Je ne suis pas Harry ! Hourra !
Chapitre 10 : Quand Harry rencontre Matthieu.
2849 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 28/11/2024 11:45
Harry se tenait sur le seuil de 12 Square Grimmaurd prêt à actionner le heurtoir, mais une pensée l'arrêta soudain. Sirius aurait pu être absent ou avoir des invités, voir, même, des membres de l'Ordre du Phénix. Il risquait de se faire renvoyer rapidement, peut-être même avec des reproches en prime. Harry n'avait pas mis en œuvre tout ce plan pour se retrouver, finalement à la case départ, chez les Dursley, qui seraient encore plus mécontents car ils devraient annuler leur voyage.
Il s'éloigna de la porte et s'assit sur le banc du square pour réfléchir au problème. Potter murmurait doucement tout en repliant ses doigts, aucune des solutions ne lui semblait adaptée, ou du moins, pas trop mauvaise.
…Aller à l'hôtel ? Il était complètement fauché.
…Frapper à la porte de la Maison de Black ? Trop risqué.
…Se rendre à Gringotts pour retirer de l'argent et réserver une chambre au Caudron Baveur, comme avant sa troisième année à Poudlard ? Ce serait comme crier « Je suis là » et se dessiner une cible sur le front.
Il aurait aimé entrer dans la maison de son parrain incognito, mais comment faire ?
Soudain, Harry ressentit un léger mouvement d'air suivi d'un « Plop » discret, et vit un elfe de maison très âgé, vêtu d'une redingote et portant une plume coincée derrière l'oreille, apparaître devant lui.
- Kreattur ? demanda Harry avec une certaine incertitude dans la voix, car, comme tous les magiciens, il avait un peu du mal à distinguer ces créatures laborieuses, les unes des autres. Quoique la présence de la plume et d'une tache d'encre sur le nez représentât une bonne indication sur l'identité de ce dernier.
- Kreattur a senti l'héritier piétiner sur le seuil de la Maison de la Noble famille Black, Kreattur était prêt à ouvrir, mais l'héritier s'est éloigné, sans partir complètement pour autant. Grinça le vieil elfe et continua avec un certain reproche dans la voix, - Alors, Kreattur est curieux de savoir combien de temps il devra rester planté derrière la porte sur ses vieilles jambes fatiguées, en attendant que l'héritier se décide enfin à entrer ou à partir ailleurs.
- Tu m'as senti à travers la porte ? Je suis absolument désolé de t'avoir fait attendre, mais je ne veux pas passer par l’entrée principale...
- Kreattur a senti votre magie, le jeune héritier, tous les elfes sont capables de sentir la magie de leur famille...
Harry l'interrompit, au comble d'étonnement :
- Mais je ne suis pas un Black !
- Encore un ignorant sur la tête de pauvre Kreattur !
Et sans donner aucune autre explication l'elfe attrapa la main de Harry et l'entraîna dans le vortex de téléportation. Ils atterrirent dans une pièce aux murs recouverts de teintures de soie bleu ciel un peu défraîchis, équipé de deux fauteuils, d'un canapé, d'une armoire vitrée et d'un bureau. À côté du bureau on pouvait voir une porte fermée, et une autre près de l'étagère remplie de livres.
- Kreattur, où sommes-nous ? questionna Harry dès qu'il eût repris son souffle, coupé par ce déplacement inattendu.
- Dans les appartements réservés à l'héritier. Vos appartements ! Ici le salon, là-bas, Kreattur montra d'un geste de main négligent une des issus, votre chambre. Par-là, encore un mouvement des doigts, la douche et la pièce d'aisance.
- Kreattur, peux-tu me dire qui est actuellement présent dans la maison ?
- Maître Black est au salon en compagnie de Vieux Magicien, et l'invité de la Noble Maison travaille à la bibliothèque.
Harry déclara après une brève hésitation car il avait compris parfaitement qui était ce Vieux Magicien :
- Kreattur, j'aimerais rencontrer l'invité. Pourrais-tu me conduire à la bibliothèque discrètement et ranger mes affaires en attendant, s'il te plaît ?
Elfe soupira, attrapa Harry par la main et grogna en l'entraînant dans la téléportation :
- Tout le monde exploite le pauvre Kreattur, range ceci, transporte cela...Et Kreattur est fatigué, car personne, non personne ne fait rien pour la Maison et pour le malheureux Kreattur !
Harry fut stupéfait par les reproches qu'il jugeait injustifiés et s'apprêta à demander des précisions sur ce qu'il pouvait bien faire pour Kreattur et la Maison. Cependant, il n'en eut pas le temps car Kreattur le transplana dans un coin discret de la bibliothèque. Potter se retrouva alors en face d'un jeune homme à peine plus âgé que lui, qui regardait pensivement dans un livre. Harry toussota pour attirer son attention et tendit la main :
- Potter, Harry James Potter...
- Ah, le 007...Répondit un peu mystérieusement l'inconnu. Novembre, Matthieu May Novembre, pour te servir.
Éberlué par cette réponse, Harry ne put que dire :
- Pourquoi le 007 ?
Le jeune homme soupira et fit mine de viser Harry avec une arme imaginaire avant de dire :
- Tu ne connais pas tes classiques ? C’est à cause de ta manière de te présenter. « Bond, James Bond », ça ne te dit rien ?
Harry secoua la tête en signe de négation et se promit d'interroger à l'occasion Hermione, qui savait tout.
- Peu importe, content de faire ta connaissance, d’autant plus que tu es sensé de me préparer pour les examens.
- Moi ? Pour les examens ? Tu en es sûr ? demanda Harry avec étonnement.
- Oui, moi non plus, je n'ai pas cru mes oreilles quand j'ai entendu cette proposition, soupira Matthieu.
Potter ressentit soudain une colère intense, sans vraiment comprendre pourquoi, à l'égard de cet intrus qui semblait avoir pris la place de Harry dans la maison et peut-être même dans le cœur de Sirius. Il avait eu envie de le secouer ou de lui infliger une malédiction. Si seulement il avait la baguette magique à portée de la main... Il appuya les poings sur la table et se pencha sur l'étranger :
- Toi ! Que fais-tu ici, dans la maison de mon parrain ? Tu n'as rien à y faire ! Toi, un parfait étranger, tu es là et moi on voulait m'envoyer chez les Moldus... cria Harry.
Il ressentait une haine inhabituelle l'envahir comme une vague d'eaux nauséabondes provenant des profondeurs de son subconscient.
Matthieu se rejeta en arrière en s'appuyant sur le dossier de la chaise pour mettre de l'espace entre lui et l'adolescent qui irradiait l'aversion et paraissait avoir perdu tout sens commun.
- Oh ! Oh ! L'ami, prononça Matthieu d'une voix avec des inflexions, qu'il utilisait dans son autre vie en parlant aux patients agressifs, garde ton calme ! Personne ne prendra jamais ta place, ni dans cette maison, ni dans le cœur de ton parrain. Je ne suis qu'un invité de passage, qui un jour avait rendu service à Sirius et en retour, a reçu un peu d'aide, rien de plus.
Harry parut perdre soudain toute son énergie comme un ballon privé de l’hélium. Il passa la main dans ses cheveux déjà en bataille, les rendant encore plus ébouriffés, ajusta ses lunettes, soupira et s'affala sur une chaise en lâchant :
- Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris. J'étais toujours quelqu'un de sympa, j'oubliais facilement tout, et pardonnais encore plus facilement. Mais ce dernier temps je ne fais qu'exploser à la moindre contrariété. Je n'ai plus confiance en personne et je me pose des questions auxquelles je ne trouve pas de réponse, ce qui me met en colère. C'est un cercle vicieux.
Matthieu tapota le bureau du bout des doigts, observa attentivement son jeune interlocuteur qui semblait vraiment perdu, puis se décida :
- Tu sais, Harry, ce que tu décris ne me semble pas très normal. Tu permets que je jette un œil ? J'essayerai de trouver la racine de ton mal et ensemble on pourra peut-être l'arracher. Tu sais, je suis un peu guérisseur et mon don a besoin d'exercice. Cela serait bénéfique, et pour toi et pour moi.
- Je ne te laisserai pas fouiller dans ma tête ! s'écria Harry avec un geste de recul.
- Aucune inquiétude, je ne sais pas le faire. Je vais observer juste l'état physique de ton corps et de ton noyau magique dans le but de diagnostic et je ne ferai rien de plus sans ton accord.
Matthieu parlait sur un ton apaisant et persuasif, comme un psychiatre pourrait parler à un malade en crise juste avant de lui faire passer la camisole de force.
- D'accord, regarde...
Matthieu prit les mains de Harry dans les siennes et se concentra pour plonger à l'intérieur. La descente fut bien plus simple, plus facile que celle, effectuée auparavant dans son propre corps. Novembre vit les os, les organes, le cerveau et les nerfs défiler devant lui, puis vint le tour du noyau magique.
Ce qu'il constata n'était pas satisfaisant. En fait, ce n'était même pas clairement mauvais, c'était vraiment catastrophique. La plupart des os présentaient des callosités dues à des fractures mal guéries, le foie était anormalement gros et visiblement affecté par une cirrhose, l'estomac, en revanche, était beaucoup trop petit, les artères fragiles, et le cœur épuisé. Cet organisme aurait pu être celui d'une personne de plus de cinquante ans qui avait vécu des moments difficiles.
Une masse noire et maléfique pulsait dans son cerveau, comprimant le nerf optique. Les lignes noires barraient le noyau magique, une au milieu, l'autre vers le bas, en l'enserrant pour lui donner une forme irrégulière d'un huit. De plus, une cicatrice fraîche était visible tout en haut du noyau.
Matthieu refit surface, se tamponna le front, essuya les mains et ferma les yeux un instant. Harry, à bout de patience, le secoua légèrement et demanda :
- Alors ?
Matthieu leva les paupières et annonça :
- J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. Je commence par laquelle ?
Harry hésita :
- Par la bonne...
- La bonne nouvelle, c'est que tu es toujours vivant ! La mauvaise, c'est que si on ne fait rien, ça ne va pas durer bien longtemps.
Harry n’en croyait pas ses oreilles :« Quoi, la seule bonne nouvelle c'est que je suis encore en vie ! ». Potter s'attendait à tout mais pas à un tel verdict, puis il serra les poings et dit d'une voix entre la demande et l'affirmation :
- Mais tu peux bien y remédier ?
- En ce qui concerne les problèmes physiques, je dois d’abord en identifier la cause. Puis il y a des fortes chances que je puisse les régler en quelques semaines. Ce qui me préoccupe vraiment, c'est l'état de ton noyau magique et la masse que j’ai vus dans ton cerveau.
Il leva la main pour couper court aux protestations alarmées, et continua :
- Non, ce n'est pas une tumeur maligne, mais si on ne l'enlève pas, elle te rendra rapidement aveugle avant de t'envoyer dans la tombe aussi sûrement qu'un cancer.
- Quelle perspective affreuse ! Pour un docteur tu es impitoyable, s'indigna Harry, blanc comme un linge.
- Je ne suis pas médecin. Je ne suis pas là pour compatir, mais pour t'aider. Préfères-tu que je me lamente sur ton sort sans rien faire ?
Et puis continua sans transition en sortant un coupe-papier :
- Quelques gouttes de ton sang, je jure de l'utiliser uniquement à des fins d'analyse !
Harry, comme hypnotisé, lui tendit sa main, et Matthieu, sans la moindre hésitation, piqua légèrement le bout de son annulaire, faisant ainsi perler une petite goutte de sang. Il l'examina attentivement, la frottant doucement entre ses doigts avant de goûter délicatement avec sa langue, puis rendit le jugement :
- Bien, cher ami, dans ce mélange de potions et de substances diverses qui circule dans tes veines, j'ai eu du mal à détecter le sang. Après un examen très superficiel, j'ai identifié la présence de venin de Basilic et de larmes de Phénix qui s'équilibrent entre eux. C'est une chance, car ces deux éléments réduisent considérablement l'impact de toutes les autres potions que tu ingères avec une obstination enviable.
- Mais je ne prends aucune potion ! S'écria Harry indigné.
- Alors, on te drogue à ton insu. Je ne connais pas les substances utilisées, mais il semble qu'elles agissent sur ton esprit, des psychotropes en quelque sorte... Cela pourrait expliquer aussi la mauvaise santé de ton foie, qui est censé « filtrer » les médicaments.
Matthieu pianota des doigts sur la surface de la table et ajouta :
- Plus haut la tête, mon jeune Padawan, garde le moral ! On a tout l'été pour y remédier. Concluons un pacte de l'entraide : Moi je fais mon possible pour te soigner, toi tu fais ton possible pour me préparer à l'année scolaire de Poudlard ! Qu'en penses-tu ?
Puis pour sceller l'entente Matthieu lui tendit la main, laquelle Harry serra avec empressement :
- Marché conclu ! prononça-t-il
Soudainement un halo irisé enveloppa leurs mains, et de cette lueur surgirent deux bracelets blanc nacré qui se refermèrent sur les poignets des jeunes magiciens. Les bracelets brillèrent brièvement avant de se dissoudre sous la peau.
Harry demanda, en se frottant furieusement le poignet :
- Qu'est-ce que c'était ? Je n'ai jamais vu une chose pareille se produire.
Fort de ses nouvelles connaissances, acquises en consultant les divers ouvrages de la bibliothèque, Matthieu expliqua :
- Cela, mon jeune ami, c'est la preuve que la Magie a validé notre arrangement, et les bracelets témoignent de nos engagements réciproques. Par contre, ce qui est particulièrement curieux, c'est que d'habitude la présence d'un troisième sorcier est nécessaire pour officialiser l'accord. Mais dans notre cas la Magie, c'est empressé de nous passer la bague au d..., les « menottes » aux poignets sans nous demander notre avis...
Matthieu écarta les bras en signe de l'incompréhension, puis ébouriffa les cheveux de son vis-à-vis et compléta :
- Bref, si on ne veut pas s'attirer des ennuis il ne nous reste plus qu'accomplir ce que nous avions si légèrement promis.