Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 78 : XI Virage vers l'Enfer

4588 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 19:56

           CHAPITRE XI : VIRAGE VERS L’ENFER

 

           Frida ne pleurait plus. Mais par moment, Hans la sentait frissonner contre lui. Depuis des heures, aucun des deux n’avait dit un mot. Ils se contentaient de rester là pour partager un peu de réconfort et de chaleur humaine. Et soudain, un bruit fit trembler la fillette plus que le reste. Toujours le même bruit. Le bruit de pas descendant un escalier et s’approchant, résonnant entre les murs de l’étroit couloir. Hans se tourna vers Frida.

« Frida, ne t’en fait pas, assura t-il. Tout ira bien. Tu vas te cacher dans un coin jusqu’à ce que je revienne.

-Non, souffla la petite fille. Je ne veux pas que tu partes toi aussi. Je ne veux pas être toute seule.

-Tu es une fille très courageuse Frida. Tu peux rester seule quelques temps. Pas longtemps je te le promets. Allez, va te cacher.

-Non, refusa Frida en s’accrochant plus fortement au jeune homme.

-Frida. »

Le cliquetis de la serrure résonna et la porte s’ouvrit.

           Les deux mangemorts eurent le même sourire goguenard en voyant le jeune homme et la petite fille étroitement serrés l’un contre l’autre.

« Vous ne voulez pas vous séparer ? fit un des mangemorts. Ça tombe bien, on doit vous emmener tout les deux.

-Quoi ? s’exclama Hans. Pourquoi elle ? Ce n’est qu’une petite fille ! Elle ne sait rien ! Laissez-la en dehors de tout ça je vous en prie !

-Ta gueule ! »

Le pied s’était écrasé contre le visage de Hans, lui arrachant une plainte douloureuse.

           Les deux mangemorts ne le laissèrent rien ajouter. Sans aucune délicatesse, ils les relevèrent et les poussèrent dans le couloir. Lorsqu’ils arrivèrent dans la salle de torture, Hans remarqua tout de suite la présence de Malgéus et Névris. Mais ce fut le cri de Frida qui le marqua le plus.

« MAMAN ! »

Gisant à même le sol comme une poupée désarticulée dont la peau blafarde faisait penser à de la porcelaine, se trouvait Elsa. De multiples plaies étaient couvertes de sang séché. Ses yeux vides de toute vie fixaient le plafond en une expression irréelle. Ses vêtements étaient déchirés et laissaient voir les marques résultantes de la torture de Névris.

           Malgré la tentative de Hans pour la retenir, Frida parvint à se dégager du jeune homme et se jeta sur le cadavre déjà froid de sa mère. Elle pleurait intensément, mouillant le corps sans vie de ses larmes. Hans essaya de se dégager à son tour du joug des mangemorts mais ils ne le laissèrent pas la rejoindre et le calmèrent d’un coup dans l’estomac. Ils le tirèrent jusqu’au siège de torture et l’y attachèrent. Hans ne put quitter le corps des yeux durant un long moment. Il était si obnubilé par ce triste spectacle qu’il n’entendit pas Névris lui parler et ne revint à la réalité que quand la main du mage noir lui cingla la joue.

« Quel tristesse, fit Névris faussement. Cette gamine se retrouve totalement orpheline maintenant. Si seulement sa mère avait parlé.

-Elle ignorait tout de ce que vous vouliez, éructa Hans.

-C’est peut-être vrai. Mais si toi tu avais parlé. Elle serait encore vivante.

-Je n’en crois rien. Vous nous auriez tués si vous aviez eu ce que vous vouliez.

-Qui sait ? Mais maintenant la question ne se pose pas. Vas-tu coopérer avec nous ?

-Jamais.

-Bien. Alors nous allons continuer les tortures.

-Je ne dirai rien. Souffrir ou mourir ne me fait pas peur.

-Ça je l’avais bien compris. Mais je connais une autre méthode de torture. Une méthode qui a déjà fait ses preuves avec ton propre père. »

           Névris se détourna de Hans pour s’approcher de Frida. Sans la moindre retenu, il la prit par les cheveux et l’éloigna de sa mère. Il la jeta aux pieds de Hans. Névris sortit sa baguette et la pointa sur la fillette. Frida lançait à Hans un regard apeuré.

« Parle, sinon elle va souffrir, dit Névris. Tu te moques de ta souffrance. Mais est-ce que tu feras de même pour celle de cette gamine ?

-Arrête. Ne fais pas ça. Je t’en supplie.

-Alors livre-nous le rituel.

-Non. Je ne peux pas.

-Alors tant pis pour elle. Endoloris ! »

L’éclair surgit de la baguette de Névris et pénétra le corps de Frida. Elle hurla de douleur, se recroquevillant sur le sol. Hans hurlait à Névris d’arrêter. Il essayait de crier plus fort que la fillette et que les rires des mangemorts assistant à la scène.

           Lorsque Névris cessa son maléfice de torture, Frida continua à remuer sur le sol, prise de convulsions incontrôlables. Hans ne pouvait détacher les yeux de la fillette.

« Alors ? fit Névris. Tu vas parler ?

-Je… »

Hans savait qu’il ne devait rien leur dire. Mais il ne voulait plus entendre Frida hurler de douleur. Il avait promis à sa mère de s’occuper d’elle. Il n’avait pas le choix.

« D’accord, souffla t-il. Je vais tout vous dire.

-Enfin, il se montre raisonnable. De quoi as-tu besoin ?

-Déjà, donnez à manger et à boire à Frida.

-Vous avez entendu ? A boire et à manger pour la petite. Tout de suite. »

Un homme se leva et accourut en dehors de la pièce.

« Et maintenant ? questionna Névris, son horrible sourire accroché à ses lèvres.

-Détachez-moi, exigea Hans. Et donnez-moi de quoi écrire. »

 

           Franck et Jonas continuaient à observer les faits et gestes des Chasseurs. Ils ne pouvaient faire que ça pour le moment. Mais ils commençaient à être à court d’idées et de suspicions. Aucun de leurs collègues des trois sections des Chasseurs ne leur semblait suspect. S’il y avait bien une taupe aux Chasseurs, elle savait se cacher.

           Jonas entra dans le bureau de Franck. Il s’avachit sur un fauteuil sous les yeux amusés de son ami.

« Alors ? demanda Franck.

-Rien, répondit Jonas. Les interrogatoires ne donnent rien. Soit ils ne savent pas, soit ils sont sous le joug d’un Fidelitas.

-La deuxième solution est la plus logique. Malgéus est connu pour sa parano. C’est comme ça qu’il est resté libre jusqu’à aujourd’hui. A mesure que le temps passe, les chances de récupérer les otages vivants s’amenuisent. Ils sont peut-être même déjà morts.

-Je n’ai pas envie d’y penser mais je dois avouer que ton raisonnement est le plus réaliste. Même s’il est le plus froid. »

Un feu de couleur vert émeraude s’alluma dans la cheminée. Franck et Jonas portèrent toute leur attention au foyer. La tête de Thomas en surgit.

« Thomas, qu’elle bon vent t’amène ? fit Jonas.

-Je n’apporte malheureusement pas de bonnes nouvelles, fit Thomas. Ça concerne Pierrick.

-Que lui est-il arrivé ? interrogea Franck.

-Je ne sais pas vraiment. Il est passé à Beauxbâtons il y a quelques minutes. Il a forcé le passage jusqu’au bureau du directeur.

-Quoi ? Pourquoi ?

-D’après le professeur Tréveune, il voulait en savoir plus sur un ancien directeur de Beauxbâtons : Antoine Faros.

-Je l’ai connu, dit Jonas. Il est mort quand j’étais en dernière année. Il n’a fait que cinq ans de directorat. Si je me souviens bien, une rumeur circulait sur lui. Elle disait qu’il avait raté une expérience ou un projet du temps où il travaillait avec le Département Secret. Cet échec avait coûté la vie à plusieurs personnes, dont le propre fils de Faros. Il était considéré comme l’un des plus grands génies du monde magique à l’époque. Il parlait d’égal à égal avec le professeur Dumbledore. Quel rapport avec Pierrick ?

-J’aimerai bien le savoir, dit Thomas. Il n’a eu que des paroles évasives. Il parlait de son passé caché, que sa vie n’avait été que mensonge. Il a même dit que les Chaldo n’étaient pas ses parents. Avant de partir, il a dit qu’il devait trouver Malgéus car il connaissait la vérité.

-C’est quoi ce bordel ! s’écria Jonas. Qui a pu lui mettre de telles idées dans la tête ?

-Il semblait dire que ses souvenirs revenaient. D’ailleurs, Marion m’a dit qu’elle avait eu une étrange impression la première fois qu’elle l’a vu. Elle a dit qu’elle avait sentit comme un voile impénétrable masquant une partie de sa mémoire.

-Il aurait subi un sortilège d’amnésie ?

-Le sortilège d’amnésie efface la mémoire pourtant.

-Non, contredit Franck. Un sortilège d’amnésie n’efface pas la mémoire contrairement à la croyance populaire. Il pose un voile autour de la mémoire. On peut même cibler une certaine partie avec de la pratique. C’est ainsi que les oubliators peuvent faire oublier uniquement quelques instants aux moldus ayant été témoins d’actes magiques. Sinon, ils devraient faire oublier toutes leurs vies aux témoins.

-Lorsque j’ai rencontré Pierrick, il ne ses souvenait de quasiment rien de sa vie en France. Et si c’était ses six premières années qui avait été masquées ?

-Peut-être. Mais pourquoi ? C’est ça la question. Qu’est-ce qui pourrait nécessiter de disparaître dans la vie d’un enfant de moins de six ans ?

-Marion a entrevu ses souvenirs tout à l’heure. Elle ne m’a pas dit clairement ce qu’elle a vu mais ça l’a bouleversée.

-Cette Marion est vraiment spéciale, fit Jonas. Tu pourrais lui demander ce qu’elle a vu ?

-Je lui demanderai. Mais si elle ne veut pas en parler, je ne la forcerai pas. C’est une jeune fille qui a trop souffert jusqu’à maintenant.

-Je te comprends, acquiesça Franck.

-Quelle nouvelle de l’enquête ?

-On piétine, souffla Jonas. Les mangemorts se tiennent si tranquille qu’ils pourraient tout aussi bien avoir disparu. Ils se cachent. Ça ne présage rien de bon.

-Je vais vous laisser travailler. Tenez-moi au courant.

-Si on a quelque chose, on te le fera savoir. Promis. »

           La tête de Thomas disparut de l’âtre. Durant un long moment, Jonas et Franck ne dirent rien, réfléchissant chacun de leur côté à ce que venait de leur dire le professeur.

« Pierrick a toujours été spécial, dit Jonas. Mais j’ai toujours mis ça sur le compte de la dure épreuve qu’il a vécu en Chine. On dirait bien que c’est plus ancien.

-Le risque est que maintenant, il ne cherche plus à libérer les otages mais ne cherche Malgéus que pour élucider ce passé. Il pourrait ne pas se soucier de leur sécurité. »

 

           Chun vit avec bonheur revenir Jacques en un seul morceau. Elle avait eu peur que leur tentative de vol au 13ème Bureau ne se solde par un échec sanglant. Il lui raconta ce qu’il savait du déroulement de l’opération et comment Yann Firvel les avait laissés en plan après.

« Je préfère, dit Chun. Il vaut mieux limiter tes incursions dans les affaires du monde magique. Je l’ai déjà fait trois fois. A chaque fois, j’ai vu des gens mourir sous mes yeux ou alors je les ai vu plein de vie et après, ils sont morts. Et une fois, j’ai été en danger de mort, à la merci d’un vampire totalement psychotique.

-Et tu voudrais que je te laisse toute seule dans un monde comme celui la ? fit Jacques.

-Il y a aussi de bons côtés. Je m’y suis fait des amis. Les collègues de Pierrick, Thomas, les professeurs de Beauxbâtons et surtout leurs femmes, la vampire Assya.

-Une vampire !

-Oui, elle est très gentille. On s’écrit régulièrement.

-Elle n’a pas cherché à te mordre ?

-Elle m’a mordue. C’est moi qui lui aie demandé de le faire. Sinon, elle serait morte. C’est comme ça que nous sommes devenues amies. Ne t’en fais pas, les Vampires ont des lois. Ils n’ont pas le droit de tuer les Humains. Quand ils se nourrissent, ils sont obligés d’effacer la mémoire de leurs victimes.

-C’est bizarre mais ça ne me rassure pas vraiment. Des nouvelles de Pierrick ?

-Je l’ai vu tout à l’heure. Mais il y avait quelque chose d’étrange. Il n’était pas comme d’habitude. J’ai eu l’impression d’être de nouveau une étrangère pour lui.

-Il doit simplement être préoccupé par son affaire. Je suis sûr que quand tout sera terminé, il te reviendra comme avant.

-J’espère. »

 

           Pierrick continuait à chercher Malgéus. Il devait le trouver. Il devait découvrir ce qu’il savait sur son passé. Qu’est-ce qu’il avait dévoilé ? En même temps, Pierrick attendait la prochaine vision. Il espérait qu’elle lui en montrerait plus. Peut-être pourrait-il enfin savoir qui est cet homme en noir. Il lui semblait que son identité lui dévoilerait une grande partie du mystère entourant son passé. Et puis, pourquoi se sentait-il plus proche de cet inconnu que de ses parents ? Cette question ne cessait de l’obséder.

           Il était maintenant à Bordeaux, continuant son tour de France des lieux secrets du monde des Sorciers. Mais jusqu’à maintenant, son enquête n’avait rien donné. Les mangemorts de Malgéus se faisaient plus discrets que jamais. Ils devaient tous être au même endroit. C’était ainsi la façon la plus sûre pour Malgéus de contrôler ses troupes. Il était plus proche du but qu’il ne l’avait jamais été depuis qu’il s’était lancé en quête du rituel des anciens druides germains. Mais pour le Corbeau, cela n’avait plus d’importance. Il ne voulait retrouver Malgéus que pour une chose : savoir.

           L’esprit de Pierrick s’embruma. Il reconnut la sensation qu’il avait ressentit lors de sa dernière vision. Il se laissa porter par ce nouveau souvenir qui avait réussi à remonter à la surface. Les sensations emplirent ses sens. Il sentit un vent froid d’hiver lui fouetter le visage. Il sentait qu’il n’était pas habillé pour l’hiver mais il n’avait pas froid pour autant. Sous ses pieds, il sentit la neige crisser à chacun de ses pas. Le paysage sortit des ténèbres devant lui. Il était dans une lande enneigée. Il faisait nuit. Dans le ciel, un croissant de lune jetait une lumière argentée sur les arbres squelettique, faisant briller la neige d’un éclat bleuté. Un homme marchait à côté de lui. Il était grand et habillé d’un ensemble noir que Pierrick reconnut comme étant la tenue utilisée par les unités d’actions des Chasseurs comme la section AI ou les agents de la section S en intervention. Au sentiment qu’il ressentait en sa présence, Pierrick sut qu’il s’agissait de cet homme en noir dont il n’avait toujours pas vu le visage. Et une fois de plus, il ne fit que deviner sa silhouette dans la pénombre.

           L’homme passa devant lui. Le déplacement se fit plus lent, plus discret. Il descendit sur ses genoux pour être moins visible. Pierrick reconnut la façon de se déplacer typique d’une approche discrète. Ils ne devaient pas être loin de l’objectif. L’homme posa finalement un genou à terre en se cachant derrière un buisson. D’un geste de la main, il ordonna à Pierrick de venir à lui. Pierrick vit que de l’autre côté de la futaie, il n’y avait qu’une maison solitaire. Un homme marchait devant en scrutant au loin. Il tenait une baguette à la main. Sûrement une sentinelle. Lui et l’homme en noir allait certainement investir la maison. Pierrick ne regarda pas autour de lui, mais il ne sentait pas la présence de d’autres chasseurs aux alentours. Pourtant, dans ce genre d’action il faut au minimum deux groupes de la section AI. Ils n’allaient quand même pas l’attaquer à eux seuls ! Qui sait combien de mages noirs étaient cachés dedans ?

           L’homme en noir se mit à parler. Pierrick enrageait. Son alter ego dans ce souvenir ne se tournait pas vers son interlocuteur. Malgré la froideur de la voix de cet homme, Pierrick sentit une certaine chaleur en l’écoutant. Quel lien pouvait les unir ?

« C’est cette maison l’objectif. Il doit y avoir une dizaine de mangemorts dedans. Ta mission est de les attaquer et de tous les éliminer. Aucun ne doit s’échapper. Tu as compris ?

-Oui. »

Sa propre voix surprit Pierrick. Elle n’était pas grave. Une voix d’enfant. Quel âge pouvait-il bien avoir à cet époque ?

« Vas-y. »

Pierrick obéit à l’ordre sans rien ajouter. Une dizaine de mangemorts. Il fallait être fou pour envoyer un homme seul les combattre. Et quel était cet ordre ? Tous les éliminer. Les Chasseurs ne travaillent pas comme ça. Ils avaient pour habitude de faire des prisonniers pour les interroger par la suite et qu’ils soient jugés légalement. Certains pouvaient mourir durant un assaut. Mais en règle générale, il fallait limiter les pertes. Ce n’était pas le travail des Chasseurs de se substituer à la Justice.

           Malgré tout, le Pierrick du souvenir s’avança, baguette à la main. Il se déplaçait de buisson en buisson, s’approchant de la maison par bond comme on dit dans le jargon opérationnel. Avant chaque bond, il vérifiait qu’il pouvait se déplacer sans être repéré. Il s’était tellement approché que la sentinelle passa à moins d’un mètre de lui. Pierrick attendit qu’il lui tourne le dos pour agir. Quand la sentinelle repartit, ne regardant plus dans sa direction, Pierrick surgit silencieusement du buisson et sauta vers la tête du mangemort pour lui entourer le cou de ses bras. En même temps, il frappa d’un coup de pied dans le creux poplité des genoux pour le forcer à les mettre à terre. Ainsi, ses pieds touchèrent de nouveau le sol. D’un geste sec que Pierrick reconnut comme parfait, la nuque du mage noire se brisa. Pierrick laissa choir le cadavre qui fut amorti par la neige. Il scruta les environs, pointant sa baguette au cas où un autre ennemi serait là. D’un geste de sa baguette il fit déplacer le corps à l’abri des vues derrière un arbuste.

           Pierrick continua à s’approcher de la maison dans la même ambiance tactique. Il atteignit finalement le mur de la maison et le longea. Il trouva la porte d’entrée. Il y avait un garde. Il savait que passer par la porte principale était risqué mais il n’oubliait pas qu’il devait tous les éliminer. Si le garde se doutait de quelque chose d’anormal à l’intérieur, il s’enfuirait peut-être. Il devait donc le tuer avant d’entrer. Même s’il passait par une autre voie. Il ne pouvait pas non plus se servir d’un sortilège. Le problème de la magie était que la plupart des éclairs naissant d’un sortilège faisait de la lumière. Il devait le tuer à mains nues ou à l’arme blanche. Il l’observa durant plusieurs minutes. Quand il jugea le moment opportun, il surgit de l’angle du mur et lança un couteau de lancé avec précision. La lame se ficha dans la carotide du garde. Il n’émit qu’un gargouillis liquide et bascula dans la neige maculée de sang ocre.

           Pierrick ne resta pas à vérifier si le garde était bien mort. Il retourna en arrière. Il s’arrêta près d’une fenêtre qu’il avait repérée plus tôt. Il jeta un coup d’œil pour vérifier que la pièce qui se trouvait derrière était vide. Lorsqu’il fut sûr, il pointa sa baguette sur le loquet, le déverrouilla et ouvrit la fenêtre. Il se glissa rapidement à l’intérieur avant de refermer la fenêtre. Ainsi, son intrusion passerait inaperçu encore quelques temps. La température était plus clémente dans la maison. Il vint se coller à une porte pour écouter les bruit de l’autre côté. Il perçut plusieurs voix. Il avait de la chance, il n’aurait pas à les chercher longtemps. Pierrick prit sa baguette dans sa main gauche et un couteau dans la droite. Il se recula un peu. Il fit un moulinet avec sa baguette pour faire voler la porte en éclats.

« Qu’est-ce qui se passe ? hurla un mangemort. »

Juste dans l’axe de la porte se trouvaient deux mages noirs. Aucun des deux n’eut le temps de réagir. L’un fut frapper d’un éclair vert d’avada kedavra et le second reçut le couteau dans l’œil. Un mangemort surgit la baguette à la main. D’un Repulso, Pierrick lui fit percuter violement le mur derrière lui. Il ne se releva pas, la colonne vertébrale en miette sous le choc. Même le mur garda son empreinte.

           Plus aucun mage noir ne parut vouloir s’offrir en cible à Pierrick. Il devrait aller les chercher. Il sentait leurs présences. Deux à droite, un à gauche. Pierrick changea sa baguette de main. Il produisit un nouveau couteau dans sa main gauche. Pierrick plongea dans la pièce en roulant sur le sol, esquivant deux éclairs verts. Durant sa roulade, le couteau alla se planter dans la gorge du mangemort à gauche et un éclair vert frappa un à droite. Il se releva d’un bond, rebondit contre le mur en évitant un nouvel éclair pour s’élancer sur le dernier. Il lui enserra le cou d’un ciseau de jambe et l’attira vers le sol. Un nouveau couteau surgit et vint trancher les deux carotides du mangemort dans le même mouvement.

           Pierrick se releva. Il venait de tuer huit hommes. L’homme en noir lui avait parlé d’une dizaine. Une porte s’ouvrit à la volée et un éclair vert frôla le crâne de Pierrick. Malgré tout, il resta calme et contre-attaqua d’un sortilège de mort qui ne rata pas sa cible. Un autre mangemort surgit derrière le premier qui s’effondrait. Pierrick sauta vers lui, le frappant à la gorge d’un coup de pied sauté latéral. L’ennemi recula en se tenant la gorge, percutant le mur derrière lui. Il gémissait de douleur mais était encore vivant. Tenant toujours le couteau rougeoyant du sang de celui qu’il avait égorgé, Pierrick trancha l’aine du mage noir. Pierrick le regarda se vider lentement de son sang. Il ne perçut pas l’individu au bout du couloir et ne bougea qu’au dernier moment quand il lui lança un Sectumsempra. Le maléfice le toucha à l’épaule. Pierrick sentit la sensation franche de ses chairs tranchées par le rayon. Malgré la douleur, il ne dit rien et resta concentrer. Mais il ne pouvait plus lever sa baguette comme il le souhaitait. Il changea encore de main. Il sentait son sang couler en un ruisseau chaud le long de son bras maintenant inerte. Sa vue se brouillait. Sa tête devenait lourde. Il savait qu’il allait s’évanouir. Mais s’évanouir signifiait mourir. Il ne fit que deviner la silhouette floue du mangemort sortant du couloir. Il se doutait que la baguette du mage noir était déjà pointée sur lui. La voix de l’ennemi lui parvint de manière lointaine. Que disait-il ? Pierrick vit clairement la baguette tourbillonner. Il s’attendait à recevoir l’éclair fatal. Puis un flash vert lui brouilla la vue. Quand il put de nouveau voir à peu près convenablement, il vit le mangemort écrouler face contre terre. A l’entrée de la pièce se tenait une haute silhouette noire. Pierrick sentit une vague gratitude lui emplirent l’esprit avant de s’évanouir.

           Pierrick se retrouva de nouveau à Bordeaux. Ce souvenir avait été si réel pour lui qu’il avait même senti la chaleur des corps des ennemis qu’il avait tués en corps-à-corps. Machinalement, il passa sa main sur l’épaule qu’il avait vue blessé. Mais rien, pas une égratignure. Cela lui avait semblé si réel qu’il s’étonnait de ne pas être vraiment blessé. Ce souvenir continuait à nourrir ses interrogations. Qui était-il vraiment ? Et qui était cet homme en noir ? Il devait trouver au plus vite. Il transplana pour se rendre dans la prochaine ville alors que la nuit commençait à tomber.

 

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