My Last Sun
Chapitre 3 - Le temps d'un hiver
Le temps n'est qu'un prétexte pour repousser les choses qui doivent arriver. Fuir en est un également, parce que partir fait moins mal que de voir la vérité. Mais la mort est-il un prétexte pour dire non à la vie ? Non aux contraintes ? Non aux engagements ? Non aux épreuves ? Certainement, mais en vaut-il la peine de perdre son temps en fuyant continuellement la mort alors qu'elle nous rattrape toujours un jour ou l'autre ? C'est ce qu'ils font tous, dirions-nous ; mais ce sera notre ultime bataille, dirait-elle.
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- On cherchait les toilettes, Granger ?
- Ma.. Malefoy ? bégaya Hermione les yeux perdus sur son accoutument d'aristocrate. Admirant par quel soin il s'était habitué à son statut de futur héritier de la famille Malefoy.
Le jeune homme s'avança d'un pas assuré vers son esclave et la poussa du plat de la main. Une certaine indifférence envers la fille présente face à lui. Il s'était habitué à ce qu'elle le fuit continuellement souhaitant éviter à tout prix les ennuis.
- Si tu comptais t'enfuir c'est plutôt mal parti, déclara sèchement Drago.
- Je.. je voulais juste voir où cela menait ! bafouilla la lionne.
Drago Malefoy ferma la porte derrière lui et s'assit tel un prince, sur son large canapé rouge qu'Hermione eut le temps d'admirer avant son arrivée.
- Assieds-toi.
Hermione, qui était toujours postée devant la porte, se décida à lui obéir même si elle appréhendait ce que s'apprêtait à lui révéler le garçon.Drago Malefoy prit une grande inspiration et scruta la jeune fille, un sourire crispé sur son visage pâle.
- Ici ce sont mes ordres que tu écouteras, ce seront mes tâches que tu exécuteras et tu devras obéir au moindre de mes désirs, ricana l'adolescent au sourire carnassier.
La jeune femme se leva d'un bond et dévisagea son maître. Non, elle n'avait pas à lui obéir, elle connaissait ses intentions et elles n'étaient pas du tout saines. Il allait lui faire payer, la torturer mais elle s'en fichait. Jamais elle ne l'écouterait. Il n'était qu'un paria et c'est ce qui l'avait mené à sa perte.
- Vas brûler en enfer ! lança-t-elle avant de se diriger vers la porte d'un pas décidé.
- Et où comptes-tu aller, Granger ? Le manoir est immense et crois-moi, il vaut mieux que ce soit moi qui te trouves que Bellatrix ou bien le Seigneur des Ténèbres.
La lionne hésita à tourner la poignet. En valait-il la peine de risquer le peu de liberté qui lui était offert, pour ne serait-ce, que cinq minutes de solitude ? Non, il ne fallait pas. Si les mangemorts la trouvaient ils l'enverraient moisir en cellule et ce n'était pas ce dont elle avait besoin pour le moment.
- Alors, Granger, tu comptes la tourner cette foutue poignet ? se moqua d'un ton froid le garçonnet derrière elle. Ou tu veux que je le fasse à ta place ?
Hermione lui lança un regard noir et retourna sagement s'asseoir à sa place. Etre ainsi pliée à cette forme de soumission la mettait dans un état qu'elle ne pouvait contrôler. Elle n'avait jamais obéit à Malefoy et devoir s'habituer à le faire s'avérerait être une étape difficile.Elle hésita longuement avant d'oser ouvrir la bouche mais les mots se bousculaient sans qu'elle ne puisse les contrôler.
- Malefoy ? Qu'est-ce qu'il va m'arriver après ? Ils ne me laisseront pas éternellement avec toi, que vont-ils faire de moi ? questionna la Gryffondor, essayant vainement de calmer ses tourments.
Drago se leva du siège et se posta devant le bar à l'angle du mur. Il en sortit une bouteille de whisky aillant déjà servi auparavant vu le niveau d'alcool qu'il restait et sortit deux chopes de tailles impressionnantes qu'il déposa ensuite devant la lionne. Cette dernière scruta les verres d'un œil mauvais et attendit que le serpent daigne lui répondre.
- Ma chère Granger, sache que tu es en ma possession et que personne ne pourra te récupérer à moins que je ne veuille plus de toi. Et il vaudrait mieux pour ton cas que je ne me lasse jamais de ta présence sinon ton histoire deviendrait étrangement tragique.
Le jeune homme porta le liquide orangé aux lèvres et ingurgita tout le contenu de son verre. Hermione le contempla longuement ne sachant que dire face à ce soudain changement de comportement. Il paraissait moins violent, moins stricte, pareil à ces hommes vulnérables moisissant au fond d'une bouteille. Elle ne sut si elle devait faire de même. Hermione se devait de rester sobre, pour avoir la conscience tranquille et pour avoir la tête assez froide pour encaisser les confidences à venir. Mais l'arôme framboise de la liqueur lui titillait les narines. Elle relâcha tout l'air présent dans ses poumons et fit le vide dans sa tête, pesant le pour et le contre. Que perdrait-elle vraiment à cuver comme toute personne normale ? Rien, elle n'avait déjà plus rien alors elle pouvait se permettre ce genre de débordement.
La lionne s'assit en tailleur sur le coussin posé au sol, attrapa de ses doigts fins la anse du grand verre et bue jusqu'à ce que sa respiration fusse trop compliqué à retenir. Le sourire pendu aux lèvres, Malefoy reposa la chope sur la table et se dirigea vers un grand placard en bois brute avec de petites vitres en verre tout en haut. Hermione suivit ses faits et gestes comme si elle craignait qu'il n'en sorte une dague pour lui enfoncer dans la poitrine. A la place, il sortit deux longues robes en dentelle, avec de fins rubans de couleurs différentes pour former un nœud papillon. L'une était noire, l'autre était prune. Le jeune homme tendit les deux robes à son esclave et déclara d'un ton qu'il voulut strict :
- Tu porteras ces deux robes cette semaine. En tant que femme de maison tu dois porter la robe de couleur noire, ainsi qu'une paire de collant munie de jarretelles. Lors de nos sorties ou de nos repas tu dois porter la robe de couleur prune, ainsi que tes plus beaux bijoux que je te fournirai bien évidemment. Toutes les semaines tu auras de nouvelles tenues, tu ne dois pas me faire honte.
Sur ces mots, Drago Malefoy jeta les robes au visage de la jeune femme et tourna les talons. Juste avant de franchir la porte qui le séparait du long couloir, il ajouta :
- Ta chambre est au fond du corridor, troisième porte à gauche.
Pour toute réponse, Hermione acquiesça poliment. Elle tenta de se relever mais l'alcool faisait son effet. Elle vacilla et lança quelques jurons par ci par là, contrariée par le comportement de son maître. Elle jeta un coup d'œil à sa tenue et remarqua qu'elle ne portait plus les mêmes vêtements. Une robe en tissu beige recouvrait l'intégralité de son corps comme un long drapé que l'on aurait enroulé vulgairement. La lionne espéra tout au fond d'elle que ce n'était pas Malefoy qui l'avait changée. Elle parcourut la salle d'un œil expert et jaugea une dernière fois la bouteille de whisky, avant d'également tourner les talons en direction de la porte.
La maison se trouvait bien être plus grande qu'elle ne se l'était imaginée. Le corridor était d'une longueur impressionnante, ou n'était-ce seulement que le fruit de son imagination et de l'alcool dans son sang. Elle marcha tête baissée dans l'espoir de ne rencontrer aucune de ces têtes menaçantes et de ces tableaux sordides. Elle en avait assez vu de la journée même si elle craignait que ce ne soit que le début de sa triste destinée. La porte qui la mènerait à son nouvel habitât n'était plus qu'à quelques mètres lorsqu'elle entendit le fracas d'un objet que l'on aurait claqué sur le sol.
Hermione stoppa instinctivement son avancé et se tourna vers la porte entre-ouverte derrière elle. La lionne retint sa respiration et se concentra sur la chose scintillante qui se tenait face à elle. Un halo de lumière verdâtre s'était formé dans l'entrebâillement de la porte. Elle arriva à percevoir une femme derrière un homme au visage d'un blanc éclatant. Sa chemine était maculée de sang et ses mains étaient parsemées de petits traits laissant deviner que de fins bouts de verre s'étaient nichés sous sa peau. L'halo s'amplifiait de plus en plus, jusqu'à ce qu'un autre homme vienne stopper toute cette mascarade.
- Mais regardez-moi ça, Mrs et Mr Pratchett essayant tous deux de s'enfuir main dans la main, pathétique ! résonna la voix de l'homme face au couple.
- Vous nous aviez promis que quand vous auriez trouvé la fille, vous nous laisseriez partir, se fit entendre la voix du second homme, plus craintif.
- Alors vous avez trouvé judicieux de vous servir d'une lampe à gaz comme portoloin ? ricana le suivant s'approchant dangereusement des deux damnés. Ce fut inutile à ce que je vois.
Hermione recula se rendant soudainement compte qu'elle ne devait pas être ici et que les événements qui suivraient ne seraient pas moins joyeux. La jeune fille ne connaissait pas ces deux jeunes gens, mais eux semblaient la connaître. Elle ne s'attarda pas plus sur cela et décida de suivre la scène des yeux. L'homme qu'elle ne reconnaissait guère, pointa sa baguette vers la lampe brisée au sol, et une longue flamme jaillit d'une puissance phénoménale pour terminer sa course contre l'éclat de la lampe. Les choses se passèrent très vite, la pièce s'embrasa intégralement, piégeant le couple dans une sinistre couronne de feu ardant. L'homme sourit une dernière fois et quitta la pièce.
Hermione voulut s'en aller mais ses pieds étaient figés au sol, comme par un enchantement. Elle gesticula bêtement dans l'espoir de bouger au moins un de ses muscles mais cela ne s'avérait point suffisant. La jeune femme s'obstinait à garder la tête baissée mais la curiosité l'emporta une nouvelle fois. Elle releva la tête et croisa le regard sombre du grand homme au cheveux bouclés. Un sourire crispé s'installa sur les lèvres rosés d'Hermione tandis qu'elle essayait en vain de reculer un pied.
- A qui ai-je l'honneur très chère ? débita sensuellement l'homme à l'air douteux qui ne cessait de la regarder comme si elle risquait de passer entre les mailles du filet.
- Herm..Hermione Granger, bégaya la fille soudainement prise de panique face à cet individu qui lui parut si familier.
- La sang-de-bourbe, je me doutais bien que tu n'étais pas là par hasard.
Il parut réfléchir une fraction de seconde et revint à la réalité, dévisageant la pauvre chose piégée face à lui.
- Le maître ne m'avait pas précisé que tu étais si, comment dire, exquise, susurra-t-il dans un élan assez malsain.
Hermione prise de panique, vacilla en arrière prête à s'écraser sur le sol. Elle n'avait pas l'esprit assez clair pour tout assimiler mais elle savait que la suite lui serait fortement déplaisante.Elle ne put s'empêcher d'observer cet homme, il ressemblait étrangement à Sirius, il avait des traits communs avec le parrain du grand Harry Potter. Mais il avait ce visage si fermé, bien trop fermé pour que ce soit lui, se dit-elle en repoussant une de ses mèches de cheveux.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle la voix vrillant au fur et à mesure qu'il se rapprochait d'elle.
- Je ne te veux que du bien, petite fille, répondit-il d'une voix qu'il voulut rassurante.
Il ferma les yeux et huma délicatement le parfum de la lionne, qui se trouvait dans une position assez particulière. Devait-elle se rebeller au risque de subir le même sort que le couple en train de calciner dans la pièce d'à côté ? Ou devait-elle jouer le jeu, au risque de se perdre à nouveau dans un quelque chose de bien trop dangereux pour elle ? Instinctivement, elle toussota pour signifier au garçon qu'elle n'était pas en état de s'amuser avec lui. Elle ne souhaitait pas faire ami-ami avec un mangemort et encore moins lui servir de poupée sur qui il pourrait se défouler. Tout cela allait trop vite, elle n'était arrivée que tard dans la soirée hier et voilà qu'il se déroulait une multitude de choses incontrôlables et hors de sa portée. Hermione contrôlait toujours toutes les situations, prévoyait toujours les choses à l'avance pour ne pas être surprise. Et à présent, elle se comportait comme une fille naïve, ayant perdu tous ses repères. L'homme lui releva le menton et scruta d'un œil mauvais ses pupilles légèrement dilatées.
- Tu m'as l'air ivre...
Il ne put prononcer la suite puisqu'il fut projeté contre le mûr du fond. Hermione fut si stupéfaite qu'elle ne prononça pas le moindre son, qu'elle ne fit le moindre geste. La scène se passait au ralenti, elle ne suivait plus la cadence et commençait à vaciller de nouveau. Elle n'aurait jamais dû boire autant, elle n'aurait jamais dû s'arrêter. Pourquoi faisait-elle toujours les mauvais choix en ce moment ? Ce n'était plus elle, elle devait se ressaisir, ne plus sombrer à toutes ces tentations. A quoi bon ? Pourquoi ? Pour quand ? Pour quand le dernier au revoir, le dernier débordement ? Drago déboula dans son champs de vision, coupant court à ses songes puis souleva l'homme par le col et calla sa baguette sous le cou de son opposant.
- On ne joue pas avec mes serviteurs, est-ce que c'est assez clair pour toi ?
L'homme ricana mais ne répondit rien, il se contenta de fixer Hermione, murmurant quelque chose d'inaudible aux oreilles de Malefoy.La jeune femme, ahurit, remarqua enfin qu'elle avait repris l'usage de ses jambes depuis un bon moment, mais qu'elle ne s'en était pas rendue compte tellement les choses se bousculaient dans sa tête. Elle s'approcha doucement des deux hommes alors que Drago reposait son adversaire à terre.Hermione n'eut pas le temps d'aider l'homme qu'il prit la fuite le plus vite possible.
- Tommen, murmura l'homme avant de tourner les talons vers les escaliers. Je m'appelle Tommen.
Ce fut tout ce qu'elle sut de cet homme si intriguant. Mais elle préférait ne rien dire, ne rien laisser paraître sur son visage quand il lui sourit une dernière fois. La lionne le suivit du regard, faisant abstraction de Drago, qui fulminait intérieurement qu'on puisse oser imaginer toucher à son esclave. Elle était sienne et ce devait être ainsi pour cette si petite éternité qui leur était destinée.
- Tu n'as pas autre chose à faire, mis à part faire de l'œil à un ivrogne ? hurla le serpent.
- Je n'ai rien fait, je voulais regagner ma chambre mais...
Malefoy la coupa dans sa tirade en la bousculant pour regagner les escaliers lui aussi, en lui soufflant doucement "sale traînée", au passage.
Hermione se frotta l'arcade sourcilière et pressa le pas jusqu'à la porte de sa chambre, les crépitements du feu de la pièce d'à côté lui donnaient la nausée. Elle pénétra dans la pièce et claqua la porte violemment, provoquant une légère secousse dans toute la maison. Elle ne sut si elle devait ainsi lui pardonner son manque de retenu mais elle savait pertinemment que lui reprocher quelque chose d'aussi puéril la conduirait tout bonnement à sa perte. Elle se contenta donc de s'allonger sur le large lit en baldaquin disposé au centre de la pièce, regrettant d'avoir ainsi sombrer dans leur petit jeu. N'était-elle donc qu'un jouet aux yeux des autres ? Ou bien une servante de plus au manoir Malefoy ? Que lui arriverait-il si les choses ne se déroulaient pas comme prévu ? Il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre paisiblement mais elle souhaitait profiter de sa liberté avant de vivre comme une reclus pour le restant de ses jours. La lionne ne put s'empêcher de penser à l'incident précédent, à ce couple de jeune gens d'à peu près une vingtaine d'année. C'était trop jeune, beaucoup trop jeune. Depuis la fin de la guerre, il n'y avait plus que des morts à perte de vue. Elle avait beaucoup songé à la manière dont elle aurait pu changer les choses, si Harry avait survécu une seconde fois, s'il avait gagné cette bataille. Mais le paysage si gai qu'elle s'était imaginée n'était qu'une issue pour s'empêcher de songer à la triste réalité qui l'oppressait continuellement, à toutes ces vies de gâchées pour des querelles de pouvoir, de sang et de passé refoulé.
Le feu crépitait dans un silence pesant de mort, l'orage cognait contre les vitres usées et le vent faisait trembler les murs, glaçait les sangs. Dans un couloir non loin de la chambre d'Hermione Granger, servante du jeune maître Drago Malefoy, un homme réfléchissait au moyen le plus efficace de pénétrer dans l'antre secrète du Lord Voldemort.
- Tu les as bien vu, ils doivent être une dizaine à se pavaner autour de la chambre.
- Oui mais il ne sont pas armés, s'écria une voix féminine de dessous un duvet de peau de loup.
L'homme faisait les cent pas dans le plus simple appareil, les sourcils froncés, posant de temps à autre les yeux sur la femme au teint hâlé emmitouflée dans ses couvertures.
- Et par les douves ? Il y aurait un accès ? déclara-t-il soudainement enjoué.
- C'est possible, je l'ai vu plusieurs fois rentrer dans cette pièce sans en ressortir et entendre par la suite les cris déchirants des pauvres nés-moldu qu'il devait torturer.
- Et s'il...
Les mots se perdirent dans la fraîcheur de la pièce, les bougies finissaient de se consumer et le courant hivernale du vent venait perturber l'ambiance romantique qu'avait instauré les amants.
- Et si la chose était avec la fille.
La jeune femme se releva d'un bond et écarquilla les yeux.
- Tu ne crois qu'en même pas qu'elle la garde ? C'est une ancienne membre de l'Ordre, elle ne pourrait jamais faire une chose pareille ! rétorqua-t-elle ahurit.
- Et si elle était contrainte de le faire ? Et si elle ne savait pas qu'elle lui appartenait ?
- Retrouve-la et fait en sorte de récupérer un maximum d'information sur la chose. Si elle ne te dit rien tu sais ce que tu as à faire.
L'homme hocha la tête perdu dans ses pensées et d'un pas fébrile, rejoignit sa compagne qu'il recouvrit de baisers tendres et de caresses sensuelles.
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Drago Malefoy sourit. Il sourit à la petit demoiselle de compagnie qui lui adressa un baiser sur la joue, lui ébouriffant les cheveux au passage. Elle rougit quand il lui caressa le plat de la main et lui dit qu'elle était resplendissante aujourd'hui. Emonyl Dyslaet se risqua à lui adresser un regard de supplication, lui soufflant uniquement des mots doux au creux de l'oreille. Il ria. Il ria si fort que les rouges gorges s'envolèrent au delà des pommiers. Douce Emonyl mêla son rire au sien et le prit par la main, l'emmenant loin des arbres funestes et des corbeaux moqueurs.
- Mais quel âge as-tu Emonyl, pour dire de telles choses poussées ? l'interrogea Drago le sourcil arqué.
- Donne-moi l'âge qui te convient, je suis dotée de ressources qu'une fille de mon rang et de mon âge ne peut point exposer.
Le jeune homme huma ses cheveux bouclés d'un noir pareil aux charbons. Emonyl laissa sa main se balader le long du torse du jeune homme, ses longs doigts dansant avec les plis de sa chemise. Il se laissa emporter dans ses bras comme une dernière balade avant de retomber dans une réalité beaucoup trop brutale pour lui. Drago n'éprouvait aucun sentiment pour elle, elle ne lui apportait qu'une certaine distraction et des nuits assez mouvementées qu'il n'oublierait probablement jamais. Il est vrai qu'elle avait été présente après le décès prématuré de Pansy qui l'avait énormément affecté, mais il n'avait jamais pu voir Emonyl comme une potentielle partenaire autre que sexuelle. Elle ne lui servait qu'à noyer sa tristesse le temps de quelques instants, mais il ne pouvait laisser l'amour et autres bêtises lui occuper l'esprit. Il avait beaucoup plus important à faire, un nouveau fardeau à porter, Hermione Granger. La survivante de guerre, l'ennemie numéro 1 à présent. Il entortilla une de ses mèches de cheveux entre ses doigts et lui déposa un chaste baiser sur les lèvres.
- Je t'aime Drago, souffla-t-elle tête baissée, comme si elle se doutait déjà que ses sentiments envers le garçon n'étaient pas réciproques.
Il l'enlaça plus intensément et attrapa son visage en coupe entre ses mains d'une pâleurs foudroyantes.
- Je t'aime aussi, douce Emonyl.
Elle s'écarta du jeune homme, baissa les yeux un sourire timide planté sur le visage. Elle s'en alla plus loin dans la forêt, grimpant les marches menant à la stèle recouverte de verdure. Il suivit son ombre du regard et partit de son côté rejoindre le château. Il ne lui était pas rare de voir Emonyl s'évader, plongée dans ses pensées innocentes d'enfant. Elle était loin d'être pragmatique, bien au contraire, ses décisions étaient prises par humeur, par envie, ne jugeant jamais le pour ou le contre, juste en fonction des avantages que cela pouvait lui apporter. Et si elle était retournée au Manoir Malefoy ce n'était pas pour faire de l'œil au fils Malefoy malgré son profond amour à l'égard de son amant. Ce qu'elle voulait avant tout, c'était la chose, celle que tous maîtres de la mort convoitaient.
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Hermione resta assise contre la longue porte en bois de la chambre d'esclave qui lui était donné. Elle ne comptait pas accomplir les tâches que son maître lui avait adressé sur un parchemin poisseux. Elle se contenta simplement de jouer avec ses boucles châtaignes qui tombaient le long de son visage, riant à chaque fracas que faisaient les morceaux de verre de la fenêtre à cause des sorts d'enfants qui ne contrôlaient pas encore la magie. Elle se mordit la lèvre inférieure sentant la porte tanguer.
- Qui que ce soit déguerpissez je suis occupée, déclara-t-elle sèchement.
Deux coups de talon se firent ressentir contre la porte en bois avant qu'elle n'explose au visage de la brunette.
- J'espère que tu étais occupée à plier mon linge de maison Granger.
Elle se releva sans mal et s'assit en tailleur sur le lit en baldaquin de la pièce.
- Tu n'as pas des elfes de maison pour cela ? adressa-t-elle la mine boudeuse.
- Je croyais que tu étais pour la liberté des elfes ? la devança-t-il.
Elle écarquilla les yeux et sourit poliment se retenant de lui jeter sa fichue liste au visage. Elle ne lui était guère reconnaissante d'avoir saboter plus d'une fois ses campagnes de pub pour la libération des elfes travaillant dans les cuisines de Poudlard.
- Tu t'en es toujours foutu de tout mon baratin à l'école, pourquoi maintenant ?
- Je n'ai pas dit que j'avais réellement appliqué tes requêtes stupides, les elfes de maison ne sont pas capables de tout faire alors tu me seras très utile.
Elle ria en silence, l'exaspération montant à vive allure dans tout son corps, elle aurait tout donné pour le voir récurer des toilettes moldus, brosse à la main et gants en latex.
- Ne néglige pas tes tâches, les prochaines risquent d'être plus complèxes, tu envieras bientôt ce que je t'ai laissé là.
Sur ces mots il tourna les talons vers ce qu'il restait de la grande porte de la chambre et déclara une dernière fois :
- Sois à 21h dans ma chambre ce soir, chaque minute de retard entraînera des heures passées à nettoyer les cachots Granger.
Elle ressentit l'hésitation dans sa voix rauque de garçon contraint d'appliquer "les ordres". Elle ne cherchait pas à savoir ce qui l'attendait, ce serait la surprise. Elle se sentait faible, inférieure à toutes ces personnes qui jacassaient inlassablement dans les couloirs. Elle était négligée, négligeable et affaiblie, terriblement affaiblie. C'est dans ce cadre-ci qu'elle ressentait sa différence, l'infériorité de son sang qui se mêlait à la pureté empoisonnée de ces mangemorts et enfants de mourants. Elle ne savait plus trop qui elle était, qui était Hermione Granger et pourquoi cette fille qu'elle ne reconnaissait guère subissait tout cela. Elle aurait souhaité que quelqu'un daigne répondre à ses interrogations mais personne ne s'obstinait à causer ne serait-ce qu'une minute avec la "sang-de-bourbe". Si Malefoy avait pu lire dans ses pensées il se serait sûrement moqué ouvertement de son talent de s'infliger elle-même d'horribles songes.
Elle inspecta la liste une dernière fois avant de se mettre à la tâche :
Plier le linge de la famille Malefoy
Nettoyer l'argenterie
Accrocher le linge humide à l'air libre
Ranger la bibliothèque
Nourir les chiens
Vider la penderie des Rockwood
Préparer la nouvelle chambre des Rockwood
[...] Hermione se frotta l'arcade sourcilière et épousseta sa longue robe noir avant de se plier en quatre et d'attraper les livres s'étant précédemment écroulés de l'autre côté de l'étagère. Elle put admirer quelques exemplaires illimités de la collection de la bibliothèque de Poudlard qu'elle avait toujours rêvé d'avoir. Tous ces livres étaient dédicacés au nom de Lucius Malefoy, anciennement élève à Poudlard. Elle sourit faiblement, imaginant le père Malefoy reproduire la même attitude arrogante que son fils, rabaissant les premières années et injuriant les autres maisons qui composaient l'écusson de l'école. Un parfum affreusement odorant emboma la pièce tandis qu'Hermione se relevait, la tête encore rouge d'être restée pendue trop longtemps sur les ouvrages. Narcissa Malefoy accéda à l'étagère du fond sans lui prêter aucune attention et s'assit sur le canapé en cuir marron devant la cheminée. Hermione se rapprocha d'elle inspectant le bouquin qu'elle avait entre les mains. De la littérature moldue avec Madame Bovary, un livre fort intéressant qui avait passionnée Hermione durant son enfance. La jeune femme retourna à sa tâche et finit de ranger les quelques livres à la reliure tellement usée que des lambeaux de fils de couleurs y pendaient.
- As-tu fini ? déclara Narcissa Malefoy d'un ton froid, faisant sursauter Hermione.
- Oui tout est terminé, s'empressa de répondre la jeune fille.
- Bien, tu peux disposer.
Hermione pressa le pas vers la sortie, étonnée d'être ainsi mise à la porte de la bibliothèque. Malgré cela, elle était satisfaite de son travail. Elle avait terminé plus de la moitié de ce qu'elle avait à faire, s'étant un peu égarée dans le manoir plusieurs fois avant de se diriger vers la bonne pièce. La demeure était si impressionnante, elle en avait croisé des visages sympathiques, d'autres moins mais le fait était qu'elle n'était pas seule, qu'il y avait d'autres femmes comme elle en charge de s'occuper de l'entretien du Manoir Malefoy. Mais il se faisait tard et elle avait encore du boulot à entamer. Toutes les tâches accomplies sur la liste disparaissaient par un enchantement qu'elle connaissait peu, elle comprit vite qu'elle ne pourrait pas passer au travers de son travail.
Vider la penderie des Rockwood. Vider toutes les chemises des Rockwood. Vider l'intégralité de tous les pantalons et des robes des Rockwood. Respirer un peu et reprendre. Le nombre incalculable de vêtements dans la penderie lui donna bien vite l'envie de sauter par la fenêtre. Elle dégagea une des ses mèches de cheveux avant de marmonner dans sa barbe des choses que Merlin ne pourrait accepter de la grande Hermione Granger. Si elle avait eu sa baguette tout cela ce serait fait en un clin d'œil, mais Malefoy ne comptait pas la lui redonner de si tôt, plutôt mourir que de le supplier. Elle déchargea le reste des souliers et des mocassins d'un verni noir qui aurait pu lui faire office de miroir et transporta le tout par plusieurs passages dans la nouvelle chambre des Rockwood qui se trouvait faire 5 fois la taille de la sienne. Elle remercia intérieurement le blondinet d'avoir glissé une étiquette sur le sol de la porte avec écrit le nom des nouveaux locataires, lui évitant une nouvelle visite du Manoir.
- Tu ne t'y plais pas ici, n'est-ce pas ? retentit une voix derrière elle.
Hermione se retourna d'une lenteur effrayante et dévisagea la jeune fille qui venait de faire son entrée dans la chambre. Une fille d'environ une quinzaine d'année était postée devant l'entrebaillement de la porte et l'observait installer la literie dans le plus grand des calmes. Sa longue chevelure noire bouclée tombait dans son dos telle une sirène et ses traits fins d'enfant marquaient une grande fatigue. Hermione ne répondit rien et reprit la tâche qu'elle avait commencé.
- Tu dois être la nouvelle servante de Drago, il m'a dit de ne pas trop t'approcher.
La concernée fit volte-face et posa un regard accusateur sur la brunette qui s'amusait de la situation. Elle croisa les bras attendant que la lionne sorte de ses gonds.
- Et bien mademoiselle, vous direz à ce cher Drago que s'il a des choses à dire à mon sujet, qu'il se regarde dans un miroir avant de causer.
Emonyl Dyslaet ricana et s'assit en tailleur sur le lit qu'Hermione était en train de préparer. Elle attendit patiemment que la jeune femme ouvre la bouche pour lui glisser une remarque mais elle n'en fit rien, continuant de ranger la pièce pour les Rockwood.
- Augustus Rockwood est mon beau-père, il s'est remarié avec ma mère après la bataille de Poudlard où tous les écoliers ont misérablement péri. Je n'ai pas trop choisi de venir ici mais cela ne me dérange pas tant qu'il y a Drago à mes côtés. Tu ne le trouves pas incroyablement beau ? l'interrogea la fillette dans l'espoir de l'avoir piqué de son venin.
Hermione ne releva pas la première remarque mais rétorqua au sujet de Malefoy :
- Il doit sûrement avoir un charme qui m'échappe je présume.
- Les sangs-de-bourbe ont du mal à percevoir ce genre de chose. Il est peu commun de voir une personne de ton espèce admirer la vraie valeur des personnes de nos rangs, il est tout à fait normal que tu fasses partie de cette sous-population.
La lionne serra les dents et continua de changer les oreillers et les édredons. Si cette gazelle sortait un mot de plus elle lui crèverait certainement ses yeux de vile créature tout droit sortie d'un cauchemar. Emonyl s'impatienta voyant aucune réaction de la part de la jeune femme.
- Très bien, tu n'es pas destinée à causer avec moi alors Drago en sera informé et il remédira très vite à cela.
Machinalement, Hermione remit ses cheveux en place avant de frotter ses lèvres l'une à l'autre et de se redresser à hauteur d'Emonyl. Elle essuya la goutte de sang qui perlait sur la lèvre inférieure de l'adolescente et déclara d'un ton arrogant :
- Je polluais déjà votre atmosphère bien avant que votre père ne verse son fluide dans votre mère, vous me devez le respect si je me permets. Une personne de votre âge ne devrait même pas prendre ses grands airs avec une adulte comme moi.
Emonyl sourit de toutes ses dents avant de lancer un sortilège sur la pièce entière. Toute la pièce se retrouva rangée, propre et le sol devint d'un blanc éclatant. Hermione écarquilla les yeux et adressa un regard suspicieux à la fille postée à ses côtés.
- Tu sais, je t'apprécie Hermione Granger pour ton courage, ta bravoure et ta loyauté envers tes défunts amis. Je t'admirerai toujours tant que tu n'approches pas mon Drago.
L'ex Gryffondor hocha la tête avant de sortir de la pièce, délaissant l'adolescente toujours assise non-chaleusement sur le lit familial. Elle avait enfin fini ses tâches alors que l'horloge sonnait 20h. Elle était exténuée, elle aurait tout fait pour rater le rendez-vous de Malefoy mais en vu de tout le travail qu'elle avait eu à faire aujourd'hui elle ne se voyait pas en faire le double le lendemain. Elle se vêtue de la robe de couleur prûne encore disposée sur son lit comme la veille et se dirigea dans le corridor pour regagner la grande table. Elle devait dîner avec le reste du membre serviteurs des Malefoy, elle n'avait pas la possibilité de manger à la table de Voldemort et de ses mangemorts par chance d'ailleurs. Elle s'installa sur une petite chaise en bois comme lui indiquait un elfe de maison et attendit patiemment que le repas soit servi. Une petite femme, 3 enfants et 4 autres personnes qui ne lui disaient rien qui vaille étaient assis également, la toisant du regard comme si elle n'était qu'une tâche sur un tableau. Un plat alléchant qu'elle ne connaissait guère apparu devant sa vue, ainsi qu'une coupe de vin et une miche de pain. Les enfants se jetèrent sur l'assiette et la dévorèrent comme si leur vie en dépendait. Cela faisait combien de temps qu'ils n'avaient pas mangé ? Ils avaient l'air si affamé, les joues creusées et le teint blafard. Hermione ne s'attarda pas plus sur cela, et savoura son assiette s'attendant à ne plus en avoir de telle pendant des jours. Elle but son verre à pied rempli de vin, se leva et commença à débarrasser la table. Ils se retournèrent tous sur elle comme si elle avait commis un délit impardonnable, les elfes de maison eurent la même réaction, s'interrogeant tour à tour du regard. Hermione parrut soudainement effrayée et reposa les assiettes sur la table, ce geste rassura la tablée entière qui retourna à ses occupations comme si de rien était. Elle comprit vite de quoi il s'agissait, chacun devait accomplir ses tâches, aucune aide ne devait être apportée. Chacun pour sa peau.
Hermione sortit de table en voyant l'heure passer à vive allure, il fallait encore qu'elle rejoigne le fils Malefoy à 21h. Elle repassa une dernière fois par sa chambre, ramassant la liste encore posée au sol et réajusta sa robe beaucoup trop décolletée à son goût. Elle n'était pas pressée d'y aller au contraire, elle espérait juste qu'il soit tolérant envers toutes les tâches qu'elle avait accompli brillamment. Etre ainsi réduite au statut d'esclave, celle de Malefoy, lui donnait froid dans le dos. Elle n'arrivait pas à se considérer comme telle, comme une chose qu'elle n'était pas. La lionne avait toujours lutté pour son indépendance, pour le libre arbitre de la femme, de n'importe quel sang. Et se voyant ainsi retirer toutes les valeurs qu'elle avait essayé d'instaurer tant bien que mal lui arrachait le cœur. Son honneur était bafoué, sa vie contrôlée. Elle aurait donné beaucoup pour voir Malefoy lécher les bottes d'un cracmol ou d'un moldu...
__________
- Entre.
Hermione poussa la porte entre-ouverte et la ferma derrière elle, la frustration la gagnant peu à peu. Obéir à quelqu'un qu'elle méprisait était la pire chose au monde et elle devait agir comme si de rien était. Drago était assis sur son lit, un bouquin à la main et un verre de whisky de l'autre. Sa chemise légèrement ouverte laissait deviner qu'il avait pris le temps de se mettre à son aise, ainsi que son style dépareillé qui montrait en lui un côté négligé d'enfant incapable de s'occuper correctement de lui. Ses cheveux blonds métalliques tombaient sur son front et ses yeux d'un gris accrocheur détaillèrent la jeune femme comme si elle n'était qu'une sorte de morceau de viande.
- Je vois que tu as pris la peine de te mettre en beauté.
La lionne acquiesça, si elle s'était préparée c'était seulement parce qu'elle s'attendait à ce qu'il l'emmène quelque part ou bien qu'il la présente au reste de ces satanés mangemorts. Mais remarquant l'absence d'un quelconque artifice, elle se douta fort vite qu'elle n'était pas là pour être exposée.
- Qu'attends-tu donc de moi ? demanda-t-elle la voix vrillant au fur et à mesure qu'elle reculait vers la porte.
- Et bien je ne sais pas, tu nous as préparé un programme, miss-je-sais-tout ?
Elle ria discrètement, non parce que cette remarque fusse amusante mais plus parce qu'elle s'inquiétait de plus en plus de son sort. Elle n'était pas là par hasard, elle le savait.Drago se frotta la tempe et alluma l'une des chandelles postées sur la table de chevet, lorsque la flamme illumina la pièce d'un parfum ivre, il déboutonna sa chemise et s'étala l'air réjoui sur son large lit.
Verre à la main, il regarda le ciel l'air hagard et souffla distinctement :
- Rejoins-moi.
La panique submergea la jeune femme, tout son corps lui criait de prendre ses jambes à son cou mais sa tête lui disait de le rejoindre pour éviter toutes représailles. Elle fit un autre pas en arrière, les gestes lents et les yeux perdus sur le corps de l'homme dont l'ombre se dessinait sur les rideaux du lit en baldaquin.
- Je me doutais que ta réaction serait plus ou moins excessive sainte Granger. Ne me force pas à venir te chercher ou tu le regretteras fort bien.
Hermione serra les dents, remarquant tous ses muscles se tendre sous le coup de l'énervement. La traîne de sa robe se déplaçant comme une ombre derrière elle, la jeune femme s'avança de quelques pas pour se retrouver face au lit, tête baissée et lèvres closes. Elle aspirait à la haine et à la rancune, elle aurait voulu marquer de cette flamme orangée, un sourire de cendre sur le visage cristallin de son opposé. Elle n'en fit rien, tût ses songes et resta stoïque attendant qu'il lui annonce le reste du plan.
- Rapproche-toi de moi.
Drago savourait cet instant comme la plus belle des revanches. Potter avait failli envoyer son père à Azkaban, il avait souillé sa famille, alors il allait souiller Granger. Granger, sa chère Granger, Granger pleurnicheuse, Granger courageuse, Granger la protagoniste du trio d'or. Mais Granger était sa Granger maintenant. La sienne, celle qu'il souillerait quand l'envie lui prendrait, celle qu'il titillerait chaque jours durant son séjour en sa présence. Il allait jouer avec le feu et goûter à la fusion entre les flammes engloutissantes de la Gryffondor, et l'eau dévastatrice du Serpentard. Il allait la détruire comme il avait été détruit, elle lui a tout pris. Si elle avait gagné cette foutue guerre sa famille aurait été libre, vivant paisiblement dans son Manoir à couler des jours heureux. Mais elle avait échoué et il ne pouvait accepter l'échec. Elle aurait ce qu'elle mérite, son sang coulera comme les larmes ont été versées.
Le garçon se redressa et posa ses mains pâles sur la taille de la jeune femme. Elle frissonna à ce contact, se raidissant lorsque qu'il les remonta un peu trop haut pour elle. Dans un élan assez malsain, il les posa sur sa poitrine et observa les yeux écarquillés de la lionne. Elle voulut reculer mais son corps ne suivait plus son esprit, elle s'éteignait et se laissait consumer par le pouvoir du serpent. Un sourire posé sur les lèvres, il l'approcha de son corps et l'amena à ses côtés. Sa main se baladait le long de ses formes, faisant quelques arrêts sur son ventre, ses seins et son intimité. La jeune femme planta ses yeux noisettes dans le gris assombrissant du jeune homme face à elle. Tandis qu'elle retenait son souffle, le cœur ratant quelques battements, il lui releva le menton et rapprocha son visage du sien. Le bout de la langue du serpent vint caresser les lèvres brûlantes de la lionne, qui s'entrouvrirent à ce contact particulier. Elle les humecta instinctivement, sentant la chaleur prendre possession de sa tête. Elle allait exploser. Exploser de désir.
Il s'attaqua tout d'abord par l'une des bretelles de sa robe, l'enlevant avec grâce, laissant la lionne savourer l'instant présent. Si elle était consciente de ce qu'elle s'apprêtait à faire, elle aurait probablement frapper le jeune homme avant de s'enfuir en courant le visage rouge de honte. Mais elle se sentait divaguer, le laissant jouer avec son corps comme on se joue d'un enfant. Elle se mordit la lèvre inférieure et retira elle-même la deuxième bretelle qui maintenait sa tenue. Lorsque l'intégralité de la robe fut retirée, Drago s'attaqua à la boucle de sa ceinture qu'il défit en un rien de temps. La respiration saccadée, il recouvrit le corps de la belle d'une multitude de baisers qui la fit frissonner de tous ses membres. Elle ne cessait de bouger, son corps en feu mêlé au corps de son camarade qui prenait un malin plaisir à passer ses mains sous sa petite culotte. Hermione ferma les yeux et enfouit son visage dans le cou de Drago, le laissant s'occuper de retirer le reste de ses vêtements. Quand ils furent nus l'un sur l'autre, que la bougie eut fini de se consumer, il posa ses mains sur l'objet du désir et admira les réactions de la jeune femme. Celle-ci plissa les yeux et entre-ouvrit les lèvres comme obsédée par le désir et la soif de sexe qu'elle ne connaissait guère. Il sourit une nouvelle fois et laissa son entre-jambe se glisser dans l'intimité de sa partenaire. Hermione hoqueta, prise au dépourvu et lança un regard suppliant à son pire-ennemi. Ce dernier commença par de longs coups de rein, laissant sa camarade s'habituer à la cadence. Hermione se tenait à son cou comme si elle craignait qu'il ne parte, serrant les dents à chaque coups plus rudes qu'il mettait. Elle ne s'attendait pas à ce que son ennemi juré lui vole ainsi sa virginité, elle le laissait pénétrer dans son intimité telle une vulgaire chose. Mais à cet instant elle n'avait pas honte, elle n'avait pas honte de sentir cette flamme en elle entourer son cœur d'une excitation malsaine. Drago accéléra la cadence d'un cran, se faisant beaucoup plus violent et plus sûr de son maintien, il entama une suite de vas-et-viens qui fit gémir la lionne jusqu'à ce que dans un dernier souffle il se vide en elle.
Il s'écroula telle une loque aux côtés de la jeune femme qui sentit la gêne lui monter aux joues. Le plaisir était toujours présent en elle mais il se transformait peu à peu en une forme de regret mêlé à une honte qu'elle n'avait pas l'habitude de ressentir. Elle dévisagea son partenaire toujours étalé en tenue d'Adam et prit conscience des faits. Elle venait de coucher avec son pire-ennemi. Hermione Granger venait de coucher avec Drago Malefoy. Ce devait forcément être l'oeuvre de l'impérium, elle ne pouvait pas en croire ses yeux. Il n'était pas courant chez elle d'avoir ce genre de débordement, elle n'avait pas le droit d'agir ainsi, pour ce en quoi elle s'était battue. La jeune femme se releva d'un bond et s'apprêtait à quitter la pièce lorsqu'une grande main la retint par le poignet.
- Où vas-tu Granger ? Tu ne peux pas t'en aller comme ça, on en a pas fini tous les deux.
Hermione ne pouvait cogiter et dégagea brusquement la main du jeune homme sans réfléchir. Un éclair passa dans les yeux du serpent et il l'entoura de ses grands bras musclés. Il l'emprisonna et la maintint pour qu'elle cesse de gesticuler. Il n'acceptait pas qu'elle puisse ainsi partir alors qu'il n'avait pas terminé sa danse. Il la cala contre lui et plaqua ses lèvres contre les siennes sans songer à ce qu'il faisait réellement. Sa langue s'enroula entre celle de la lionne qui ne broncha pas le moindre du monde et caressa ses cheveux bouclés en quête d'un quelconque retour de la part de la fille. Il fut stupéfait de voir les larmes couler sur les joues de son esclave. N'appréciait-elle pas d'être à son contact ? Il la relâcha pensif et se tourna dos à elle. Il était fatigué à présent, il avait assez joué pour le moment et se trouvait être lassé par l'attitude pas très complaisante d'Hermione. Cette dernière se sentait minable, salit, comme violé. Mais ce qui la chagrinait le plus fut le fait qu'elle ait aimé chaque instants de leurs ébats, jusqu'à ce qu'il l'embrasse férocement. Car tout cela ne lui ressemblait pas et elle détestait voir les choses changer.
A son plus grand étonnement la lionne ne bougea pas d'un poil, continuant de pleurer en silence. Il avait aimé lui faire du bien dans le plus grand des mal. Briser sa pureté en un clin d'œil fut pour lui la satisfaction la plus grande qu'il eut éprouvé depuis le début de son cauchemar. A présent elle était définitivement son jouet, il était en capacité de lui faire réaliser tous ses souhaits. Aucun regret ne perla dans son esprit, juste une immense gaieté et l'envie de recommencer. La voir pleurer le rassura un peu, il n'aurait point fallu qu'elle en soit tombée amoureuse sinon il aurait pu dire adieu à son plaisir personnel.
Hermione hoqueta submergée par la tristesse et se tourna vers Drago qui la détailla perplexe, comme si aucun élan de compassion ne lui venait à l'esprit.
- Pourquoi... Pourquoi moi ? gémit-elle les lèvres pâteuses.
- Tu as toujours été ma préférée, l'inaccessible, répondit-il calmement.
Si elle avait pu, ne serait-ce que lui effacer la mémoire elle l'aurait fait et s'en serait aller loin de tout. Mais la réalité faisait qu'elle était en incapacité d'admettre son échec. Elle n'avait même pas essayé de lutter et était tombée dans le piège avec une naïveté étourdissante.
- Je peux... je peux retourner dans ma chambre à présent ? demanda-t-elle vainement.
- Il vaudrait mieux pour toi que tu te reposes ici le temps d'une nuit, je ne t'ai pas donné le plus confortable des lits.
Elle acquiesça et se décala le plus loin possible de lui, la fatigue l'emportant dans un tourbillon de sentiments tous autant contradictoires les uns que les autres. Hermione Granger était définitivement prise au piège, si elle ne savait plus comment obéir à ses principes, elle était perdue à jamais et elle le savait.
Seul un savant aurait pu deviner ce que Drago préparait à Hermione, mais s'il n'avait déjà pas commis assez en une nuit, qu'en restait-il de toute une vie ?
Mot de l'auteur : Je ne compte plus les jours qui ce sont écoulés depuis l'arrêt de l'écriture de cette fiction. L'inspiration me manquait atrocement et je ne souhaitais pas écrire un chapitre si l'envie n'y était pas. Encore aurait-il fallu que je vous prévienne de cette longue pause d'un an qui me parut si courte en vue de tous les projets qui fusaient dans mon esprit. Je vous prie de m'excuser pour cette longue absence et j'espère que vous serez satisfait de cet écrit que j'ai rédigé avec amour. Merci de me suivre et j'espère que vous vous habituerez au lemon ahah ;)