Of Potions and Riffs (Severus Rogue X OC)

Chapitre 26 : La Chambre des Secrets

4857 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 27 jours

Mardi 21 février 1995. Winter soupira quand sa plume laissa tomber une goutte d’encre noire fraîche sur le coin de son parchemin alors qu’elle notait la date du jour. Parfois, il lui arrivait encore même après la moitié d’une année scolaire de mal doser la recharge dans l’encrier.

« - Tu as l’air un peu ailleurs. », remarqua à voix basse Joana Monteiro, son binôme de Gryffondor en cours de potions.

Winter releva simplement les yeux de sa prise de notes, confirmant par une expression absente ce que sa coéquipière venait de souligner. Cette dernière chuchota discrètement :

« - C’est Oscar Mills, c’est ça ? J’ai bien vu que vous ne vous adressez plus la parole. Il s’est passé un truc entre vous, non ? »

La musicienne sentit que le faux ton préoccupé de Joana dégoulinait d’hypocrisie. Elle semblait davantage chercher le ragot que réellement soutenir sa camarade de classe.

« - Désolée Joana, mais ce ne sont pas tes affaires. »

Winter, qui avait maintenant terminé de noter le protocole de la Potion contre la toux, se tourna vers son chaudron vide ainsi que les premiers ingrédients qu’elle avait déjà rassemblés. Elle commença à râper sa corne de licorne pour en récolter une poudre fine.

Joana Monteiro, au lieu de l’aider dans la préparation du jour, se contenta de la regarder faire et de s’accrocher au bon filon qu’elle pensait tenir. La vie personnelle et sentimentale de Winter Grail était l’un des secrets les mieux gardés malgré sa popularité et elle était bien décidée à être la première à lui faire cracher le morceau.

« - Pourquoi tu lui fais la tronche ? Non…vous êtes sortis ensemble, c’est ça ? »

Winter se crispa immédiatement en se remémorant les aveux d’Oscar dans la Forêt Interdite. Elle était déjà assez gênée ainsi par ses avances auxquelles elle n’avait pas directement répondu depuis lors, du fait du froid instauré entre eux.

« - Joana, peux-tu aller chercher le mortier pour écraser la mauve douce et la menthe séchée ? », grommela Winter, bien décidée à recentrer la discussion sur la leçon du jour.

La Gryffondor sourit avec un petit air vicieux et malicieux.

« - Seulement si tu me dis ce qu’il s’est passé. »

La jeune femme voulut répliquer, excédée par les enfantillages de sa binôme, quand la voix sombre et lente de Severus Rogue siffla dans leurs dos. Joana sursauta.

« - Quinze points en moins pour Gryffondor, Monteiro, pour vos bavardages incessants. »

Les deux étudiantes ne l’avaient pas entendu approcher. Comme toujours.

Il contourna leur table par le côté de sorte à leur faire face et il plongea son regard froid et perçant dans celui de l’intéressée. Celle-ci baissa immédiatement les yeux, légèrement tremblante.

« - Sortez votre chaudron. Vous effectuerez la préparation toute seule pendant le reste de la séance. Vous partirez également avec un malus sur votre note finale pour votre indiscipline. »

D’un petit rictus cruel et satisfait, il ajouta avec un sarcasme corrosif :

« - Il est fascinant de voir à quel point votre courage s’évapore malencontreusement dès qu’il s’agit de réaliser une tâche un tant soit peu délicate. Se cacher derrière une Serpentard…quelle bravoure. Typiquement Gryffondor. »

Plusieurs élèves de Serpentard ricanèrent discrètement. Mais un mouvement de tête de Rogue dans leur direction suffit à les remettre le nez dans leurs chaudrons. Le professeur des potions s’attarda ensuite un instant sur Winter. D’un ton neutre, il ordonna :

« - Reconcentrez-vous, Miss Grail. »

Il s’apprêta à remonter la rangée pour aller vérifier d’autres paillasses mais il glissa juste avant d’une voix étonnamment plus douce.

« - Cette potion devrait vous intéresser bien plus que n’importe qui d’autre dans cette classe. »

Winter frémit. Ces quelques mots firent remonter en elle une palette d’émotions qu’elle s’était pourtant appliquée à mettre de côté depuis la trêve hivernale et la rentrée en janvier.

Depuis son retour d’Italie, Rogue ne lui avait plus adressé la parole autrement que pour des sujets académiques. En cours, elle pensait être devenue inexistante, invisible, tiède à ses yeux. Il ne l’avait pas mise en retenue une seule fois, au point même qu’elle s’était surprise à regretter le temps où elle se plaignait d’être collée en permanence avec lui. Parfois, elle en venait à se demander si elle n’avait pas rêvé ce moment de calme et de presqu’intimité qu’elle avait vécu en sa compagnie dans les jardins du château le soir du bal.

Cependant, pour la première fois, cette petite remarque, anodine en apparence, fit ressortir tous ses doutes. Elle sut immédiatement à quoi il faisait référence. Il n’y avait pas pire fléaux pour la voix iconique des Red Runners que le mal de gorge et la toux. Peut-être pensait-il à son confort et…à elle ?

La jeune femme secoua la tête en se sermonnant intérieurement.

« - Sérieusement, Winter, à quoi tu penses ? Il en a sûrement rien à carrer. Il dit juste ça comme ça. », songea-t-elle.

Elle se remit au travail, le bruit du chaudron bouillonnant parfois ponctué de gémissements et de râles de Joana à sa droite. La Gryffondor était perdue à devoir suivre toute seule les instructions sans l’aide de Winter. Elle essaya à plusieurs reprises de copier les gestes de cette dernière mais, ayant accumulé trop de retard par rapport à sa voisine, ses tentatives d’imitation ne firent que l’embrouiller davantage.

Puis arriva la fin du cours. Certains élèves avaient déjà quitté leur table et filaient droit vers la sortie quand Rogue, d’un coup de baguette, fit claquer la porte de la salle de classe devant leur nez.

« - Pas si vite. En prévision de la prochaine préparation qui portera sur le Philtre de Mort Vivante, j’exige un essai de dix pages sur les différentes variétés d’absinthe couramment cultivées en Europe ainsi que les critères d’évaluation de leur pouvoir somnifère. Sur mon bureau vendredi. »

Une Gryffondor protesta aussitôt.

« - Monsieur, vendredi c’est… »

« - La seconde épreuve du tournoi, Miss Findlay. Je suis évidemment au courant. », la coupa Rogue, irrité, « Et rien, absolument rien ne devrait vous incapaciter à faire un détour par la salle de potions pour déposer votre travail avant d’assister à l’épreuve. »

S’en suivit un concert de lamentations que le Maître des Potions fit taire immédiatement d’un regard sombre. Il s’assit à son bureau et finit par rompre son sort sur la porte, libérant la horde d’élèves.

Rogue sortit d’un tiroir de son bureau un paquet de parchemins, semblant désireux de s’extraire par l’intellect du brouhaha incommodant et stérile provoqué par l’interclasse dans les couloirs des cachots. Mais soudain, ses pupilles opaques s’attardèrent vers la table de Winter.

« - Monteiro. Grail. Restez un instant. », commanda-t-il d’une voix maîtrisée.

Joana et Winter se regardèrent du coin de l’œil. Mais elles n’eurent pas la même réaction. Le visage de la Gryffondor se décomposa, redoutant le pire, tandis que Winter sentit son cœur battre légèrement plus fort et tenta tant bien que mal de le masquer. Les deux étudiantes s’avancèrent lentement vers leur professeur qui les toisa même en étant assis. Puis, d’un coup il se leva, droit et autoritaire. D’un mouvement sec et contrôlé, il tendit une main ouverte et rigide vers Joana Monteiro.

« - Remettez-moi votre livre. »

Winter détailla malgré elle cette main fine et osseuse aux doigts longs et pâles qui s’étaient entremêlés aux siens ce fameux soir d’hiver. Mais cette fois, il n’y avait aucune trace de délicatesse ou de tendresse. Le geste était ferme, impitoyable. Et les traits anguleux du visage de Rogue étaient de marbre.

« - Qu…quoi ? », bredouilla Joana d’une voix ridiculement faible et aiguë comme si elle avait pris de l’hélium.

Le professeur des potions s’impatienta. Son timbre était plus grave et menaçant que jamais.

« - Votre livre des potions. Il ne vous appartient pas, n’est-ce pas ? »

Joana opina, angoissée. Elle arborait désormais l’expression d’une souris acculée par un chat dans un recoin sans issue. Lentement, elle sortit de son sac son exemplaire du Manuel avancé de préparation des potions de Libatius Borage qu’elle déposa en tremblant dans la main de Rogue.

Ce dernier haussa légèrement un sourcil avec mépris et lança sur un ton complètement inaffecté :

« - Je me chargerai moi-même de le restituer à la bibliothèque. En attendant, je vous suggère fortement d’envisager d’ores-et-déjà une révision de vos choix d’orientation. Je vous épargne le supplice de continuer d’assister à ce cours. Inutile de prolonger ce désagrément. Quittez cette salle. »

La peau bronzée de Joana Monteiro se vida subitement de toute sa couleur. Il lui sembla que tout son monde s’écroulait. Elle ne parvint même pas à articuler le moindre mot. Les larmes lui montèrent aux yeux mais, désireuse de garder la face, elle referma son sac et recula précipitamment. Elle sortit de la pièce avant de s’effondrer en pleurs dans le couloir. Winter resta bouche bée en entendant ses sanglots étouffés s’évanouir peu à peu dans l’air, atténués alors qu’elle s’éloignait des cachots.

La musicienne se retrouva seule avec Rogue dans un silence de cathédrale. Elle passa sa main dans sa chevelure brune, un peu nerveuse.

« - C’était…brutal. »

Le commentaire s’échappa de lui-même des lèvres de Winter dans un souffle. Le Maître des Potions reporta son attention sur elle immédiatement. Ses yeux onyx l’étudièrent longuement un instant, insondables.

« - Ce serait desservir cette jeune écervelée que de la laisser croire qu’elle pourrait prétendre au métier de guérisseuse sans savoir préparer la moindre potion de manière tolérable. »

Winter répondit avec toujours la même incrédulité.

« - Mais tout de même, il y avait peut-être des manières plus diplomates de lui faire comprendre, ne croyez-vous pas ? »

Severus Rogue laissa échapper une micro-expression d’amusement sur son visage et répondit avec sarcasme :

« - Je vous assure, Miss Grail, qu’il est préférable de dissiper les charmantes illusions d’une jeune fille excessivement confiante plutôt que de confier à ses soins des patients qu’elle empoisonnerait, le tout emplie de toutes les meilleures volontés du monde. »

La compositrice ne sut quoi rétorquer. Il marquait un point. Elle n’avait pas vu la chose sous cet angle. Elle remarqua également que malgré la désapprobation sur la forme qu’elle venait d’émettre, il ne l’avait pas punie comme il l’aurait fait auparavant. Un dialogue était désormais possible.

Rogue sembla afficher un semblant de satisfaction en constatant qu’il la faisait réfléchir. Mais il regagna très vite son attitude stoïque. D’une voix calme et plus mesurée, il déclara :

« - Il ne m’a pas échappé que votre ami, Monsieur Mills, semble, tout autant que vous-même, regretter cet éloignement que vous lui avez imposé. »

Winter passa d’un état d’étonnement à de la stupéfaction plus profonde. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui parle de cela. Rogue reprit, en se rasseyant à son bureau et en tapotant avec ses doigts légèrement sur le manuel de potions qu’il venait de confisquer à Joana :

« - Vos accusations sont mal placées. Ce n’est pas Oscar Mills qui est venu me rapporter vos initiatives inconsidérées dans la Forêt Interdite. Il ne s’est pas laissé dénouer la langue quand l’Auror du Ministère me l’a ramené. »

La jeune artiste étouffa un cri de surprise.

« - Mais alors… ? »

Il sembla contempler un instant sa réponse avant de déclarer :

« - Marcus Crux. »

Rogue lâcha le nom avec une forme de gravité mais en même temps d’avertissement.

« - Que ce soit bien clair, Miss Grail. Je vous interdis formellement de vous faire justice vous-même. Mais veillez plutôt à redoubler de vigilance. Avec votre manque de discrétion aussi remarquable qu’un troll des montagnes dans une assemblée de fées, ce n’est qu’une question de jours avant que l’existence de la prophétie et de votre pouvoir ancien s’ébruite. »

Sur ces paroles, il lui adressa un signe de congédiement de la tête, se plongeant dans la lecture de ses parchemins. Winter resta à l’observer quelques secondes de trop, au point qu’il releva légèrement les yeux derrière ses cheveux ébène tombant en cascade sur une partie de son visage. De ce regard ombrageux se dégageait à la fois un certain magnétisme et une interrogation muette. Winter sentit son rythme cardiaque s’accélérer et choisit de quitter la salle des potions, troublée. Quelque chose avait changé avec lui. Elle en avait désormais la confirmation.

Les corridors des cachots étaient entièrement vides, toujours plongés dans leur semi-obscurité habituelle, quand elle sortit. La jeune femme grelotta. Les sous-sols de Poudlard étaient toujours aussi glaciaux. L’hiver, bien que touchant à sa fin dans un mois, était encore bien présent.

Winter marcha avec un objectif clair : trouver Oscar. Elle se sentait stupide de ne pas l’avoir écouté plus tôt. À présent, il devait se trouver au terrain de Quidditch pour son entraînement quotidien, les cours de la journée étant terminés. Elle longea les couloirs sinueux afin de se diriger vers l’escalier menant vers le hall du château. Mais soudain, un frémissement derrière les pierres la fit sursauter. Elle le reconnut aussitôt et se stoppa net dans sa course. Et, comme à chaque fois, elle entendit un murmure entre les cloisons.

« - DANS LES TRÉFONDS DE CE CHÂTEAU REPOSE LA CHAMBRE DES SECRETS, ILLUSTRE MAUSOLÉE SOUTERRAIN DANS LEQUEL LE MAÎTRE DES SERPENTS DISSIMULA UN JOUR SON PLUS GRAND BUTIN. L’HEURE EST VENUE DE NOUS RENCONTRER…AUGURE, NE TE PRECIPITE PAS…SANS CONNAISSANCE PROFONDE DE MA VÉRITABLE NATURE, CE CAVEAU DEVIENDRA TA SÉPULTURE. »

Winter se figea. Ce n’était pas la première fois que la voix étrange mentionnait l’existence de la Chambre des Secrets mais elle n’avait pas creusé plus en profondeur le sujet après que Rogue lui ait intimé l’ordre de ne pas chercher à en savoir plus.

Elle accéléra son allure, bien décidée à retrouver Oscar et se réconcilier avec lui. Peut-être pourrait-il l’aider à conduire des recherches approfondies sur ce lieu mystérieux. Et peut-être comprendrait-elle enfin pourquoi Rogue cherchait à éluder ses questions à ce propos. Mais quelle ne fut pas sa déception quand en arrivant près du terrain de Quidditch, elle apprit que l’entraînement des remplaçants venait tout juste de commencer avec du retard, le capitaine Marcus Flint ayant volontairement fait traîner les exercices des poursuiveurs titulaires. La jeune femme aperçut Oscar sur son balai et comprit très vite qu’il n’était pas près d’en descendre.

Dépitée, Winter tourna les talons à contrecœur pour regagner lentement le château. Elle commencerait donc les recherches toute seule. Mais en passant dans le périmètre du Saule Cogneur à une distance raisonnable de l’arbre célèbre pour son caractère agressif, elle aperçut, assis dans le froid sur un banc en bois, une silhouette familière. Des cheveux bruns un peu en bataille, des yeux verts cachés derrière de petites lunettes rondes, une écharpe rouge et or nouée autour du cou…Cela ne pouvait être que Harry Potter, le garçon qui a survécu. L’adolescent était voûté, recroquevillé sur lui-même, et semblait particulièrement triste.

Après une courte hésitation, Winter, se laissant emportée par sa curiosité, s’avança vers lui.

« - Harry Potter ? », l’appela-t-elle doucement.

Le jeune Gryffondor sursauta.

« - Oui… ? »

Il sembla légèrement sur la défensive. La rockstar s’approcha lentement pour ne pas le brusquer, ne souhaitant pas s’imposer.

« - Tu n’es pas avec Ron et Hermione en train de préparer la deuxième épreuve du Tournoi des Trois Sorciers ? », s’étonna-t-elle.

Harry Potter soupira en réajustant ses mitaines en laine.

« - Je…Justement, ça me stresse… », déclara-t-il nerveusement.

Winter s’assit doucement à côté de lui.

« - Je sais que tu ne vas peut-être pas me faire confiance parce que je suis à Serpentard mais…je suis là si tu souhaites en parler. »

Le célèbre garçon se força à sourire poliment.

« - Merci mais…ce n’est pas la peine…Tu ne peux rien faire pour moi je le crains. La deuxième épreuve va avoir lieu sous l’eau, probablement dans le Lac Noir, et je ne sais pas bien nager. Je suis angoissé à l’idée de ce qui m’attend… »

Winter sourit faiblement. De toute évidence, en étant sacré champion du tournoi malgré lui, Harry portait un poids beaucoup trop lourd pour ses frêles épaules. La deuxième tâche s’annonçait être probablement aussi titanesque que la première qui était déjà d’une dangerosité extrême avec les dragons.

Elle posa une main amicale et rassurante sur son épaule.

« - Tu dois croire en toi, Harry, tu es bien entouré et même les professeurs veillent sur toi. Je ne peux pas vraiment t’aider à résoudre l’épreuve en elle-même mais…je peux te donner une astuce. »

Les yeux émeraude inquiets rencontrèrent dans l’expectative les iris azur de la jeune femme, plus matures et sereins.

« - Quand je dois faire de très grandes scènes avec les Red Runners, il m’arrive encore parfois d’avoir le trac et dans ce genre de situation, je sais qu’il n’y a rien de mieux que de penser à quelque chose ou quelqu’un de drôle et réconfortant. Parfois, cela fait plus de bien que de résoudre le problème en lui-même. Pense à Hagrid ou bien…à Dumbledore et son plaisir coupable pour les Chocogrenouilles et les dragées surprises de Bertie Crochue. »

Harry laissa échapper un faible rire étouffé mais cela ne suffit guère à le convaincre.

« - Comment tu sais pour Dumbledore ? …Pour être honnête, Winter, j’ai du mal à rire ces derniers temps. Ron est…trop nonchalant et Hermione me stresse à chercher absolument une réponse dans ses bouquins. Comme si j’allais réussir à nager longtemps sous l’eau grâce à des livres… »

Winter ne put s’empêcher de le regarder avec compassion. Les deux amis de Harry Potter semblaient encore trop jeunes pour comprendre que leur camarade avait besoin de soutien émotionnel avant tout pour affronter cette épreuve.

« - Il ne faut pas leur en vouloir, Harry. De ce que j’ai pu entendre depuis que j’ai intégré le monde magique en début d’année, tu as vécu des choses extrêmement difficiles dans ta vie et tu as dû grandir et te fortifier plus vite que les autres. Je ne prétendrais pas bien te connaître, mais je sais ce que c’est de devoir supporter la célébrité et des responsabilités très jeune. J’ai été propulsée à seize ans dans le monde du showbiz rempli de producteurs véreux. Autant te dire que ce n’est pas plus reposant que d’affronter une armée de Détraqueurs ! »

Harry Potter lâcha cette fois une esquisse de sourire authentique. Il se surprit à apprécier la jeune femme, plus philosophe et plus profonde que toutes les autres filles de Poudlard. Elle aussi était un peu une outsider à sa manière.

« - Tu as raison…je n’ai pas eu une année de répit. Le vol de la pierre philosophale, l’ouverture de la Chambre des Secrets, la rencontre et le sauvetage de mon parrain et puis maintenant ce tournoi auquel je n’ai jamais voulu participer. Il y a toujours quelque chose… »

Winter se figea subitement.

« - La Chambre des Secrets ? Tu sais quelque chose dessus ? J’ai l’impression que personne ne veut m’en parler ici, ça m’a l’air d’être un énorme tabou. J’avais demandé à Rogue mais il s’était fermé immédiatement. »

Le jeune homme, malgré sa timidité, répliqua d’un ton acerbe qui surprit Winter :

« - Rogue ? Ce vieux serpent ? Bah. Forcément qu’il ne te dira rien. Ce type passe sa vie à humilier les autres, mais c’est un lâche, un haineux. Il ne faut rien attendre de lui. »

La musicienne fut stupéfaite de constater à quel point Harry Potter pouvait soudain devenir mordant en mentionnant le Directeur de Serpentard. Elle n’aurait pas imaginé cela de lui. Mais elle choisit de ne pas relever et le laissa poursuivre.

« - La Chambre des Secrets est une pièce qui a été créée par Salazar Serpentard il y a longtemps. Avec Ron et Hermione, nous avons découvert son existence pendant notre deuxième année à Poudlard. Elle se situe dans les toilettes des filles du deuxième étage, là où se trouve le fantôme de Mimi Geignarde. »

L’adolescent devint de plus en plus sérieux et grave alors qu’il déroulait son récit.

« - Voldemort avait un carnet. Un carnet ensorcelé dans lequel se trouvait un souvenir, une version plus jeune de lui-même. L’objet s’est retrouvé dans les mains de Ginny la sœur de Ron à un moment et…elle a été manipulée par le carnet pour ouvrir la Chambre des Secrets sous les ordres de ce dernier. Et là, une série de catastrophes s’est produite dans le château. »

Winter leva les sourcils intriguée et fascinée, suspendue aux dires du jeune garçon.

« - Comment ça ? 

- Plusieurs élèves ainsi que Miss Teigne la chatte de Rusard se sont retrouvés paralysés. Et il y avait ce message glaçant sur les murs du château disant que la Chambre des Secrets avait de nouveau été ouverte. Avec Ron, nous avons fini par la localiser précisément et y entrer quand…quand Hermione a été pétrifiée. Elle avait découvert ce que cachait cet endroit. »

Il marqua une pause avant de prononcer le mot avec un frisson, revivant probablement des souvenirs effrayants.

« - La Chambre des Secrets cachait un basilic. »

Winter fronça les sourcils. Elle avait vaguement entendu parler de cette créature mais n’en savait guère plus.

« - Un quoi ?

- Un basilic. Un immense serpent. L’arme secrète de Salazar Serpentard. Voldemort voulait se débarrasser des Nés-Moldus avec. Il peut tuer un être vivant en un simple regard. C’est ce qui est arrivé il y a bien plus longtemps à Mimi Geignarde. Il n’a pas provoqué plus de morts par des coïncidences heureuses qui ont fait qu’à chaque fois, les victimes ne l’ont jamais directement regardé dans les yeux. »

La mention d’une telle créature plongea tout de suite Winter dans un doute profond. Il fallait qu’elle en sache davantage.

« - Et…ce basilic, tu l’as vu ? Affronté ? »

Harry Potter hocha la tête avec retenue, son visage affichant un mélange d’humilité et en même temps de traumatisme.

« - Oui…et j’ai failli en mourir. J’ai réussi à vaincre le basilic avec l’épée de Godric Gryffondor mais il m’a blessé gravement. Son venin s’est infiltré dans mes veines. C’est le phénix de Dumbledore qui m’a sauvé. Ses larmes ont un pouvoir de guérison très puissant. »

La rockstar resta ébahie. Le célèbre orphelin avait vraiment une vie digne d’une épopée de roman. Et elle n’en était pas envieuse.

« - Mais…tu n’as pas essayé de parler au basilic ? Tu es Fourchelangue, non ? »

Harry secoua la tête vigoureusement.

« - Bien sûr que non, il n’obéissait qu’à Voldemort. »

Un silence temporaire s’installa entre les deux étudiants un moment, Harry se remémorant ses souvenirs très nets de son combat contre la bête et Winter tentant de l’imaginer.

« - Et…qu’y a-t-il maintenant dans la Chambre des Secrets ? On peut encore s’y rendre ? »

Le Gryffondor secoua la tête.

« - Bien sûr que non. Après cette affaire, Dumbledore et les professeurs ont tout fait pour étouffer le scandale et rassurer les parents d’élèves. La Chambre des Secrets n’a plus été réouverte depuis. Seul un Fourchelangue pourrait y rentrer de toute façon. Et puis d’un accord unanime, tous les professeurs ont décidé de ne plus du tout en parler et de faire disparaître toutes les informations à ce sujet. Je pense que les livres qu’Hermione avait trouvés à l’époque à la bibliothèque sur le basilic et la pièce en elle-même ont maintenant dû être confinés dans la Réserve là où il est rigoureusement interdit d’y aller. Je te déconseille d’y faire un tour… J’ai failli me faire griller en m’y rendant la nuit une fois et pourtant, j’avais une cape d’invisibilité. De toute façon, il n’y a plus rien à voir dans la Chambre des Secrets. Le basilic est mort. »

Le cerveau de Winter carburait maintenant à toute allure.

« - Harry, tu dis qu’il faut être obligatoirement Fourchelangue pour accéder à la Chambre des Secrets. Pourquoi ? »

Le garçon la regarda avec un air surpris par son intérêt précis sur cet aspect, mais il accepta de répondre, trouvant la question bénigne.

« - Parce qu’il y a un mot de passe et il est en Fourchelangue. 

- Accepterais-tu de me le dire ? »

Harry réajusta ses lunettes rondes et sourit timidement.

« - Euh…si tu veux Winter. Mais tu ne vas rien comprendre. »

Il ouvrit la bouche et déclara simplement :

« - Ouvre-toi. »

Quand il prononça ces mots, sa bouche se mit à émettre des sons chuintants et étranges que n’importe quel auditeur extérieur aurait assimilé à des sifflements de serpent. Mais Winter, elle, comprit les mots. Et découvrit ce qu’était l’accent Fourchelangue. Et c’est alors qu’elle réalisa immédiatement avec un mélange d’horreur et de confusion, qu’elle l’avait déjà entendu, étant donné que la voix dans les murs du château avait exactement le même.

Une chose lui était certaine maintenant : il lui faudrait s’introduire dans la Réserve de la bibliothèque de Poudlard. Elle avait des informations à découvrir. Et ce n’était pas tant le fait d’enfreindre le règlement de l’école une nouvelle fois qui lui faisait peur, mais plutôt ce qu’elle pourrait découvrir une fois les ouvrages en sa possession.

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