Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 90 : VII Anaïs Fidois

2818 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:43

           CHAPITRE VII : ANAÏS FIDOIS 


           Thomas et Yann avaient cherché Jonas et Franck. Au Département des Chasseurs, Andreo Filipelli avait dit au professeur qu’ils étaient juste passés le matin avec Chun mais étaient repartis sans repassés de la journée. Chun n’était pas chez elle. Thomas commençait à s’inquiéter pour elle. Elle avait voulu se montrer forte la veille mais il avait bien compris qu’elle n’était pas loin de craquer.

           Les milieux de la magie noire se tenaient tranquille en ce moment. Il semblait que la mort de Malgéus en ait refroidi plus d’un. Partout où passaient Thomas et Yann et où ils demandaient des informations sur Pierrick Chaldo, les gens prenaient peur et disaient qu’ils ne savaient rien précipitamment. Comme si cet homme était le diable en personne. Son nom n’était pas aussi craint que celui de Voldemort mais presque. A croire que simplement l’évoquer était suffisant pour le faire apparaître. Pour tous, plus encore que par le passé, il était devenu le Corbeau, le Messager de la Mort.

« Mais qui est-il pour eux ? Le croque-bedaine ? fit Thomas.

-C’est le croque-mitaine, corrigea Yann. Il n’en est pas très loin. Rappelle-toi ce que j’ai appris dans le dossier du projet Gladius. Aujourd’hui, il est sûrement plus prêt de ce Gladius que de Pierrick si j’en crois ton récit de son passage au Ministère.

-Pierrick n’est pas un monstre.

-Je sais. Mais pour eux, il est celui qui a détruit à lui seul le dernier groupe de mangemorts réellement organisé et le pire mage noir de France depuis deux siècles. D’une certaine manière, grâce à ça, il y aura moins d’actions de mages noirs pendant un moment.

-Oui, mais je dois le retrouver.

-Nous devons le retrouver. Même si cela peut sembler bizarre et mal venu, je considère Pierrick comme un ami. Et je ne veux pas que Chun soit seule. Plus maintenant.

-Que veux-tu dire ? Tu as eu des nouvelles d’elle ?

-Par Bran. Il veille sur elle à chaque minute. Même sans la quitter, il parvient à me faire parvenir des messages en le transmettant à d’autres oiseaux. Je sais où elle est.

-Pourquoi ne m’as-tu rien dit ?

-Ça ne servirait à rien, Jacques Mareau est avec elle. Et Jonas et Franck étaient encore avec elle il y a quelques heures. Elle est chez Emilie Chaldo.

-Je vois. Elle sera en sécurité là-bas. Pas de traces de Pierrick selon tes « informateurs » ?

-Non. Je les ais pourtant tous mis sur l’affaire à l’exception de Bran. Mais aucun ne le trouve. La seule explication est qu’il ne soit pas en France ou dans les pays frontaliers.

-Nous ne pouvons pas chercher sur toute la planète !

-Et pourtant. J’ai peut-être un moyen de nous faciliter la tâche. Ce n’est pas fiable à 100% mais sait-on jamais.

-Lequel ?

-J’aimerais bien le savoir moi aussi, lança une voix. »

           Thomas et Yann se tournèrent vers l’homme qui les approchait. Thomas le reconnut aussitôt.

« Officier Chergnieux ? fit-il. Que faîtes-vous là ?

-La même chose que vous j’ai l’impression, répondit Chergnieux. Je cherche Chaldo. »

Thomas remarqua que l’officier de Police Magique avait une mine extrêmement fatiguée. Il avait sûrement peu ou pas dormi durant les jours précédents.

« Depuis combien de temps n’avez-vous pas dormi ? demanda le professeur. Vous avez l’air fatigué.

-Je n’ai pas besoin de votre sollicitude. Je veux retrouver Chaldo. Dîtes-moi comment vous comptez le retrouver.

-Pourquoi voulez-vous le retrouver ?

-Ça me regarde.

-Albert Chergnieux, dit Yann Firvel. Vous êtes un ancien chasseur si je ne m’abuse. Mais vous avez démissionné après avoir été refusé à la section S. Je crois savoir que Pierrick Chaldo participait aussi à cette session de tests et bien que plus jeune que vous dans le service, il vous a été préféré. Vous êtes entré à la Police Magique après. Vous n’avez pas supporté d’être mis en seconde place derrière un jeune alors que vos chefs vous ont dit que vous seriez pris à la prochaine session.

-Qui êtes-vous pour croire savoir quelque chose sur ce que j’ai ressenti ?

-Je suis juste quelqu’un qui sait qui vous êtes. »

Chergnieux sortit sa baguette d’un geste fluide malgré la fatigue. Yann réagit dés le départ du mouvement en passant à côté du policier sur son extérieur. Il le désarma avec une extrême facilité et se retrouva dans son dos, pointant la baguette du policier sur sa nuque.

           Chergnieux sentit la pointe de l’artefact contre ses cervicales. Il n’avait fait que deviner le mouvement de Firvel. Il se demandait qui il pouvait bien être pour le battre à ce genre d’exercice.

« Bien joué, fit Chergnieux. Mais ce ne sera pas suffisant. »

Chergnieux se retourna d’un coup, surprenant Firvel. Il écarta la baguette et le repoussa d’un coup de pied au corps. Il sortit une seconde baguette, habitude prise du temps où il était encore aux Chasseurs, et désarma Firvel d’un Experlliarmus. Il rattrapa la baguette au vol et pointa les deux sur Yann. Mais celui-ci était déjà au contact entre les deux bras tendus du policier. Chergnieux sentit quelque chose de froid coller juste sous son menton.

           Firvel se releva en écartant les bras du policier, relevant son pistolet Beretta 92 devant ses yeux. Le policier regarda l’arme à feu avec curiosité.

« Un pistolet moldu, dit-il. Comment se fait-il que vous en ayez un et que vous ayez surtout l’air de savoir vous en servir ?

-Secret, sourit Firvel.

-Vous ne vous êtes pas servi de la baguette, ni sorti la votre. Ou alors c’est que vous n’en avez pas et que vous ne pouvez pas vous en servir. Vous êtes moldu.

-J’applaudirai votre intelligence si vous étiez tombé juste. Mais il y a juste un détail de faux. Mais je ne peux vous en dire plus. Nous n’allons pas rester ainsi durant des heures. Je vous propose de ranger nos armes respectives. Je n’ai rien contre vous.

-D’accord. »

D’un même geste synchrone sans se lâcher des yeux, Firvel et Chergnieux rangèrent leurs armes sous leurs vestes. Ils s’éloignèrent l’un de l’autre d’un pas. Thomas soupira de soulagement. Heureusement, ces deux hommes étaient tout deux censés.

           Chergnieux continua à fixer Firvel. Il ignorait qui était cet homme mais il avait un moyen de retrouver Chaldo. Il devait saisir cette chance.

« Je veux retrouver Chaldo, dit-il. Quel est votre moyen de le retrouver ?

-Je ne peux pas vous en parler, fit Yann.

-Ne jouez pas avec moi. Je dois le retrouver !

-Et pourquoi ?

-C’est personnel.

-Je vois. Malheureusement, même si vous me disiez pourquoi, je ne pourrai rien vous dire. Je dois agir seul pour faire ce que je veux faire. Je ne garantis pas le résultat.

-Je vais continuer à chercher de mon côté, dit Thomas. Où et quand on se retrouve ?

-Je te retrouverais. Fais donc équipe avec l’officier. Il a l’air motivé. A plus tard. »

Firvel transplana.

« Pas de baguette mais il peut transplaner, fit Chergnieux. Qui est-il donc ?

-Je ne peux rien vous dire non-plus, s’excusa Thomas. Venez, continuons de chercher Pierrick. »

 

           Yann Firvel apparu non-loin des locaux du 13ème Bureau. Il ignorait encore s’ils le soupçonnaient d’être à l’origine du vol de dossier. Peut-être que l’archiviste, Anaïs Fidois l’avait finalement reconnu. Si c’était le cas, il devrait fuir et sûrement se battre pour y arriver. Hors, certains agents de ce service possédaient des pouvoirs réellement effrayant et le surpassaient sur bien des points.

           Yann adopta une attitude naturelle et entra, saluant d’un geste de la main le faux agent d’accueil. Il passa dans les bureaux situés derrière. Il ne fit ni plus ni moins que ce qu’il faisait d’habitude. Des agents à l’attitude agitée sortaient et entraient de la porte menant à la salle des archives. Firvel fit mine de s’en étonner.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda t-il à un homme passant près de lui.

-Des dossiers confidentiels ont été volé, répondit l’interrogé.

-Quand ? Lesquels ?

-Avant-hier. Mais je ne sais pas lesquels. Il n’y a que l’archiviste et les personnes autorisées qui sont dedans. L’archiviste n’aurait rien vu. Elle dit avoir été attaqué par derrière et forcer à répondre puis assommée sans avoir pu voir son agresseur. Le vigile dit pareil.

-Ah oui ! »

Cette fois-ci la surprise n’était pas feinte. Il n’avait pas assommé Anaïs Fidois et elle l’avait vu. Masqué, certes, mais elle l’avait vu tout de même.

           Il la vit sortir du couloir menant aux archives. Son regard croisa celui de Yann Firvel. Elle eut un sourire discret à son attention. Firvel la laissa passer à côté de lui sans lui lancer un regard. Elle entra dans un autre bureau. Firvel s’éloigna de la cohue sans se faire remarquer et entra à son tour dans le bureau.

           Anaïs Fidois s’était assise sur une chaise. Elle fit un petit sourire ingénu à Firvel. Ce dernier referma la porte.

« Ça va votre tête ? demanda t-il innocemment.

-Ça peut aller, répondit-elle. C’est ça de s’assommer soi-même avec un dossier de six kilos.

-Que voulez-vous dire ?

-Ce n’est pas la peine de jouer avec moi Firvel. Je sais que c’était vous le voleur. J’espère que ces dossiers vous ont été utiles. J’ai noyé le poisson en en faisant disparaître d’autre classés au plus haut niveau. Le dossier du projet Gladius seul aurait éveillé pas mal de soupçons.

-Si vous savez que c’est moi, pourquoi ne pas m’avoir dénoncé ?

-La plupart des agents et même le directeur de ce service me sous-estime tout le temps. Je suis peut-être ici juste pour faire de la gestion de dossier et du classement, n’empêche, j’ai accès à l’ensemble des dossiers, quelque soit le niveau. Je les ais tous lu au moins une fois. Je sais ce dont sont capables chaque agent, et surtout ceux qui donnent les ordres. Je suis comme vous, je ne suis pas d’accord avec leur façon de faire. Surtout depuis que vous avez récupéré le dossier du projet Gladius. Vous l’avez lu ? Alors ?

-Alors c’est effrayant. Mais je comprends les raisons qui les ont poussés à agir ainsi. Et maintenant, je dois retrouver Pierrick.

-Vous avez l’air de vous être attachés à lui.

-J’espère qu’il me considèrera comme un ami un jour. Il n’est plus Gladius.

-Et que faîtes-vous ici ?

-Il est introuvable. Je vais demander l’aide des agents du Bureau à travers le monde pour voir s’ils ont des infos sur lui. Vu que vous avez couvert mon petit larcin, je n’ais plus à m’inquiéter. A moins que vous ne m’ayez menti pour me piéger.

-Approchez-vous. »

           Yann s’approcha. Il était prêt à porter la main à son arme au moindre geste suspect. Anaïs se leva. Elle leva les bras et posa doucement ses mains sur les tempes de Firvel. Ce dernier sortit son arme et posa le canon sur le plexus de l’archiviste. Elle sourit.

« Ne vous inquiétez pas, assura t-elle. »

Et soudain, avant qu’il ne puisse dire la moindre chose, des images déferlèrent dans la tête de Firvel. Il voyait les parents d’Anaïs Fidois être tués sous ses yeux. Il ressentait de la peine. Il devina que c’était la peine de la petite fille qu’elle était à l’époque qu’il ressentait. Lorsqu’elle cessa, elle se recula d’un pas. Firvel la regardait.

« Vous êtes une non-décelée, dit-il. Vous avez un pouvoir impressionnant. Pourquoi n’êtes-vous pas agent de terrain ?

-Parce que j’ai réussi à leur cacher mes dons. Ils ont donc cru faire une erreur et ont simplement voulu me faire croire que mes parents avaient été tués par des voleurs. Mais j’ai toujours su la vérité. Je ne suis pas une femme d’action. Je ne sais pas me battre comme vous. Tout ce que je pouvais faire, c’était attendre que quelqu’un comme vous se décide d’agir et l’aider comme je pouvais.

-Et si tout ce que vous m’avez montré n’était qu’une illusion ?

-C’est un risque. Vous pouvez me faire confiance, même partiellement seulement. Ou bien me tuer. Mais je peux encore vous aider.

-J’ai le choix. Mais je n’ai pas vraiment envi de tuer une femme aujourd’hui si je peux l’éviter. Je vais vous accordé le bénéfice du doute.

-Heureusement que je ne suis pas comme le Prêtre.

-Vous avez deviné que je l’avais tué.

-En fait, le directeur aussi. Mais d’une certaine manière, il en a été soulagé, le Prêtre commençait à devenir gênant.

-Je vois. Je vais devoir aller faire ma demande d’information.

-Au fait, Marion Locca vous surveille. Mais vous le saviez peut-être déjà. Si c’est le cas, elle doit être morte maintenant. Vous n’auriez jamais pris un risque aussi énorme avec en plus la suspicion d’être surveillé. »

Firvel ne répondit pas. Il ne devait rien dire sur Marion Locca. Elle avait le droit de vivre en paix elle aussi. Et pour le moment, il n’était pas sûr de pouvoir faire confiance à 100% à Anaïs Fidois. Sans rien ajouter, il sortit du bureau.

           Anaïs Fidois resta seule. Elle esquissa un sourire.

« Vous me ferez confiance un jour Yann Firvel, pensa t-elle. Je le sais. »

           Yann Firvel se rendit au bureau de l’homme chargé de la coordination des agents sur le plan international. Le 13ème Bureau avait des espions dans plusieurs gouvernements magiques et moldus. Ils envoyaient des rapports à intervalles réguliers. Un agent de terrain comme Firvel avait la possibilité de faire une demande d’information à certains voir à tous ces agents. Il exposa sa demande à l’homme chargé de transmettre l’information. Une fois ça fait, il ressortit. En se dirigeant vers la sortie, il croisa Anaïs Fidois. Cette dernière ne lui accorda pas un regard. Mais quand il fut dans la rue et à l’abri des regards, Yann sortit de sa poche un papier. Dessus était écrit l’adresse et le numéro de téléphone d’Anaïs Fidois avec un petit mot disant :

« Au cas où. »

 Cherchait-elle vraiment à l’aider ou voulait-elle l’attirer dans un piège ? En attendant d’avoir la réponse, il replia le papier et le glissa dans sa poche. Il s’assura de ne pas être vu et se transforma en pygargue à tête blanche pour s’envoler.

           Maintenant, il devait attendre. Mais pas sans rien faire, il continuerait de chercher. Où qu’il soit, il retrouverait Pierrick…

 

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