à la scène sans bouger.

- J'ai bien compris, Danny, que tu ne m'aimais pas. Mais pour le moment nous faisons équipe ensemble.

- Super maintenant tu me lâches.


Steve le relâcha et Danny se releva doucement en se massant l'épaule.

- Nous devons remonter la filière...


Danny lui balança un magistral coup de poing en pleine mâchoire. Steve, sous le choc, s'écroula sur la voiture derrière lui.

- Tu as raison je ne t'aime pas, s'exclama-t-il, en s'éloignant du groupe.

- J'ai peut-être quelqu'un pourrait nous aider, dit Chin. Mais, il n'aime pas particulièrement les flics et encore moins les blancs.




Ils garèrent leurs voitures le long du trottoir. Ils s'approchèrent de la petite baraque où un énorme bonhomme cuisinait des crevettes. L'odeur d'ail les enveloppa rapidement, leur faisant gargouiller le ventre.

- Oh Chin, mon ami, s'exclama Kamekona, en tendant la main.


Il aperçut les deux hommes qui se tenaient près de lui.

- Tu as amené des flics avec toi ? Tu n'es pas sérieux ? Et ma réputation dans tout ça ? Tu y penses à ma réputation ? Si on me voit avec des poulets, je vais fermer boutique.

- Kame, tu peux arrêter ton cirque deux minutes, s'exclama Alex. Sers-moi, une portion de crevettes thaï. Je meurs de faim.


Il regarda la jeune femme avec une énorme sourire sur le visage.

- Alexa, tu es celle qui fait battre mon cœur sur cette île, répondit-il, en lui baisant la main.


Steve serra la mâchoire. Il n'appréciait pas vraiment que ce bonhomme tienne sa main si longtemps dans la sienne. Il se racla la gorge bruyamment.

- Nous sommes ici pour obtenir le nom de la personne qui fait passer des clandestins, dit-il.

- Je ne parlerais pas avec vous, les gars. Par contre, vous pouvez me prendre des consommations et me faire de la pub gratuitement.


Il leur tendit un cornet de glace ainsi que deux tee-shirts extra large jaune poussin. La tête de Kamekona, version crevettes, imprimée en grand dessus. Il leur indiqua d'un geste d'aller plus loin et resta seul avec Chin et Alex.

- Kamekona, nous avons retrouvé une gamine enfermée dans un placard, dit Chin, en lui montrant la photo de l'adolescente. Elle est passé par une filière clandestine avec ses parents et deux cents aux autres personnes. Ils sont quelque part à Hawaï et nous avons besoin de toi pour les retrouver.

- Je ne fais plus partie de ce monde. Je suis un simple restaurateur aujourd'hui.




Au loin, adossé à la voiture, Steve observait la jeune femme qui discutait et riait avec Kamekona. Il suivait des yeux chaque courbes de son corps, moulé dans le jeans noir. La cambrure de ses reins menant à des fesses galbées. Décidément, elle ne se rendait pas compte de l'effet qu'elle produisait sur lui. Une petite fille s'approcha d'eux, en sautillant.

- Vous êtes des flics ? leur demanda-t-elle.

- Non, répondit Steve.

- Je ne te crois pas. Tu as vraiment la tête d'un flic.


Il s'agenouilla devant elle et lui tendit sa glace.

- Tiens prends ma glace et file retrouver ta mère.

- J'aime pas les glaces.


Alex les rejoignit, en tenant une barquette de crevettes. Elle s'adossa à la voiture à côté de Danny, qui tenta de lui prendre un des crustacés. Elle lui tapa doucement sur la main.

- Vous êtes très jolie, lui dit la petite fille, en souriant.

- Merci. J'ai entendu dire que tu n'aimais pas les glaces. Ce n'est pas très commun pour une petite fille de ne pas apprécier ça. Tu préfères peut-être les crevettes comme moi ?


La petite fille lorgnait avec envie la barquette. Elle la lui tendit avec un sourire. Elle se jeta dans ses bras avant de s'éloigner pour retrouver sa mère. Sa glace toujours à la main, Steve observait la gamine disparaître derrière une haie. Alex se rapprocha de lui et croqua dans le cornet. Elle se mit à rire en voyant la tête dépité du jeune homme.

- Désolée mais je meurs de faim, dit-elle.

- J'hallucine, tu veux mourir, rit-il, à son tour. On ne touche pas à ma glace.


Chin les rejoignit en étouffant un rire lorsqu'il vit la dégaine que les deux policiers avaient avec les tee-shirt deux fois trop grands pour eux. Il regarda Alex, installé près de Steve, qui essayait de croquer, de nouveau, dans sa glace. Il devait reconnaître que ces deux-là étaient faits pour être ensemble. Il y avait une telle alchimie entre eux que ça crevait les yeux. Ils étaient les seuls à ne pas s'en rendre compte.

- J'espère que tu as réussi à avoir un nom, déclara Steve, en tenant à distance son cornet.

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