Le Chameau
Le Chameau
Disclaimer : Harry Potter, noms et lieux sont la propriété de J. K. Rowling et Warner Bros Corp. en leurs titres respectifs.
V
Il fallut encore un bon moment avant que Harry ne regagne complètement son calme. Ron et Hermione, très peu habitués à de tels épanchements venant de Harry, échangeaient de temps à autres un regard en chiens de faïence, ne sachant trop que faire ni que penser. Ils conduisirent Harry dans la salle à manger, où les restes froids de leur repas interrompu attendaient un Kréattur qui ne viendrait certainement pas avant que son maître ne lui ordonne formellement de débarrasser.
Harry releva peu à peu la tête qu’il avait enfoui dans ses mains jointes. Il était temps de faire face aux questions que ne manqueraient pas de lui poser Ron et Hermione. Ses yeux brillaient d’un doux éclat de tristesse, et il sut qu’il devait parler quand il rencontra leurs regards :
« Oui, souffla-t-il à voix basse. Le dernier horcruxe, le septième Septième, c’est moi. Vous vous souvenez peut-être qu’après le mariage de Bill et Fleur, nous nous sommes rendus à Godric’s Hollow, l’endroit où mes parents ont vécu avant leur assassinat par Voldemort. Nous avons cru que c’était un détail, et pourtant… Je n’ai compris que bien plus tard. »
Il sortit sa baguette de sa poche et fit venir une petite statuette de bronze représentant un griffon au moyen d’un sortilège informulé. Il s’agissait d’un bel objet qui avait l’air ancien tout en étant bien conservé. Ron et Hermione posèrent les yeux sur la statuette.
« Godric’s Hollow… Un nom finalement pas si anodin. De la maison de mes parents, il ne restait pas grand-chose. C’étaient des ruines bucoliques, mangées par le lierre et les broussailles. Il restait des pans de murs debout, mais à part cela rien n’avait résisté à l’attaque de Voldemort de Halloween 81. On voyait des traces qui prouvaient que la maison avait été partiellement brûlée. Personne n’était venu là depuis plus de quinze ans. C’était complètement à l’abandon. Nous n’avons rien découvert d’important là-bas, sauf, peut-être que vous vous en souvenez, cette petite statuette de bronze représentant un griffon, dans ce qui restait de la chambre d’enfant, l’endroit même où ma… ma mère avait été tuée et où le sortilège de Voldemort se retourna contre lui. Si je me souviens bien, c’est Hermione qui l’a trouvée, par chance, en butant dessus.
« Immédiatement, nous avons pensé que cela pouvait être un horcruxe, d’autant que le griffon représenté nous faisait songer à la manie de Voldemort de prendre pour horcruxes des objets ayant appartenu aux quatre fondateurs. Nous n’osions cependant pas trop y croire, car en effet, il eût été particulièrement étrange de la part de Voldemort de laisser un horcruxe traîner là, sans la moindre protection magique, presque à la portée du premier venu. Nous l’avons illico envoyé à Slughorn pour lui en demander l’analyse, et il a été formel : pas le moindre centième d’âme de Voldemort dans cet objet.
« Nous n’avons pas tardé à l’oublier. Nous présumions qu’il avait dû appartenir à mes parents qui, ayant tous les deux passé leur scolarité dans la maison Griffondor, avaient peut-être acheté cette statue pour leur rappeler cette époque. J’ai gardé la statuette par… disons par… sentimentalisme, puisque c’était – avec la cape d’invisibilité – le seul objet qui me restait d’eux.
« Ce n’est que bien après la réponse de Slughorn que cette statuette m’est revenue en mémoire, pour des raisons que je vous expliquerai plus tard. J’ai demandé une analyse de l’objet à Howard Tranx, l’antiquaire sorcier le plus renommé de Grande-Bretagne. C’est un homme très sympathique, un érudit d’ascendance moldue. Je lui confiai l’objet pour quelques jours, le temps d’une analyse approfondie. Ses conclusions furent très surprenantes. D’abord, la statuette avait été volée dans un musée moldu de Nottingham plusieurs décennies auparavant. Ensuite, il s’agissait indubitablement d’un objet magique, car Tranx lui découvrit la propriété de résister à des températures qui auraient fondu le métal le plus résistant. Il émit lui-même l’hypothèse, sans que j’aie à lui parler de mes propres soupçons, que l’objet ait appartenu à Godric Griffondor, dont on sait qu’avant sa mort, il avait vécu non loin de la ville de Nottingham. Il est tout à fait plausible que des moldus aient un jour trouvé la statuette par hasard, et qu’elle ait abouti dans ce musée. J’avais encore des doutes, mais il me fit remarquer une minuscule rune en dessous de la statue… »
Harry retourna le griffon de bronze et fit jaillir de sa baguette une forte lumière. On voyait effectivement deux tous petits sigles habilement calligraphiés. Ni Ron ni Harry ne savaient ce qu’ils signifiaient, mais Hermione s’exclama :
« G.G. ! Godric Griffondor ! Comment ais-je pu faire pour ne pas m’en apercevoir ?
- Il faut vraiment y regarder de près, commenta Ron.
- Oui, confirma Harry. Tu n’as pas de reproche à te faire, Hermione. Quand nous avons regardé la statuette à Godric’s Hollow avant de l’envoyer à Slughorn, elle était empoussiérée et oxydée, cela devait être complètement illisible. Quant à Slughorn, j’ai vérifié, il n’y connaît absolument rien en matière d’écriture runique, il n’a rien pu déchiffrer non plus. Tranx émettait encore des doutes, mais il a une conscience professionnelle et une rigueur d’historien que je n’ai pas. D’autant plus qu’il ne savait pas tout ce que nous savons sur la manie de Voldemort. Pour moi, c’était clair : l’objet avait bel et bien appartenu à Griffondor. Lorsque j’ai appris cela, vous comprendrez que j’ai remis en question toutes les conclusions que j’avais pu faire auparavant au sujet de cet objet.
« Bien sûr, il était possible, quoique très peu probable, que le griffon ait appartenu à mes parents, mais j’ai demandé à Remus qui est le seul proche que je leur connaisse encore en vie, et il m’assuré qu’il n’en avait jamais entendu parler. Connaissant la nature assez hâbleuse de James, il était douteux que ce dernier n’en ait jamais parlé à ses meilleurs amis. Quant à Lily, on pouvait d’office exclure que la statuette lui ait appartenu puisqu’elle provient d’une famille moldue. Si l’on partait du principe qu’elle n’appartenait pas à mes parents, ce que mes investigations tendaient à prouver, la seule histoire plausible s’imposait : la statuette de bronze avait été emmenée par Voldemort lorsqu’il avait lancé son attaque sur Godric’s Hollow. Ce n’était pas encore tout à fait certain, mais j’ai choisi de poser cette information comme acquise, quitte à la revoir par la suite si elle s’avérait fausse.
« Comment Voldemort a-t-il appris que ce musée moldu renfermait cette statue ? Ce n’est peut-être finalement pas tellement difficile à deviner : il s’agissait après tout de l’endroit le plus logique où Voldemort aurait pu faire des recherches, puisque c’est le musée le moins éloigné de l’endroit où aurait vécu Griffondor à la fin de sa vie. Il est également possible que Voldemort ait eu accès à d’autres informations, venant par exemple de ses sbires qu’il a très bien pu lancer à la recherche de cet objet. Ce n’est pas vraiment une question cruciale. La plus importante conséquence de l’hypothèse que je venais de poser est qu’après avoir essuyé le refus de Dumbledore de l’accepter à Poudlard comme professeur, poste qu’il réclamait en partie dans le but inavoué de s’emparer d’un objet qui aurait appartenu à Griffondor, Voldemort n’a pas renoncé à ce fondateur. Il avait déjà la coupe de Poufsouffle, l’anneau de Serdaigle, le médaillon et la bague de Serpentard, il lui fallait compléter la série. Toujours selon ma théorie, il a fini par trouver la statuette, et a réussi à la voler, ce qui n’a pas dû être difficile puisqu’elle était conservée dans un musée moldu. Il ne lui restait plus qu’à y insérer le septième Septième d’âme, le dernier horcruxe.
« Toutes ces spéculations n’étaient alors appuyées que par la seule présence de cette petite statuette de bronze dont j’étais sûr qu’elle avait appartenu à Griffondor. Mais d’autres éléments sont venus soutenir cette théorie. Il ne s’agit pas de découvertes où d’aveux de témoins, simplement de réflexions.
« Lorsque Severus Rogue surprit Sybille Trelawney en train de prophétiser la venue d’un enfant capable de vaincre le Seigneur des Ténèbres, il y a tout lieu de croire que ce dernier ne fut pas très effrayé. On sait qu’il se croyait immortel et invincible. Malgré cela, c’eût été prendre un risque inconsidéré de laisser grandir cet enfant qui, peut-être, se révélerait être un grand mage capable de le renverser. Vous savez qu’il n’y avait que deux enfants qui correspondaient aux critères de la Prophétie, Neville Londubat et moi. Heureusement pour Neville, Voldemort me choisit comme première cible. C’était le plus facile puisqu’il y avait un traître dans l’entourage des Potter, un traître tout à fait disposé à révéler le Secret de leur cachette. Peter Pettigrow ne se fit pas prier et permit à son maître, un soir d’Halloween, de faire son incursion à Godric’s Hollow. Tout cela, c’est du connu, des faits avérés. Mais en fait, il y a certains éléments qui nous ont toujours échappés.
« Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi Voldemort s’était déplacé lui-même pour assassiner mes parents ? Cela paraît bizarre, a priori… Même si papa et maman étaient bons sorciers, il eût été plus facile pour Voldemort de ne pas quitter son trône, et de charger Lucius Malefoy ou tout autre Mangemort aguerri de se charger du sale boulot. Cette question ne m’avait jamais effleuré l’esprit auparavant parce que je pensais que mes parents méritaient bien un déplacement personnel de Voldemort, mais en comparant avec d’autres affaires, j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Pour reprendre un exemple dont j’ai déjà parlé : Voldemort ne s’est même pas déplacé pour régler ses comptes personnels avec Regulus, pourquoi l’aurait-il fait avec mes parents ? Pour une aussi peu glorieuse mission que d’assassiner deux sorciers qui se croyaient à l’abri d’un gardien des Secrets dévoué, il aurait pu très bien envoyer ses fantassins. D’autant plus que, si on y réfléchit bien, cela paraît un peu curieux que Voldemort se déplace lui-même pour me tuer, en sachant pertinemment qu’il y a une Prophétie qui soutient que je suis en mesure de l’abattre. Pourquoi aurait-il pris ce risque ? Il fallait que Voldemort ait une excellente raison de se déplacer, en tout cas une raison suffisamment importante pour braver le risque, aussi infime soit-il, de se faire tuer.
- Le horcruxe ! s’illumina Hermione.
- Exactement, fit Harry d’un ton grave. Vous avez deviné. Tout collait, le puzzle était enfin complet. Non seulement mon hypothèse expliquait la présence de la statuette dans ma chambre d’enfant, mais en plus elle éclairait d’autres faits qui jusqu’alors étaient restés dans l’ombre. Ce n’était plus un soupçon mais une certitude : au soir d’Halloween 1981, il manquait encore un horcruxe à Voldemort, et ce dernier avait l’intention de terminer la série. Vous ignorez peut-être que la puissance du horcruxe dépend non seulement de l’objet qui lui sert d’hôte, mais également de la victime du meurtre nécessaire à son élaboration. Et quelle meilleure personne trouver que Harry Potter, qui était certes un bambin mais qui, selon la Prophétie, portait en lui le pouvoir de mettre fin aux jours du mage noir ? Vous constatez l’ampleur de la folie de Voldemort : il voulait faire de l’unique instrument de sa mort définitive la garantie de sa vie éternelle. Pour faire une métaphore un peu ridicule mais explicite : il voulait que la corde destinée à le pendre devienne celle qui lui assure la vie éternelle. »
Harry s’interrompit un instant, le temps de laisser souffler Ron et Hermione qui digéraient l’information.
« Vous devinez peut-être déjà la suite, poursuivit-il d’un ton désabusé. Voldemort emporta avec lui cette petite statuette de bronze à Godric’s Hollow et assassina papa, puis maman. Enfin, il avait le champ libre pour me tuer et pour faire de la statuette de Griffondor l’hôte du dernier horcruxe. Seulement, il y avait quelque chose auquel Voldemort n’avait pas pensé : le sacrifice de ma mère m’avait conféré une protection d’une puissance extraordinaire, capable de vaincre même le sortilège de la mort. Sans se douter de rien, le Seigneur des Ténèbres pointa sa baguette vers moi, et après les incantations nécessaires à la création d’un horcruxe, prononça le sortilège de la mort : avada kedavra.
« C’est à cet instant décisif que se jouait mon avenir et celui de l’assassin. En un millième de seconde, en un éclair de lumière verte, toute mon existence fut écrite. Il se passa beaucoup de choses à cet instant. En ce qui concerne Voldemort tout d’abord, le sortilège rebondit sur moi grâce à la protection de ma mère et se retourna contre le lanceur. Ce dernier aurait immanquablement péri s’il n’avait été retenu à la vie par les horcruxes disséminés un peu partout en Grande-Bretagne. Il fut presque anéanti, et je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’il fut contraint de passer plus de dix ans sous la forme d’une sorte d’esprit errant avant que Quirrel ne fasse sa rencontre.
« De mon point de vue, les choses sont un peu plus compliquées. Certes, je m’en sortais sans dommages physiques excepté ceci – Harry désigna la cicatrice en forme d’éclair qu’il portait au front – mais il y avait en moi un hôte extrêmement indésirable, une sorte d’énorme parasite : un septième de l’âme de Voldemort. Je ne vous ai pas menti, je suis le dernier horcruxe. »
Il y eut un long moment de silence. Ron et Hermione semblaient anéantis par la nouvelle. Ils étaient parfaitement immobiles. Le silence s’éternisa. Personne ne voulait prendre la parole. Ils échangeaient des regards. Les yeux verts émeraude de Harry rencontraient successivement les yeux bleus de Ron, et bruns de Hermione. Ils connurent un moment de communion dans le désarroi et la compassion, et ne ressentirent pas le besoin de parler avant quelques minutes. Harry se décida à interrompre le silence pour leur raconter la fin de cette histoire.
« Oui… murmura-t-il si bas qu’ils durent s’approcher pour entendre. Oui, je suis le dernier horcruxe, et le plus puissant de tous. Car vous savez qu’il faut une victime puissante pour améliorer leur efficacité. Et la victime était le plus puissant mage noir qu’il existât probablement jamais dans le monde. Quant à l’objet, c’est moi, le sorcier qui devait plusieurs fois le vaincre, et faire échouer plus d’une fois ses tentatives de résurrection. Les deux éléments étaient réunis, le septième Septième élut domicile en moi.
- Mais ce n’est pas possible… réfléchit Hermione qui semblait sur le point de fondre en larmes. Voldemort n’était pas mort, comment aurait-il pu constituer la victime d’un horcruxe ?
- C’est une question de terminologie, répondit Harry en posant doucement une main sur l’épaule d’Hermione. En fait, Voldemort est bel et bien mort cette nuit là. Seulement, il n’est pas complètement mort, grâce – ou plutôt à cause – des horcruxes. La différence est minime. Si tu veux, s’il n’y avait pas eu les horcruxes, il serait mort de façon irréversible, là il est mort, mais de façon révocable. Il est resté cramponné à la vie. Cela a en tous cas suffit à la création du horcruxe.
- Et c’est pour ça qu’il n’y avait pas de horcruxe dans la statuette de griffon, s’exclama Ron. Il n’a finalement pas été utilisé puisque c’est toi qui…
- Mais pourquoi Voldemort n’a-t-il pas été récupérer la statuette à Godric’s Hollow ? interrompit Hermione. Je veux dire : après sa renaissance… Vu comment elle était cachée par les décombres, il y avait peu de chance que quelqu’un l’ait trouvée avant lui.
- C’était dans ses projets, mais pas des plus urgents, répondit Harry. Finalement, nous l’avons retrouvée avant lui. C’est vrai que ça paraît bizarre qu’il laisse cette statuette qu’il avait eu tellement de mal à trouver à la portée du premier venu, mais en réalité, il faut tenir compte de deux éléments. Tout d’abord, il estimait très peu probable que quelqu’un la trouve avant lui, puisque la maison de mes parents était en ruine et à l’écart, sans intérêt pour les voleurs. Mais la vraie raison est qu’en définitive, il n’en avait pas vraiment besoin : il avait déjà ses sept horcruxes.
- Tu veux dire que Vous-Savez-Qui… Je veux dire : Voldemort, il savait que tu étais son septième horcruxe ?
- Bien sûr. Il s’en est douté très rapidement. Par exemple, vous vous rappelez, pendant notre cinquième année que Dumbledore ne voulait pas me regarder dans les yeux, parce qu’il craignait que Voldemort prenne possession de moi. En fait, Voldemort n’avait pas à prendre possession de moi, puisqu’il était déjà en moi. C’est pour ça qu’il ne s’est pas donné la peine de récupérer dans l’urgence la statuette…
- Et c’est pour ça que tu pouvais parfois voir dans tes rêves ce qui se passait du côté de Voldemort, dit Ron d’une voix songeuse. En fait, c’était la même chose dans l’autre sens…
- Oui, nous étions connectés par l’âme. La présence de ce Septième éclaire bien des choses. Que je puisse parler aux serpents, que j’aie ce lien onirique avec Voldemort, etc. Je n’ai pas fait le compte de tout ce que Voldemort a déposé en moi sans le vouloir. Peut-être qu’il y a bien davantage que ce que nous soupçonnons. Peut-être que ce que je crois être à moi n’est en réalité que l’usufruit de ce que Voldemort gardait en nue-propriété. Peut-être que ma personnalité tout entière en dépens, peut-être que mes facilités en défense contre les forces du mal étaient uniquement liées à cela. Il est impossible de faire une séparation pure et simple de nos attributs respectifs.
- Mais il y a tout de même quelque chose que je ne comprends pas, fit Hermione. Si tu étais véritablement le dernier horcruxe, pourquoi Voldemort a-t-il plusieurs fois tenté de te tuer, au risque de casser son précieux septième d’âme ?
- Justement, dit Harry en pointant Hermione du doigt. La première fois que j’ai eu affaire à lui, Voldemort ne voulait pas me tuer. Nous, je veux dire : nous trois ; nous avions onze ans, nous étions hardiment parti à la recherche de la pierre philosophale dans les sous-sols de l’école. Vous n’étiez pas là lors de la confrontation dans la salle du miroir du Riséd, mais au tout début, Voldemort ne s’est pas jeté sur moi pour me tuer. Il m’a d’abord proposé de le rejoindre. Il avait déjà remarqué que nous étions connectés par l’âme lors de notre toute première rencontre – enfin, si l’on exclut Halloween 1981 – quand il buvait le sang d’une licorne assassinée, dans la Forêt Interdite où nous avions dû nous rendre à la suite d’une retenue avec Hagrid. Il a tout de suite compris que nous étions reliés, et il a voulu être sûr qu’il était nécessaire de m’éliminer. Je crois que cela ne lui aurait pas tellement déplu que je sois son dernier horcruxe consentant : il lui manquait un objet de Griffondor, et j’appartiens à cette maison.
« Mais j’ai décliné son offre. J’ai refusé assez peu poliment de le rejoindre. Il s’est alors résigné à détruire son dernier horcruxe en se disant qu’il lui serait toujours possible, quand il aurait récupéré un corps propre, de récupérer la statuette de Griffondor à Godric’s Hollow, et de procéder à nouveau à l’opération. Le problème est qu’il n’a pas réussi à me tuer. Ni cette fois-là ni les suivantes.
- Il me semble que tout se tient, conclut Ron après un instant de silence.
- Oui… confirma Hermione en regardant Ron avant de reposer son regard sur Harry. J’ai encore une question : comment as-tu deviné tout cela ? Tout cela paraît couler de source, mais je ne saisis pas comment tu as pu avoir toutes ces informations avec un tel luxe de détails…
- Oh, crois-moi, ça a été un travail de longue haleine, répondit Harry. Et j’ai reçu… disons… de l’aide, des informations qui m’ont poussé à croire qu’il y avait plus que six horcruxes quand j’ai découvert que Nagini n’en était pas un. Et puis, quand mes soupçons se sont avérés fondés, j’ai procédé à des tests sur moi-même qui ont prouvé que j’étais un horcruxe. Des échantillons de peau, des cheveux, etc. Il n’y a aucun doute possible. »
Hermione regarda Harry avec insistance. Harry n’avait pas besoin de mettre en pratique le peu qu’il connaissait en légilimancie pour savoir qu’elle brûlait de poser une question sans oser le faire. Il n’y avait plus qu’une énigme qui demeurait, et il était certain que la brillante Hermione ne pouvait passer à côté.
« Harry… dit-elle finalement d’un ton très mesuré. Il reste tout de même un gros problème dans tout ce que tu as dit… Je ne doute pas une seule seconde de la véracité de tes affirmations, mais deux éléments sont contradictoires : d’une part nous avons fêté les cinq ans de la disparition de Voldemort récemment, et d’autre part tu nous dis avoir constaté que tu étais un horcruxe il y a environ deux ans…
- Mais oui, fit Ron en réfléchissant, ce n’est pas possible… Comment aurais-tu pu vaincre Voldemort il y a cinq ans alors que tu étais encore un horcruxe il y a deux ans… »
Ils tournèrent leurs regards interrogatifs en direction de Harry, qui eut un pauvre sourire. Ils avaient l’air un peu préoccupés, comme si ils s’étaient soudain remémorés quelque chose de désagréable et inquiétant.
« J’ai déjà répondu à cette question hier, Ron. J’ai eu tort de m’emporter mais je vais le répéter plus calmement en espérant que, cette fois, vous me croyiez : je n’ai pas tué Voldemort.
- Mais tu viens de dire que... s’étouffa Ron. Enfin dans la salle des horcruxes, en bas, tu avais dit… Tu avais dit que tu avais…
- J’ai dit que j’avais vaincu Voldemort, et c’est vrai, fit Harry posément. Mais, je l’ai appris à mes dépens, il y a un gouffre entre vaincre et tuer. »
Leur réaction fut sensiblement différente de celle de la veille. Ils ne tentèrent pas de nier ou de contester ce qu’il venait de dire. Ils attendirent simplement que Harry explique.
« Vous raconter les détails du combat qui m’opposa à Voldemort n’aurait qu’un intérêt limité, et ce ne sont pas des souvenirs qu’il me plaît d’évoquer, pour le peu que je m’en souvienne. Ce fut un long combat acharné, à la fois physique et psychologique. J’en ai très peu de souvenirs, et c’est heureux. La seule chose qui compte est que, à la fin, je fus vainqueur. J’avais réussi m’emparer de la baguette magique de Voldemort et je l’ai eu en lui lançant un sortilège avec une baguette dans chaque main. Ces deux baguettes, qui ne pouvaient combattre l’une contre l’autre, s’avérèrent très efficace lorsque leur puissance était conjuguée. Vous m’excuserez d’être aussi peu explicite. Peut-être qu’un jour, je vous raconterai cela en détail, mais il faudra d’abord que j’assemble les pièces et que je comble les trous.
« J’avais remporté cette dernière victoire, mais rien ne me semblait réellement gagné, car le combat m’avait donné la ferme impression que tous les horcruxes n’avaient pas disparu. J’ai ressenti au plus profond de moi-même, quand j’ai vu le corps de Voldemort s’écrouler sous mon double sortilège, que quelque chose de plus ou moins vivant s’échappait de ce corps. C’est pour cette raison que j’étais anéanti au sortir du combat, que j’ai refusé de parler à quiconque : rien n’était achevé. La période que tout le monde croyait révolue n’était pas finie. Tous ces abrutis qui me félicitaient, qui se bousculaient pour me serrer la main ou pour m’interviewer, qui m’acclamaient, n’avaient rien compris. Je ne méritais pas leurs éloges. Comment aurais-je eu le cœur d’annoncer au monde qu’il n’y avait rien à fêter, que la disparition qu’ils célébraient n’avait pas eu lieu, alors que tout le monde se réjouissait et se congratulait ?
« Je n’ai pas trouvé la force de le faire. Annoncer au monde que Voldemort n’avait pas disparu était au-dessus de mes forces. Il aurait fallu leur raconter tout, je n’en avais ni le cœur ni le courage. J’ai choisi de ne rien dire à personne. Cela a été difficile de porter seul ce secret, j’ai plusieurs fois hésité à vous en faire part, mais vous étiez si heureux, si amoureux, si décidés à profiter de la vie que le courage de vous confier mon secret disparaissait à chaque fois que je m’approchais de vous. L’idée que tout pourrait recommencer, que Voldemort parviendrait peut-être une nouvelle fois à retrouver une enveloppe corporelle, cela m’était insupportable. Alors, progressivement s’est imposée à moi une seule conviction : il fallait que je termine mon boulot, qui n’était celui de personne d’autre que moi. J’avais l’espérance que si je parvenais à achever ma mission, retrouver et détruire tous les horcruxes, alors enfin l’esprit qui s’était échappé du corps de Voldemort disparaîtrait complètement de la surface de la Terre. Si je parvenais à faire cela, alors enfin je pourrais vivre, puisqu’il avait été dit qu’aucun ne peut vivre tant que l’autre survit.
« Vous comprenez maintenant pourquoi la dépouille de Nagini était capitale. Si je parvenais à y trouver les traces d’un horcruxe, je pouvais être certain qu’il n’y en avait plus qu’un. Or je vous ai déjà dit que mes analyses furent formelles : le serpent n’était pas et n’avait jamais été un horcruxe. Il me manquait donc au moins un Septième d’âme sur les sept. Le journal de Jedusor avait été détruit par le crochet du Basilic, la chevalière des Gaunt par Dumbledore, la coupe de Poufsouffle par Slughorn, la bague de Serdaigle par Hermione, et je venais d’annihiler moi-même le morceau d’âme qui résidait dans le corps de Voldemort. Puisque je ne savais pas si le dernier horcruxe existait, que j’ignorais de son emplacement jusqu’à son apparence, je me suis mis à la recherche du médaillon de Serpentard, pour lequel j’avais plus d’indices. Mon espoir était que, puisque Voldemort n’avait pas disparu, le médaillon n’ait pas été détruit par Regulus Black. Cela paraissait plausible après tout : la destruction d’un horcruxe est une opération magique difficile qui nécessite beaucoup de concentration. Il semblait au fond peu probable qu’immédiatement après l’avoir récupéré dans la grotte, R.A.B. l’ait aussitôt détruit. Je n’en ai pas la certitude, mais peut-être Regulus n’est-il revenu au Square Grimmaurd après le vol que parce qu’il pensait trouver dans la bibliothèque de ses parents un livre expliquant les sortilèges nécessaires à cette destruction.
« Vous savez maintenant qu’il a été surpris par une attaque de Mangemorts qui se cachaient au Douze et qu’il a été tué. Je vous ai expliqué comment j’ai retrouvé le médaillon que Regulus avait eu le temps de déposer quelque part au Douze avant de fuir, et qui est resté pendant des années et des années dans cette maison avant que Mondingus Fletcher ne l’escamote ni vu ni connu et ne le vende chez Barjow et Beurk, où je l’ai finalement racheté. »
Harry fit une pause pour reprendre son souffle.
« Ensuite ? fit Ron qui était visiblement impatient de savoir la suite et le dénouement de l’histoire. C’était encore un horcruxe ?
- Oui, c’en était encore un, assura Harry avant d’ajouter d’un ton grave : Je l’ai détruit.
- Et alors Voldemort a disparu ! exulta Ron.
- Non. Il restait peut-être encore un horcruxe. Je ne pouvais courir le risque de me limiter à six horcruxes sur sept détruits. Je me suis creusé la cervelle pendant longtemps à ce sujet. J’ai échoué successivement dans plusieurs vérifications d’hypothèses, mais je ne pouvais pas abandonner. Et puis, un beau jour je suis retombé sur la statuette de bronze qui assez ironiquement, me servait de presse-papier, sur mon bureau. Elle était depuis si longtemps là que j’avais presque oublié sa présence. Je l’ai examinée de près, j’ai réfléchi, et j’ai décidé que l’hypothèse que j’avais à son sujet en valait bien une autre. Vous connaissez la suite : à tous hasards, j’ai emmené la statuette chez Howard Tranx l’antiquaire, qui m’a appris ce que vous savez. J’ai déduit de toutes ces informations, conjuguées à d’autres éléments qui demeuraient obscurs, que Voldemort avait l’intention d’en faire un horcruxe en l’emmenant à Godric’s Hollow le soir d’Halloween, mais qu’il avait échoué dans cette tentative.
« C’est alors qu’une terrifiante hypothèse me vint à l’esprit. Plusieurs éléments me traversèrent l’esprit. Mon lien spirituel avec Voldemort, la statuette qui n’était pas un horcruxe, l’étrangeté du fait que Voldemort se soit déplacé lui-même pour éliminer ma famille, etc. : tous ces indices combinés me saisirent à la gorge et me firent voir avec évidence la seule possibilité qu’il restait.
« Je me suis empressé de vérifier ma théorie, et j’ai pratiqué sur moi-même quelques tests, en essayant de ne pas penser aux conséquences. Malheureusement, les résultats prouvèrent indubitablement que le septième Septième d’âme était en moi. Je fus anéanti par cette nouvelle. Cela vous paraîtra peut-être bizarre. Vous pensez peut-être que j’aurais dû être content d’avoir enfin rassemblé tous les horcruxes, d’avoir enfin achevé ma quête, mais ce ne fut pas le cas, je vous prie de le croire. »
Harry s’interrompit pendant un moment pour regarder Ron et Hermione. Ils écoutaient attentivement, mais leur air effaré prouvait qu’ils avaient déjà deviné en tout ou en partie la suite de l’histoire.
« Oui, poursuivit Harry en s’appuyant sur la table pour assurer sa position. Je ne fus pas heureux d’apprendre que j’étais le dernier horcruxe en état de marche. Etait-ce cela qu’exigeait d’être l’homme de Dumbledore, d’être le Survivant, d’être celui à qui avait été confié la mission de détruire tous les horcruxes ? Le dernier horcruxe ne pouvait échapper à la règle : il fallait que je le détruise. Que je me détruise. Si vous préférez employer le mot suicide, je ne vous en voudrai pas. C’était la seule manière de détruire définitivement Voldemort. Vous avez vu comment les autres horcruxes ont été brisés, poignardés, éventrés. Il me fallait faire la même chose de moi pour espérer détruire le dernier horcruxe.
- Tu veux dire que tu n’as pas réussi à détruire le horcruxe qui est en toi ? fit Ron d’une voix blanche. Cela signifie que Voldemort est toujours en vie, quelque part…
- Je ne le crois pas, s’écria Hermione. Il doit y avoir une autre méthode d’extraction ! Je ne peux – je ne veux – pas croire que tu sois obligé de te suicider pour briser le dernier horcruxe !
- Je l’ai cru, dit doucement Harry dans un geste apaisant. Pendant un moment, j’ai voulu croire qu’il existait d’autres méthodes. Pourquoi croyez-vous que je sois resté si longtemps enfermé dans mon bureau à lire tous les livres de magie noire qui me tombaient sous la main ? J’ai lu toute la littérature qui concerne les horcruxes, dans toutes les langues qui existent ou qui existèrent. Il n’y a pas d’autres moyens. »
Il s’interrompit un instant.
« Ceux qui disent que je suis un héros se trompent, vous savez… Je ne voulais pas mourir. Je ne veux toujours pas mourir.
- Mais merde, Harry ! s’écria Hermione, provoquant la stupeur de Ron qui n’était pas habitué à de telles prosaïsmes venant d’elle. Personne ne te demande de te sacrifier, Harry ! Si Voldemort doit revenir à nouveau, eh bien, qu’il le fasse ! On sera prêt à l’accueillir une nouvelle fois avec de très bons arguments ! »
Ron approuva vigoureusement de la tête en tapotant sur la poche où se trouvait sa baguette. Harry eut un misérable sourire et reprit la parole :
« Je suis touché par votre proposition. Vraiment. Malheureusement, cette position n’est pas tenable. Le bien commun doit primer sur l’individuel, dirait Scrimgeour. Et cette fois il aurait raison. Mourir était la dernière chose que je voulais faire, et pourtant, je n’avais pas le choix, à moins de vouloir passer ma vie dans la hantise de voir revenir Voldemort tuer des milliers de personnes. Je n’aurais jamais pu être heureux en portant en moi le dernier fil qui maintenait Voldemort en vie. La Prophétie avait raison.
- Mais c’était il y a longtemps tout ça et tu es encore bien vivant, s’exclama Ron en touchant l’épaule de Harry comme pour s’en assurer. C’est que tu as trouvé une autre solution, non ?
- Si on veut. S’il n’y avait eu encore un élément, je serais mort à l’heure qu’il est, et vous seriez en train de vous demander pourquoi. Pour vous expliquer pourquoi je ne me suis pas infligé à moi-même le sort que j’avais réservé à tous les horcruxes, il faut que je vous raconte une autre histoire.
- On t’écoute, fit Ron en posant sa tête sur sa main.
- Pour que vous compreniez bien cette histoire, commença Harry après une inspiration, il faut que je revienne un peu en arrière. Plus exactement, je vais revenir au point de l’histoire où je venais d’acheter le vrai médaillon de Serpentard chez Barjow et Beurk. Il est important de préciser que je ne savais pas encore que j’étais le dernier horcruxe. Je n’avais pas encore fait toutes ces déductions issues de la redécouverte de la statuette de Griffondor.
« Très satisfait d’avoir enfin trouvé le collier de Serpentard après tant de recherches, je suis retourné chez moi dans les plus brefs délais, dans la hâte de détruire le médaillon au plus vite. C’était la première fois que je détruisais volontairement un horcruxe, et je vous ai déjà dit que ce n’était pas une opération facile. Néanmoins, il s’était écoulé quelques années depuis la fin de notre scolarité, et, bon… sans me vanter, j’étais quand même celui qui avait vaincu Voldemort… Ce serait faire preuve de fausse modestie que de dire que mes pouvoirs magiques étaient inexistants. La destruction de ce horcruxe n’était pas censée poser problème. Mais étrangement, j’ai échoué plusieurs fois dans mes tentatives de destruction de l’objet. D’abord, je ne me suis pas inquiété. J’ai réessayé plusieurs fois en vain, et je me suis décidé à l’envoyer à Slughorn. Par retour du courrier, celui-ci m’a informé, sans chercher à dissimuler sa surprise, qu’il avait été tout aussi incapable que moi de démolir le médaillon.
« Ce serait mentir que de vous cacher que cela m’a valu une grosse frustration. Par Merlin ! Je venais, après avoir effectué de longues recherches désespérées, après avoir déterré de nuit un cadavre putréfié, après avoir payé des mille et des cent, de trouver ce que je cherchais, et voilà que tout cela s’avérait vain puisqu’il m’était impossible de le détruire. J’ai essayé les plus puissants sortilèges que je connaissais. J’ai même demandé à des ouvriers de la voirie de passer avec leur rouleau compresseur dessus, mais toujours sans résultats.
« Je me suis vite calmé en me disant que je prospectais dans le mauvais sens. C’est la première fois que j’ai eu recours aux services d’Howard Tranx, c’est pour ça que j’ai eu immédiatement recours à lui lorsque la statuette de Griffondor m’est revenue à l’esprit. J’ai fait sa connaissance un matin, à sa boutique, et je lui ai demandé d’enquêter au sujet de l’objet. Je vous ai dit que Howard est quelqu’un de très sympathique, en réalité c’est une vraie perle. Il ne pose pas de questions embarrassantes, il est rapide et efficace. Il ne fait aucun doute qu’il a compris en l’analysant que le médaillon contenait un horcruxe, mais il s’est obligeamment abstenu de me le faire remarquer. Je ne sais pas ce qu’il a pu en conclure, d’ailleurs. Beaucoup de choses, sans doute. Il a reconnu immédiatement le médaillon de Serpentard, qu’il savait en vente chez Barjow et Beurk, m’a félicité de cette acquisition, et m’a informé de sa propriété essentielle – la seule que je lui reconnaisse jusqu’à présent. Le médaillon est indestructible. Je ne sais pas pourquoi Salazar Serpentard a enchanté son médaillon de manière à ce qu’il ne soit jamais détruit, ni quels sortilèges oubliés il a pu utiliser, toujours est-il que son lointain descendant, Tom Elvis Jedusor, n’aurait pas pu mieux choisir son horcruxe. Il aurait même pu s’abstenir de le dissimuler et de le protéger. Ce horcruxe se suffisait à lui-même, il n’avait besoin d’aucune défense puisqu’il était indestructible. »
Harry retira le collier qu’il avait passé autour du cou en sortant de la salle souterraine. Il exhiba le médaillon, et Ron et Hermione purent remarquer qu’il n’était ni ébréché, ni fissuré.
« Vous voyez que le médaillon est en parfait état, poursuivit Harry. Pas le moindre éclat. J’ai tout d’abord été très dépité des révélations de Tranx. Les conséquences de l'inaltérabilité du médaillon étaient immenses : Voldemort était donc bel et bien immortel. Pourtant, je gardais un ultime espoir, même s’il était assez maigre. Pourquoi Voldemort avait-il cru nécessaire de protéger aussi bien le médaillon s’il le savait indestructible ? Ce n’était a priori pas très logique, et c’est sur cette seule anomalie que je fondais tout mon espoir.
« Je vous ai dit que j’ai lu toute la littérature concernant les horcruxe et c’est vrai. Il me fallait absolument trouver un moyen de détruire ce pénultième horcruxe.
- Et tu as trouvé ? s’enquit Hermione.
- Ben oui il a trouvé, intervint Ron sur le ton de l’évidence. Il nous a dit qu’il l’avait détruit.
- Tu as raison Ron, fit Harry, j’ai fini par trouver. Les écrits sur les horcruxes sont assez peu abondants, en tous cas en Grande-Bretagne, où l’on considère qu’il s’agit d’une magie trop noire pour qu’on puisse l’évoquer même en plein soleil. C’est dans un livre en roumain que j’ai fini par trouver ce que je recherchais. Dans la réserve de la bibliothèque de Durmstrang.
- Tu es allé jusqu’à Durmstrang pour aller chercher ce livre ? siffla Ron, admiratif.
- Bien sûr que oui ! Tu ne te rends pas compte, Ron ! Cette info, je devais impérativement la trouver, peu importe le prix ! Elle était indispensable à l’anéantissement définitif de Voldemort. Et Durmstrang n’usurpe pas sa réputation de temple de la magie noire. Je crois qu’ils possèdent la plus importante collection d’ouvrages qui traitent de ce sujet au monde. »
Ron eut une moue dédaigneuse qui exprimait explicitement ce qu’il pensait de cette branche de la magie.
« J’ai donc trouvé le bouquin et je me le suis fait traduire anonymement et à grands frais. Il ne s’agissait pas d’un livre qui traitait les horcruxes de manière descriptive, ou d’une anthologie de la magie noire, c’était un manuel qui expliquait vraiment comment s’y prendre pour en créer un. C’était la première fois que j’avais accès à cette information.
- Mais on s’en fout de savoir comment créer un horcruxe, non ? Ce qui nous importe c’est d’en détruire, pas d’en créer un !
- Effectivement, pointa Harry. Mais les deux activités sont intimement liées. »
Il se leva alors de sa chaise et se dirigea vers une belle armoire aux portes vitrées qu’il ouvrit. Il saisit un gros tas de parchemins grossièrement reliés par une ficelle rouge. On voyait clairement que les parchemins avaient été parcourus à maintes reprises. Il y avait quelques feuilles cornées, des signets et des phrases soulignées. Harry feuilleta le texte pendant une minute avant de tomber sur le passage qui l’intéressait.
« L’objet destiné à accueillir votre âme doit être choisi avec précautions, lut-il à voix haute sans se rasseoir. Cela peut-être n’importe quoi, mais il convient de choisir un objet solide, apte à résister à l’usure du temps que durera votre immortalité. En théorie, toute chose corporelle est apte à servir de horcruxe, même un être vivant. Notez toutefois qu’on ne peut mettre deux horcruxes sur le même support. »
Il s’interrompit alors et feuilleta à nouveau la liasse de parchemins. Ron et Hermione, visiblement, n’avaient pas compris où il voulait en venir.
« Il convient de faire très attention à la pérennité des fragments de votre âme. Le mage noir prévoyant – admirez la formulation – prendra perpétuellement garde à leur sécurité. En effet, les horcruxes peuvent être facilement détruits par certains sortilèges relativement élémentaires. Il est donc vivement conseillé de placer les horcruxes sous bonne garde. Confiez-les à vos plus proches amis, si tant est que vous en ayez, ou enfouissez-les sous la terre, en ayant à l’esprit que vous multiplierez les risques en les plaçant tous au même endroit. Conserver à portée de main quelques morceaux de votre âme présente des avantages certains – vous savez en permanence où ils se trouvent et vous pouvez veiller dessus – mais cette solution n’est pas souvent retenue par le mage noir prévoyant, qui aura crainte qu’ils ne soient détruits en même temps que lui. En conclusion, un horcruxe sûr est un horcruxe solide, loin de vous et bien caché. Il vous sera alors loisible de profiter de votre éternité tout en exerçant le noble métier de mage noir en toute sécurité. Veuillez toutefois noter qu’il nous est impossible de vous garantir toute la longueur de l’éternité, car les horcruxes les mieux cachés peuvent être trouvés, les sortilèges de protection les plus puissants conjurés. Même un horcruxe apparemment indestructible peut être anéanti par un nouvel horcruxe qui viendrait écraser le précédent. »
Harry acheva sa lecture et referma la pile de parchemins reliés.
« Tu n’as pas fait cela, affirma Hermione d’une voix blanche, mais elle n’y croyait pas. Harry, tu n’as quand même pas fait cela ! »
Harry baissa la tête.
« Et sans nous consulter ! s’écria Hermione, qui se leva, rouge de fureur. Sans t’inquiéter de nous ? Sans te préoccuper de ce que nous pouvions en penser ?
- C’était ma mission, Hermione, fit Harry à voix basse.
- Mais de quoi parlez-vous à la fin ? s’exclama Ron.
- Tu n’as pas compris ? souffla Hermione toujours furieuse. “Même un horcruxe apparemment indestructible peut être anéanti par un nouvel horcruxe qui viendrait écraser le précédent”, c’est pourtant clair ! Il l’a fait ! Il a suivi les instructions du manuel ! Il a créé un horcruxe lui-même ! Il a mis la moitié de son âme dans le médaillon.
- Pas la moitié, renâcla Harry. Un morceau seulement.
- Tu n’as pas fait cela, fit Ron à son tour.
- Si, je l’ai fait ! s’écria Harry, que la colère commençait à gagner, à son tour. Vous ne comprenez pas, c’était la seule solution ! Si je ne l’avais pas fait, je ne serais jamais parvenu à exproprier le morceau d’âme de Voldemort. C’était la seule solution vous entendez, la seule !
- Vraiment ? fit Hermione, dédaigneuse. Vraiment ? Tu crois être le seul à vouloir la disparition définitive de Voldemort ? Je t’accorde que c’était peut-être la seule manière de détruire le horcruxe, mais pourquoi toi ? Tu ne crois pas avoir donné suffisamment, tu crois que c’est ça qu’implique être “l’homme de Dumbledore” ? Tu crois qu’il aurait voulu ça, Dumbledore ? Que tu scindes ton âme en deux pour en finir avec Jedusor ?
- C’était ma mission, répéta Harry d’un ton un peu penaud.
- Je me disais bien qu’il y avait quelque chose de pas net là-dessous, poursuivit Hermione qui ne décolérait pas. Tu as changé. Avant, il ne te serait jamais venu l’idée de t’enfermer pendant des années dans un espace clos pour y étudier la magie ! Avant, tu jouais au Quidditch, tu participais aux fêtes, tu pouvais tenir des conversations. Même physiquement, tu as changé. Tu es devenu plus pâle et plus froid, je te reconnais à peine !
- Merci de remuer le couteau dans la plaie, fit Harry sombrement.
- Moi je sais ce qui t’as pris, Harry, intervint sèchement Ron qui semblait avoir rejoint Hermione dans la colère. En fait, c’est ce que tu voulais ! Tu voulais vraiment devenir immortel ! Tu le voulais vraiment ! Toute ton histoire de Durmstrang, tout ça, c’est un prétexte ! Peut-être que tu voulais au début détruire le médaillon, mais quand tu as vu tu ne pouvais le faire qu’à condition de remplacer le morceau d’âme de Voldemort par le tien, tu t’es dit : “au fond pourquoi pas”, n’est-ce pas ? Tu sais ce que tu es en train de faire, Harry ? Tu es en train d’imiter Tu-Sais-Qui, étape par étape !
- Vous vous trompez tous les deux, s’enflamma Harry. Comment peux-tu penser cela de moi, Ron ? Tu crois que j’ai combattu toute ma vie Voldemort pour finalement le remplacer ? Tu crois que je suis content d’être immortel, comme tu dis ? Oh, oui ! Comme je suis content, je vais vivre éternellement, voir mes amis mourir de vieillesse les uns après les autres sans pouvoir rien faire ! Comme je suis enthousiaste ! Beau programme !
- Bon, peut-être que je suis allé un peu loin, admit Ron, mais…
- Et comment que tu es allé trop loin, gronda Harry. L’immortalité, demande aux fantômes ce qu’ils en pensent et tu auras un aperçu éloquent de mon opinion. Quant à toi, Hermione, tu te trompes également. Je ne sais pas ce que Dumbledore aurait voulu que je fasse, mais il n’en demeure pas moins qu’il m’a implicitement confié la mission de retrouver et de détruire tous les horcruxes. Celui-la ne pouvait échapper à la règle.
- Mais pourquoi toi ?
- Bonne question ! Demande à Sybille Trelawney. Je n’en sais rien, moi, pourquoi c’est moi qui ai été désigné par cette stupide Prophétie ! Ce que je sais, c’est que je ne pouvais pas demander à quelqu’un de le faire à ma place. Tu m’aurais vu dire “eh, salut Machin, tu sais quoi ? Je vais t’offrir un beau cadeau pour Noël : l’immortalité ! T’en dis quoi ?” Impossible. Je ne pouvais ni le confier à mes ennemis parce qu’ils seraient devenus dangereux, ni à mes amis, justement parce qu’ils sont mes amis et que je ne pouvais pas leur demander cela !
- Tu n’es pas ton propre ami, Harry Potter ? demanda Hermione doucement. »
Le Survivant ne répondit pas. Il y eut un moment de silence.
« Il y a un truc que j’ai pas compris, dit finalement Ron. Je croyais qu’il fallait tuer quelqu’un pour faire un horcruxe… Comment tu as fait pour créer celui-là ? Tu n’es pas allé chercher le premier moldu que tu voyais dans le square, j’imagine... »
Il regarda Hermione, comme pour s’assurer qu’il ne venait pas de dire une bêtise, mais celle-ci était tournée vers Harry dans l’attente attentive de sa réponse.
« Peter Pettigrow, lâcha-t-il, comme à regret. Sa dette est payée.
- Quoi ? Il est venu de son plein gré ?
- Non, je suis venu le chercher. Tu sais bien qu’on dit que les créances sont quérables… J’ai fait une application très littérale du principe.
- Tu… Tu veux dire que tu l’as… assassiné ?
- Non ! se récria Harry. Je ne suis pas un meurtrier ! Je suis venu chercher vengeance, et c’est lui qui a tiré en premier. Je l’ai provoqué en duel, et j’ai gagné, c’est tout.
- Et tu as profité de sa mort pour éjecter le morceau d’âme du médaillon en le remplaçant par le tien, conclut Ron.
- Ca a dû être douloureux, ajouta Hermione. Je veux dire… le déchirement de l’âme…
- Très, dit simplement Harry avant de rajouter après un long silence : Tu comprends, maintenant, Hermione, pourquoi je ne pouvais confier à personne d’autre le soin d’éjecter le morceau d’âme de Voldemort ? Je ne pouvais pas demander à quelqu’un de commettre un homicide pour moi ! »
Hermione hocha la tête, puis la baissa lentement. Ils restèrent un moment silencieux, et Harry s’aperçut que le jour déclinait déjà. Il fallait leur raconter la suite.
« Mais rappelez-vous, dit-il en les faisant presque sursauter. Je vous ai raconté toute cette histoire dans un but déterminé. Je voulais vous expliquer pourquoi je ne pouvais pas détruire le septième Septième d’âme qui était en moi. C’est tout simple : le morceau d’âme de Voldemort qui cohabite dans ma tête aurait été sauvé, au même titre que mon esprit, par le médaillon de Serpentard ! Porter atteinte à mon corps n’aurait pas suffi puisque l’esprit de Voldemort était intimement mêlé au mien et serait sauvé par le horcruxe que j’avais créé.
« Quelle ironie du sort, n’est-ce pas ? Je croyais avoir concédé l’ultime sacrifice en déchirant mon âme en deux pour éjecter Voldemort du médaillon, et c’était cela même qui m’empêchait d’en finir avec lui. L’épée à double tranchant, le retour des flammes, la queue du Magyar, vous pouvez prendre toutes les images qui vous aideront à comprendre, mais pour moi, c’était clair : tout se ramène à ce médaillon doré que j’ai en main. La clé de tout.
« Quand j’ai compris que le septième Septième était encore plus indestructible que ne l’avait jamais été le sixième, je fus découragé. Toutes mes recherches avaient été vaines. J’avais déchiré mon âme en vain. Qu’est-ce que cela changeait de n’avoir plus qu’un horcruxe opérationnel au lieu de deux ? Un jour où l’autre, Voldemort reparaîtrait et je ne pouvais rien faire d’autre que d’attendre ce retour en espérant que cela ne soit pas trop tôt. Attendre avec ce ridicule médaillon autour du cou, ce médaillon, l’expression la plus éclatante du triomphe de Tom Elvis Jedusor. Le collier de Serpentard devenait la chaîne qui m’attachait pour l’éternité à mon échec. Pendant des mois je suis resté prostré, presque sans rien manger. De toute façon je n’avais pas à craindre de mourir. Ma quête se soldait par un échec, et j’avais sacrifié la moitié de mon âme pour rien. Ce maudit médaillon me narguait, même pas éraflé lorsque je le jetais par terre de toutes mes forces, même pas endommagé lorsque je lui envoyais successivement plusieurs avada kedavra.
« Enfin… Pas besoin de m’éterniser sur cette période. Vous l’avez compris, ce fut une phase particulièrement noire. Tout cela aurait très bien pu continuer, si un jour je n’avais pas lu dans la presse moldue un entrefilet bien étrange. C’était un article d’à peine quelques lignes, qui mentionnait un fait assez insolite : une recrudescence très importante de la mort des rats d’égout dans un quartier de Londres. Le journaliste ne s’expliquait pas comment tous ces rats avaient bien pu trouver la mort, il ne faisait que mentionner l’anomalie, en précisant que l’autopsie de certains rats avait montré une autre étrangeté : ils étaient en excellente santé, en dehors du fait qu’ils étaient morts. Pour moi, cela avait une toute autre signification. Bien sûr, cela pouvait être n’importe quoi, mais j’avais la ferme conviction qu’il s’agissait de l’esprit de Voldemort qui s’emparait de l’esprit des rats. Cette intrusion réduisait considérablement l’espérance de vie des malheureux rats que Voldemort choisissait comme hôtes. Ma conviction était renforcée par le fait que ce quartier de Londres, assez excentré, ne se trouvait pas très loin de l’endroit où avait eu lieu la bataille finale.
« J’ai alors décidé de changer complètement mon fusil d’épaule, d’adopter un autre angle de vue. Je m’étais acharné sans succès à réduire en miettes tous les horcruxes. Cette tentative avait échoué, mais il restait encore une possibilité, la dernière. La dernière chance qui m’était offerte de m’assurer que jamais plus Voldemort ne viendrait tyranniser la planète. Je devais la saisir, attaquer frontalement.
« Je suis descendu dans les égouts de ce quartier pour vérifier ma théorie. J’avais pris soin de lire quelques livres sur les esprits avant de faire cette exploration. J’y ai appris comment les capturer. Vous vous souvenez de ce qu’avait dit Rogue lors de notre tout premier cours de potions ? Il disait qu’il était possible d’enfermer l’âme de quelqu’un dans un flacon. C’est à peu près la même méthode que j’ai suivie.
« J’avais ensorcelé mes lunettes pour qu’elles puissent me montrer ce qu’il était impossible de voir à l’œil nu, les fantômes et les forces invisibles. Et mon pressentiment s’est avéré correct : je suis tombé sur l’esprit de Voldemort, qui ressemblait à un grand vautour rouge, dont le cou et la tête étaient ceux d’un serpent. Dès qu’il ma reconnu, il a fui. Il était désarmé. Il ne pouvait pas contre-attaquer. Je l’ai traqué. Il s’est d’abord enfui par un boyau avec succès, mais je me suis couché quelque part dans la crasse, en me disant qu’il finirait bien par revenir. L’attente a duré des heures, mais à un moment, j’ai vu un jeune rat tout innocent passer la tête au dehors du boyau. C’était lui, je le sentais. Je l’ai immobilisé d’un sortilège. Voldemort a voulu quitter le corps du rat, mais c’était sans compter sur ce que j’avais appris dans les livres consacrés à la chasse aux esprits malfaisants. Il s’est débattu, il a même essayé de prendre possession de moi, mais je l’ai forcé à rentrer dans un flacon de verre. La chasse s’était achevée avec fruit.
« Je suis remonté à la surface, dans une rue pleine de moldus qui m’ont regardé bizarrement. C’était assez compréhensible : j’étais couvert de traces immondes, trempé, malodorant, et je tenais dans la main un flacon plein de fumée rouge. Ensuite, j’ai transplané au Douze avec le précieux récipient. »
Harry s’interrompit pour voir l’effet que sa révélation produisait sur son public. Ron et Hermione étaient muets.
« Et c’est tout ? fit Ron, interloqué.
- Que voudrais-tu que je rajoute ? demanda Harry en souriant.
- Alors toutes ces aventures ont été inutiles ? Toute ta quête ? La recherche des deux derniers horcruxes…
- N’exagérons rien, tempéra Hermione. Harry a eu énormément de chance de trouver l’esprit de Voldemort. Cela aurait très bien pu ne jamais arriver, et alors la quête reprenait tout son sens.
- Vous avez tous les deux raisons, dit Harry. Ma quête des horcruxes restants a été inutile, et même préjudiciable à mon intégrité psychique, mais elle aurait eu tout son sens si je n’avais jamais trouvé Voldemort.
- Finalement tu te retrouves avec un morceau d’âme en moins, commenta Ron.
- Et un médaillon bien encombrant en plus, ajouta Hermione.
- Et un flacon, acheva Harry. Oui. C’est exactement comme cela que je résumerais la situation. Je ne suis pas sûr d’en sortir à mon avantage.
- Ce n’est pas ce que tu voulais ? questionna Hermione. N’étaient-ce pas les termes de l’échange, finalement ? La moitié de ton âme contre la destruction de Voldemort ?
- Pas tout a fait. Voldemort n’a pas été détruit. Il a été enfermé dans un flacon. Mais de toute façon, je ne crois pas qu’on puisse vraiment parler d’un échange… Un échange, cela suppose qu’on ait le choix, non ? Tandis que moi, j’ai été obligé de sacrifier une partie de mon âme. A aucun moment je n’ai eu le choix. A moins qu’on ne fasse remonter ce choix bien en amont : au moment où j’ai entrepris ma quête des horcruxes, ou plutôt bien avant, à l’instant où, âgé de onze ans, j’ai décliné l’offre de Voldemort.
- Je crois que tu n’avais pas bien lu les petits caractères au verso de la feuille du contrat, dit Ron dans un rire nerveux. »
Hermione et Harry se joignirent à son rire, qui se mua rapidement en fou rire, un étrange rire dénué de la moindre trace de gaieté. Ils se calmèrent peu à peu et Harry prit la parole :
« Venez, dit-il. J’ai encore une dernière chose à vous montrer. Après, ce sera fini et vous pourrez rentrer chez vous. Je vous ai quasiment tout dit, cela ne servirait à rien de différer cette confidence. »
Le couple suivit Harry dans les couloirs du Douze, ils gravirent un étage et se retrouvèrent face à une nouvelle porte close.
« Attendez-vous à être surpris, fit Harry en sortant de sa poche le trousseau de clés de fonte qui avait servi à ouvrir la porte de la salle aux horcruxes. »
Il introduisit une autre clé dans la serrure et poussa la porte.
« Mais qui voilà ! fit une voix narquoise et ironique venant de l’intérieur de la pièce. Ne seraient-ce pas mademoiselle Hermione Granger et monsieur Ronald Weasley ? Entrez donc, mes chers amis, qu’il ne soit pas dit que Lord Voldemort vous ait laissé sur le pas de la porte ! »
Ron et Hermione entrèrent dans la pièce à pas feutrés, sans oser en croire leurs oreilles. Ils durent se rendre à l’évidence lorsque leurs yeux confirmèrent ce que leurs oreilles n’avaient pas voulu croire : Lord Voldemort était confortablement assis dans un fauteuil de la pièce et leur souriait insolemment.
Note de l’auteur : Encore un chapitre très long (un peu moins de 10 000 mots), bouclé assez rapidement. Je vais partir une semaine en vacances, ce qui risque de retarder mon travail, mais la suite viendra en temps utile. J’espère que vous avez aimé ce chapitre. N’hésitez en tous cas pas à le commenter, que ce soit pour m’adresser des félicitations, des commentaires, des corrections, des doléances, etc. (J’avoue avoir une certaine préférence pour la première catégorie)