L’ULTIME ESPOIR DE L’HUMANITE traduit de Russe. Auteur Isra

Chapitre 42 : Tome 4. Sur le chemin de la liberté. Partie 7

2686 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/10/2024 16:55

Drago était allongé sur la couchette, en regardant le mur. Il essayait d'éviter de respirer l'odeur nauséabonde qui émanait soit du seau plein dans le coin de sa cellule, soit de son propre corps sale. Il occupait cette cellule disciplinaire depuis deux semaines. Les onguents médicaux apaisèrent l'inconfort de la cicatrice de césarienne, la transformant en une ligne fine à peine visible sur son abdomen. C'était différent avec la souffrance psychologique qui le tourmentait parfois tellement qu'il était obligé d’étouffer les hurlements dans le matelas mince et puant.

L'enfant d'Astoria, son fils, tant attendu, fut placé dans une famille d'accueil il y avait déjà dix jours. L'inspecteur Winslow en informa Drago en personne, puis lui rappela qu’au début du mois prochain, après que le prisonnier aurait été lavé et aurait retrouvé une apparence humaine, une cérémonie de fécondation serait organisée.

Malefoy dut faire preuve de toute sa maîtrise de soi pour ne pas cracher au visage de ce salopard. La perspective de violences sexuelles qui suivraient une telle insulte le stoppa net. Se remémorer ce que Brix et ses complices avaient infligé à Ron le terrifia jusqu'aux sueurs froides d'horreur. Il connaîtrait un sort bien pire que la torture ou la mort. Drago réalisa que le viol le plongerait inévitablement dans la folie. Peut-être c'était pour cette raison que Weasley, qui avait enduré stoïquement toutes ces humiliations, sembla maintenant être presque un héros à ses yeux. À l'école, il avait pris l'habitude de considérer Ron comme un idiot de naissance et un faiblard, mais en réalité, il se révéla être un brave qui gardait son sang-froid face aux cruels coups du destin.

Même si Drago avait montré du courage jusqu'à l'accouchement, sa situation actuelle au mitard, souffrant de la faim et n'ayant qu'un morceau de pain détrempé à manger, le faisait chaque jour s’enfoncer plus profondément dans l’abîme du désespoir. Et puis il y avait ces maudits gardiens, qui rappelaient quotidiennement au prisonnier qu'il restait quatorze... treize... douze... jours avant la Cérémonie.

Sur son lit puant, Drago resta éveillé en imaginant Winslow en train de le déshabiller, et il lutta pour réprimer l'envie de vomir. Il était conscient qu'il avait été envoyé en cellule disciplinaire et affamé pour une raison précise. Winslow était une personne pragmatique et il n'avait aucune intention de mettre fin à la vie d'un sorcier qui pourrait engendrer une descendance après un seul acte sexuel. Néanmoins, il était pleinement conscient que l'acte en lui-même ne garantissait pas le succès, car sans le désir de Drago, cela serait voué à l'échec. C’était pour cela qu’ils tentèrent de lui donner une envie effrénée de sortir de la cellule, mais le prix à payer pour cette douteuse liberté serait une grossesse de Winslow. Drago réalisa de mieux en mieux qu'il n'avait pas d'autre option, soit une relation presque consentante avec Winslow et neuf mois de paix relatif, soit Brix et ses acolytes.

À cause de ces réflexions Drago avait l'impression de glisser lentement mais inévitablement dans la folie. Il lui arrivait par moments d'être tourmenté par des hallucinations où Astoria venait le voir pour lui reprocher de n'avoir pas réussi à sauver leur fils. La santé mentale de Drago, fut préservée par les pensées concernant son nouveau-né, qu'il n'était même pas autorisé à tenir dans ses bras, et, assez curieusement, Ron.

Le souvenir de leurs conversations à la cantine du camp, dans la cellule et dans les quartiers des « combinaisons rouges », où Weasley n'avait fait qu'une brève apparition, réchauffait le cœur de Drago et lui redonnait l’espoir.

« Il ne te reste plus que tomber amoureux de Weasmoche », se moqua-t-il de soi-même, faute d'autres interlocuteurs, « et ainsi trahir la mémoire d'Astoria ! »

« Astoria est morte, mais pas moi ! » Riposta Drago à son moi intérieur. « Si j'aimais une autre femme, en exagérant un peu on pourrait appeler cela une trahison. Mais Ron n'est absolument pas une femme. Et oui, il me plaît ! »

La voix intérieure refusait de se taire, semblant déterminée à donner des cheveux blancs à Drago : « Tu es insensé, mon ami ! Qu’est-ce que peut plaire chez lui ? Roux. Dégingandé. Pas accablé par l'intellect. Et en plus, pardonne-moi la franchise, il n'y a probablement pas un seul garde dans ce camp qui n'avait pas tringlé ton précieux Weasley ! »

« Cela fait des gardes des violeurs, mais ne fait pas de Ron une pute ! » Retoqua Drago. « Rien ne dépend de nous ici. Je suis sur le point de me retrouver dans la même situation. Ron est un homme fort et courageux. Et c'est aussi mon ami ! Et je serai heureux s'il ne rejette pas mon amitié quand nous sortirons de cet enfer ! »

La voix intérieure se tut et Drago, satisfait de cette petite victoire, se tourna sur le côté, s'installant plus confortablement sur le matelas fin et dur. Soudain, la faible lumière au bout du couloir s'éteignit, et quelque part au-dessus, le rugissement assourdissant d'une créature clairement magique retentit.

***

Après avoir terminé son entraînement quotidien sur le tapis roulant, Ron but un verre de l'eau, prit une douche, mit les vêtements propres et s'assit sur le lit, en serrant des mains sa tête en proie à des pensées tourbillonnantes.

Ces dernières semaines, il arrêta pratiquement de regarder la télévision. La stupide boîte moldue devenait de plus en plus agaçante avec ses émissions de télévision enthousiastes qui encensaient le régime militaire et diffusaient de vieilles comédies. Hermione avait laissé des magazines de Quidditch, probablement pour se moquer, mais il n’éprouvait aucune envie de les lire. Le Quidditch était un souvenir douloureux de sa vie passée, il resta, pour Ron, associé à un verre de bière en compagnie d'amis et surtout à la liberté. Sa liberté, maintenant, était réduite à une seule heure de marche la nuit, sous la menace d'une arme, et son meilleur ami était un détenu, tout comme Ron. L'un des gardes, qui semblait avoir des projets ambitieux liés à Potter, révéla qu'Harry était retenu ici, également, dans l'unité médicale, depuis deux mois. Ron aussi apprit que Drago avait eu un garçon deux semaines avant terme et que l'enfant fut confié à une famille d'accueil. De plus, Malefoy était placé en détention disciplinaire.

Cette information plongea Ron dans une profonde dépression. Effectivement, Drago avait mentionné à plusieurs reprises un plan pour empêcher leurs oppresseurs de lui enlever son enfant. Apparemment Malefoy tenta de le mettre en œuvre, sinon, pourquoi serait-il en détention disciplinaire ? Malheureusement, il n'avait pas réussi à mener son action à terme.

Ron imaginait Drago, jadis raffiné et délicat, enfermé dans une cellule sale et malodorante, avec pour latrines un seau que les gardiens oubliaient souvent de vider, et il serrait les dents de colère contre les soldats qui l'entouraient. En raison d'inquiétude constante concernant Malefoy, la santé de Weasley, malgré le régime, les promenades et l'entraînement, se détériora à tel point que le guérisseur Blaine le plaça sous perfusion d'une solution fortifiante et fut contraint d'interdire les promenades pendant plusieurs jours.

-         À quoi penses-tu, trente-cinq ? Demanda-t-il avec mécontentement, en attachant l'intraveineuse sur un trépied. – Les indicateurs fœtaux sont nettement inférieurs à la normale. As-tu décidé de le tuer ? Te souviens-tu de qui est cet enfant ? ! Et qu'est-ce qu'on te fera s’il naît non viable ?

-         Blaine, que peuvent-ils me faire ? Demanda Ron avec un sourire ironique, refusant délibérément de qualifier le sorcier, qui travaillait pour des monstres déshumanisés, de guérisseur. Vont-ils me violer ? Eh bien, j'ai déjà vécu ça. Deux, trois et même quatre fois. Vont-ils me soumettre aux chocs électriques ? Déjà testé. Ça fait mal, mais pas pire que Doloris. Vont-ils me couper un autre doigt ? M'arracher l'œil ? Amputer le pénis ? Il arracha l'aiguille du creux de son coude, s'assit sur le lit et cracha au visage de Blaine. - Quand je sortirai d'ici, et je sortirai certainement ! Je vais te tuer, Blaine, je t'étranglerai de mes mains, sans usage de la magie. Et je vais y prendre beaucoup de plaisir !

-         Garçon stupide, marmonna le guérisseur en s'essuyant avec la manche, puis il actionna le bouton d'urgence.

Une demi-minute plus tard, Ron fut fermement fixé au lit.

-         Si vous avez besoin d'aide, Doc, nous ne sommes pas loin, prononça soldat en faisant un salut militaire et, regardant Ron avec mépris, il ajouta : Nous pensions que cette paillasse rousse s'était calmée, mais il a repris ses anciennes habitudes ! Bon, trente-cinq, il te reste encore quelques mois de tranquillité, profite en bien. Ciao ! Mais après que le médecin sortira le bébé de ton ventre...Le major Brix jouit d'une grande estime de la part de ses supérieurs. Je suis sûr qu'il pourra persuader l'inspecteur de nous permettre de « prendre soin » de toi pendant une semaine afin de te « préparer » pour la cérémonie. Je te promets des souvenirs « mémorables » !

Guérisseur Blaine enfonça l'aiguille de l'intraveineuse dans le bras de Ron, qui gémit de douleur :

-         Es-tu satisfait ? Tu ne sais toujours pas ce qu’est le véritable enfer, Héros de la Grande-Bretagne magique !

-         La mort n'est pas effrayante pour un cadavre, Blaine, répondit Ron d'une voix terne, détournant la tête du guérisseur. – C’est étrange que vous ne vous en rendiez pas compte.

***

Blaine s'avéra beaucoup plus vindicatif que ce à quoi Ron s'était attendu. Pendant la journée, Ron bénéficiait d'une certaine liberté de mouvement à l'intérieur de sa chambre, qui était pourvue d'une douche et de toilettes. Cependant, après la promenade imposée, juste avant que le guérisseur ne lui administrât une solution fortifiante par perfusion, Weasley était à nouveau attaché au lit. Cela signifiait qu'il allait passer une nuit presque blanche, pleine d'inconfort, des crampes et de brûlures d'estomac.

***

Cette fois, Blaine n'était pas au mieux de sa forme. Il semblait avoir été très occupé par des affaires importantes et épuisantes avant d'entrer dans la chambre de Ron. Sans daigner de dire un seul mot, il enfonça l'aiguille papillon dans la veine, la fixa au pli de son coude, ajusta le débit des gouttes avec la molette et quitta la pièce.

Le silence pesait sur les tympans de Ron et il souhaita de tout son cœur pouvoir contacter mentalement Drago et Harry. Quelle merveille ce serait s'ils pouvaient au moins échanger de cette manière ! Ron aurait fait n'importe quoi pour avoir des nouvelles de ses amis.

« C'est étrange, » pensa-t-il, « J'ai commencé à compter Malefoy parmi mes amis ! C'est vraiment un miracle des miracles ! Mais, c'était lui qui m'a aidé à ne pas m'effondrer pendant les premiers mois de mon séjour ici. C'était lui qui a ôté le nœud coulant de mon cou... Et le fait de ne pas pouvoir discuter avec lui représente une perte cruelle pour moi. Je n'aurais jamais pensé que Drago me manquerait autant ! »

La porte s'ouvrit doucement et l'homme que Ron voulait éviter le plus entra dans la pièce.

-         Je m'empresse de t'annoncer la bonne nouvelle, dit la voix haïe de l'inspecteur Winslow, ton meilleur ami Harry est devenu père d'une petite fille. Cependant, malheureusement, il a essayé de se suicider avec son enfant. Et il sera sûrement puni pour cela, même si nous avons réussi à sauver les deux d'une manière ou d'une autre.

 -         Je n'arrive pas à croire que tu nous fais ça à nous ! Ron regarda avec mépris son ex-femme sous le masque créé par le Polynectar. - Si quelqu'un m'avait dit auparavant que tu deviendrais ainsi, je lui aurais ri au nez.

-         Crois-tu que seuls vous, les hommes, êtes autorisés à nous utiliser ? ! Hermione sourit froidement. - Non, mon cher Ronnie ! Puisque, par votre faute, nous avons perdu la capacité de procréer, cette honorable mission vous échoit désormais. J'ai toujours souhaité avoir une grande famille. Charles et moi pensons pouvoir élever six enfants sans difficulté : deux de chacun d'entre vous, deux roux, deux blonds et deux bruns ! Votre matériel génétique est exceptionnel, et vous avez tous un don pour la magie. Bien sûr, tu es moins talentueux que Potter ou Malefoy, mais...

Un rugissement terrifiant résonna dehors à ce moment-là. Ron qui avait souvent visité la réserve de dragons dirigée par son frère aîné, reconnut sans aucun doute possible dans ce mugissement, qui pour lui était comme de la musique, la voix d'un Norvégien à crête.

-         Un dragon ?! Ici ?! Presque hurla Winslow.

-         Fais un petit effort de réflexion, Hermie ! Prononça Ron d'un ton moqueur. Toi, si brillante, comment expliques-tu l'apparition inattendue du dragon Norvégien à crête ici ? Je suis convaincu que notre ancien professeur de potions y est pour quelque chose. Tu ne penses pas sérieusement qu'il aurait abandonné son cher Harry ici, pour qu'on le découpe en morceaux ? Il est probable que Charlie avec ses hommes et Robbins à la tête d'une unité d'Aurors soient arrivés avec lui. Pour toi et tes acolytes, c'est la fin, Granger ! Au mieux, tu finiras à Azkaban. Peut-être que Shacklebolt, par pitié, vous laissera partager la même cellule, toi et ton amant Gregston.

-         Non, Ron, murmura Hermione à peine audible, si l'un d'entre nous doit mourir, c'est toi ! Et sans attendre. Avada Kedavra !

***

Le projecteur au-dessus de la tête de Potter vacilla et s'éteignit. Puis, une seconde plus tard, le rugissement monstrueux d'une bête retentit.

-         Que...que...qu'est-ce que c'est ? Balbutia Blaine, pâle comme la mort.

-         Un dragon ! L'avez-vous jamais entendu rugir ?

Harry leva les épaules avec l'indifférence feinte. Il semblait calme, mais au fond de lui, ce cri effroyable qui glaçait le sang fit renaître l'espoir d'un salut.

-         Blaine, pourquoi blêmissez-vous ? Il n'y a pas si longtemps, vous m'avez menacé de tortures et de viol. Est-ce que votre courage se résume à humilier les prisonniers privés des pouvoirs magiques et qui sont en plus ligotés ?

-         Merlin tout-puissant !

Sans écouter Harry, Blaine se précipita hors de la pièce, renversant au passage une table avec des instruments.

-         Tu m'as vraiment retrouvé ! Murmura Harry, et un sourire triomphant apparut sur ses lèvres exsangues.

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