Destinée | les Prince, tome 1

Chapitre 19 : Prémices de la grande terreur sorcière

1586 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/07/2024 01:52



-ˋˏ ༻✿༺ ˎˊ-




Eileen Prince, enfermée dans la bibliothèque du Manoir des Prince, étudiait une pile de journaux sorciers. Elle n'avait pas pu se renseigner sur les évènements des dernières années, recluse dans sa maison pauvre de Carbone-les-Mines, alors elle faisait de son mieux pour rattraper son retard.


D'après ce qu'elle avait lu sur ses anciennes connaissances, Druella avait eu trois filles ; Andromeda, Bellatrix et Narcissa. Abraxas Malefoy avait également eu un fils, Lucius. Ces nouvelles ne l'étonnaient guère. Les Black, pour pallier à la mortalité infantile qui frappait leur famille, jugeaient préférable d'avoir plusieurs héritiers tandis que les Malefoy étaient du genre à tout miser sur une carte.


Quelques nouvelles lois avaient également été promulguées, comme une interdiction plus prononcée sur la possession d'articles de Magie Noire et sur les informations divulguées aux Moldus, mais rien de notable.


Au loin, le cri d'une enfant résonna. Eileen leva la tête et regarda à travers la vitre de la large fenêtre qu'elle avait faite installer.


Dans l'immense jardin des Prince, Séraphine, agrippée au manche de son balai magique, se tenait à quelques mètres du sol. Sa gouvernante, Madame Vale, l'observait d'un air attentif.


« Séraphine, redresse-toi. N'aie pas peur, si tu tombes, je serai en bas pour te rattraper » promit-elle.


Séraphine, que la seule l'évocation d'une possible chute déstabilisait, faillit en perdre l'équilibre.


L'enseignante s'était effectivement mise en tête d'apprendre à Séraphine à monter sur un balai. Si Eileen s'était d'abord montrée réticente, elle avait fini par se laisser convaincre. Savoir voler lui vaudrait la fierté des Serpentards, comme le lui avait si bien énoncé Mme Vale, et de toute façon, elle n'avait pas le temps de se consacrer en profondeur à l'éducation de sa fille.


La relation entre Séraphine et Mme Vale s'était rapidement tissée. Au départ, Séraphine refusait de lui accorder sa confiance, mais au fur et à mesure, elle avait appris à respecter et apprécier sa professeure, et surtout à ne plus la considérer comme une ennemie. Ce qui, au final, arrangeait Eileen, qui n'avait ainsi plus à se soucier de son éducation.


Il ne restait plus que deux mois avant la rentrée des classes. Deux mois avant le grand retour des Prince, soupira rêveusement Eileen. Les cours d'étiquette de Séraphine ne devaient pas tarder à commencer. Eileen ne voulait pas d'une fille incapable de saluer correctement selon les coutumes des Sangs-Purs. Cette incompétence risquait de lui porter préjudice durant les années à venir.


Eileen cligna des yeux. L'enseignante avait disparu. Fronçant les sourcils, elle s'approcha de la vitre et soudainement Madame Vale réapparut.


Elle se frotta le menton d'un air pensif. Il lui faudrait davantage d'informations sur elle. Elle nota d'envoyer une lettre à ce sujet à la directrice de Mcphee Nurse dès qu'elle le pourrait.


« Aujourd'hui, nous allons au Chemin de Traverse, déclara Mme Vale. Nous devons acheter tes fournitures scolaires. Ta mère m'a confié la somme d'argent adéquate, donc tu peux aller te préparer. N'oublie pas de te couvrir, il va faire froid. »


Séraphine obéit et enfila un long manteau de laine. Sa mère avait rénové l'ensemble de sa garde-robe, sans lui demander son avis, et sans qu'elles n'échangent un mot.


« Mets cette écharpe, ordonna Mme Vale en lui tendant une belle écharpe verte brodée d'argent.


— Elle n'est pas à moi, dit Séraphine.


 — Effectivement, répondit son enseignante, elle est à moi. Je te l'offre. »


Séraphine resta d'abord muette de surprise avant de murmurer un remerciement reconnaissant. Mis à part de Lily, elle n'avait jamais reçu de cadeau.


« C'est pour te récompenser de tes heures de Vol », précisa Mme Vale alors qu'elles sortaient dans l'allée.


Elles prirent le Magicobus, et Séraphine en ressortit nauséeuse. Arrivées dans une petite ruelle, Mme Vale désigna un vieux pub.


« C'est là que nous allons, dit-elle. Le Chaudron Baveur est le plus vieux pub de Londres. Il était là même avant que le Code international du secret magique soit mis en place. »


Elles entrèrent alors que la pluie se mettait à tomber dehors.


« Tu veux boire quelque chose ? » s'enquit Mme Vale.


Séraphine regarda le comptoir avant de secouer la tête.


« Une tasse de thé s'il-vous-plaît, demanda sa professeure.


 — Ça marche. On vous l'apporte dans cinq minutes. » répondit le barman.


Mme Vale s'assit sur un banc et Séraphine, après un instant d'hésitation, la rejoignit.


Elle en profita pour observer les personnes présentes. A quelques tables d'elles, plusieurs sorciers vêtus de cape sombre écoutaient un homme, dont le visage était caché derrière une capuche. Elle entendit quelques bribes de discussion, et comprit qu'il parlait des récentes réformes sur le Code national du secret magique.


« Dès que la pluie sera finie, nous sortirons, déclara Mme Vale. Tu as envie d'aller aux toilettes ?


 — Non », assura Séraphine.


L'homme parlait d'une voix basse et grave, et tous semblaient boire ses paroles. Tous sauf un garçon, qui semblait avoir son âge, et qui descendit de son siège. Une femme le fusilla du regard et un autre garçon, plus petit que lui, le regarda curieusement. Il les ignora et se dirigea vers les toilettes.


« Il vaut mieux que tu prennes tes précautions, insista Mme Vale. Séraphine finit par céder et emprunta le même chemin que le garçon. 


« C'est bien », approuva son enseignante, la suivant du regard avec une expression satisfaite.


Elle poussa la porte et se pinça le nez. Une odeur nauséabonde de déchets et d'urine imprégnait l'air.


« Hey ! lança le garçon. Tu t'appelles comment ? »


Il était beau, avec des cheveux bruns et les yeux les plus gris qu'elle ait jamais vus. En d'autres circonstances, Séraphine aurait très bien pu le trouver charmant, et peut-être même avoir voulu s'en faire un ami. Mais sa confiance attira sa méfiance. Elle détestait les gens trop sûrs d'eux, qui agissaient en brutes arrogantes qui pensaient au monde comme à une possession personnelle, et qui n'imaginaient pas une seule seconde que ce monde pourrait se détruire sous leurs yeux.


« Séraphine, répondit-elle d'une voix basse.


—   Rafina ? Original, comme prénom, commenta-t-il.


—   Non, corrigea-t-elle. Séraphine.


—   Sirius, dit-il. Séraphine crut qu'il se moquait d'elle.


—   Oui, sérieusement, Séraphine. Je ne vois pas le problème avec mon prénom. »


A sa grande surprise, il s'esclaffa. Elle se vexa et s'apprêtait à partir rejoindre son enseignante, quand il la retint.


« Attends ! Je ne voulais pas me moquer de toi, promit-il, et son regard avait l'air sincère, si bien qu'elle consentit à lui donner une seconde chance. Il ajouta : « Et je trouve ton prénom très joli. »


C'était la première fois que quelqu'un lui disait cela. 


« Donc, tu viens ici pour acheter tes fournitures pour Poudlard ?


—   Oui, répondit Séraphine.


—   Tu es avec ta grand-mère ? l'interrogea Sirius.


—   Non, s'étonna-t-elle. Je ne l'ai jamais connue.


—   Ah, j'ai cru que la vieille femme avec toi était ta grand-mère. Moi, je suis venu avec mes parents, mon petit frère, et toute ma famille. Heureusement que mes cousines ne sont pas venues, ce sont de vraies pestes. Mais ma grand-mère est là, elle...


—   Elle est si terrible que ça ?, demanda Séraphine en apercevant l'air effrayé de Sirius.


—   Elle a le cœur velu », confia le garçon en vérifiant qu'il n'y avait personne autour, comme s'il s'agissait de la pire insulte jamais proférée.


Leur conversation fut interrompue par Mme Vale, qui, constatant que sa protégée prenait bien plus de temps que nécessaire pour revenir des cabinets d'aisance, avait décidé de venir vérifier que cette dernière ne se trouvait pas dans une situation malaisante.


« Séraphine, veux-tu bien venir ? Nous devons nous dépêcher. »


Séraphine jeta un regard à Sirius, qui lui sourit en déclarant : « A Poudlard, Rafina ! »


Comme elle ne décelait aucune moquerie dans sa voix, elle s'autorisa un sourire et disparut avec sa professeure.


Sirius resta quelques instants debout, les yeux fixés sur la porte, pensif.


Puis il se releva et regarda par l'entrouverture des toilettes. Sa famille écoutait toujours l'homme — si toute fois l'on pouvait vraiment qualifier cette créature d'humaine. Son petit frère, Regulus, même s'il faisait de son mieux pour se concentrer sur la discussion, lançait régulièrement des coups d'œil en direction de Sirius. Lui aussi, il avait peur de l'homme.


Il parlait toujours, de cette voix grave et envoutante qui fascinait ses parents et lui l'effrayait. Il était arrivé au Manoir il y a un mois, et depuis, la mère de Sirius n'avait d'yeux que pour lui.


Sirius, lui, en avait peur. Il évitait cette silhouette sombre squelettique, très grande et très maigre, de son mieux, quitte à s'enfermer dans sa chambre austère du Manoir Black. Et plus que tout, il craignait ces yeux, ces yeux rouge sang.


Les yeux rouge sang de Lord Voldemort.

Laisser un commentaire ?