Destinée | les Prince, tome 1

Chapitre 14 : La jolie princesse et l’affreuse sorcière

859 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/07/2024 01:45

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Le visage d'Eileen Prince était baissé, caché derrière un rideau de cheveux noirs, et à travers, Séraphine pouvait apercevoir le contour d'une unique larme.


Tobias tenta de se libérer de son emprise, mais la poigne de sa femme semblait faite d'acier malgré ses doigts osseux et son bras fin.


Soudainement, Séraphine se mit à suffoquer. Un désagréable et brûlant sentiment de colère remonta en elle. Elle mit un instant à comprendre qu'il ne s'agissait pas du sien, mais bien de celui de sa mère, dont la trahison de son mari avait été la goutte de trop.


Et, telle une tornade, elle emporta tout sur son passage. Séraphine eut tout juste le temps d'entendre le cri de douleur de son père avant de s'évanouir.


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Lorsqu'elle se réveilla, elle fit face au visage inexpressif de sa mère.


« Lève-toi, Séraphine », ordonna-t-elle d'une voix plate.


Séraphine obéit. Elle s'assit sur le canapé affaissé du salon et tenta d'apaiser la terrible migraine qui assaillait son cerveau.


« Ecoute, dit Eileen en s'installant à ses côtés. Tu sais que ce qu'est un cas de magie accidentelle, n'est-ce pas ? Eh bien, tu viens d'en avoir un. Un très violent, vraiment affreux. »


Séraphine hocha la tête.


« Où est mon père ? » demanda-t-elle en ne constatant aucune présence contrariée dans le minuscule salon.


Eileen secoua la tête.


« Ton père a été la malheureuse victime d'un cas de magie accidentelle. Les inspecteurs de la Magie ne vont pas tarder à arriver. »


Séraphine fronça les sourcils. Les cas de mage accidentelle n'étaient jamais aussi violents chez elle. De toute manière, excepté la détresse habituelle, elle n'avait pas ressenti un désespoir profond avant de s'évanouir. Il ne restait qu'une option.


« Maman, c'est toi qui l'as tué ? »


Eileen arrêta tout mouvement, et ses yeux s'écarquillèrent, pourtant toujours perdus dans le vide, comme si elle venait de réaliser son acte.


« S'ils l'apprennent, je vais recevoir le baiser du Détraqueur, ou peut-être passer le reste de mes jours à Azkaban. Mais toi, tu es une enfant, et tu bénéficieras de circonstances atténuantes. Moi, je serai juste la femme battue par son mari qui n'a rien pu faire pour empêcher cela. D'accord ? »


Comme Séraphine mettait du temps à formuler sa réponse, abasourdie par l'horreur et l'injustice de la situation, elle rajouta : « Dans tous les cas, si tu es placée sous la tutelle de quelqu'un d'autre, ou même que tu vas à l'orphelinat, tu crois que tu vas pouvoir revoir Lily ? »


Séraphine se tendit.


« D'accord », céda-t-elle.


Elle n'aimait pas son père, et après tout, celui-ci le lui avait toujours bien rendu. Mais au point de cacher sa mort, de ne pas lui rendre justice et de laisser sa meurtrière s'en sortir aussi impunément, jamais.


« Arrête d'avoir cette tête, dit Eileen. Aie l'air bouleversé. »


Séraphine se rappela une discussion quelque peu similaire, il y a longtemps, dans la chaleureuse demeure des Evans. La mère de Lily avait avoué avoir cassé le vase en porcelaine préféré de son mari et Lily avait prétendu qu'elle était coupable. La mère, touchée par le courage de sa fille, l'avait récompensé par une délicieuse tarte aux pommes, et avait rapidement démenti l'affirmation de Lily à son époux.


Séraphine, elle, était forcée de porter le chapeau du meurtre de son père que sa propre mère avait commis. Ce n'était que l'une des multiples différences entre les Evans et les Prince, mais celle-ci lui serra le cœur jusqu'à ce qu'elle en ait la nausée.


Les inspecteurs de la Magie arrivèrent. Habillés à la Moldue, ils posèrent des questions sur les circonstances du meurtre, la situation familiale et financière. Aucun d'eux ne soupçonna Eileen. A la fin, l'un d'eux lui murmura même : « Il faudra faire attention à cette enfant. Si elle est capable de ce genre de chose alors qu'elle n'a que onze ans, et qu'elle a des cas de magie accidentelle aussi puissants, l'idéal serait de restreindre son accès à la Magie noire un maximum. »


Eileen feignit d'en prendre note et bientôt ils repartirent en exprimant une dernière fois toutes leurs condoléances. Eileen et Séraphine se rendirent à la banque de Gringotts pour annoncer qu'elles souhaitaient prendre possession du Manoir des Prince. Durk les invita à revenir le lendemain à huit heures tapantes pour une visite de leur futur lieu de résidence, accompagnée par Servisis.


Elles prirent une chambre à l'Hôtel du Rail, un hôtel sinistre de Carbone-les-Mines. Séraphine, la nuit venue, sanglota dans son lit. Eileen, si elle l'avait entendu, n'exprima pas la moindre volonté de consoler sa fille ou même de la rassurer. Sans doute était-elle trop occupée à penser au plan qu'elle comptait mettre en place pour préparer sa délicieuse revanche sur le monde sorcier.


C'est ainsi que débuta leur nouvelle vie.

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