Les Aventures d'Ella Barnes

Je me rends dans la grande salle d'un pas vif, pressée de me remplir la panse et ravie que me maux de tête, visions et hallucinations se soient un tant soit peu calmés. Soudain, une main se pose sur mon épaule pour m'arrêter. Je me retourne et me retrouve nez à nez avec Potter. Ce dernier me regarde en faisant des gestes aussi étranges qu'incompréhensibles, un genre de langage des signes je suppose.

-C'est quoi ton problème Potter? Je demande de mon ton le plus dédaigneux en arquant un sourcil.

-Bah...T'es pas sourde? S'exclama-t-il interloqué.

Merde! Il m'aurait quand même pas parlé en Potion sans que je m'en rende compte quand même?

-Pourquoi tu me répondais pas en cours alors?

Apparemment si.

-Je t'entendais, mais j'avais pas envie de te répondre. Je dis en essayant de me montrer sûre de moi.

Il lève un sourcil, suspicieux.

-Qu'est ce que je t'ai dis alors?

-Franchement Potter, tu crois vraiment que je prête attention à ce que tu dis au point de tout retenir? Je lui réponds en prenant un air exaspéré.

-Et qu'est-ce qu'il avait de si intéressant le porte manteau?

De quoi il me parle là?

-Pardon?

-T'as passé un moment à fixer le porte manteau, pourquoi?

Ah ça, je regardais pas le porte manteau mais le corps sans vie d'une jeune femme pendue. Mais je pense que je vais garder cette information pour moi.

-Je fixais pas le porte manteau en particulier, je m'ennuyais, c'est tout. Je réponds précipitamment. Et tu sais ce qui m'ennuie actuellement? Toi. Alors, si tu veux bien m'excuser, il y a mon repas qui m'attends, je lâche en me retournant pour aller vers la Grande Salle.

-Comment tu connais Teddy?

Je me retourne vers Potter.

-Teddy comment? Je demande prudemment en espérant désespérément que ce ne soit pas celui que je connais.

-Lupin.

Merde!

Est-ce qu'il sait pour la condition de Teddy? Parce que si c'est le cas, il pourrait se mettre à faire des recherches et finir par découvrir mon secret. Oulah c'est pas bon du tout, tout ça!

-Comment tu le connais toi? Et comment tu sais que je le connais?

-Il est comme un membre de ma famille et j'étais au Terrier quand tu es passée pendant les vacances et que tu te l'est accaparé une journée complète. Le jour de mon anniversaire. Lâche-t-il en me lançant un regard mauvais.

Son anniversaire? Sérieusement? Je souris de soulagement. Donc tout ça n'est qu'une crise de jalousie de gamin! Et dire que je craignais qu'il ne découvre mon secret! Mais s'il est encore au stade ''je-déteste-les-gens-qui-ne-me-prenne-pas-pour-le-centre-du-monde-le-jour-de-mon-anniversaire”, c'est qu'il est sacrément débile! Et par conséquent, il ne risque pas de découvrir quoi que ce soit!

-Oooh pauvre chéri! J'ai gâché ta fête d'anniversaire! Je suis vraiment navrée, si j'avais su que tu étais le roi de cette journée, je ne me serais ja-mais permise de discuter avec Teddy qui, avant d'être un être humain libre de ses choix, est à ton service! Désolée mon chou, vraiment, je lui dis comme si je m'adressais à un enfant, en prenant un air faussement désolé.

Sur ce, je tourne les talons, soulagée, et marche à grandes enjambées pour rejoindre mon repas.

Je m'assois à la table des Serpentards, cherche Ben du regard mais ne le trouve pas. Bizarre, il ne rate jamais un repas. Je jette un coup d'œil vers la table de son cher et tendre, lui aussi manque à l'appel. Je vois, demain j'aurais droit à un compte rendu de leur rendez vous, ça nous occupera en divination.

-Ella Barnes?

Je tourne la tête et me retrouve face à une fille de ma maison de première ou deuxième année je dirais. Elle est toute rouge et tremble un peu, je suis impressionnante à ce point?

-Oui?

-Ben Lewis m'a demandé de te donner ça, me dit-elle tout en me tendant un bout de parchemin.

Je le prends et elle s'enfuit presque en courant. J'ouvre la note:

“La fête de Serdaigle est ce soir, une fois que tu te seras assez défoulée, rejoins moi aux cuisines.

Ben”

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Une fois le couvre feu passé et mes charmantes camarades de dortoir sorties, je me dirige dans la salle commune, vers un coin reculé à côté de la cheminée, j'appuie sur la tête de la statue de Salazar qui ouvre un passage sur un couloir. Ce n'est pas l'entrée principale, juste un passage secret que Ben a découvert il y a deux ans, il est bien pratique car après avoir marché cinq minutes dans le couloir, il mène directement dehors, la sortie est derrière un rocher ensorcelé que l'on peut traverser si on est désillusionné. Grâce à ce passage je peux sortir me promener quand je veux sans risquer de me faire attraper par Quasimodo. Quasimodo c'est le concierge, bon ok, c'est pas son vrai nom, mais...il est moche et bossu quoi.

Je me dirige donc vers la forêt, essayant d'ignorer la peur que je ressens à l'idée de la nuit que je vais vivre. Une fois à l'orée de la forêt, je prends une grande inspiration et m'avance entre les arbres sombres.

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-Alan! Dépêche toi un peu! T'es pas le seul à vouloir prendre ta douche! Je cris en frappant du poing la porte de la salle de bain.

-Ouais ouais t'inquiète, je sors tout de suite, me réponds mon ami.

Je me jette sur mon lit sachant très bien qu'il en a encore pour un moment. Ce mec, quoiqu'il fasse il est lent de toute façon. Je regarde pensivement autour de moi, puis attrape ma carte.

-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, dis-je en pointant ma baguette sur le parchemin

Je jette un œil au dortoir de ma sœur, Lily, elle n'y est pas, elle est...aux cuisines, ça ne m'étonne pas. Mon frère, lui...est bel et bien dans son dortoir, en revanche il y a un Serpentard qui vient de sortir de la salle commune, pas sérieux tout ça dis donc! Et c'est...Barnes! Cette garce s'est permis de me répondre avec un tel dédain! Elle se croit tellement meilleure que tout le monde! Insupportable!

Je me demande vraiment comment elle connaît Teddy. Et surtout, pourquoi ce dernier refuse de me répondre quand j'évoque la jeune fille. Parce si elle se montre assez crédible quand elle me répond, c'est loin d'être le cas de Ted. Il ne tromperait quand même pas Victoire avec Barnes? Non, impossible, il aime trop Vic et Barnes est trop jeune...

De toute façon il n'y a qu'un seul moyen d'avoir des réponses! Je regarde la carte et suis Barnes du regard: elle est dans le passage secret qui mène non loin de la forêt.

-Bon, Zach, je lance à mon autre colocataire en me levant, je vais me promener, tu peux prendre mon tour pour la douche.

Je mets ma cape d'invisibilité et m'élance dans les couloirs du château presque en courant pour être sûr de ne pas la rater, étant donné que son figuré va bientôt quitter les délimitations de la carte.

Une fois près du rocher, je lève les yeux du parchemin et l'aperçois à quelques mètres de moi, à l'orée de la forêt. Elle ne va quand même pas y aller? Et bien si. Mais qui va se promener dans la forêt interdite franchement! Le parc est assez grand il me semble.

Je la suis à bonne distance, le plus silencieusement possible.

CRAC!

Elle se retourne brusquement, alertée par la branche sur laquelle je viens de marcher. Elle ferme les yeux, semble essayer de se concentrer sur quelque chose, puis secoue la tête et reprend sa route. Tarée, cette fille!

Après une marche de quelques minutes, à travers les arbres sombres et effrayants, nous arrivons dans une clairière. Le sol est couvert de feuilles mortes et chaque pas provoque un léger couinement à cause de l'eau dont elles sont imbibées.

La jeune fille s'arrête, moi aussi, à quelques mètres d'elle, elle reste debout un instant, puis soupire et ...s'allonge par terre? Elle nous fait quoi là? Je m'avance avec précaution et m'arrête à un mètre d'elle.

Elle fixe le ciel, je vois son regard suivre des corbeaux qui passent au dessus de nous, puis, comme si un voile passait sur son visage, elle change d'expression.

Ses yeux gris semblent vides, elle a les traits tirés, elle ne bouge plus.

“Don't stop never give up,

Hold your head high and reach the top,

Let the world see what you have got,

Bring it all back to you!”

Je suis sur le siège passager d'une voiture, “Bring it all back” de S Club 7 passe à la radio, je tourne la tête vers la conductrice. Une belle femme blonde d'une quarantaine d'années, elle chante à tue tête cette chanson répétitive et pleine de positivité. Dehors il fait un soleil de plomb, c'est pourquoi elle a décider d'en profiter, et d'aller à la mer. A un moment, elle se retrouve face au soleil, ce dernier la gênant elle détourna son regard de la route pour sortir ses lunettes de soleil de son sac. La voiture a dévié et elle n'a pas eu le temps d'éviter le camion qui arrivait en sens inverse. Les seules chose distinctes dans ce chaos sont, son cri, le choc et le sang.

Au bout d'une dizaine de secondes, je m'apprêtais à m'avancer, inquiet quand d'un coup, ses yeux se révulsent, elle serre les poings, tout son corps se tord. Elle tremble violemment et par à-coups, se blessant à cause de pierres et branches sur le sol. Je l'entends gémir, la voit serrer les dents, des larmes coulent le long de ses joues pâles.

Je n'ose pas bouger. Elle a l'air de souffrir, je le vois, mais je suis comme paralysé devant ce spectacle d'horreur.

D'un coup, elle s'immobilise et retombe lourdement sur le sol. Elle se redresse sur ses coudes et essaie de se mettre à ramper, quand soudain, elle retombe et se tient aux feuilles et pierres sur le sol comme si ses mains tentaient de s'accrocher à quelque chose en vain.

“Sale sang de bourbe!”

Je lève les yeux vers l'homme qui vient de me dire ça, il doit avoir dans les cinquante ans, est richement vêtu, bien coiffé et a un air digne. Un Sang Pur aux idéologies peu tolérantes. Trois autres hommes sont avec lui, ils rient bêtement. Je suis à genoux devant eux.

Le premier doloris frappe. La douleur est indescriptible.

Le second.

Puis d'autres. A quoi bon compter? Ils vont me tuer de toute façon. Je pleure et serre les dents pour ne pas hurler, je ne veux pas leur donner cette satisfaction.

D'un coup, la douleur cesse. J'ouvre les yeux. Un autre homme est entré dans la pièce et occupe leur attention. J'essaie de ramper vers une autre sortie, mais je reçois un sort qui me tire par les pieds vers eux. Je tente de m'arrêter en cherchant des prises sur le sol; le tapis, les pieds de tables, n'importe quoi, mais rien ne tient et je me retrouve à leurs pieds à nouveau. L'homme me lance un sourire cruel, puis pointe sa baguette sur moi. “Avada kedavra”.

Elle s'immobilise à nouveau.

Plus longtemps cette fois, mais je ne saurais dire si se sont des secondes, des minutes ou des heures qui se sont écoulées. Je finis par m'approcher doucement d'elle, mais m'arrête vite dans mon action car elle se redresse subitement pour se mettre à genou.

Ses yeux sont clos, elle se tient la tête en pleurant. Le temps semble arrêté, il n'y a aucun bruit autour, les animaux se sont tus, les oiseaux ont cessé de chanter et les arbres de grincer, il n'y a qu'elle qui pleure doucement.

Une légère brise vient soulever ses cheveux qui à la lumière de la lune semblent presque blancs.

Elle se lève, ouvre les yeux, baisse la tête vers ses mains, paumes ouvertes. Une expression d'effroi passe sur son visage et elle se met à hurler.

La force de son hurlement est telle, que j'en suis tombé.

Elle a tenu son cri quelques instants toujours debout.

Puis elle s'est arrêtée, a regardé autour d'elle avec une expression de terreur sur le visage.

J'entends des cris de douleur, des pleurs, des sorts, des explosions.

Je vois des sorts qui fusent, des sorciers se battre, des enfants tomber, du sang couler.

La mort est partout. Je me sens oppressée, il y a trop de sang, trop de pleurs, trop de morts. Je sens mes jambes lâcher, je me retrouve à terre et me tiens la tête entre les mains en hurlant.

Elle s'est recroquevillée brusquement sur elle même, la tête entre les mains, et a hurlé à nouveau. Beaucoup plus fort cette fois.

Tellement fort que j'ai dû m'éloigner. Même une fois sorti de la clairière, j'entends toujours ses hurlements.

Je ne peux pas rester, ses cris me blessent profondément. L'entendre, c'est comme si je ressentais la douleur que me ferait la mort d'un proche. Non, de tous mes proches. De la même manière que face à un Détraqueur, j'ai l'impression que toute idée de bonheur s'échappe pour ne laisser qu'une tristesse et une douleur absolue.

Je suis sorti de la forêt en vitesse et me suis adossé au rocher du passage. D'ici, ses hurlements lointains sont supportables.

Je vais attendre que ses cris cessent, puis j'irai la voir.

Je culpabilise un peu, j'ai l'impression d'avoir vu quelque chose que je n'aurais pas du voir... Tant pis! Maintenant il est trop tard de toute façon... Et ça m'intrigue cette histoire, je veux comprendre ce qu'il se passe! Est-ce que ça à un rapport avec Teddy tout ça? Non je me fais des idées! C'est pas parce que c'est un loup garou qu'il connaît une fille possédée ou je ne sais quoi.

J'ai attendu là pendant plusieurs heures quand finalement, les hurlements ont cessés.

Je suis retourné dans la clairière, elle était là étendue sur le sol. Elle était pâle, sa peau paraissait presque translucide, ses cheveux étaient emmêlés et collés à sa nuque et à son visage par la sueur, sa poitrine se levait rapidement et irrégulièrement sous le coup de sa respiration saccadée, mais son visage était paisible et un sourire semblait même se dessiner sur ses lèvres roses.

Je suis censé faire quoi moi? Je ne peux pas la laisser là! Mais en même temps...je n'avais pas à la suivre, je n'aurais pas dû voir ça et elle est peut être dangereuse...Et si elle était vraiment possédée?

A moins qu'elle ne soit juste folle...

Ou alors, c'est de la magie noire...ça ne m'étonnerais pas, c'est une Serpentard après tout, elle vient peut être d'une famille de sang purs qui trempe dans ce genre de magie maléfique...

Si elle sait que j'ai vu ça, ça pourrait être risqué pour moi...

Elle a l'air d'aller bien là, elle semble simplement fatiguée, donc je vais la laisser, mais je vais faire mes recherches.

Ella Barnes, James Potter mène l'enquête, je peux t'assurer que tu ne garderas pas ton secret bien longtemps!

Je lui ai jeté un dernier regard, et je suis retourné dans mon dortoir, déjà excité à l'idée de percer à jour le mystère de cette fille.