Drago Malefoy, mon mariage arrangé

Chapitre 4 : 4

2288 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 12 mois

Drago ouvrit péniblement les yeux. A ses côtés Ginevra dormait toujours paisiblement. L'apparition de la jeune femme avait réellement bouleversé son quotidien. Bien qu'il eût du mal à éclaircir ses pensées Drago ressentait clairement une chose. La présence de la jeune femme lui faisait du bien. Depuis son arrivée il se sentait animé par autre chose que la peur et la colère alors qu'il la contemplait.


C'était comme si la douceur recommençait à se frayer un chemin dans les méandres sombres de son âme. Il paraît que quand un sorcier tue son âme se brise, pensa Drago. A ce rythme là il était en droit de se demander si son âme était encore existante. Tuer était devenu un acte quotidien. La peur de tuer qu'il avait éprouvé durant sa sixième année lui paraissait désormais risible.


Sur cette pensée macabre Drago sentit sa marque des ténèbres le brûler. Le jeune homme se leva alors précipitamment et s'habilla convenablement. Avant de partir il embrassa doucement sa femme sur le front.


Drago était venu rejoindre Lord Voldemort dans l'aile du Manoir Malefoy qu'il s'était octroyé. Le seigneur des ténèbres assis sur son trône d'ébène surplombait son serviteur. Drago s'inclina profondément en retenant son souffle. Une convocation du maître ne témoignait pas souvent de quelque chose de bon.


Cependant le seigneur des ténèbres paraissait relativement calme et invita Drago à s'asseoir. C'était le sorcier noir qui dictait les règles dans la propre maison des Malefoy. Le jeune homme qui n'était pas en mesure de s'en offusquer ne se formalisa pas et prit place face à son maître.


- Mon cher Drago, commença le Lord de sa voix traînante. J'espère que ton mariage se passe bien.


- Pour le mieux maître, fit Drago surpris.


- J'en suis ravi, fit Voldemort avec un sourire mauvais. Je n'en doutais pas. Une femme dans la fleur de l'âge a des charmes qui te ravissent sans aucun doute.


L'évocation malsaine dans la bouche du seigneur des ténèbres dérangea Drago. Il ne sut quoi répondre alors préféra garder le silence.


- Apprécie mon cadeau autant que tu le pourras, fit Voldemort. Je compte sur ta loyauté Drago. Il serait malencontreux que tu perdes trop tôt ton adorable petite femme.


La mâchoire du Malefoy se serra. Le lord comptait bien utiliser Ginevra comme un outil de pression sur lui.

C'est un cadeau empoisonné, pensa-t-il amèrement.


Si jamais il venait à s'attacher à la jeune femme, elle deviendrait sa plus grande faiblesse. Mais n'était-il pas déjà attaché à elle ?


Drago repensa au baiser qu'il avait spontanément laisser sur le front de sa femme endormie. Cet élan de tendresse inexplicable le glaça. Il ne pouvait pas se permettre de s'attacher de la sorte à la jeune femme. Il en allait de sa sécurité à lui mais aussi à elle. Alors qu'il réfléchissait Drago sentit le regard narquois du seigneur des ténèbres sur lui. Avait-il lu ses pensées ?


Quoi qu'il en soit le maître repris la parole :

- J'espère qu'un petit Malefoy viendra bientôt au monde, ajouta Voldemort en un sourire reptilien. Certains mangemorts commencent à se faire vieux, il faut préparer la nouvelle génération.


Drago hocha la tête. Il n'avait rien à ajouter. La vocation de son mariage était explicite depuis le début.


- Trêve de politesses, fit le maître. Si je t'ai fait appeler c'est pour te convier à un dîner. Nous organisons une soirée pour Halloween. Bellatrix et Lucius seront revenus de mission à ce moment là. Je veux que tu viennes avec ta femme.


Drago était étonné. Pourquoi l'inviter un mois à l'avance à un événement aussi puéril qu'Halloween ? Quelque chose d'important allait subvenir à cette date. N'avoir aucune idée de ce qui allait advenir ne lui plaisait pas. Il pinça ses lèvres pour cacher son mécontentement.


- Bien, nous viendrons maître, dit il malgré tout.


Drago prit congé et sortit dans le couloir. Il sentit son souffle se libérer. Sa respiration se figeait toujours lorsqu'il était en présence du seigneur des ténèbres. C'était devenu une habitude. Son organisme avait appris à être craintif. C'était également un bon moyen pour prévenir la douleur. Le Lord n'allait pas de main morte quand il était mécontent.


Drago se souvenait comme si c'était hier du retour au manoir après l'assassinat de Dumbledore. Voldemort jubilait devant l'annonce de la mort de son vieil ennemi mais malgré cela le Lord n'avait pas oublié de punir Drago pour sa faiblesse. La douleur engendrée par les doloris était encore marquée au plus profond de la chaire du jeune homme. Heureusement que Severus Rogue lui avait sauvé la mise en tuant lui même le vieux directeur. Si la tentative d'assassinat s'était soldée par un échec Drago aurait pu faire ses adieux au monde des vivants. Les Malefoy que Voldemort ne tenait déjà pas en grande estime avaient du faire profil bas après cet événement.


L'annonce de la disparition d'Harry avait finalement fini par faire oublier les déboires du jeune Malefoy. Tous les sbires du sorciers noirs étaient survoltés. Le seigneur des ténèbres avait fait entrer sans attendre le pays dans une ère sombre avec jubilation. Débarrassé d'Harry Potter, il était tout puissant.


Harry Potter. Cela faisait bien longtemps que Drago n'avait pas pensé au gryffondor. Il n'avait jamais pu supporter la suffisance d'Harry. Bien qu'il ait du mal à l'admettre Drago n'avait pas digéré la manière dont Harry l'avait repoussé en première année en faveur de Ron Weasley. Il avait eu l'impression qu'Harry bafouait des codes implicites. Il était Drago Malefoy. Tout le monde l'admirait. Tout le monde devait l'admirer. Tout de même ! Lui se faire rejeter au profit de Weasley, c'était risible.


Ces réflexions puériles semblaient désormais bien dérisoires pour l'adulte que Drago Malefoy était devenu. Il fit réflexion qu'auparavant il aurait vécu comme une victoire personnelle de s'approprier Ginevra Weasley. L'ancienne petite amie du survivant partageait désormais son lit. La pensée de la jeune femme nue le troubla. Il se souvint de la douceur de sa main caressant ses cheveux blonds. Cette sensation avait été si apaisante.


Rapidement il secoua sa tête. Ce n'était pas le moment de se disperser. Ginevra en l'absence de son mari n'avait d'autre occupation que ses propres pensées, si ce n'est la lectures des quelques livres que Narcissa lui avait donné. Son esprit s'adonnait alors à quelques réflexions dès qu'il le pouvait.


Ce matin quelque chose frappa la jeune femme. Durant ces quelques jours passés au Manoir Malefoy elle n'avait émis aucun acte de rébellion, elle n'avait pas essayé de fuir. Totalement sidérée par les événements elle n'avait même pas eu la pulsion naturelle qu'était l'opposition. Devait-elle tenter de s'enfuir ? Mais pour aller où ? Comment ?


Ginevra soupira. Dehors il n'y avait plus rien. Il n'y avait que le faim, la peur, le froid de l'errance. La certitude de la défaite de l'Ordre du Phénix.


De plus elle avait le sentiment d'avoir déjà commis l'irréparable. Elle s'était offerte à Drago. Elle avait ressenti de la compassion pour lui. Elle l'avait étreint avec tendresse. Son élan de tendresse lui semblait quasiment plus condamnable que les ébats qu'ils avaient partagés. Elle avait étreint le jeune homme de son plein gré. Elle ne l'avait pas trouvé détestable.


Quoi qu'il en soit la fuite semblait impossible. Le Manoir Malefoy était trop bien protégé. Elle ne pouvait que se raccrocher à l'espoir qu'on vienne un jour la délivrer. A l'espoir qu'Harry surgisse de nulle part. Elle aurait tout donné pour le voir arriver avec une lueur victorieuse au fond de ses iris vertes. Il l'aurait enlacé et lui aurait murmuré tendrement « Je suis là, c'est fini, tout va bien ».Face à cette évocation illusoire la jeune femme eût un sourire triste. Elle se raccrochait à cet espoir tout en sachant que cette scène n'adviendrait sûrement jamais.


Les jours passèrent au Manoir Malefoy de façon assez semblables. Ginevra passait ses journées seule. Elles étaient longues et ennuyantes .Une petite elfe de maison lui apportait à manger à heures régulières. La jeune femme ne voyait Narcissa que très rarement. Lucius ne semblait pas être au Manoir. Il devait être en train d'accomplir quelque sombre projet au nom de son idéologie.


Face à cette solitude la rousse se surprenait même à attendre le retour de Drago. Il ne venait souvent la rejoindre au lit que tard dans la nuit. Petit à petit ils semblaient se faire l'un à l'autre. Dans l'obscurité qui englobait la pièce leurs langues se déliaient plus facilement. Les deux amants parlaient souvent du passé. Ils évitaient les sujets fâcheux et essayaient de se concentrer sur des détails heureux. Cette nuit là ils étaient à nouveau étendus dans leur lit conjugal à discuter.


- Ginevra, commença Drago. Qu'est ce que tu pensais de moi à Poudlard ?


La jeune femme commença à rire.


- Pourquoi est-ce que tu te soucies de ça maintenant ? Tu es animé par quelque remord ?


- J'étais détestable, c'est ça ? Fit Drago avec un sourire.


- Je vais pas te dire le contraire, fit Ginny. Tu te croyais meilleur que tout le monde.


- C'est vrai. Je me sentais tout puissant. J'ai vite déchanté quand je suis entré dans le monde des adultes malgré moi.


- En sixième année tu veux dire ?


Un voile passa devant les yeux de Drago. Presque instinctivement il vérifia que sa chemise recouvrait encore sa marque des ténèbres

.

- Et toi que pensais tu de moi ? Questionna Ginny pour passer à autre chose.


Elle ne voulait pas que le sorcier se renferme et coupe toute discussion. C'était le seul moment de la journée où Ginevra arrivait à tromper l'ennui.


-mmm... eh bien, pas grand chose à vrai dire. Tu étais la sœur de Weasley puis la petite amie de Potter à mes yeux. Comme tu t'en doutes je pouvais blairer aucun des deux. Par conséquent je te tenais pas en grande estime non plus à vrai dire.


Drago sentit Ginevra se tendre à côté de lui. Etait-ce l'évocation de Potter ? Il souffla. Sans savoir pourquoi ça ne lui plaisait pas qu'elle accorde encore tant d'importance au disparu.


- Il te manque ? Souffla-t-il.


- Tout le temps. A chaque seconde, murmura Ginny.


Drago tourna son visage vers la sorcière. Il observa son visage et pu noter qu'il était recouvert d'une expression de tristesse. Ses yeux verts laissaient transparaître une mélancolie profonde. Drago sentit la colère monter en lui. Ça ne lui plaisait pas de la voir encore si attachée au gryffondor. Pris d'une pulsion rageuse il embrassa Ginny. Leurs lèvres se rencontrèrent furieusement. Le sorcier mordit la lèvre de Ginny possessivement avant de laisser sa langue pénétrer la bouche de la sorcière. Leur baiser enflammé sembla arrêter le temps. Le sorcier rompit finalement le contact et regarda narquois la jeune femme haletante.


- A chaque seconde ? Vraiment ? Murmura-t-il en caressant une mèche rousse de sa femme.


Les joues rosies et le regard brillant de Ginny suffirent à lui faire comprendre qu'il avait gagné. Le Malefoy se laissa tombé sur le matelas, un sourire satisfait aux lèvres. Elle lui appartenait. A lui seul. Cette pensée le galvanisa. Leur petite discussion avait pour but de détendre l'ambiance. Il devait maintenant aborder le sujet qui le préoccupait.


- Il faut que je te parle de quelque chose, repris le sorcier.


- Je t'écoute.


- Le maître m'a invité à venir dîner pour Halloween. De ce que j'ai compris il y aura Bellatrix et sûrement d'autres mangemorts.

Drago soupira. Il ne savait pas comment annoncer à Ginny qu'elle devait venir.


- Eh bien... Tu es conviée également, finit-il pas murmurer.


Le corps de la jeune femme se tendit d'un coup. Elle ne voulait pas revoir Voldemort. Elle ne voulait pas se sentir à nouveau scruter par tous ces mangemorts. Elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Elle n'y survivrait pas. Son cœur commençait à battre la chamade alors que l'angoisse montait. D'un geste protecteur Drago la ramena contre lui avec son bras.


- Je serai là Ginny, je serai là, murmura-t-il en caressant ses cheveux doucement.


Ginny. C'était la première fois que la serpentard la nommait ainsi. Ça faisait des années que Ginny n'avait pas entendu ce surnom affectueux. Cette évocation apaisa la jeune femme. Ce surnom renvoyait au terrier, à une étreinte maternelle et aux éclats de rire de ses frères. Elle sentit sa respiration se calmer peu à peu. Tout irait bien. Drago sera là.


Attendez, pensa Ginny. Depuis quand Drago est-il devenu une source de réconfort ? La jeune femme connaissait déjà la réponse. Depuis qu'elle avait commencé à l'attendre dans le noir en luttant contre le sommeil. Depuis qu'elle avait commencé à apprécier de l'enlacer. Depuis qu'elle aimait discuter avec lui. Elle savait que c'était mal. Pourtant elle ne voulait pas lutter contre cette inclination naissante. Drago était son seul contact humain journalier. Elle n'avait plus que lui.  

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