Le Seigneur des Ténèbres Livre 1 : Tom Jedusor

Chapitre 1 : L'Orphelinat Wool

5685 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/05/2024 20:30

 “- C'est un drôle de garçon. Il y a eu des incidents... Des choses très désagréables...”

Mrs Cole


Mrs Cole racontait toujours à qui voulait l'entendre qu'elle se souvenait parfaitement de sa première nuit de travail en tant que jeune employée de l'Orphelinat Wool. C'était le soir du nouvel an, le 31 décembre 1926. Une soirée abominablement froide et neigeuse. Les femmes de l'Orphelinat avaient déjà fort à faire, et il serais leur rendre justice de préciser que c'était une chose perpétuelle pour elles d'être débordées, lorsqu'elles entendirent un faible coup frappé à la porte. Mrs Cole était proche d'une fenêtre donnant sur la rue à ce moment là, les bras chargés de draps, et elle tenta de regarder qui pouvais être leur visiteur si tardif en une pareille nuit mais n’aperçut rien tant la météo était catastrophique. Persuadée de s'être trompée, elle commença à s'éloigner lorsqu'elle entendu à nouveau un coup frappé à la porte, légèrement plus fort que le premier. Elle s'en approcha et l'ouvrit à contrecœur pour recevoir en plein visage la neige, le vent et le froid de décembre. Ce n'est qu'en baissant les yeux qu'elle l’aperçue : une jeune femme à peine plus âgée qu'elle, à peine vêtue de haillons, à genoux devant la porte, la tête baissée et un ventre ne laissant aucun doute quand à la proximité d'une naissance. Malgré le froid glacial de cette fin d'année, Mrs Cole resta figée un instant avant de lâcher les draps et de saisir fermement la jeune femme pour l'aider à se relever et la faire entrer dans le bâtiment après quoi, elle claqua la porte sans cérémonie.


"- Ma pauvre fille ! S'exclama la jeune femme. Mais qu'est ce qui vous à pris de sortir par un temps pareil ?! Et dans votre état qui plus est !

- Je... bredouilla la malheureuse d'une voix cassée, comme si elle n'avais parlé à personne depuis longtemps. Je n'ai pas... Nul part... Ou aller...

- Ma pauvre... dit Mrs Cole, compatissante. Vous devriez vous diriger vers un hospice, ou peut être...

- Écoutez... continua la pauvre femme sans avoir l'air de l'avoir entendue, le bébé... Il arrive... Le bébé...

- Ce soir ?! S'exclama Mrs Cole, il est certain que dans ces conditions... Eh bien... Venez ma pauvre, suivez moi !"

Mrs Cole avais alors entraîné la jeune femme derrière elle avec précipitation. Une femme a accoucher par dessus le marché ! Cette année 1927 commençais de façon épuisante. Et la malheureuse semblait complètement désespérée et perdue, se traînant difficilement derrière elle et lançant des regards apeurés à chaque personne, enfant ou adulte, qu'elles croisaient et à qui la jeune employée expliquais la situation en quelques mots, en demandant tour à tour linges propres, bassine d'eau chaude et renfort. Enfin, elles atteignirent la première porte d'un long couloir au deuxième étage qui se révéla être une chambre inoccupée , somme toute très basique avec sa chaise en bois, sa vieille armoire et son lit en fer,dans lequel Mrs Cole avais fait s'allonger la jeune femme dont le visage se tordais à présent de douleur.


- Il va falloir être courageuse ma chère... Annonça Mrs Cole d'un air grave. Nous n'avons ni le temps, ni la possibilité au vu de ce temps effroyable et de l'heure tardive, d'aller quérir un médecin...

- Que... Ça... Cesse... Murmura la pauvre fille, l'air de souffrir milles souffrances. Que... Tout... Cesse... Enfin…


Cela ne traîna guère, une heure tout au plus. Ce fût avant minuit, dans la nuit du 31 décembre 1926, que l'enfant fût né. Un garçon, qui respirais, les yeux clos, et semblait en parfaite santé, si ce n'est que rien n'avais pu le faire pleurer.

Mrs Cole était resté aux côtés de la jeune femme qui, si elle était manifestement apaisée de sa douleur physique, semblait grandement affaiblie. On aurait dis qu'elle avais accompli la sa dernière volonté sur terre et qu'elle pouvais désormais partir en paix. La jeune employée lui avais tendu le bébé qu'elle avais pris maladroitement dans ses bras avant de murmurer faiblement :

- J'espère... Qu'il ressemblera à son papa... fit t-elle avec un vague sourire triste.

Mrs Cole n'avait pu s'empêcher de penser, en examinant le visage de la mère, que cela semblait préférable. Le manque de ressources, le froid et le chagrin avait visiblement attaqué la jeune fille, mais celle ci n'avait manifestement jamais été d'une grande beauté avec ses yeux affectés d'un strabisme divergent, ses traits lourds, son teint pâle comme la mort et ses cheveux raides et ternes. Songeant que cette fille n'en avais clairement plus pour longtemps, ne serais ce que par manque de volonté, Mrs Cole s'empressa de demander :

- Comment souhaitez vous l'appeler ? Quel est le nom de son père ?

- Il... S'appellera Tom. Comme son papa... Prononça difficilement la jeune femme. Tom... Elvis... Comme mon propre père...

- Elvis ? Peu usuel comme prénom... Songea Mrs Cole. La pauvre fille venait sûrement d'un cirque ou de quelque chose dans le genre. Et son nom de famille ?

- ... Jedusor. Tom... Elvis... Jedusor.



Ce fût les derniers mots qui sortirent de la bouche de la jeune mère. Elle rendit son dernier souffle quelques instants après. Mrs Cole apporta elle même un berceau en bois usé dans la chambre dans lequel elle installa le nouveau né, puis étendit un vieux drap blanc sur le corps de la malheureuse défunte qui serait récupérée par les autorités le lendemain matin. En retournant à son travail de nuit, Mrs Cole ne put s'empêcher de penser que, même pour un enfant destiné à grandir dans un orphelinat, ce petit Tom Elvis Jedusor démarrait bien mal dans la vie.


Les années passèrent. Aucun Tom, ou Elvis, ou Jedusor, ou qui que ce soit ne vint jamais réclamer l'enfant qui fût donc élevé au sein de l'Orphelinat Wool. Tom avais grandit en laissant toujours aux femmes de l'Orphelinat une sensation de malaise, bien qu'il soit de loin le moins difficile de leurs pensionnaires. Déjà, il ne pleurait jamais. Ni le noir, ni le tonnerre, ni la faim ni quoi que ce soit ne semblait pouvoir l'ébranler. Il était poli, silencieux, impératif lorsqu'il demandais quelque chose, comme un ordre absolu qui émanait de lui. Il se mettait parfois en colère, avec le don d'effrayer tout le monde autour de lui, même les plus âgés, qui apprirent rapidement à le laisser tranquille. Car des choses étranges et désagréables semblaient se produire envers ceux qui avaient le malheur de l'importuner.

Lorsque Tom eût 6 ans, la directrice de l'époque, Mrs Templeton, eût l'idée pour qu'il s'ouvre un peu aux autres de lui faire partager sa chambre avec un nouvel arrivant, Billy Stubbs. Les parents de Billy, de simples ouvriers, étaient récemment décédés dans un accident de chantier et en l'absence de famille restante, le jeune garçon avais été envoyé à l'orphelinat Wool en emportant avec lui rien d’autre que ses vêtements et son lapin de compagnie. Tom eût beaucoup de mal à s'habituer à la présence de Billy dans sa chambre. Il ne disait presque rien mais gardais le regard sombre en permanence, dévisageant d'un air furieux le petit garçon ordinaire qu'était Billy.



Le garçon pleurais parfois la nuit en appelant sa mère, laissais traîner des affaires dans la chambre déjà un peu étroite pour un seul enfant et sur les encouragements du personnel, s’asseyait à côté de Tom au réfectoire ou lors des quelques heures de classe qui leur était dispensés pour leur apprendre les bases de la lecture et de l'écriture. Mais ce que Tom supportait le plus mal était la présence du lapin. Il faisait sans cesse du bruit à mordiller les barreaux de sa cage, lorsque Billy le laissait sortir il mâchouillais les pieds de l'unique chaise de la chambre et laissais des crottes sous le lit de Tom. Et, plus que tout, Billy lui vouait une affection sans borne, lui parlant sans cesse comme à un ami proche et le serrant contre lui à tout moment. Et cette débauche d'amour, Tom ne semblait le supporter. Un jour, la veille de la Toussaint, Il pris Billy à part, tandis que celui ci s'amusait avec un yo-yo, dans la cour grisâtre ou les enfants pouvaient sortir en récréation avant le déjeuner.

- Billy... J'ai voulu te parler seul pour te prévenir.... murmura Tom, si bas que Billy avais du mal à l'entendre.

- Me prévenir de quoi ? Fît le petit garçon en ouvrant de grand yeux naïfs. Y'a des épinards ce midi ?

- Non. A propos de ton lapin.

- Buggs ? s'affola Billy. Il est malade ?!

Billy fît mine de repartir vers l'intérieur pour se précipiter dans la chambre, mais Tom le retint fermement par le poignet, serrant si fort qu'il lui fit mal.

- Aïe ! Mais lâche moi ! Tu es dingue ? se plaignit Billy en tentant de se dégager.

- Écoute moi bien sombre crétin, dit Tom avec un regard terrifiant que Billy ne lui avait encore jamais vu. Ton lapin va bien... Pour le moment. Mais je te conseille de le relâcher cette nuit, et de lui faire quitter l'orphelinat pour toujours si tu veux que ca dure. Je ne supporte plus sa présence dans ma chambre. Est ce clair ?

- J’ai dis lâche moi ! cria Billy en dégageant son bras de la poigne de Tom, attirant les regards des autres enfants et des surveillantes sur eux. T'es complètement fou ! Buggs est mon meilleur ami ! Et c'est aussi MA chambre ! T'as qu'à partir toi ! Personne te regrettera ! T'es trop méchant !

Billy s'enfuit alors en pleurant sous le regard sombre de Tom qui ne le lâcha pas jusqu'à ce qu'il fût rentré. Au dessus de Tom, dans l'unique arbre dépourvu de feuilles de la cour, une branche craqua soudainement et chuta juste à côté du garçon.

Les deux garçons ne s'adressèrent plus la parole de la journée. Billy s'installa loin de Tom au moment du dîner et alla se coucher en lui tournant le dos, après une longue étreinte à son lapin, lui promettant à voix basse qu'ils ne seraient jamais séparés, sentant sur lui le regard de Tom Jedusor.

Le matin suivant en se réveillant, Billy constata que le lit de Tom était déjà vide. Cela le rassura.

- Il est déjà parti prendre son petit déjeuner... pensa Billy. Ca me permettra de pas le voir tout de suite. Il doit être jaloux de moi. Peut être que si je lui propose que Buggs soit aussi son lapin, on deviendra copains...

Billy se tourna vers la cage de Buggs pour soumettre l'idée à son lapin mais s’aperçut alors qu'elle était grande ouverte et vide. Il se précipita sans réfléchir au réfectoire ou il trouva Tom, attablé seul, en train de déjeuner.

- Tom !!! hurla Billy, s'attirant tout les regards. OU EST BUGGS ?!

- Je te demande pardon ? Fît Tom en le regardant d'un air neutre. Ton lapin ? Tu l'as perdu ?

- Tu sais très bien de quoi je parle ! Tu voulais qu'il parte ! OU IL EST ?! beugla Billy, tandis que la directrice de l'Orphelinat se précipitais vers eux.

- VOYONS ! Cela suffit ! cria t-elle, l'air furieuse d'entendre déjà crier de si bon matin. Stubbs, cessez de hurler, et dîtes moi ce qu'il se passe !



Mais Billy l'ignora. Il regarda partout autour de Tom, pour voir ou il pouvait avoir caché Buggs lorsque soudain, levant les yeux par hasard il se figea. Puis il hurla de toute ses forces.

Buggs était pendu par le cou, mort, se balançant pitoyablement, accroché à une poutre du plafond au dessus de leur têtes.


Tom fût reçu par la directrice pour cet incident, mais comme il le souligna à la femme, il était impossible de penser qu'un petit garçon comme lui parviennent à accrocher un lapin si haut au dessus de leur têtes. Billy changea de chambre et se tint le plus loin possible de Tom Jedusor à compter de ce jour.

Cependant, à partir de la, Tom eût l'impression de se sentir observer et suivi en permanence. Mrs Templeton semblait bien décidée à garder un oeil sûr lui. En la fixant dans les yeux alors qu'elle les surveillait en train d'écrire, Tom, qui avais un don pour deviner ce que pensaient les gens autour de lui, devina qu'elle essayait de le prendre sur le fait en train d'effrayer ou de faire du mal aux autres. Le verre d'eau posé sur le bureau ou elle était installée explosa soudainement.

Tom fût interrogé par la directrice chaque fois qu'un incident se produisait et qu'il pouvais y être lié d'une quelconque façon. Lorsque le grand Robert Benson l'avais bousculé dans la cour et qu'il était brusquement tombé au sol en se tenant le ventre, le souffle coupé, sans que Tom n'eût fait le moindre mouvement, elle se décida à le faire parler. Elle le reçu un soir dans son bureau, qu'il observa minutieusement. Contrairement au reste de l'orphelinat, d'une propreté impeccable mais dont on ressentais la pauvreté jusque dans les murs, le bureau de Mrs Templeton était bien entretenu. Une cheminée se trouvait dans le coin de la pièce, le tisonnier appuyé contre celle ci et des bûches parfaitement alignées à son côté, le bureau de la directrice était en bois dur et disparaissais sous une montagne de papiers, et deux chaises en bois faisaient face au confortable fauteuil que la directrice occupais pour travailler.

- Jedusor, ca ne peut plus durer ! fit Mrs Templeton sans le regarder, faisant les cents pas dans son bureau en jouant avec un dé à coudre en argent entre ses doigts. Je ne sais pas comment tu t'y prend mon garçon, mais chaque fois que quelqu'un t'importune, il arrive malheur à cette personne ! Benson, la surveillante Brown qui as eût une éruption de furoncles après t'avoir forcé à te lever, les serpents sous ton lit, tout les enfants qui se plaignent d'avoir perdu des objets...

- Vous vous faites des idées Mrs Templeton, répondit Tom tranquillement en regardant en direction du plafond d'un air ennuyé. Je n'ai jamais fait de mal à personne. Je suis convainquant lorsque je demande quelque chose à quelqu'un. Voilà tout.

- Je ne le crois pas. Ces incidents à répétition ne peuvent pas être l’œuvre du hasard, s'obstina la directrice de l'orphelinat. C'est pourquoi, je suis décidée dans ton cas à obtenir l'avis d'un spécialiste.

A ce moment, trois coups furent portée à la porte du bureau.

- Entrez ! dit Templeton, et Tom se retourna pour voir entrer un homme petit et dégarni en blouse blanche. Tom, voici le Docteur Crawley. Le Docteur Crawley est un spécialiste en psychiatrie.

- Psychiatrie ? interrogea Tom en fronçant les sourcils.

- Bonjour mon garçon, fit le nouvel arrivant en tendant sa main à Tom. Je suis médecin, et je m'occupe des malades de l'esprit.

- Les malades de l'esprit, répéta Tom d'un air dubitatif en serrant la main du petit homme. Les malades mentaux en somme ? Et en quoi aurais je besoin d'un tel médecin ?

- Je ne sais pas Tom, confessa la directrice avec un regard perçant. Tu ne t'entend pas avec tes camarades, ni même avec le personnel. Tu es très solitaire, silencieux, et tout ce qui arrive d'étrange autour de toi…


- Encore ça ? répondit Jedusor d'un air poliment agacé. Je me sens mieux seul, c'est vrai, mais je n'ai jamais fait de mal à personne. Aucune personne ici ne dira le contraire. Une chute dans l'escalier alors que je me trouve bien plus loin ne peut m'être reproché, si ? Qu'en pensez vous docteur ?

- Nous allons voir ça... fit le médecin en s'installant à côté de Tom et en lui souriant. Il ne s'agit que de discuter, tout les deux, pour que j'en sache un peu plus sur toi mon garçon. Tu n'as rien à craindre.

- Je n'en doute pas ! ricana Tom. Je suis sûrement bien plus équilibré que madame Templeton qui m'imagine doté de pouvoirs surnaturels.

La Directrice se leva en serrant les dents devant l'impertinence du garçon. Elle annonça au Docteur Crowley qu'elle lui laissait son bureau et quitta la pièce avec un air préoccupé, fixée par Jedusor.

- Eh bien Tom ! dit le médecin pour attirer à nouveau son attention. Parle moi un peu de toi.

Jedusor regarda le médecin, le jaugea, et laissa un sourire poli s'installer sur ses lèvres.


Environ une demi heure plus tard, la porte du bureau s'ouvrit et madame Templeton se précipita vers le médecin qui semblait prêt à partir, serrant la main du jeune garçon.

- Eh bien mon garçon, je te souhaite une bonne continuation ! dit le médecin le regard un peu vide. Madame la directrice, reprit t-il en se tournant vers Templeton, ce garçon m'as l'air parfaitement équilibré ! Il est poli, gentil, et très intelligent pour son âge. Je vous conseille d'éviter de le stigmatiser par rapport à ses camarades…




Sur ces mots, le Docteur Crawley quitta la pièce d'un pas hésitant et se dirigea vers la sortie, avec une démarche incertaine. Il semblait avoir été drogué, ou quelque chose du genre. Templeton referma la porte du bureau et se posta devant Jedusor, toujours installé sur sa chaise avec un sourire malin sur les lèvres.

- Alors voilà, susurra Tom en fixant Mrs Templeton de son regard sombre. Vous l'avez entendue vous même n'est ce pas ? Je suis parfaitement normal.

- Des fariboles que tout cela mon garçon ! hurla la directrice en fixant furieusement le garçon qui semblait se moquer d'elle. J'exige de savoir comment tu t'y prend et sur le champ !!!

Mais Tom ne répondit pas. Il regardait fixement au dessus de la tête de la directrice qui ouvrit à nouveau la bouche avant de sentir un grand choc sur sa tête et de tomber au sol, étourdie et sentant du sang couler sur sa joue. Le tisonnier de la cheminée lui était violemment tombé sur la tête, alors que deux minutes plus tôt il reposais au sol contre le mur. Tom était à l'autre bout de la pièce et n'avait pu le toucher, il n'y avait aucune autre personne avec eux, aucune explication logique. Mais s'en fût trop pour Mrs Templeton qui s'éloigna précipitamment de lui en hurlant. Le docteur Crawley, accompagné de Mrs Cole, fit irruption dans la pièce.

- Que se passe t-il ici ? s'exclama Cole. Nous avons entendu hurler...

- Je... Je ne sais pas ! cria Templeton d'un air terrorisé en essayant d'éponger le sang qui coulais de sa tempe. J'ai soudainement reçu le tisonnier sur la tête... Jedusor était devant moi...

Mrs Cole et Crawley se tournèrent vers Tom qui fixait Templeton avec un air de peur sur le visage.

- Je n'y comprend rien ! assura le garçon. Elle m'as crié que j’étais anormal, et qu'elle voulais savoir comment je m'y prenais, et s'est soudainement précipitée vers le tisonnier ! J'ai crû qu'elle allais m'attaquer, mais elle se l'ai abattu sur la tête d'un coup !

- TU MENS ! hurla Templeton en se levant d'un bond. C'est toi, j'en suis sûre ! Tu as fait un de tes tours bizarre !

- Je n'y comprend rien, répéta Jedusor en regardant Crawley. Je vous l'avais dit docteur, cette femme m'accuse de tout et n'importe quoi, et elle vient de se blesser elle même ! C'est elle que vous devriez examiner.

Mrs Cole semblait perdue, son regard alternant entre Jedusor et Templeton. Elle les connaissais tout les deux, et si il était vrai que ce garçon était pour le moins étrange, cette histoire de tisonnier volant semblait totalement incohérente. Crawley lui, semblait avoir totalement repris ses esprits et se tourna vers Mrs Templeton.

- Madame, dit t-il d'un ton sec. Je ne comprend rien à vos histoires, et vous semblez au bout du rouleau. Sans doute vaudrais t-il mieux, pour tout le monde, que vous me suiviez et laissiez cet enfant en paix !

- Mais je... répondit la directrice, les yeux exorbités.

- Mrs Cole ! reprit le médecin. Je vous conseille d'accompagner cet enfant dans sa chambre pour qu'il se remette de ses émotions. Manifestement, il y a bien quelqu'un de déséquilibré dans cet orphelinat.

Mrs Cole obéit et fit signe à Tom de le suivre. Avant qu'il ne quitte la pièce, le regard de Templeton rencontra celui de Jedusor et elle put y lire une expression bestiale de triomphe.


Après cela, Mrs Templeton quitta l'orphelinat et Mrs Cole en devint la directrice. La pauvre femme, avais t-on dit, était manifestement surmenée, avec ses histoires de tisonnier volant et de pouvoirs occultes. Mrs Cole laissa Jedusor en paix à partir de ce jour, un doute gênant continuant de l'assaillir : Ce garçon était t-il vraiment ordinaire ?



Tom Jedusor avais à présent onze ans. Chaque année, au début de l'été, les enfants de l'Orphelinat Wool étaient emmenés en excursion à la campagne, pour les sortir un peu du cadre froid et monotone de ce quartier de Londres. Cette année toutefois, et sur une recommandation de Jedusor à la directrice, ils iraient dans un petit village pas loin de Felixstowe au bord de la mer du Nord. Ainsi, avais proposé poliment Jedusor, ils pourraient respirer un peu d'air marin. C'est ainsi qu'ils arrivèrent dans ce petit village et que les enfants eurent le loisir de s'y promener, les plus grands devant rester en groupe mais libres, un tout petit peu d'argent de poche pour s'y procurer un souvenir et les consignes de ne pas rentrer trop tard à l'auberge.

Tom avais été réparti d'office, souhaitant rester seul mais les femmes de l'Orphelinat ayant refusé, avec un adolescent boutonneux du nom de Dennis Bishop et une fille nommée Amy Benson. Lui qui ne rêvait que de tranquillité pour tester ses capacités, le voilà encombré de ce ridicule binoclard qui tenais à suivre toujours les consignes à la lettre et d'une grotesque petite blonde qui le regardais comme si il était un ange déchu tombé du ciel. Quoique, pour ce que Tom en savait, il l'était peut être. D'autant qu'il le sache, sans pour autant en avoir jamais parlé à qui que soit, les autres enfants de l'Orphelinat ou les bonnes femmes qui s'occupaient d'eux ne pouvaient pas faire voler des objets de la poche de quelqu'un jusqu'à la leur, faire léviter puis chuter un tisonnier au dessus de la tête d'une directrice trop fouineuse, ou attacher un lapin à la poutre du toit. Tom se savait particulier, unique. Il fût arraché à ces pensées par Bishop qui lui secouait l'épaule.

- Alors Jedusor ? Tu veux commencer par quoi ? La visite du village, ou la vue sur la mer ? questionna le garçon d'une voix enrouée d'un adolescent en train de muer

- On te suit Tom, fit la petite fille en souriant bêtement. Tu es si intelligent que je suis sûre que tu auras une bonne idée...

Tom regarda avec dégoût la main de Benson posée sur son bras. Après tout, il pouvais bien s'encombrer de deux cobayes pour ses expériences. Il se força à sourire.

- Nous pourrions commencer par la vue sur la mer, dit t-il d'une voix douce. Il y a quelque chose que j'ai vu en arrivant et qui me semblait fort intéressant. Si vous êtes d'accord, j'aimerais essayer quelque chose...

- Quelque chose ? questionna Bishop tandis que Amy hochais frénétiquement la tête avec un air d'admiration sur le visage. Rien de dangereux j'espère ? Mrs Cole à été on ne peut plus claire à propos ...

- Ne t'inquiète pas, le coupa Tom en parlant toujours avec douceur, le regard fixé sur la petite fille. Je ne vous mettrais jamais en danger.

Dennis Bishop haussa les épaules et ils se dirigèrent vers la sortie du village, sur les falaises taillées dans de la roche noire et abrupte ou l'on pouvait apercevoir la mer déchaînée en contrebas. De nombreux gros rochers dépassaient de l'eau et offrais au paysage une ambiance encore plus désolée. Amy Benson frissonna et chercha à se coller à Tom qui l'évita, tandis que Dennis Bishop regrettait de ne pas avoir d'appareil photographique.

- Nous pourrions aller voir la mer de plus près, qu'en pensez vous ? proposa Jedusor avec un étrange sourire sur le visage. Descendons voir tout cela.

- Tu es fou ?! s'exclama Bishop tandis que Amy fixait Tom d'un air effrayé. Tu veux pas descendre cette falaise ?! On va se rompre le cou !

- Mais non, ca ne craint rien. Je vous aiderais. Fais moi confiance... susurra Tom en fixant la petite Benson droit dans les yeux.

Celle ci cligna des yeux plusieurs fois, comme hypnotisée, puis sourit à nouveau d'un air béat.

- Si tu le dis, Tom, je te crois, déclara la petite blonde. Je te suis !

- Vous êtes cinglés tout les deux, marmonna Bishop. Hors de question que je prenne un tel risque.

- Tu es le plus grand, fit observer Tom en le regardant fixement. Tu ne va tout de même pas nous laisser seuls ? Mrs Cole ne t'as pas dis de veiller sur nous ?

Sur ces mots et sans laisser le temps au binoclard de lui répondre, Tom entrepris de descendre la falaise pour arriver sur un rocher en contrebas. Bishop et Benson se penchèrent pour l'observer, terrifiés, mais Jedusor semblait s'en sortir à merveille. Malgré la difficulté de la falaise, et les vagues qui la frappaient en continu dans un vacarme assourdissant, il semblait flotter doucement, descendant aussi facilement que d'une échelle. Il s’arrêta à mis chemin et les fixa.

- Alors ? Vous venez ? cria t-il pour être entendu. Amy, ne me dis pas que tu as la frousse ?! C'est certainement superbe en bas !

Dennis ne bougea pas d'un pouce mais la petite Amy Benson, déglutissant, commença à entreprendre de descendre elle aussi la falaise. Dennis tenta de la retenir, mais elle le repoussa.

- Amy s'il te plaît ! cria Benson. C'est une folie, tu le sais. Si tu tombe, tu va te tuer !

- Je ne risque rien Dennis, répondit la jeune fille, accrochée à la paroi et tentant de trouver une prise avec son pied pour descendre. Tom est la !

- Et Tom est certainement un grimpeur de falaises de haut niveau, évidemment ! ironisa Bishop en commençant toutefois à descendre lui aussi. Après tout, si Jedusor y parvenait, il devrais y arriver aussi.

Tom était déjà arrivé en bas de la falaise et les regardais fixement, sans bouger. Les vagues semblaient l'éviter, et il avais quelque chose de terrifiant à les fixer, sans ciller, évitant sans bouger d'être éclaboussé. En tremblant, Dennis se concentra droit devant lui pour descendre prudemment lorsqu'il entendit Amy crier. Il se tourna vers elle, terrorisé, et n'en crût pas ses yeux.

La petite fille flottait littéralement dans les airs. Elle avais du partir en arrière, mais au lieu de tomber et d'aller se fracasser sur les rochers en contrebas, elle restais immobile dans les airs, criant et se débattant sans bouger. Soudain, elle commença à descendre lentement vers le bas. Bishop la fixait sans y croire lorsqu'il sentit sa prise sur la roche lâcher et hurla de peur en commençant à tomber, frottant contre la paroi rocheuse et abrupt. Il se figea soudain, comme arrêté par une corde attaché à sa ceinture. Il regarda en bas et vit Jedusor le fixer, une main tendue vers Amy, l'autre vers lui. Enfin, il commença à descendre lui aussi lentement vers le sol.

- Mais... Mais !!! Bafouilla t-il en atterrissant sur le rocher en contrebas, grelottant de froid et de peur. C'est... Impossible. Comment fais tu...

- Silence. Ordonna Jedusor à voix basse, le faisant taire instantanément. Suivez moi.

Dennis se tourna vers Amy qui regardait Tom, toute admiration sur son visage envolée. Elle le fixait avec horreur, comme si il avais été un démon. Tom le remarqua et se pencha vers elle pour lui murmurer :

- Tout va bien se passer, je te le promet. Tu me fais confiance, n'est ce pas ?

Le regard de la petite fille devint instantanément lointain, comme si elle dormais sur place. Elle hocha la tête et suivit Tom qui se dirigeait vers une fissure dans la falaise que Dennis remarqua à cet instant.

- Mais c'est quoi tout ça... Marmonna Bishop en lui emboîtant le pas. C'est quoi ce type...

Parvenu devant la fissure, Tom se figea. Il sembla se concentrer, les yeux et le front plissés et tendit la main vers la fissure qui sembla s'effriter et s’agrandir progressivement. Dennis le regardait, ébahi, tremblant de peur.

- Co... Comment tu t'y prend ? fit l'adolescent.

- Je n'en sais rien... répondit Jedusor. Je le fais, c'est tout.

Il se tourna alors vers Dennis et leva la main vers lui.

- Tu va aller voir de plus près comment c'est, à l'intérieur... murmura t-il, le regard glacial.

- Mais... Quoi ? Non... balbutia Dennis en s'éloignant à reculons.

Soudain, il se senti brusquement soulevé de terre. Il fût précipité à toute vitesse en direction de la falaise mais freina brusquement devant la fissure. Il tremblait de tout son corps, pleurant, se débattant. Il tourna la tête en arrière pour fixer Jedusor qui respirais difficilement, comme épuisé. Il tomba brusquement dans l'eau, l'étreinte autour de lui s'étant soudainement évanouie. Il se débattis comme il pu, se sentant couler dans l'eau glaciale.

- TOM ! AU SECOURS ! PITIÉ ! hurla t-il de toute ses forces, l'eau salée lui rentrant dans la bouche et le froid le paralysant.

Amy sembla soudainement se réveiller et fixa Dennis avec horreur avant d'attraper le bras de Tom qui regardais Dennis comme hypnotisé.

- Tom ! cria t-elle, aide le, je t'en supplie !

Jedusor hésita, puis tendit à nouveau la main vers Dennis qui se senti attiré brusquement vers le rocher. Il s'écorcha, buta, se cogna contre la roche mais pu s'y agripper et remonter, tremblant de froid et de terreur, toussant et pleurant toute les larmes de son corps.

- Je veux remonter... Pitié... gémit t-il en regardant Jedusor qui tentais de reprendre son souffle.

- Tom... Je t'en supplie... supplia Amy en lui prenant la main qu'il dégagea brusquement, faisant chuter la jeune fille.

- J'ai pu tester... Les limites... souffla Jedusor sans les regarder. Manifestement, j'ai besoin d’entraînement...

- JE NE COMPREND RIEN ! hurla soudainement Amy. J'AI FROID, J'AI MAL ! PITIÉ ! AU SECOURS !!!

Jedusor se tourna vers elle, le regard haineux.

- SILENCE ! cria t-il, faisant cesser immédiatement les suppliques de la petite blonde. Je vous préviens. Vous avez vu ce dont je suis capable ? Je vous détruirais si vous parlez de ça à qui que ce soit, compris ? Je ne peux pas vous laisser la, à moins bien sûr de faire croire à un accident...

- Tout... Tout ce que tu voudra Tom ! répondit Dennis en rampant jusqu'à lui. Je ne dirais rien ! Amy non plus ! A personne !

Amy hocha frénétiquement la tête, terrorisée. Tom les fixa un moment puis reprit :

- Souvenez vous de votre parole. Votre vie est entre mes mains désormais, vous le savez. Maintenant, taisez vous, et attendez que je reprenne un peu mes forces...

Beaucoup plus tard, alors que la nuit commençais à tomber, Jedusor, Bishop et Benson rentrèrent bons derniers à l'auberge ou le personnel de l'orphelinat les attendais. Tom paraissait parfaitement calme, sec et impassible, seulement un peu fatigué, mais Dennis et Amy étaient trempés, épuisés, frigorifiés et terrifiés. Tout ce que madame Cole pu obtenir d'eux étaient qu'ils s'étaient, malgré les recommandations, rendu dans une caverne en contrebas de la falaise pour explorer un peu. Mais en fixant Tom Jedusor qui regardait son assiette de soupe sans rien dire, l'air concentré, elle eût la certitude que ses sens ne la trompais pas. Ce garçon était étrange, étrange et dangereux.


En retournant à l'orphelinat, Tom s'enferma dans sa chambre et s'allongea sur son lit pour fixer le plafond. Il glissa le bras sous son lit et attrapa une petite boîte dont il sorti le contenu pour l'examiner, le Yo-yo de Billy, le dé à coudre en argent de madame Templeton et d'autres babioles, gardées en trophées. Il sorti de sa poche l'harmonica de Amy Benson, acquis dans le train qui les avais ramené à Londres et le déposa à côté du reste de son butin pour les fixer silencieusement.

- Je suis exceptionnel, pensa Tom. Mais j'ai besoin d’entraînement. Quelles que soit mes capacités, je dois encore progresser...


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