Harry Potter (II) : La Prophétie et les Ombres du Passé

Chapitre 8 : Fractures invisibles

780 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 11 jours

Le voyage de retour à la maison sembla interminable. Les chevaux ailés, qui tiraient le carrosse magique d’Albus, glissaient silencieusement au-dessus des forêts noires, leurs ailes frappant doucement l’air frais du soir. Mais la tranquillité apparente du paysage n'apportait aucun réconfort à Elizabeth. Le chaos de l'attaque chez les Harpies, les visages déformés par la haine, et la perte tragique de l'une des joueuses continuaient de tourmenter son esprit. L’image de la jeune attrapeuse mourant sous ses yeux revenait en boucle, imprimée avec une précision douloureuse dans sa mémoire.


Dans l’ombre du carrosse, Albus tentait de dissimuler sa propre inquiétude. Il avait pris sur lui de rester fort, de rassurer sa nièce. Mais il savait, comme elle, que les événements de ce soir n’étaient pas anodins. Les Légions de l’Obscurité n’étaient pas là par hasard. Leur but n’avait jamais été le balai. C’était Elizabeth qu’ils cherchaient. Pour la première fois, une menace directe s’était abattue sur elle — et la question du « pourquoi » restait en suspens.

Une fois rentrés, Elizabeth s’éclipsa aussitôt dans sa chambre, fuyant les regards lourds d’inquiétude d’Albus et Alice. Elle referma la porte et s’y adossa un instant, le cœur serré. Sa respiration était saccadée. Rien ne semblait réel. Pas même sa propre existence. Elle se dirigea vers la fenêtre, écartant le rideau d’un geste nerveux. La lune projetait une lueur blafarde sur les bois environnants, mais aucune lumière ne perçait les ténèbres qui l’envahissaient de l’intérieur.

Le murmure de pas dans le couloir brisa le silence. Un grattement. Puis trois coups timides à la porte.


Marylin.


Elizabeth n’eut pas la force de réagir. Sa cousine entra doucement, une silhouette tendue dans l’encadrement. Un silence pesant s’installa entre elles. Depuis l’anniversaire d’Elizabeth, une distance étrange s’était creusée. Une tension sans mots. Mais ce soir, les mots finirent par jaillir.


« Je n’ai pas besoin de ta pitié.» dit Marylin, d’une voix tremblante.


Elizabeth se retourna lentement, surprise. Le ton était dur. Ses yeux cherchaient à comprendre.


« Qu’est-ce que tu veux dire ? » murmura-t-elle.


« Tu crois que tout tourne autour de toi, non ? Toi, la fille du héros disparu, la nièce adorée, la protégée de toute la maison. Mais tu ne vois rien. Tu ne vois personne d’autre que toi.»


Elizabeth resta figée. Chaque mot frappait comme une gifle.


« Tu n’es qu’une enfant, Elizabeth. Une enfant à qui on donne tout. Le balai, l’histoire, l’amour. Et moi ? Moi je suis là, chez moi, et j’ai l’impression d’être invisible.»


Les mots de Marylin résonnaient avec une violence qu’Elizabeth n’avait pas anticipée.


« Ce n’est pas vrai… » commença-t-elle, la voix incertaine.


« Ma mère est là, tous les jours. Elle ne travaille pas. Elle fait tout pour nous. Et pourtant, tu veux savoir ce que je ressens ? J’ai l’impression qu’elle te regarde comme si tu étais sa propre fille. Toi, la petite orpheline tragique. Toi, la favorite.»

La voix de Marylin s’érailla sous l’émotion. Ce n’était pas de la jalousie puérile. C’était une douleur profonde, un besoin d’amour qu’elle n’osait pas réclamer.


« Albus et Alice sont mes parents. Pas les tiens. Mais regarde-les. Tout tourne autour de toi »


Elizabeth sentit son cœur se serrer. Elle avait toujours vu Marylin comme distante, indépendante… Elle n’avait jamais compris qu’elle souffrait d’un manque si profond..


« Je ne savais pas, souffla Elizabeth, les yeux brillants. Je ne voulais pas que tu te sentes comme ça. Je n’ai jamais voulu prendre leur amour…


« Tu n’as pas eu à le prendre, coupa Marylin. On te l’a donné. Naturellement. Comme si c’était évident. Et moi, je suis restée là, à espérer qu’un jour ils me voient autant qu’ils te voient, toi.»


Un silence lourd s’installa. Marylin recula d’un pas.


« Je t’envie. Et je te déteste de ne pas même t’en rendre compte.»


Puis elle tourna les talons et disparut dans le couloir. La porte se referma dans un claquement sourd.



Elizabeth resta figée, vidée. Les larmes qu’elle avait contenues jusque-là coulèrent sans retenue. Ce soir, elle avait vu deux vérités : l’ombre de la mort… et celle de la solitude d’une cousine oubliée.

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