Police d'Etat

Chapitre 1 : Retour à Hawaï - Partie I

4536 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/07/2024 10:58

Pohang, Corée du Sud.


Trois camions militaires longeaient une route caillouteuse, en file indienne. Ils venaient de sortir d'une base cachée à l'intérieur d'une montagne. Steve McGarrett était assis à l'arrière du fourgon situé au milieu, face à un prisonnier entre deux gardes. Le détenu avait les mains attachées devant lui avec un lien en plastique. Il bougeait ses mains l'une contre l'autre pour essayer de se libérer sans être vu. Il faisait une petite grimace quand le lien lui entaillait légèrement la peau. Une goutte de sang commença à perler sur un de ses poignets. Steve regardait l'itinéraire sur une carte. Ils avaient une vingtaine de minutes de route à parcourir avant d'arriver à l'aérodrome militaire. Ses pensées le conduisirent à une jeune femme qu'il n'avait pas revu depuis cinq ans. Alexa White. La fille de l'Amiral Joe White qui était aussi le meilleur ami de son père. Il avait été surpris de tomber sur elle en Corée et que son équipe allait seconder la sienne dans la capture d'Anton Hesse.

- Ça c'est marrant. Tu n'as pas l'air d'un Hawaïen, s'exclama le prisonnier.


Steve lui jeta un vague coup d’œil, un sourire flottant sur les lèvres. Il se pencha légèrement vers le détenu.

- Je ne m'attendais pas à ce que tu entames la conversation si rapidement. Tu vas nous dire tout ce que tu sais, Anton, dit-il.

- Pourtant, tu es né sur l'île et tu y as grandi, répliqua le prisonnier.

- Le nom de chaque fournisseurs qui vous vendaient des armes, de chaque groupuscules terroristes à qui vous les refourguiez, chaque associés et chaque clients de vos trafics que se soit d'armes ou d'humains.

- Tu n'en as jamais eu marre de nous chercher partout pendant cinq ans comme un vulgaire toutou. Tu ne t'es jamais dit que nous aussi on pouvait s'occuper de toi. Que nous aussi, nous avions enquêté sur toi.


Anton faisait comme si il n'entendait pas les questions du Commandant, assis face à lui. Le téléphone portable de Steve se mit à sonner dans sa poche. Il le sortit sans lâcher des yeux son prisonnier. Il jeta un bref regard sur l'écran. Son père.

- Tu ne décroches pas ? Pourtant, tu n'as pas beaucoup l'occasion de parler avec ton père. Surtout après nous avoir cherché partout.


Steve redressa vivement la tête et fusilla du regard Anton. Il observa un instant son prisonnier avant de se décider à répondre.

- Papa.

- Salut Champion, répondit son père.

- Tout va bien ?


Il ne lâchait pas des yeux son prisonnier qui affichait un petit sourire en coin. Il sentait une pointe d'inquiétude s’insinuer au plus profond de lui.

 


 

Maison des McGarrett, O'ahu, Hawaï.


John était ligoté sur une chaise. Du sang séché collait ses cheveux poivres et sels. Un homme, d'une trentaine d'années aux cheveux blonds platine, se tenait debout derrière lui et pointait le canon d'un pistolet sur sa tête. De l'autre main, il tenait le téléphone près de l'oreille de John.

- Tu connais ces minables, Steve, balbutia-t-il.


Victor reprit le téléphone en mettant un coup de crosse de pistolet sur l'épaule de son prisonnier. La chaise tangua légèrement mais l'homme la retint avant qu'elle ne tombe.

- Je sais maintenant de qui tu tiens ta tête de mule, répliqua-t-il.

 

 


Pohang, Corée du Sud.


Steve fit un signe au garde près de lui pour avoir de quoi écrire. Il griffonna rapidement l'adresse de son père. Victor Hesse était un trafiquant d'armes international ainsi qu'un tueur professionnel. Anton, son petit frère, était plus spécialisé dans la contrebande d'êtres humains mais il travaillait avec son aîné sur le trafic d'armes.

- Tu vas m'écouter attentivement, Steve. Nous avons tous les deux quelque chose d'important à perdre. Je t'offre un marché. Ton père contre mon petit frère. Quand tu y regardes de plus près, cette offre est plus que généreuse.


Steve serrait tellement fort le téléphone contre son oreille que ses phalanges en devenaient blanches. Il se contrôlait également pour ne pas éclater la tête d’Anton contre la carrosserie du camion. Le sourire suffisant qu'il affichait, lui portait sur les nerfs. Il avait passé cinq ans à les traquer. Il avait parcouru tellement de pays. Vu tellement de cadavres jonchant la route des deux frères. Il tenait enfin l'un d'eux. Pas le plus important mais il savait qu'il le conduirait à Victor. Mais, il n'aurait pas imaginé se retrouver dans cette situation : son père retenu en otage par un tueur de sang froid.

- Tu n'es pas assez idiot pour croire que je vais gober ça. Tu ne relâcheras jamais mon père. Nous le savons aussi bien l'un que l'autre et je te rappelle que nous ne négocions jamais avec les terroristes.

 

 

Maison des McGarrett, O'ahu, Hawaï.


Victor essayait de le garder en ligne au maximum pour laisser le temps à son acolyte de localiser l'emplacement exacte de McGarrett. Il avait envoyé deux équipes pour s'occuper de lui et ramener son frère en vie. Il savait qu'ils se trouvaient en Corée du Sud. Anton devait ramener un convoi de jeunes filles pour les mettre sur le marché de la prostitution. Victor se tourna vers l'homme, assis au bureau, pour connaître la situation. Il lui fit signe de continuer de le faire parler. La carte s'agrandit encore sur l'écran de l'ordinateur portable et la balise indiqua la position exacte de Steve. Il leva le pouce vers Victor signe que tout était bon pour passer à la phase suivante du plan. Il attrapa le téléphone satellite posé à côté de lui.

- Position triangulée. Le convoi est à treize kilomètres de votre situation.

 

 

Pohang, Corée du Sud.


Anton n'avait pas lâché son petit sourire arrogant ni quitter des yeux Steve. Il sentait que ce dernier commençait à perdre patience. Le Commandant McGarrett n'était pas connu pour sa grande patience. Il était impulsif et téméraire. Pas toujours une très bonne combinaison lorsque l'on faisait partie des Forces Spéciales.

- Hors de question de négocier dans ces conditions, Victor.

- Ah bon, on négocie maintenant, répliqua Victor. J'étais persuadé que vous, les gentils, ne négociaient jamais avec les gens de mon espèce.

- Si il arrive quoi que se soit à mon père, tu perds toutes tes chances de revoir ton frère vivant.


Anton ravala temporairement son sourire. Il connaissait assez la réputation de McGarrett pour savoir qu'il ne mentait pas. Steve entendait au loin la voix de son père à travers le téléphone.

- Passez le moi, hurlait son père. Passez moi mon fils. Je pense être capable de le faire changer d'opinion. Je suis son père, il fera ce que je lui dirais.


Steve serra un peu plus le téléphone contre son oreille. Il entendit des pas sur le parquet qui craqua légèrement sous le poids de Victor. Son père toussa.

- Ecoute-moi Champion.

- Papa ? Je vais te sortir de là. Les renforts ne devraient pas tarder à arriver.

- Je te demande pardon pour t'avoir menti.

- Menti ? Mais menti sur quoi ? Qu'est-ce que tu racontes papa ?

- Je t'aime plus que tout, Steve. Je sais que je ne te l'ai pas dit souvent mais c'est la vérité. Quoi que ces gens veulent de toi surtout ne cède pas. Ne cède jamais.


Steve entendit une chaise tombée.

- On ne joue plus, Steve. Je récupère mon frère.

- Je te jure que je vais te retrouver, Victor, et que je vais t'abattre comme un chien.


Il commençait à avoir du mal à entendre ce qu'il lui disait au téléphone. Des hélicoptères passaient au-dessus d'eux. Anton se mit à rire. Steve le regarda, surpris.

- Et... Boom, lui dit Anton.




Alexa regardait le paysage défiler devant ses yeux. L'hélicoptère frôlait les montagnes verdoyantes. Elle balançait ses jambes au-dessus du vide, tout en écoutant d'une oreille distraite la discussion de ses équipiers. Elle était totalement perdue dans ses rêves. Steve McGarrett occupait toutes ses pensées depuis l'adolescence. Depuis qu'elle l'avait croisé à la base de Pearl Harbor, un jour où elle rendait visite à son père, il sortait de la piscine d'entraînement, torse nu. Son corps était parfait. Musclé. Des yeux bleus à faire craquer n'importe quelle fille. Des cheveux noirs dans lesquels, on aimerait passer une main. A cet instant, elle sut qu'aucun autre homme ne ferait battre son cœur. Elle repensa à leur dernière rencontre, cinq ans auparavant. Elle venait d'avoir dix-huit ans et faisait ses premiers pas à l'académie militaire. Elle l'avait croisé, au détour d'un couloir. Il sortait d'une chambre où se trouvait une superbe brune, en petite tenue. Son cœur avait explosé dans sa poitrine et elle avait fait tout son possible pour ne pas recroiser sa route jusqu'à la semaine dernière. Joe avait demandé à son Commandant de prêter main forte à Steve pour la capture d'Anton Hesse avant de rentrer au bercail. Murphy, ayant une dette envers lui, n'avait pas pu refuser de venir en aide à son ami. Elle avait crapahuter dans la jungle. Dormir à quelques pas de lui. Après cette expédition, elle s'était rendue compte que ses sentiments ne s'étaient pas estompés. Elle avait eu beau mettre des milliers de kilomètres entre eux, rien n'avait changé la concernant. Son cœur battait toujours autant pour lui. Même si elle savait qu'il avait toujours une relation avec la fameuse brune, le Lieutenant Catherine Rollins. La radio à bord de l'hélicoptère grésilla, la faisant sortir de ses pensées.

- Équipe 3 vous devez faire demi-tour immédiatement. Le convoi du Commandant McGarrett a été attaqué.

- Équipe 3, répondit Murphy. Nous y allons.

- Nous vous transmettons les coordonnées de destination.


L'appareil vira de bord. Alexa attrapa un gilet pare-balle que lui lançait un de ses équipiers. Elle l'enfila et prit un des fusils d'assaut posé près d'elle. Elle l'arma.

- Les gars nous allons aider de nouveau le Commandant McGarrett. Il va nous devoir plusieurs coups à boire, rit Murphy.




Steve écarquilla les yeux. Il venait de comprendre dans quel piège il était tombé. Un des deux hélicoptères repassa au-dessus d'eux et tira une roquette sur le camion se trouvant devant le leur. Le véhicule explosa sous l'impact. Le fourgon le contourna et accéléra. L'autre hélicoptère se posa leur barrant la route. Des hommes en treillis noir en descendirent et tirèrent au fusil mitrailleur. Ils abattirent les militaires qui conduisaient. A l'arrière, Steve et les deux gardes s'armèrent et sortirent. Ils s'aperçurent que l'autre véhicule qui les suivait s'était arrêté sur le bas côté et commençait déjà à riposter. Steve traîna Anton derrière le fourgon pour le mettre en sécurité. Une nouvelle roquette fusa et explosa un autre camion. Steve eut juste le temps de se mettre à couvert avant qu'un morceau de métal n’atterrisse près de lui. Ça tirait dans tous les sens. Il voyait son équipe se faire décimer devant ses yeux. Il retira son gilet pare-balles et força Anton à l'enfiler. Il abattit l'homme au lance-roquettes qui se trouvait toujours dans l'hélicoptère les survolant. Pour la sécurité de son père, il ne devait rien arriver à son prisonnier. Il devait aussi laisser le temps au policier hawaïen de se rendre sur les lieux. Il regarda son téléphone au cas où les nouvelles seraient bonnes. Mais, il n'y avait encore rien de nouveau. Il tira sur l'appareil survolant toujours la zone tout en poussant Anton pour qu'il avance. Tout était en flamme autour d'eux. Les corps des Marines gisaient sur le sol. Steve se servait de son prisonnier comme bouclier humain. Il savait très bien qu'aucun d'eux n'oseraient tirer sur le petit frère de Victor Hesse. Il tomba nez à nez avec un des ennemis. Il bloqua Anton contre lui, le canon de son arme sur la tempe. Le dernier militaire, encore debout, reculait tout en tirant et se retrouva dans la ligne de mire.

- Couche toi, lui hurla Steve.


Avant d'avoir pu réagir, le Marines tomba sur le sol, mort d'une balle en pleine tête. Anton lui balança un coup de coude et parvint à s'échapper. Steve attrapa son fusil et vida le chargeur dans le corps de l'homme en noir. Un nouvel hélicoptère les survola. Une roquette explosa l'appareil ennemi. Quatre silhouettes descendirent et il reconnut les membres de l'équipe 3. Ils venaient lui porter secours. Il entendit les tirs des fusils d'assaut retentir autour de lui. La fumée était omniprésente, l'entourant et l'empêchant de distinguer ce qu'il se passait. Son arme à la main, il cherchait Anton. Il avançait lentement entre les épaves. Il enjambait les corps sans vie de ses équipiers. Il vit Anton se jeter au sol un peu plus loin et attraper un pistolet qu'il braqua sur Steve.

- Non Anton, ne fais pas ça, cria-t-il.


Anton s'apprêtait à tirer mais Steve plus rapide lui tira une balle dans le cou. Le prisonnier s'étala sur le sol, s'étouffant dans son propre sang. Steve se jeta près de lui.

- Anton, tiens bon.


Il essayait de calfeutrer la blessure avec sa main mais le sang s'écoulait de la plaie abondamment.

- Non Anton, reste avec moi.


Il était mort. Steve se frotta les mains sur son treillis pour retirer le sang qui les recouvrait. Il était toujours à genoux près du prisonnier lorsqu'il sentit un canon froid se poser sur sa tête.

- Tu vas jeter ton arme et te redresser doucement sans gestes brusques, murmura l'homme. Tu vas dire à tes petits camarades de déposer leurs armes.

- Pourquoi je ferais une chose pareille ?


Steve vit du coin de l’œil Alexa s'approcher à petits pas. Le reste de l'équipe 3 arrivèrent tout en pointant leurs armes sur le dernier homme encore debout.

- Tu es cerné, cria Murphy. Tu ne pourras aller nulle part.

- Dans tous les cas, je suis mort vu que ma mission a échoué.


Il pointa son arme sur Murphy et tira. Les chargeurs des fusils d'assaut se déversèrent sur le corps de l'homme. Lorsqu'il toucha terre, il était mort depuis un moment. Le téléphone de Steve se mit à sonner dans sa poche de veste. Il se releva et regarda tout autour de lui. Des flammes. Des morts. Murphy était au sol. Le sang se répandait sous son corps inerte. Il décrocha en retenant sa respiration.

- Dis-moi où on en est ? demanda Victor.

- Victor, écoute moi.

- Je veux parler à Anton.


Steve n'arrivait plus à parler. Sa bouche était sèche. Des larmes affluaient à ses yeux. Il savait au fond de lui que son père ne serait pas sauvé. Victor Hesse l'aurait tué même si il avait récupéré son frère.

- Il est mort c'est ça ?

- Victor attend.

- C'est ça ? Tu l'as tué ? Alors ton père aussi doit mourir.




Alex jeta son fusil au sol et se précipita vers son Commandant, étendu sur le sol. Des larmes lui coulaient le long des joues. Les yeux noisettes de Murphy fixaient le ciel sans le voir. Le sang se répandait en une grosse flaque sous le corps sans vie. Elle lui ferma les yeux et lui déposa un baiser sur la joue. Murphy était l'un des meilleurs Commandant d'une unité de Seals. Il avait été décoré à de nombreuses reprises pour sa bravoure et il était mort comme il l'avait toujours souhaité : l'arme à la main. Il avait été pour elle plus qu'un chef. Il avait été le seul homme avec qui elle avait fait l'amour. Celui à qui elle avait donné sa virginité le soir où elle avait croisé Steve avec la brune. Il ne lui avait jamais posé de questions. Ils n'en avaient jamais reparlé et il ne s'était jamais rien repassé entre eux après cette nuit. Elle avait surpris plusieurs fois son regard sur elle. Un regard souvent mélancolique. Aujourd'hui, elle pleurait son ami. Son chef. Son ancien amant. Elle prit la main que lui tendait un de ses équipiers et il la redressa lentement avant de la prendre dans ses bras. A travers ses larmes, elle regardait la haute silhouette de Steve qui parlait au téléphone. Elle l'entendit hurler avant qu'il ne s'écroule à genoux.




O'ahu, Hawaï.


Sur la jetée, Steve se tenait face à l'océan, perdu dans ses pensées. Il était de retour chez lui et pourtant il ne se sentait plus vraiment à sa place sur cette île qui lui avait pris toutes les personnes chères à son cœur. Il avait enterré son père le matin même. Une commémoration digne d'un homme tel que John McGarrett. Une cérémonie qui avait réuni la Police d'Honolulu ainsi que le corps des Marines auquel il avait appartenu avant d'être un flic émérite. Steve aurait aimé repartir mais il s'était fixé une mission avant, il devait retrouver Victor Hesse et lui faire payer la mort de son père. Il n'avait pas entendu la voiture s'arrêter derrière lui. Une femme d'un certain âge en descendit.

- Commandant McGarrett ? Je suis le Gouverneur Pat Jameson.

- Gouverneur, dit-il en lui serrant la main.

- Toutes mes condoléances. Je connaissais personnellement votre père. C'était un homme incroyable et intègre. Il me parlait souvent de vous. Vous étiez sa plus grande fierté. Je tenais à vous dire en personne que j'ai mis l'île en état d'alerte.

- Merci, Madame la Gouverneur. Mais, vous savez aussi bien que moi que cela ne servira à rien du tout avec un homme comme Victor Hesse. Il sortira de sa planque seulement quand il aura trouver une solution pour quitter l'île. Dites-moi exactement ce que vous faites ici ? Vous n'êtes pas venu seulement pour me présenter vos condoléances ?

- Effectivement. Je ne voulais pas aller droit au but. Vous ressemblez vraiment beaucoup à votre père, dit-elle, en souriant. Lui non plus n'appréciait pas les détours. J'ai décidé de vous confier la mission que vous vous êtes fixée. Enquêter sur la mort de votre père et arrêter son meurtrier.


Tout en discutant, ils avaient parcouru la moitié de la jetée. Steve s'arrêta brutalement et se retourna sur Pat Jameson.

- Comment ça me confier ? Je ne comprends pas.

- Commandant, la mort de votre père a été une sirène d'alarme pour moi. Le taux de criminalité de l'île est en hausse constante. Je veux créer une unité d'élite et je vous veux à sa tête.

- Vous ne me connaissez même pas et vous voulez me confier une unité, rit-il.


Elle s'arrêta à sa hauteur et le défia du regard.

- J'ai lu votre dossier, Commandant. A seize ans, vous êtes entré à l'Académie navale. A dix-huit ans vous avez intégré les Services Secret de la Navy où vous êtes resté pendant cinq ans avant de rejoindre les Forces Spéciales depuis maintenant six ans. Et, je ne vais pas parler de vos décorations. Vos supérieurs m'ont fait que des éloges sur vous. Vous êtes leur meilleur élément.

- Je suis désolé de vous interrompre, Gouverneur. Mais pendant cinq ans, j'ai traqué Victor Hesse. Si il a été assez fou pour attaquer mon père c'est qu'il a une stratégie pour quitter l'île sans être repéré. Et il sait que je le sais. Alors, je n'ai pas vraiment de temps à perdre. Une fois que je l'aurais attrapé, je repartirais. Excusez-moi mais je dois retrouver sa piste pendant qu'elle est encore chaude.


Il remis son képi et commença à s'éloigner sur la jetée. Pat le suivit en trottinant derrière lui.

- Ce que je vous propose, Commandant, c'est de le coincer en toute autonomie et en toute impunité. En clair, je vous laisse carte blanche à vous et à toute votre unité dont vous pourrez choisir les membres. Je ne m'interposerais dans aucun de vos choix et vous aurez mon appui sur toute vos décisions.


Steve se retourna et lui fit face. Elle s'arrêta tout près de lui et le regarda droit dans les yeux.

- Je pense avoir été suffisamment claire, dit-elle. Mais, il y a une condition : vous me virez les types comme Hesse hors de mon île. Selon vos règles, sous ma protection, sans rendre de compte à personne je vous le promets. Et croyez moi quand je fais une promesse je la tiens.

- Je vais vous dire ce que je crois c'est que les élections approchent à grands pas, sourit-il.

- Quoique vous pensez, Commandant, cela ne m'empêche pas de me sentir responsable des habitants de l'île. Comme, je vous l'ai dit, je connaissais très bien votre père. Pour moi aussi, c'est une affaire personnelle.

- Non merci, dit-il sèchement. Et comme je vous l'ai dit, je vais traquer Victor Hesse et je ne suis pas sûr de le livrer à la justice. Une fois ma mission effectuée, je quitterais Hawaï. Je n'ai plus rien ici.

- Prenez quand même le temps d'y penser sérieusement, Commandant. Je vous donne le numéro de ma ligne directe au cas où vous changeriez d'avis.




Alex pénétra dans la maison et se laissa tomber lourdement sur le canapé. Elle portait encore sa tenue militaire de cérémonie. Des deux enterrements, elle ne pouvait dire lequel avait été le plus émouvant. Celui de John McGarrett ou celui de Tom Murphy. Elle avait essayé de refouler les larmes qui la submergeait. Les deux hommes lui manqueraient énormément. A chacun de ses passages sur l'île, elle ne ratait jamais une occasion de rendre visite à John. Ils s'asseyaient autour de la table, en buvant une bière, et discutaient pendant des heures. De tout et de rien. Elle l'avait toujours apprécié et elle savait qu'il veillait sur elle lorsqu'elle était à Hawaï. Elle se leva et se dirigea vers la cuisine. Elle ouvrit le frigo et en sortit une bière qu'elle décapsula avec sa main.

- A toi John, murmura-t-elle.


Elle but une gorgée, en s'asseyant sur la terrasse. Elle regarda un long moment l'étendue bleue. Elle se mit à penser à Murphy. A ce qu'il s'était passé entre eux.




Camp Pendleton, Californie, cinq ans auparavant.


Elle s'était heurtée à Steve dans le couloir. Il rajustait son treillis, tout en souriant et en refermant la porte de la chambre. Elle avait eu juste le temps de voir la jolie brune, en sous-vêtements.

- Alexa ? lui avait-il dit. Les rumeurs disaient donc vraies. La fille de Joe rejoint nos rangs mais je voulais le voir de mes yeux pour le croire.

- Je suis bien là. En chair et en os.


Elle le contourna et sentit sa main chaude attraper son poignet.

- Je suis heureux de te revoir. Bienvenue chez les Marines.


Elle plongea ses yeux gris dans le regard bleu du jeune homme. Elle lui fit un petit sourire en hochant la tête et se dégagea sèchement. Elle sentait qu'il la suivait des yeux jusqu'à sa chambre. Elle referma la porte doucement et s'adossa contre elle. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine et une larme coula sur sa joue. Elle l'essuya d'un revers de main avant d'enfiler une tenue plus décontractée pour rejoindre son équipe au bar de la ville où ils étaient stationnés en attente des ordres de mission. Ils avaient bu plusieurs verres et étaient rentrés un peu avant l'aube. Alex se retournait dans son lit, ne trouvant pas le sommeil. Ses pensées tournaient en boucle autour de Steve. Elle devait le sortir une bonne fois pour toute de sa tête. Elle devait prendre conscience qu'il avait quelqu'un dans sa vie. Et cette personne n'était pas elle. Elle se redressa et sortit de sa chambre, pieds nus. Elle se dirigea vers la chambre de Murphy et tapa légèrement à la porte. Il lui ouvrit, en boxer et torse nu.

- Alexa, il y a un problème ? demanda-t-il, d'une voix rauque.


Elle le poussa à l'intérieur, en le plaquant au mur. Elle l'embrassa et il la repoussa légèrement.

- Je ne pense pas que cela soit une très bonne idée.

- Je pense le contraire, Commandant. Et, j'en ai très envie.


Il la regarda en souriant. Il ne pouvait pas dire qu'il n'y avait pas songé non plus. Alexa était une jeune fille très belle. La peau légèrement hâlée. Des yeux gris. De longs cheveux bruns. Des courbes parfaites. Mais, elle était surtout la fille de l'Amiral et la toucher pouvait mettre un terme à une carrière. Elle reprit possession de ses lèvres tout en dégrafant le chemisier qu'elle portait. Elle le jeta au pied du lit et se recula, lui montrant sa poitrine découverte.

- Tu ne veux vraiment pas de moi ? lui demanda-t-elle, un petit sourire coquin au coin de la bouche.


Elle retira son short d'un mouvement de hanches. Elle était entièrement nue devant lui. Il avait dû mal à déglutir.

- Pourquoi moi ? Tu pourrais avoir n'importe lequel d'entre nous ?

- Sauf un, murmura-t-elle.

- Tu parles de Steve. J'ai vu comment tu le regardais.

- Je ne veux pas parler de lui. Je ne te demande pas de m’épouser. Je veux juste passer une seule nuit et que nous n'en reparlions jamais plus après. Cela te convient ou pas ?


Elle avait été dure dans ses paroles. Mais, elle avait besoin de connaître l'étreinte d'un homme au moins une fois. Oublier Steve McGarrett dans les bras d'un autre le temps d'une nuit. C'était certes égoïste mais c'était ce dont elle avait besoin.

- Alors, cela te convient ?


Il l'attrapa par les hanches pour l'attirer à lui et scella leur accord d'un baiser avant de l'allonger sur le lit.

Laisser un commentaire ?