Harry Potter (I) : L'Héritage Maudit

Chapitre 21 : Le Poids de la Réconciliation

1324 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 5 mois

Draco se tenait là, dans la bibliothèque de la maison Malfoy, les doigts effleurant l'étagère de bois lisse comme s'il cherchait une prise, un moyen d'accrocher son esprit qui se perdait dans les brumes du passé. Le silence autour de lui était lourd, comme une chape de plomb écrasant toute pensée. La pièce semblait figée dans le temps, les étagères recouvertes de livres vieux de plusieurs siècles, certains encore intactes, d’autres recouverts de poussière. C’était un endroit qu’il avait toujours considéré comme un sanctuaire, un refuge où il se sentait puissant, entouré de l’héritage de sa famille, de l’histoire de la maison Malfoy. Mais aujourd’hui, tout semblait dénué de sens. La grandeur de la maison, la richesse de son nom, tout cela lui paraissait soudainement creux.


Il n’était plus l’homme qu’il avait été. La guerre, avec ses conflits et ses dilemmes moraux, l’avait changé de manière irréversible. Draco avait survécu, certes, mais à quel prix ? L’absence de Harry Potter, l'absence de cet ennemi à la fois détesté et, en un sens, admiré, le frappait de plein fouet. L’idée que ce dernier n’était plus là pour l'affronter, pour le défier, le perturbait plus qu’il ne l’aurait jamais cru. Car en l’absence d’Harry, c’était le vide qui le consumait. Un vide qu’il n’avait pas vu venir, un vide qui grandissait à chaque instant où il repensait à leurs affrontements, à leurs silences, à tout ce qu’ils n’avaient jamais dit.


Au fond, Draco savait qu’il avait perdu plus qu’un rival. Il avait perdu l’un des derniers fils d’une époque qui, pour lui, représentait la fin d’un monde : celui de la guerre et des anciennes idéologies. Les années où il avait grandi, prisonnier du nom qu’il portait et des attentes de son père, s’étaient imprégnées de cette dualité entre son désir de plaire à sa famille et la culpabilité qui l’accompagnait chaque fois qu’il agissait contre ses propres principes. Envers Harry, il avait ressenti une sorte de respect mêlé à de la haine. Une haine qu’il avait longtemps nourrie parce que, peut-être inconsciemment, il savait que Harry représentait ce qu’il aurait dû être : un homme libre de toute attente, vivant selon ses propres convictions.


Et c’était dans ce conflit intérieur, dans cette lutte constante entre l’obligation et le désir, que Draco se retrouvait. Si Harry était là, ils auraient peut-être pu se comprendre, se réconcilier, briser le cercle vicieux de leur animosité. Mais c’était trop tard. Il n’y avait plus de Harry. Il n’y avait plus de possibilités de dialogue, de chance de découvrir ce que l’autre était devenu après la guerre. Draco se sentait irrémédiablement seul dans cette pensée. C'était comme une porte fermée à tout jamais.


Les souvenirs de Poudlard affluaient maintenant dans son esprit comme un torrent incontrôlable. Leurs rencontres, leurs échanges glacés, les mots durs lancés dans les couloirs, tout cela lui revenait avec une telle intensité qu’il en ressentait presque la douleur physique. Draco se souvenait de son regard sur Harry, de la façon dont il avait toujours voulu briller plus que lui, de la manière dont il avait voulu être celui qui, finalement, triompherait. Mais la réalité était différente. Harry avait triomphé, et lui, Draco, s’était retrouvé à devoir se reconstruire à partir des débris de ses erreurs. Il avait été forcé de grandir trop vite, à travers des épreuves qu’il n’avait pas choisies. La guerre les avait façonnés, les ayant poussés au-delà de leurs limites, au-delà des frontières de l’enfance.


Il y avait eu ces instants, après la fin du conflit, après la défaite des ténèbres, où Draco avait hésité. Hésité à parler, à tendre la main, à briser ce silence pesant entre eux. Mais il ne l’avait pas fait. Les mots restaient coincés dans sa gorge, comme une barrière qu’il ne pouvait franchir. Une partie de lui redoutait de se montrer vulnérable, une autre ne savait même pas comment débuter une conversation qui aurait dû avoir lieu bien avant. C’était cette distance, cette séparation immatérielle mais indéniable, qui l’emplissait d’un profond sentiment de regret.


Le poids de l’héritage familial, ce nom qu’il portait comme une épée de Damoclès, était devenu de plus en plus lourd à porter. Il ne voulait plus être le Drago Malfoy de l’époque, celui qui se cachait derrière un masque d’arrogance et de mépris. Il ne voulait plus être celui qui agissait en fonction de ce qu’on attendait de lui, celui qui obéissait aveuglément à un père dont les idéaux étaient dépassés. Mais, au fond de lui, il savait qu’il ne pourrait jamais effacer totalement ce passé. Il ne pouvait tout simplement pas.


Il s’éloigna de l’étagère, son regard se perdant à l’extérieur, vers le jardin qui s’étendait devant lui. La vaste propriété des Malfoy, autrefois symbole de gloire et de privilège, semblait aujourd’hui dénuée de tout éclat. Il y avait de l’herbe verte, des arbres imposants, mais aucune beauté n’en ressortait. C’était un lieu sans vie, vide de toute signification. Draco se rendait compte que les choses avaient changé dans son esprit. La richesse de la maison, l’influence de son nom, tout cela lui semblait désormais secondaire. Il n’y avait plus de fierté dans cette vie héritée. Ce qui restait, c’était le poids de ses erreurs et de ses non-choix.


Les batailles intérieures qu’il avait menées autrefois, celles qu’il croyait cruciales à l’époque, lui semblaient aujourd’hui futiles. Il avait eu des choix à faire, et il n’avait pas su les saisir. Le chemin qu’il avait pris l’avait conduit à ce vide, à cette solitude. Il n’avait jamais noué de véritable amitié. Même ceux qu’il avait cru être ses amis, comme Pansy et Blaise, ne représentaient plus rien de concret. Le vide laissé par Harry était désormais bien plus grand que tout ce qu’il avait connu auparavant.


L’ombre de cette guerre ne le quitterait jamais. Il ne pourrait pas effacer le souvenir des batailles, des pertes, de la douleur. Mais ce qui le détruisait plus encore que cela, c’était ce silence, ce manque de réponses. L’idée qu’il n’aurait jamais la chance de connaître l’homme qu’Harry était devenu. La chance de lui poser la question qu’il n’avait jamais osé formuler : « Et toi, Harry, qui es-tu devenu ? » Ce manque, ce vide, cela devenait insupportable. Il n’y avait plus de rédemption pour lui, ni pour ses erreurs. Plus d'espoir de réparer les choses.



Draco se détourna de la fenêtre, ses pas résonnant dans la pièce. Il se dirigea vers l’étagère voisine, les doigts glissant sur les reliures des livres comme pour se raccrocher à quelque chose, n’importe quoi. Mais au fond de lui, il savait que cette recherche était vaine. Rien dans ces livres, rien dans cette bibliothèque, ne pourrait remplir le vide laissé par Harry. Rien n’y changerait. Il n’avait plus qu’à vivre avec cette absence, cette douleur silencieuse. Et c’était ça, la vérité. Rien ne pouvait le ramener en arrière. Il n’y avait pas de rédemption possible dans ce monde-là.


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