Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 45 : XIII Edimus

2599 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:34

           CHAPITRE XIII : EDIMUS

 

           Angelina était figée par l’effroi. Qui était donc ce nouvel arrivant ? Il dégageait un aura meurtrière. Elle put enfin crier.

« Attention ! »

Assya se retourna de justesse, esquivant un coup de l’ombre et lui faisant face. L’homme sortit de l’ombre. Il ressemblait à un moine avec une robe de bure marron à capuche. Il retira le tissu qui lui couvrait la tête, montrant une peau blafarde qui tranchait avec ses cheveux d’un noir profond. Ses yeux rouges et ses canines pointues ne laissaient aucun doute sur sa condition de vampire.

« Edimus ! s’écria Assya.

-Bonsoir Assya, fit-il. Alors toujours vivante. Ces sorciers ne sont vraiment que des bons à rien. Même pas capable de tuer une petite vampire perdue. Mais c’est vrai qu’il y a ton ange-gardien. Il va sûrement revenir et je n’ai pas envi de me battre contre lui ce soir. Mais ça viendra.

-Qu’est-ce que tu comptes faire ?

-Je vais l’attirer dans un piège. Car tant qu’il sera vivant, je ne pourrais pas mener à bien mes projets pour la Nation Vampire.

-La Nation Vampire se passerait volontiers de toi. Tu n’es qu’un paria. Tu veux suivre une idéologie obsolète qui ne mènera notre peuple qu’à la mort. »

           Edimus se jeta en avant d’un coup et attrapa Assya à la gorge sans qu’elle ne puisse réagir. La jeune vampire avait beau frapper sur le bras du renégat, elle ne parvenait pas à le faire lâcher prise.

« Obsolète, paria, répéta t-il. Je veux que nous reprenions notre place dans la chaîne alimentaire. Les Humains ne sont que de la nourriture et des jouets pour nous. Et nous, nous courbons l’échine devant eux. Je vais remettre tout dans le bon ordre. Je vais commencer par ton chère Anton. Puis ton père. Et ensuite, avec la puissance du clan Sornas, toute la Nation Vampire sera sous mon pouvoir.

-Je ne te laisserai pas faire, souffla Assya.

-Je ne pense pas que tu ais ton mot à dire, fit-il en serrant plus fort. »

Edimus la propulsa en arrière comme un fétu de paille. La vampire percuta un pilonne et s’effondra sur le sol.

           Edimus s’approcha de Chun. Le vampire avait une haleine de sang. Il renifla comme un chien sentant un morceau de viande juteux. Chun s’attendait à sentir ses crocs pénétrer sa chair à tout moment.

« Une non-sorcière, siffla t-il. Intéressant.

-Si vous voulez me tuer allez-y, dit Chun. Alors je serai sûre que vous allez mourir.

-Agressive. J’aime ça. Je ne vais pas te tuer. Pas tout de suite du moins. Je vais te garder. Je pense que ça pourrai être intéressant pour torturer un peu plus cette petite Assya. »

Il s’approcha d’Angelina qu’il renifla également. Un sourire sadique s’élargit dans ses traits.

« De la peur, je la sens transpirer par tous tes pores. Ça m’ouvre l’appétit.

-Laissez-la ! cria Chun. Si vous voulez tuer quelqu’un ! Tuez-moi !

-Tu supplies, sourit Edimus. Ça me donne encore plus envie de boire son sang jusqu’à la dernière goutte. J’aime prendre mon temps quand je mange. Sentir la vie de ma victime couler hors de son corps et passer dans le mien. Mais ce soir je n’ai pas le temps. Ce sera juste un petit croque. Je devrais me trouver un autre repas plus tard. »

           Avec une sauvagerie fascinante, le vampire plongea ses dents dans la chair douce et tendre du cou de la jeune fille. Il la mordait avec une vigueur primitive. Du sang tombait par gros jet sur le sol. Lorsqu’il s’écarta d’Angelina, Chun vit avec horreur qu’il avait dévoré totalement sa gorge. Le sang continuait de couler, suintant du gouffre béant qu’était devenu le cou de la jeune chasseuse. Chun voyait dans ses yeux qu’un soupçon de vie disparaissait peu à peu. La tête penchée sur l’épaule d’un angle inquiétant et horrifiant, la jeune fille était enfin morte.

Combien de temps avait duré son agonie ? Chun l’ignorait. Elle ne l’avait pas lâché des yeux. Pas une seconde. Comme fascinée par ce spectacle sanguinaire. Elle ne vit même pas le vampire, du sang étalé autour de sa bouche et sur sa gorge, s’approcher d’elle et l’endormir en passant sa main devant ses yeux.

 

           Pierrick Chaldo et Alastor Moody continuaient de fouiller les bas-fonds de Valenciennes. Ils étaient maintenant dans une zone industrielle. Ils savaient que les fuyards et les vampires appréciaient ce genre d’endroit pour se cacher. Il y avait toujours un ou plusieurs entrepôts ou baraquements désaffectés qui pouvaient servir de cachette de jour comme de nuit. Les Vampires ne supportant pas le soleil, ils évitent de sortir le jour. Un individu portant un vêtement couvrant la moindre parcelle de peau, surtout à cette époque de l’année, se ferait remarquer trop facilement.

           « Cette zone industrielle est trop étendue pour nous deux, fit remarquer Pierrick.

-Si nous faisons appel à d’autres agents ou à votre section AI, ce leur sera plus facile de nous repérer, dit Moody.

-Je sais. Je vais quadriller la zone par les airs. »

Pierrick n’eut pas le temps de se transformer car Moody le plaqua contre le mur proche. Pierrick allait lui demander des explications mais il remarqua que l’œil magique de l’auror regardait dans une toute autre direction à travers l’angle du mur.

« Il est loin ? demanda Pierrick en chuchotant.

-Cent mètres. C’est lui j’en suis sûr, celui qui a aidé la vampire. Je crois qu’il vérifie si la voie est libre.

-Nous allons le suivre discrètement. Il nous mènera à la vampire. On agira que pour les arrêter vivant. Je veux comprendre cette histoire.

-Elle a tuée.

-Nous n’en sommes pas sûrs. Vous êtes ici en France, je dirige cette affaire, que vous le vouliez ou non. »

L’œil normal de Moody planté dans le regard insondable de Pierrick exprimait de la colère. Il ne voulait qu’une chose : venger les Hill, tuer cette vampire. Pour le moment, il devrait faire avec ce chasseur.

« D’accord, grommela t-il. »

           Pierrick décida de suivre l’homme aux cheveux blancs par les airs. Dans le noir, il ne remarquerait sûrement pas un corbeau au plumage de ténèbres. Anton regardait de tous les côtés. Ne repérant rien, il rebroussa chemin. Le Corbeau plana silencieusement de toit en toit. Loin derrière, d’ombre en ombre, s’aidant de son œil magique pour ne pas le perdre de vu, Moody le suivait également.

           Il s’approcha d’un entrepôt en se retournant une dernière fois. Il entra, refermant la porte coulissante derrière lui. Pierrick se posa près de la porte et reprit forme humaine. Moody le rejoignit. Ils sortirent leurs baguettes. Moody fit coulisser la porte d’un coup. Chaldo entra pointant sa baguette sur Anton.

« Ne bougez plus ! s’écria t-il. Levez les mains ! »

Anton s’exécuta. Il avait vu Moody rejoindre Chaldo, sa baguette menaçante. D’un geste de sa baguette, Pierrick attira les armes d’Anton à ses pieds. Pierrick les examina rapidement. Quelque chose le frappa : pas de baguette.

           « Chaldo, appela Moody en désignant un pilier de métal. »

Accrochée au pilier, un cadavre sanguinolent se tenait dans une position grotesque. Il ne pouvait voir son visage, ses cheveux le recouvrant. Moody s’approcha pour l’examiner.

« Elle est morte, dit-il. La gorge dévorée. Attendez. »

Moody releva la tête de la jeune victime. Malgré la blancheur cadavérique de sa peau et l’absence d’expression de ses yeux, il la reconnut.

« C’est la fille de la IRIA ! s’exclama t-il. »

Pierrick tourna les yeux vers elle.

« Angelina Armose ! fit-il. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Qui la tuée ? »

Anton garda le silence.

« Répondez !

-Elles nous ont retrouvés, dit Anton.

-Elle n’était pas seule ? Qui était l’autre ?

-Chaldo, dit Moody en s’approchant. Regardez. »

           Moody lui tendit le portefeuille qu’il avait trouvé par terre. Pierrick le connaissait, il en était sûr. Il le prit et l’ouvrit. Chun.

           Pierrick se jeta sur Anton, le plaquant au sol avec une rage implacable. Sa baguette était pointée sur son visage.

« Où est-elle ? hurla t-il.

-Je ne sais pas, répondit Anton. Elle était là quand je suis parti voir dehors s’il n’y avait pas de risque. Et elle, continua t-il en désignant le corps d’Angelina Armose. Elle était vivante.

-Votre amie vampire s’est offert un repas et à emmener l’autre comme un pique-nique, lança Moody.

-Assya n’a jamais tué pour se nourrir. Elle respecte les lois qui obligent les Vampires à ne pas tuer les humains et à effacer leurs mémoires.

-Bien sûr. Et la famille Hill s’était un jeu pour passer le temps peut-être.

-Elle ne les a pas tués. C’est un autre vampire, un renégat s’appelant Edimus. Il a mis tout en scène pour que vous la soupçonniez et l’éliminiez. Je pense que c’est lui qui a tué cette fille et a enlevé votre amie. Il a également enlevé Assya.

-Pourquoi ? demanda Pierrick. Pourquoi les a-t-il enlevées ?

-Pour Assya, je crois qu’il doit vouloir s’en servir comme moyen de pression contre le seigneur Sornas, le père d’Assya. Pour votre amie, je ne sais pas. Pour se nourrir plus tard peut-être. Elle, il a dû la tuer pour s’amuser.

-Que faisaient-elles là ?

-Elles ont dit qu’elles vous cherchaient. Elles m’ont repéré et s’en sont prises à Assya. Quand je suis entré, j’ai désarmé la sorcière. Nous les avons attachées. Je suis ressorti vérifié de nouveau que nous pouvions partir. Je ne voulais tuer aucune des deux. Je pensais les laisser là, tout simplement. Vous ou des ouvriers les auraient trouvées plus tard dans la journée. Nous aurions été loin d’ici la. »

           Pierrick se releva et se recula pour laisser l’homme aux cheveux blancs se remettre debout.

« Qui êtes-vous ? demanda le chasseur.

-Je m’appelle Anton VanKarus, je suis au service du seigneur Sornas.

-Quel service ?

-Je veille à ce que la guerre entre les Vampires et les Humains ne reprennent pas. En éliminant ceux, vampires ou humains, qui veulent la relancer. Le seigneur Sornas m’a demandé de retrouver sa fille et de la lui ramener. Je la cherchais à Londres quand j’ai appris le meurtre de cette famille. J’y suis allé le soir même. Même sans les corps, les traces ne laissaient aucun doute sur l’assassin : Edimus. Je l’ai pourchassé sans succès du temps où il agissait en Transylvanie. J’ignorais où il avait fui. J’ai appris qu’un auror s’était lancé à la poursuite d’une vampire meurtrière. Je savais donc que vous vous trompiez. Je devais protéger Assya. Mais pour cela je devais la retrouver avant vous et Edimus. Je pense qu’il la suivait depuis le début. Mais il ne veut pas la tuer lui-même. Il veut que vous le fassiez. Sûrement pour embarrasser votre gouvernement vis-à-vis de la Nation Vampire.

-Toutes les preuves la désignent, fit remarquer Moody.

-Quelles preuves ? Elle était à Londres mais Edimus aussi. Il est coutumier de ce genre de crimes.

-Il n’y a aucune preuve de son existence ou de sa présence à Londres. Alors que cette Assya a été vu. Où est-elle ?

-Silence Moody, arrêta Pierrick.

-Vous n’allez pas le croire ?

-Nous n’avons pas le choix que de le laissez nous guider pour retrouver Chun.

-Elle est sûrement morte maintenant.

-Je ne le croirai qu’en voyant son cadavre. »

           Le regard de Pierrick était froid et sombre. Moody sentait sa rage sommeiller en lui, prête à exploser. Il devait vraiment tenir à elle.

« Vous pourriez retrouver Chun ? demanda Pierrick à Anton.

-Edimus a laissé des traces pour que je le retrouve. Il veut peut-être m’éliminer avant de retourner en Transylvanie.

-Et elle ? fit Moody. »

Pierrick agita sa baguette et un oiseau argenté en jaillit, disparaissant en sortant de l’entrepôt.

 

           A Paris, Luc Fabre entra dans le bureau de Franck Vinol. Le jeune analyste était agenouillé devant l’âtre de la cheminée, la tête dans le foyer. Il la ressortit en soufflant comme s’il avait subi une attaque.

« Alors ? questionna Fabre.

-Après avoir posé des questions à un seigneur vampire, on sait ce que ressent un poulet rôti dans un four. Ce type aux cheveux blancs, il s’appelle Anton VanKarus. C’est un humain qui travaille personnellement pour Sornas. Il a été envoyé pour retrouver la fille du seigneur et la ramener à la maison. D’après ce qu’il m’a dit, elle poursuivait un vampire renégat du nom d’Edimus.

-Je vois. Il faut transmettre ses informations à Chaldo. Où est votre assistante ?

-Je ne sais pas. Elle n’est pas venue. Peut-être qu’elle ne se sent pas bien. J’ais envoyé un patronus chez elle mais pas de réponse. »

Un corbeau argenté traversa les murs et se posa sur le bureau de Vinol. Il ouvrit le bec, laissant échapper la voix de Pierrick :

« Angelina Armose est morte à Valenciennes. Envoie quelqu’un récupérer le corps. »

           Vinol blêmit. Il se tourna vers son supérieur qui semblait réfléchir. Une vieille habitude, toujours analyser la situation avant d’agir.

« Je vais prévenir Maldieu, dit-il. Vous rejoignez Chaldo tout de suite. »

 

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