Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 67 : XVII Etat d'alerte

2142 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 04:14

           CHAPITRE XVII : ETAT D’ALERTE

 

           Le premier à être réveillé fut Thomas. Il découvrit au dessus de lui Jonas Marus. Ce dernier l’aida à se relever. Thomas regarda autour de lui une fois debout. Les corps des mangemorts tombés gisaient encore sur le sol, des chasseurs de la section IRIA commençaient déjà le travail d’identification sous les ordres de Franck Vinol. Deux groupes de la section AI assuraient la sécurité. Une équipe tentait tant bien que mal de maintenir Marion à l’écart. Mais leurs sortilèges lui passaient au travers. Elle ne répliquait pas, comme ci elle avait compris que ceux-ci n’étaient pas des ennemis.

« Dis-leur d’arrêter, fit Thomas. Elle est avec moi.

-Tu es sûr ? demanda Jonas.

-Oui. Elle nous a aidés.

-Laissez-la, ordonna Marus. »

Marion s’approcha de Thomas sitôt que les chasseurs la laissèrent tranquille. Thomas lui sourit avant de continuer à étudier le champ de bataille.

           Il vit deux chasseurs tenir en respect Yann Firvel. Thomas s’approcha de lui.

« Dis, tu ne pourrais pas leur dire que je suis avec vous, fit Yann.

-Pourquoi ? répliqua Thomas. Je ne sais même pas qui tu es.

-Laissez-le, ordonna une voix posé. »

Pierrick s’approchait. Les chasseurs de la AI s’écartèrent de Yann pour rejoindre leurs collègues. Franck et Jonas vinrent rejoindre le petit groupe.

« Où est Hans ? questionna Thomas.

-Il a été enlevé par Malgéus, dit-il. Il savait pour le sortilège que Friedrich a utilisé ce soir.

-Alors c’est sûr : il y a un espion au Ministère, conclut Franck. Voir même plusieurs. On s’était dit que tu devais soupçonner l’existence d’une taupe chez nous et que tu avais caché Hans Friedrich. Nous étions tombés justes. Mais nous n’avions aucun moyen de te retrouver. A part la Trace de Friedrich. L’information nous ait parvenu mais après qu’elle ait été interceptée par l’espion on dirait.

-Alors il a Hans maintenant, fit Thomas. Et dire que nous avions l’avantage jusqu’à ce soir.

-Pas vraiment, contredit Jonas. Une autre famille a été attaquée. Une femme et sa fille ont été enlevées. Le mari a été tué. C’était il y a à peine quelques heures. J’ai même croisé la baguette avec notre vieil ami Névris.

-Ce qui explique pourquoi il n’était pas là ce soir, dit Pierrick sombrement. Il devait torturer ses deux prisonniers.

-Que faisons-nous ? questionna Thomas.

-Toi, tu rentres à Beauxbâtons. Je te laisse t’occuper de cette fille. Yann, on reste en contact par le moyen habituel. Si tu as des infos, préviens-moi.

-Pas de problème, acquiesça Yann.

-Nous, on rentre au Ministère. Je vais devoir faire un rapport à Maldieu.

-Et l’espion ? interrogea Jonas.

-On va essayer de le débusquer. »

 

           Pierrick raconta tout à Charles Maldieu, Suzanne Janis et aux deux autres chefs de section présents. Jonas et Franck écoutèrent également d’un air intéressé. La seule chose qu’il cacha fut la véritable identité de Yann Firvel et de Marion Locca.

« Je vois que nous avons perdu le petit avantage que nous avions, dit Maldieu. Nous allons devoir mettre les bouchés doubles pour retrouver Malgéus et ses otages.

-Vous pensez faire appel à la Police Magique ? questionna Suzanne.

-Ils apportent plus de problèmes que de solutions. Je ne ferais appel à eux qu’en dernier recours. Essayons d’abord par nos propres moyens. Je sais que vous avez donné votre maximum ces deux derniers jours. Mais il va falloir faire plus encore. Au travail messieurs. »

Pierrick, Jonas et Franck sortirent.

           « Luc, vos hommes vont devoir démontrer leur sens de l’investigation et de l’interrogatoire, dit Maldieu. Il nous faut tous les éléments possibles provenant des mangemorts capturés ce soir. Et n’hésitez pas à envoyer vos hommes sur le terrain.

-Ce sera fait, acquiesça Fabre.

-Georges, garde toutes tes équipes en alerte. Prêtes à partir 24/24.

-C’est déjà fait, fit Nide.

-Suzanne, tous les éléments de la section S doivent être briefés et doivent enquêter. Il faut qu’on trouve où se cache Malgéus et au plus vite. Ce que nous n’avons pas réussi en plusieurs mois, il va falloir le réussir en quelques heures.

-Nous le trouverons. »

Les trois chefs de sections sortirent immédiatement. Maldieu se tourna vers la cheminée éteinte. Son regard exprimait une intense réflexion.

« Pourquoi a-t-il laissé Chaldo en vie ? pensa t-il. La logique aurait voulu qu’il le tue. Pourquoi alors ? Qu’a-t-il en tête ? Veut-il se servir de sa puissance ? Il est fou ! S’il le libère, il ne pourra jamais le contrôler. Personne ne le peut. Fais-le Malgéus, tu ne feras que précipiter ta chute. »

 

           Hans Friedrich se réveilla dans une sorte de cave. Son premier réflexe fut de chercher dans ses poches et autour de lui sa baguette. Mais elle lui avait été retirée. Il examina la pièce dans laquelle il se trouvait. Elle était vide. Il se leva d’un pas incertain et s’approcha de la seule porte. Il essaya de l’ouvrir mais elle était verrouillée de l’extérieur. C’est alors qu’il entendit un horrible hurlement de douleur venant de plus haut. Une femme hurlait. Elle souffrait. Etait-elle torturée ? Le cri cessa aussi soudainement qu’il avait surgi. Juste quelques secondes de calme avant de reprendre avec autant de puissance. Mais cette fois-ci, un autre bruit attira l’attention du jeune homme. Un gémissement craintif.

           Hans chercha la source de ce gémissement. Dans le coin le plus sombre de la cave, il devina une silhouette en boule, tremblante. Avec prudence, il s’approcha d’elle. Lorsqu’il ne fut plus qu’à deux mètres, la silhouette se releva et s’enfuit du coin. Hans put alors voir qu’il s’agissait d’une petite fille de sept ou huit ans à peine. Elle avait les cheveux d’un blond lumineux et des yeux vairons, l’un était marron et l’autre vert. Son regard était craintif. Elle avait peur. Elle alla se réfugié dans un autre coin.

           Hans s’approcha lentement, les mains en l’air en signe de paix. Il s’agenouilla pour se mettre à sa hauteur.

« Tout va bien, murmura t-il doucement. Tu n’as rien à craindre, je ne suis pas avec eux. Je suis comme toi, prisonnier. Je m’appelle Hans. Et toi, quel ton nom ? »

La fillette resta silencieuse. Hans lui sourit.

« Frida, souffla t-elle.

-Enchanté Frida. Viens. »

La fillette tendit timidement la main. Elle la logea dans celle du jeune homme. Le contact chaleureux de la main la fit fondre en larme. Elle s’effondra dans les bras de Hans.

           Le cri de souffrance reprit. Aussitôt, Frida se serra plus fort à Hans. Ses sanglots redoublèrent. Hans réussit à comprendre un seul mot entre ses pleurs :

« Maman.

-C’est ta mère qui cri ?

-Oui. »

Hans ne savait pas quoi dire de plus. La mère de Frida était torturée à l’instant même. Il ne put que garder la fillette dans ses bras. Il ne pouvait que la serrer contre lui. Il enrageait d’être aussi impuissant.

 

           Pierrick allait se remettre en chasse. Mais d’abord, il passa près de chez lui en espérant y apercevoir Chun. Il la repéra dans la cuisine, accompagnée de Jacques Mareau. Elle l’avait sûrement invité à dîner parce qu’elle se sentait seule. Pierrick savait que Mareau aimait Chun comme sa propre fille. Il voudrait pouvoir se joindre à eux. Mais il ne pouvait pas. Bran vint se poser près de lui.

« Continue de veiller sur elle, dit-il. Je ne sais pas quand je reviendrais. »

L’oiseau noir poussa un croassement.

« Il dit qu’il ne la lâchera pas des yeux, lança Firvel en s’approchant.

-Qu’est-ce qu’on dit tes patrons ?

-Je ne sais pas. Je ne suis pas allé les voir. Mais lorsqu’ils vont se rendre compte que Locca les a trahis aussi, ils vont tomber de haut. C’est la dernière du service qu’ils auraient imaginé les trahir. Et moi aussi. Qu’est-ce que compte faire Thomas vis-à-vis d’elle ?

-Je ne sais pas. Mais je lui fais confiance. Quoi qu’il fasse, ce sera bien pour elle.

-Et du côté des Chasseurs ?

-Nous sommes en alerte maximum. Espérons que l’espion fasse une erreur et qu’on puisse le démasquer. Franck et Jonas s’en occupent. Ils sont les plus à même de le mettre à jour. Quand à moi, je vais tout faire pour retrouver Hans Friedrich et les autres otages de Malgéus.

-Je vois. Je vais chercher de mon côté aussi. On reste en contact. Les oiseaux sauront où me trouver. Salut. »

Firvel se changea en aigle à tête blanche et s’envola.

           Pierrick resta encore à regarder Chun. Elle se trouvait au salon à boire un thé avec Jacques Mareau. Soudain, ce fut comme un éclair. Une douleur emplit le crâne de Pierrick. Il se prit la tête à deux mains et posa un genou à terre. Il était pris de vertiges. Une explosion de couleur masquait ses yeux et un horrible bourdonnement l’empêchait d’entendre quoi que ce soit autour de lui. Puis, au bout de quelques instants de souffrances, les bourdonnements devinrent paroles. Des phrases incomplètes. Des mots dénués de sens sans leur contexte.

« Il est ce que nous voulions… Nous n’aurions pas dû… Son nom ?... Gladius… Ressemble… Il combattra… Disparaître… »

La douleur s’estompa. D’où venait ce souvenir ? Quel était le sens de ses paroles ? Que signifiait Gladius ? Le latin pour « épée ».

           Tout en se posant ces questions, Pierrick se rendit compte qu’il était essoufflé comme après avoir couru. Qu’est-ce que lui avait fait Malgéus ? Il sentait que quelque chose cherchait à remonter à la surface. Quelque chose de cacher depuis longtemps en lui. Malgéus avait-il dit vrai ? Y avait-il quelque chose de caché dans son passé ?

           Il se transforma en corbeau et s’envola. Invisible oiseau noir dans la nuit…

 

           Chun s’appuyait sur le garde-corps du balcon. Elle appréciait l’air doux du soir. Jacques vint la rejoindre.

« Tu penses qu’il va bien ? fit-il.

-Oui, sourit la jeune femme. Il va bien. Rien ne peut lui arriver. Il me reviendra bientôt.

-C’est beau une femme amoureuse. »

Chun sourit de plus belle.

           Elle en était sûre, tout se passerait bien. Pierrick reviendrait bientôt. Il la prendra dans ses bras. Il l’embrassera. Lui fera l’amour. Lui dira qu’il l’aime. Oui. Tout ira bien. Rien ne pourra se mettre en travers de leur vie.

           Et pourtant… elle ne put s’empêcher de s’inquiéter. Où était-il ?

 

 

 

FIN

 

 

Un passé gorgé de sang. Une chasse contre le temps. Une Puissance sans limite. Une barbarie venue du fond des âges. Des Ténèbres grandissantes.

A suivre :

LE CORBEAU

 

LIVRE V

 

Les Gardiens de l’Epée

 

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