La boite aux lettres

Chapitre 1 : La boite aux lettres

Chapitre final

4337 mots, Catégorie: K

Dernière mise à jour 08/11/2016 19:33

9

Style

7

Scenario

7

Note globale

370 point(s)

Cette fanfiction a été écrite et publiée sur le forum de FFR par OldGirlNoraArlani le 26 novembre 2021.

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FORME

・Orthographe/Grammaire

On voit tout de suite qu’on a affaire à un texte d’excellente tenue. Sur l’intégralité, il n’y a que deux fautes (dont une particulièrement retorse) et un anglicisme. Conjugaisons impeccables. C’est le top.

Certains passages sont bourrés de fautes, mais on ne peut pas en tenir compte, vous verrez pourquoi après.

・Mise en forme typographique

Le 10/10 aurait été atteint si la forme avait suivi l’un ou l’autre des usages courants dans la composition des dialogues, à savoir : soit les guillemets, puis les tirets cadratins et on ferme les guillemets à la dernière réplique ; soit aucun guillemet mais des tirets cadratins à toutes les répliques. Ici, il y a un panachage des deux avec de simples traits d’union pour les dialogues.

J’ai noté aussi l’emploi un peu étonnant d’un italique insistant pour « 12 square Grimmaurd » ou « le Chemin de Traverse » par exemple, qui n’a simplement pas lieu d’être. On peut l’admettre pour exprimer directement les pensées d’un personnage.

・Style

Le style est (très) simple, avec des phrases courtes, il ne sera donc absolument pas difficile à lire pour les plus jeunes. Seuls quelques rares mots de vocabulaire un petit peu plus relevés (hétéroclites, décharnée, grêles, parcheminées…) parsèment l’ensemble. Une seule répétition à “des yeux globuleux à sourcils broussailleux” pour décrire le même personnage : sans doute le fruit d’une réécriture de dernière minute.

Avec leurs descriptions squelettiques, les phrases évoquent souvent de simples didascalies mais cette grande simplicité a toutefois un effet secondaire étonnant : elle permet de laisser toute la place à l’émotion qui se perçoit entre les lignes. L’émotion, c’est en général l’un des gros points forts de Listelia dans ses textes. Ici, elle se veut toute en délicatesse et délivre une atmosphère méditative où l’on est comme suspendu dans le temps et tourné vers le passé… comme Kreattur.

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FOND

・Cohérence au fandom

On se trouve dans une continuation de type NextGen où Harry est père des mêmes enfants que dans le canon. Le texte s’attarde sur un souvenir : celui où il aurait présenté son fils Albus à Kreattur, resté fidèle au poste dans la maison des Black. Quelques touches discrètes incorporent le fandom comme on s’en souvient (avec ses tableaux qui bougent, ses elfes de maison négligés, ses noms familiers…). Il y a une légère déviation assumée de changer Albus et Scorpius de Maison à Poudlard pour les faire passer à Gryffondor, et non Serpentard.

・Personnages canons

Kreattur est vu par les yeux de celui qu’il faut appeler désormais Potter senior. L’elfe est assez fidèle à ce dont je me souviens : taciturne, vieux, timide, ronchon, d’une dévotion exemplaire et on le découvre malgré tout capable d’être touché par l’innocence et d’éprouver de la fierté pour « le petit maître ».

La caractérisation d’Harry est à peine esquissée. Peut-être est-il normal qu’on le trouve un peu moins bouillant que le Gryffondor d’origine ; le pauvre a plus de quarante ans et le poids de toutes ces années semble l’avoir rendu particulièrement songeur et nostalgique. En tous cas, bon père attaché à ses proches, il est tout entier absorbé dans sa contemplation.

・Personnage original

Je vais me permettre de compter Albus Severus Potter comme un OC. C’est impossible à deviner dans l’extrait mais en réalité c’est lui qui est observé en interaction avec Kreattur (plutôt que l’inverse). Listelia a particulièrement investi le créneau de la « mignonitude » de la petite enfance. A mon avis, c’est très idéalisé, très choupi, pour opérer un contraste assez fort avec le vieux Kreattur qui se laisse attendrir par une petite boule d’amour qui parle à peine (seul le père comprend ce qu’il raconte, comme tous les parents).

En grandissant, Albus montrera un peu plus d’allant et de vivacité, assez conforme à l’image qu’on peut se faire d’un Potter Gryffondor mais sans perdre sa vive sensibilité. La trace en est visible dans cet instantané de sa très petite enfance.

・Intrigue et narration

Il ne sera pas facile de parler d’intrigue étant donné qu’on est vraiment dans la capture d’une minuscule tranche de vie. Sans être réellement une réflexion sur le temps qui passe à toute allure, on y pense parce qu’on lit les lettres d’Albus.

Car oui, c’était ce qui justifiait le titre : cette fameuse boîte est celle où Harry garde les courriers de son cadet. C’est le petit truc délicieux qu’on n’attend pas et qui réveille soudain : l’irruption vive et charmante du discours direct d’Albus dont on suit d’année en année les progrès… en orthographe ! Ses premiers petits billets sont bourrés de fautes horribles mais touchants.

Il y a un bémol toutefois : la fin peut paraître assez étrange ou maladroite. On a l’impression de passer d’un point de vue à un autre, la continuité temporelle est plus confuse et c’est renforcé par les effets de style et de mise en forme.

La raison en est que Listelia a présenté un chapitre d’une fanfiction plus longue comme OS indépendant, et le texte n’a pas été retouché mais laissé tel quel. Il y aurait eu un petit polissage à faire pour lever les ambiguïtés et clore nettement.

Si vous voulez mieux comprendre les enjeux de la méditation d’Harry, n’hésitez pas à vous plonger dans la fanfiction « Clair comme nuit ».

(Au chapitre précédent, Harry très inquiet pour la santé de son fils réfléchissait sur sa différence, sa constitution fragile mais aussi sa générosité affective se dirigeant naturellement sur les êtres rejetés et incompris comme Severus, Kreattur et Scorpius).

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APPRÉCIATION PERSONNELLE

J’ai lu plusieurs romans de Listelia, je connais donc sa patte. Quand elle restitue l’ambiance dortoir de Poudlard, on s’y croirait. Et, pire, alors qu’on a lu ça cent fois, on en redemanderait… Pour mon propre goût, cet extrait manque de caractérisation pour Harry et de descriptions. C’est d’autant plus frustrant que je sais qu’elle en produit par ailleurs de formidables qui véhiculent parfaitement des ambiances émotionnelles riches et variées. Elles m’ont manqué.

En conclusion, c’est l’évocation d’une jolie rencontre, composée dans un français impeccable. On y entre comme dans une petite bulle douce-amère hors du temps et de l’espace. Même si elle n’a pas les qualités d’un véritable OS, elle vaut certainement qu’on lui accorde quelques minutes de lecture et aura rempli son office si elle incitait à lire d’autres travaux de l’auteure.