A travers le temps

Chapitre 27 : Celle qui a traversé les siècles

3423 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a environ 1 mois

Minerva n’en croyait pas ses yeux. Ce qu’elle voyait… ne pouvait tout simplement pas être réel.

— Grand-mère, tout va bien ? demanda la jeune femme blonde, inquiète.

Sans répondre, la vieille dame s’approcha lentement de la table d’Hermione, le regard fixe, presque hébétée. Ce visage… ce visage était resté gravé dans sa mémoire toutes ces années.

— Hermione ? murmura-t-elle. Ce n’est pas possible…

La jeune femme esquissa un sourire doux.

— Bonjour, Minnie. Ça fait longtemps, hein ?

— Ce n’est pas possible… répéta Minerva, comme pour tenter de conjurer une illusion.

Hermione pencha légèrement la tête, les yeux brillants.

— Tu te souviens de ce que je t’ai dit, cette nuit-là ?

La vieille dame fronça les sourcils, pensive… puis ses yeux s’agrandirent.

— Tu venais du futur.

Hermione acquiesça, un sourire triste au coin des lèvres.

— Et bien, tu m’as rattrapée. Pour toi, il s’est écoulé… quoi ? Quatre-vingts ans ? Pour moi… à peine quelques mois.

Et soudain, tout revint à Minerva. Cette nuit-là. La musique. La danse. Les promesses murmurées à la lumière des bougies.

— C’est bien toi, souffla-t-elle, la gorge nouée par l’émotion.

Une jeune femme s’approcha, observa Hermione un instant, puis se tourna vers Minerva, l’air intrigué.

— Grand-mère, que se passe-t-il ?

La vieille dame posa un regard tendre sur sa petite-fille et esquissa un sourire.

— Charlotte… tu te souviens de l’histoire que je t’ai racontée, celle de la nuit où je me suis perdue pendant le Blitz ?

Charlotte fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire.

— Oui… Tu étais avec arrière-grand-mère dans un magasin, et quand la sirène a retenti, vous avez été séparées. Tu t’es réfugiée dans une station de métro, et une femme étrange t’a retrouvée là. Tu m’as dit qu’elle avait pris soin de toi toute la nuit, qu’elle t’avait fait écouter de la "musique bizarre"… Et qu’elle venait du futur. Tu m’as même raconté qu’elle t’avait fait écouter… Taylor Swift ?

Minerva hocha doucement la tête, émue.

— Charlotte, voici Hermione. C’est elle, la femme qui s’est occupée de moi cette nuit-là.

Charlotte regarda sa grand-mère comme si elle venait de lui annoncer qu’elle était en réalité une elfe.

— Grand-mère… tu dois te tromper. Cette femme aurait plus de cent ans aujourd’hui. Et cette histoire… ce n’est qu’un joli conte, non ?

Hermione eut un petit sourire amusé. Elle glissa la main dans sa poche, sortit son téléphone et pianota dessus quelques secondes.

— Ce n’est pas une histoire. Et je peux le prouver.

Elle tendit alors son écran vers les deux femmes. Dessus s’affichait un selfie : Hermione, souriante, posait aux côtés d’une fillette aux cheveux bruns bouclés, visiblement âgée d’environ six ans.

— J’ai pris cette photo le 9 octobre 1940. Avec ta grand-mère.

Charlotte la fixa, interdite.

— C’est… impossible. Cette petite fille… elle ressemble exactement aux vieilles photos de grand-mère à cet âge. Mais… ça ne peut pas être vrai.

Minerva, elle, fixait l’écran du téléphone, les yeux brillants, un sourire paisible sur les lèvres. Comme si tout, enfin, rentrait à sa place.

Hermione rit doucement, émue.

— Je peux faire encore mieux. Regarde ça.

Elle appuya sur un autre bouton, et une vidéo se lança. Charlotte se pencha, curieuse. L’écran montrait Hermione, assise à côté d’une fillette aux boucles brunes, dans un coin sombre vaguement éclairé, une station de métro, visiblement.

On entendait Hermione dire doucement à l’enfant :

— Très bien, tu n’as qu’à regarder ici, dans ce petit œil de verre, et parler. Dis-leur qui tu es.

La petite fille, intriguée, cligna des yeux.

— C’est une caméra de cinéma ?

— Exactement, répondit Hermione avec douceur.

Alors, la fillette sourit timidement et fixa le téléphone.

— Je m’appelle Minerva McGonagall, mais ma maman m’appelle Minnie, et j’ai six ans. J’habite au 194 Stepney Way, à Londres. J’ai deux sœurs, Eva et Helen. Ma maman s’appelle Charlotte et mon papa s’appelle Charles, il est dans la Royal Navy.

Un grondement sourd retentit au loin dans la vidéo. La petite sursauta, cherchant du regard le bruit, inquiète.

— J’aime pas les bombes, Hermione. Elles me font peur.

— T’en fais pas, murmura la voix d’Hermione hors champ. On est en sécurité ici. Je veille sur toi. Continue si tu veux.

La fillette inspira profondément, rassemblant son courage.

— Ma poupée préférée s’appelle Sara. Ma meilleure amie, c’est Beatrice. Et quand je serai grande… je veux être pompier.


Dans la vidéo, la petite Minnie continua à bavarder gaiement pendant quelques secondes encore, racontant ses jeux et ses rêves d’enfant. Mais, devant l’écran, le visage de la Minnie adulte s’assombrit doucement. Une ombre passa dans son regard.

— Beatrice… murmura-t-elle d’une voix presque inaudible.

Charlotte la regarda, intriguée.

— Tu ne m’as jamais parlé de Beatrice, grand-mère. Qui était-ce ? Pourquoi as-tu l’air si triste ?

Minerva baissa la tête, et une larme silencieuse glissa sur sa joue ridée.

— Elle a été tuée dans une attaque de fusée V2, en 1944. Avec sa mère et son petit frère… Ils n’ont jamais eu de chance.

Charlotte, bouleversée à son tour, entoura sa grand-mère d’un bras réconfortant et l’aida à s’asseoir en face d’Hermione.

— Je te crois, Hermione. Tout cela est si… incroyable, souffla-t-elle.

Hermione s’assit à son tour, le regard attendri.

— C’est un peu incroyable pour moi aussi, tu sais. Mais oui, j’ai eu, accès à une machine à voyager dans le temps. J’y suis retournée. J’ai rencontré ta grand-mère, même brièvement ton arrière-grand-mère. Tout ce qu’elle t’a raconté est vrai.

Elle marqua une pause et sourit à Minerva.

— Elle est dans le tout premier selfie de l’Histoire, et je peux dire avec fierté qu’elle a été la toute première fan de Taylor Swift… et de Daft Punk, bien avant tout le monde.

Minerva éclata d’un petit rire attendri, puis saisit la main d’Hermione.

— C’est si bon de te revoir, Hermione… mon ange gardien. Si ce n’est pas indiscret… pourquoi es-tu ici ? Pourquoi maintenant ?

Hermione hésita, son regard se voilant d’une émotion plus grave.

— C’est une longue histoire, répondit-elle doucement.

La vieille dame sourit avec tendresse.

— Je t’en prie. Raconte-la-moi.

Puis, se tournant vers sa petite-fille :

— Charlotte, veux-tu aller dire au chauffeur de garer la voiture un peu plus loin et de prendre sa pause déjeuner ? Dis-lui qu’on le remboursera, et qu’il revienne dans une heure.

— Bien sûr, grand-mère, dit Charlotte en se levant


Hermione se lança alors dans un récit long et sincère. Elle leur raconta tout : la photographie de Fleur découverte dans la boutique d’antiquités, l’émotion irrépressible qu’elle avait ressentie, les journaux trouvés dans cette mystérieuse boîte, la machine à voyager dans le temps, son arrivée à Beckenham… Et, peu à peu, elle déroula les semaines, les mensonges, les rencontres, les sentiments, jusqu’au drame de la clairière et à l’urgence absolue de l’opération.

Charlotte revint quelques minutes plus tard, un gobelet à la main pour sa grand-mère, et s’installa à nouveau face à Hermione. Cette dernière lui résuma brièvement ce qu’elle avait manqué, avant de reprendre le fil de son récit avec autant de gravité que d’émotion.

Lorsqu’elle eut enfin terminé, un silence doux s’installa autour de la table. Hermione poussa un long soupir, le regard dans le vague, comme si tout ce qu’elle venait de raconter pesait encore sur ses épaules.

— Et voilà. Mon dilemme. Je l’ai sauvée… mais maintenant, on est tous dans une sacrée galère.

Minerva resta silencieuse un instant, la main posée sur le menton, le regard pensif. Charlotte se tourna vers elle, hésitante.

— Grand-mère, est-ce qu’on peut… ?

La vieille dame hocha lentement la tête, puis se redressa avec calme et détermination.

— Hermione… tu étais là pour moi, probablement lors de la pire nuit de ma vie. J’étais une enfant, perdue et terrifiée. Et tu es apparue. Tu m’as trouvée, tu as pris soin de moi… et tu m’as montré les merveilles d’un avenir que je n’aurais jamais pu imaginer. Tu m’as dit que les Allemands allaient perdre, tu m’as prêté ton canif porte-bonheur, je sais maintenant que ce n’était qu’un couteau ordinaire, mais à l’époque, il représentait tant.

Elle s’interrompit, sa voix légèrement tremblante.

— Chaque nuit, mes sœurs et moi nous asseyions dans l’abri anti-aérien, les couteaux serrés contre nous, comme si leur métal nous protégeait du monde. Mais ce qui m’a vraiment portée… ce sont tes mots. Ceux que tu m’as dits en me raccompagnant chez moi :

“Toi, Minerva, tu peux devenir ce que tu veux. Même si quelqu’un te dit que tu ne peux pas. Ne l’écoute pas. Continue d’essayer. Et prouve-lui qu’il a tort.”

Hermione esquissa un sourire attendri, les yeux brillants.

— Je me souviens très bien de ça.

— Hermione, j’ai grandi avec cette phrase en tête. Je ne suis pas devenue pompier, non… mais j’ai fini par m’intéresser au monde de la finance. À l’époque, on me disait que c’était un univers d’hommes. Mais comme tu me l’avais appris… je leur ai prouvé qu’ils avaient tort. Je suis devenue l’une des premières femmes courtières à la Bourse de Londres. Puis j’ai monté ma propre entreprise. Et maintenant, ce centre de traitement du cancer que tu vois là-bas porte mon nom, parce que j’ai décidé d’investir dans quelque chose qui comptait.

Elle marqua une pause, émue, puis conclut d’une voix douce :

— Cela fait quatre-vingt-deux ans que j’attends de pouvoir te dire merci. Et aujourd’hui, je le peux enfin.

Hermione, les larmes aux yeux, hocha la tête en silence, submergée par l’émotion de cette reconnaissance inattendue et bouleversée de voir à quel point un simple geste, un mot tendre, avait pu changer une vie.


— Comment ?

Minnie posa une main douce sur l’épaule d’Hermione, puis se redressa avec une vivacité surprenante pour son âge.

— Eh bien, tout d’abord, je fais partie du conseil d’administration de cet hôpital. Deuxièmement, je viens tout juste de leur faire don d’un bâtiment flambant neuf. Et troisièmement… disons simplement que je vaux beaucoup d’argent. Alors, ne t’inquiète pas. Je reviens dans cinq minutes.

— Grand-mère, tu veux que je t’accompagne ? proposa Charlotte.

— Non, reste ici pour tenir compagnie à Hermione. Passe-moi juste ma canne, elle est dans mon sac.

Charlotte s’exécuta, puis regarda sa grand-mère s’éloigner d’un pas assuré dans les couloirs de l’hôpital.

Hermione n’avait aucune idée de ce que cela signifiait concrètement, mais elle priait pour que cela suffise à les sortir du pétrin.

Pendant que Minnie s’absentait, Hermione discuta un peu avec Charlotte. Elle apprit que la jeune femme était comptable, et que Minerva s’était mariée, avait eu trois enfants, neuf petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Malgré une vie de famille bien remplie, elle avait aussi fondé sa propre entreprise de services financiers, aujourd’hui florissante.

Exactement cinq minutes plus tard, comme promis, Minerva revint avec un large sourire aux lèvres.

— Tes ennuis sont terminés, annonça-t-elle avec un brin de malice.

Hermione cligna des yeux, stupéfaite.

— Quoi ? Comment ça ?

— J’ai parlé au directeur de l’hôpital. La police ne sera pas contactée. J’ai pris personnellement en charge les frais médicaux, et j’ai organisé le transfert de Fleur dans l’une des meilleures chambres disponibles. Elle aura tout ce dont elle a besoin pour se rétablir dans les meilleures conditions.

— Oh mon Dieu… merci ! Comment pourrais-je jamais te rendre ça ? s’écria Hermione, les larmes aux yeux.

Minerva sourit tendrement.

— Tu l’as déjà fait. Il y a bien longtemps.

Puis, comme si ce n’était pas encore suffisant, elle ajouta avec un sourire espiègle :

— Et j’ai encore une petite surprise. Mon fils Ronald travaille au ministère de la Santé. Disons que j’ai fait quelques appels… Fleur a maintenant un acte de naissance tout à fait officiel, daté de 2004. En prime, elle a aussi des papiers d’identité parfaitement crédibles.

Submergée de gratitude, Hermione serra doucement Minerva dans ses bras. C’était rare, chez elle. Elle n’aimait pas particulièrement les câlins. Mais là, c’était différent. Ce geste était chargé de sens.

— Merci, Minnie… vraiment.

— De rien, mon enfant, répondit Minerva après un instant dans l’étreinte.

Puis elle recula légèrement, les yeux pétillants.

— Et si jamais tu ressens le besoin de me remercier un jour, alors accorde-moi une chose : laisse-moi rencontrer cette Fleur. J’ai toujours adoré lire sur l’époque victorienne. Quand j’étais petite, certains de mes aïeuls m’en parlaient encore. Ce serait fascinant de parler avec quelqu’un qui l’a vraiment vécue.

Hermione acquiesça, le cœur gonflé d’émotion.

— Marché conclu. Je suis sûre qu’elle serait ravie de te rencontrer.


Pendant un long moment, elles restèrent ensemble à discuter, rattrapant le temps perdu, partageant souvenirs et confidences comme deux vieilles amies qui se retrouvent après une vie entière. Hermione prit soin d’envoyer la photo et la vidéo à Charlotte par email, pour que Minerva puisse conserver ce précieux fragment de son passé.

Finalement, Hermione dut se lever. Il lui fallait retourner voir comment allait Fleur. Elle donna son numéro de téléphone à Minerva, échangea une dernière étreinte avec elle, et elles se dirent au revoir, un adieu chargé d’émotion, mais teinté d’une douce reconnaissance.


Pendant ce temps, Fleur reprenait lentement conscience, allongée dans un lit étonnamment confortable. Elle se sentait groggy, engourdie, avec une sensation de lourdeur au niveau de la poitrine.

Un gémissement léger franchit ses lèvres tandis qu’elle ouvrait les yeux pour les refermer aussitôt : une lumière vive l’éblouissait.

Quelques secondes plus tard, elle tenta de nouveau. Cette fois, sa vue s’ajusta progressivement à la luminosité ambiante. Ce qu’elle aperçut d’abord, ce fut un plafond d’un blanc immaculé, parsemé d’étranges tubes lumineux encastrés. Rien de familier.

— Où suis-je ? murmura-t-elle faiblement.

En tournant la tête, elle découvrit une pièce à l’allure étrange. Un mobilier aux lignes lisses et froides, des machines inconnues, des objets dont elle ne comprenait ni l’utilité ni l’origine. Elle baissa les yeux et vit des tubes transparents reliés à ses bras, des câbles, une fine aiguille glissée sous sa peau.

Son cœur s’emballa. Rien n’avait de sens. Ce n’était ni une maison, ni un hôpital comme elle les connaissait. Prise de panique, elle s’agita légèrement, malgré la douleur.

— À l’aide ? Hermione ? Où suis-je ?! appela-t-elle d’une voix tremblante, la peur perçant clairement dans son ton.


Soudain, un étrange bruit de souffle retentit derrière une porte, sur la gauche de Fleur. Une seconde plus tard, Hermione surgit de la pièce. Elle portait un pantalon étrange, qu’elle était justement en train de remonter et de boutonner, ainsi qu’une sorte de chemise bizarre.

— Hermione ? Où suis-je ? Suis-je morte ? Je ne connais pas cet endroit… Est-ce que je suis au paradis ? Ou dans… l’autre lieu ? Où est William ? Dis-le-moi, j’ai peur.

Hermione se précipita au chevet de Fleur et lui saisit la main.

— Bella, du calme. Respire. Tu es en sécurité, tu m'entends ? Bill est parti. Tu ne le reverras plus jamais.

Un peu rassurée, mais encore visiblement confuse, Fleur balaya la pièce du regard avec angoisse.

— Ces tubes dans mes bras… ces machines étranges… Je n’arrive pas à croire que le paradis ressemble à ça.

Hermione esquissa un petit rire attendri.

— Tu n’es pas au paradis, ma chère.

Les yeux de Fleur s’agrandirent, soudain terrifiés.

— Oh Seigneur… Je suis en enfer ! Mon Dieu, pardonne-moi…

— Chérie, non, stop ! Tu n’es ni au paradis ni en enfer. Tu es à l’hôpital. À Londres. Et tu es vivante.

Fleur fronça les sourcils, troublée.

— Alors… où exactement suis-je ?

— Dans mon époque, dit Hermione doucement. Ces choses attachées à tes bras, et les machines autour de toi, servent à t’aider à guérir. Respire, détends-toi.

Elle leva les yeux vers le plafond et désigna les tubes lumineux.

— Tu vois ça ? Ce sont des lampes. Des lumières électriques. Plus besoin de bougies ni de lampes à huile. Elles fonctionnent grâce à quelque chose qu’on appelle l’électricité, une sorte de force, un peu comme la foudre. Elles ont été inventées peu de temps après ton époque, et aujourd’hui, elles sont partout.

Fleur fixa les lumières un instant, intriguée.

— Et… elles ne sont pas dangereuses ?

— Pas du tout. Pas en temps normal, répondit Hermione avec un sourire.

Puis un souvenir traversa l’esprit de Fleur.

— Tu m’as emmenée dans ton époque… C’est donc ça ? Je suis… dans ton monde ?

Hermione hocha la tête, une ombre passant dans son regard.

— Oui. Et il n’y a pas de façon simple de te le dire… Mais aujourd’hui, nous sommes le 16 août 2024. Le mariage… le jour où Bill t’a tiré dessus… c’était il y a cent cinquante-cinq ans.

Fleur resta figée un instant, avant de se laisser retomber contre l’oreiller, le souffle coupé.

Hermione serra un peu plus fort sa main.

— Je suis désolée, Bella. Mais il n’y avait pas d’autre moyen de te sauver. Je t’ai amenée ici… et les médecins t’ont opérée. Ils ont retiré la balle. Et d’après eux, tu vas t’en remettre complètement.

Après un moment de silence, Fleur hocha lentement la tête, puis murmura d’une voix faible, mais pleine de sincérité :

— Je t’ai fait confiance. Merci.

Hermione sourit doucement, la gorge serrée.

— Tu m’as demandé ce qu’il était advenu de Bill. Alors j’ai fait des recherches, pour te rassurer. Après qu’il t’ait tiré dessus… j’ai riposté. Je l’ai touché au bras. Les hommes qui le poursuivaient l’ont acculé près de la rivière. Pris de panique, il a tenté de fuir à la nage. Mais avec une balle dans le bras… il n’a pas réussi. Il s’est noyé. Un pêcheur a retrouvé son corps le lendemain matin. Son père l’a identifié. Il a été enterré dans une fosse commune.

Elle marqua une pause, puis ajouta plus doucement :

— Il est parti depuis longtemps. C’est fini, Bella. Merci de m’avoir sauvée.

Fleur resta silencieuse un moment, les yeux fixés sur le plafond. Puis elle tourna la tête vers Hermione et serra doucement sa main.

— De rien. Pour toi… je ferais n’importe quoi, Hermione. Je t’aime.

Hermione sentit son cœur chavirer. Une larme glissa le long de sa joue. Elle avait espéré, rêvé, prié pour entendre ces mots un jour.

— Je t’aime aussi, murmura-t-elle, la voix tremblante.

Fleur avait peur. Tout dans ce monde lui était inconnu, étrange, parfois terrifiant. Mais tant qu’Hermione était là, à ses côtés… elle gardait l’espoir. L’espoir de comprendre, de s’adapter, et peut-être, un jour, de trouver enfin sa place.






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