L’ULTIME ESPOIR DE L’HUMANITE traduit de Russe. Auteur Isra

Chapitre 40 : Tome 4. Sur le chemin de la liberté. Partie 5

2683 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/10/2024 11:00

-         Allez-vous commencer, oui ou non ? ! Ces mots sortirent contre sa volonté.

 Drago ne voulait en aucun cas montrer à ses bourreaux qu'il n'était plus capable de supporter la douleur qui taraudait son corps et augmentait à chaque seconde et l’incapacité de bouger augmentait considérablement la pression sur le bas du dos et l’inconfort.

-         Votre magie ne s'est pas encore suffisamment restaurée.

Un homme de grande taille d'apparence plutôt agréable apparut dans le champ de vision de Drago.

-         Inspecteur Winslow, je suppose, déclara Malfoy, comme s'il assistait à une réunion mondaine, plutôt que d'être étendu nu et attaché sur la table d'opération.

-         C'est tout à fait exact, acquiesça ce dernier. - Encore dix minutes et nous pouvons commencer l'opération.

-         Dix minutes, se répéta Drago, rien que dix minutes...

Il regarda l'horloge accrochée juste devant lui. La trotteuse faisait paresseusement le tour de cadran. Drago ferma les yeux et se mit à compter. Une grande faiblesse s'empara de lui, comme si un poids écrasant était posé sur sa poitrine.

-         Les signes vitaux de père et de l'enfant à naître ont chuté, nota Blaine. - Si nous n'extrayons pas le bébé de suite, je crains que nous les perdions.

-         Alors, sortez-le ! Dit Winslow sur le ton de commandement. – Brix, assistez le guérisseur.

Drago à travers la somnolence sentit quelque chose de froid sur son ventre, puis une douleur atroce le frappa sans prévenir. Soudain, il sembla se diviser en deux personnalités bien distinctes. Sur le drap imprégné de sang, l'une d'elles souffrait d'atroces douleurs et hurlait, tandis que l'autre, calme et calculatrice, s'apprêtait à frapper tous les Moldus et les sorciers présents dans la pièce.

-         L'incision péritonéale est terminée, la voix de Blaine lui parvint à travers son propre hurlement, - Je commence à extraire l'enfant.

Encore la douleur. Cette fois, Draco eut l'impression que le guérisseur lui perçait les entrailles avec un tisonnier brûlant.

« Vas-y ! », ordonna sa voix intérieure. « C'est maintenant ou jamais ! »

Drago se souvint de la façon dont tante Bellatrix lui apprit à contrer le Doloris il y avait de nombreuses années.

« Tu dois te diviser en deux », disait-elle. « Laissez ce corps stupide se tordre de douleur et demander grâce. Rassemble toute ta volonté et ne laisse pas la torture te briser ! Si tu fais comme je te le dis tu ne ressentiras qu’un léger inconfort ! Doloris ! »

Bien sûr, Drago n'avait pas réussi ! Il s'effondrait au sol, en oubliant totalement qu'il possédait une volonté et criait si fort, qu'il aurait pu se rompre les cordes vocales.

« - Faiblard ! Bellatrix souriait avec mépris, mettant fin à la torture. - Un mollasson ! Les gens comme toi n'ont pas leur place auprès du Seigneur des Ténèbres ! »

Heureusement pour Drago, sa mère avait découvert l'existence des « cours supplémentaires avec tante Belle » et les arrêta au prix d'une énorme dispute avec sa sœur.

Maintenant, les souvenirs de ces leçons ratées aidèrent soudainement Drago à s'abstraire de la souffrance. Il sentit la magie pure couler entre ses doigts, comme du métal en fusion, remplissant son corps épuisé d'une toute nouvelle puissance.

-         Merveilleux, le vingt-neuf ! Le félicita Blaine, percevant probablement les modifications dans l'aura magique de Drago. – Votre fils naîtra fort et en bonne santé. Encore quelques secondes et...

Le cri d'enfant remplit la salle d'opération.

Avec précaution, Blaine posa le bébé sur une table spéciale éclairée par une lampe au-dessus, puis il fit un signe de tête à Brix, qui commença tout de suite à recoudre l'incision sur le ventre de Malefoy.

Incapable de quitter des yeux son fils nouveau-né, qui ressemblait tellement à Astoria, Drago frissonna. Sous l'effort, d'épaisses gouttes de sueur perlèrent sur son front. Il tenta de contraindre la magie à lui obéir et à se métamorphoser en une tornade de feu, dévastant tout sur son passage, mais la magie se tarit brusquement, le laissant exténué, vidé de toute énergie. Apparemment, il avait porté des bracelets anti-magie pendant beaucoup trop longtemps.

-         Un beau petit garçon ! S'exclama Winslow d'un air triomphateur en agitant sa baguette magique au-dessus du bébé. – Et, malheureusement pour ses nouveaux parents, il n’est pas dépourvu de capacités magiques. Cependant, plus tard, cela pourra être corrigé en utilisant des artefacts spéciaux suppresseurs de magie.

Les derniers mots étaient évidemment destinés à Drago, qui la haine faisait grincer des dents.

-         Blaine, Brix, vous avez accompli un excellent travail et vous pouvez compter sur une prime. Tout comme ce sergent qui a appelé à l'aide à temps.

Winslow s'éloigna de la table, où Blaine continuait à diagnostiquer le nouveau-né, et se rapprocha de Drago et prononça avec un sourire diabolique :

-         Ton plan a échoué, mon bel ami ! Dès que ta cicatrice sera guérie, tu passeras un mois au mitard, et puis tu seras à ma disposition. Je constate, que tu fais de magnifiques enfants. Et prie Merlin pour que je ne change pas d'avis et que je ne te livre pas au major Brix et à ses subordonnés.

***

-         Combien de fois peut-on montrer la même chose ?!

 Ron éteignit la télévision avec colère et jeta la télécommande dans un coin de la pièce.

Au cours des deux mois qui ont suivi sa mise en isolement, il avait déjà vu cet épisode de Mr. Bean au moins vingt fois. Au début, les blagues de ce comédien moldu lui semblaient incompréhensibles, puis drôles et dernièrement insupportablement ennuyeuses. Quelques semaines auparavant ses farces auraient pu apporter un semblant de sourire sur le visage pâle de Weasley, mais maintenant ils l'irritaient à l'extrême. Le talentueux acteur lui semblait maintenant être une caricature sans intérêt, un comique de bas étage.

Ron était bien conscient que Mr. Bean n'y était absolument pour rien. Tout cela était dû à la terrible solitude qui rongeait l’âme et plus encore l’esprit. Il n'imaginait pas que l’isolement s'avérerait être aussi terrible, même la torture et le viol ne pouvaient rivaliser avec cette épreuve. Ayant grandi dans une famille nombreuse et bruyante, Ron devenait littéralement cinglé à cause du silence pesant de sa cellule. 

Sans la grossesse, qui se rappelait chaque jour à lui par des nausées, la fatigue et, bien sûr, un ventre qui grossissait à pas de géant, il serait probablement devenu fou de désespoir. Cependant, étrangement, c'était cette petite masse de chair indésirable logée dans son ventre qui lui permit de conserver une certaine maîtrise de soi. Ron ne comprenait pas du tout ce qui lui arrivait. Il aurait logiquement dû être dégoûté par un enfant conçu dans la violence après des mois de maltraitance, mais ce ne fut pas le cas. De plus, Ron voulait protéger la petite créature sans défense qui, à ses yeux, n'était pas responsable de quoi que ce soit de mal. Il blâma Hermione pour toutes les horreurs qu'il avait endurées, mais il n'éprouvait aucune colère ni haine envers leur enfant à naître.

Après la promenade obligatoire d'une heure autour du camp, la nuit venue, il restait éveillé, cherchant un moyen de s'échapper de cet enfer et de ne pas permettre à Hermione, qui était devenue folle, lui enlever son bébé. Cependant, plus Ron y pensait, plus il déprimait : sans la magie, aucune chance de s'en sortir, sauf peut-être le suicide. Et il avait déjà testé cette option pour échapper à l'insupportable réalité.

 Ron s'inquiétait non seulement de son avenir sombre, mais aussi du sort de Drago. Selon ses estimations, il ne lui restait que quelques semaines avant l'accouchement. Si Hermione disait vrai, Malefoy passait également ses journées en isolement. Parviendrait-il à affronter la solitude ? La séparation inévitable avec son enfant ne le rendrait-elle pas dingue ? Parviendrait-il à survivre à l'accouchement ? Bien sûr, Ron n'aurait jamais pensé qu'un jour il s'inquiéterait autant pour son ancien ennemi d'école, et pourtant… Dans cette réalité folle il n'avait personne de plus proche que Malefoy. Et apparemment, seul un miracle pourrait désormais les sauver tous les deux.

***

« Nous y sommes presque, mon bébé », Harry ferma l'eau de la douche, se sécha avec une serviette rouge et enfila une combinaison exactement de la même couleur.

Vers six heures du soir, quand le soldat lui apporta son dîner, Harry ressentit une agitation étrange, si différente de l'apathie qui l'avait dominé ces dernières semaines.

Environ deux mois s'écoulèrent depuis qu'il avait refusé d'écrire à Severus pour le convaincre de coopérer avec les ravisseurs. Malgré tout, probablement, ses ravisseurs réussirent à trouver un autre moyen de persuader Rogue de préparer une grande quantité de potion de grossesse masculine, car Harry était toujours en vie.

Pendant sa captivité, Harry ne voulait pas penser à ce que Severus put ressentir. Il était certain que Rogue était tourmenté par des remords insupportables à cause de sa trahison, en plus de devoir s'occuper d'Alex.

Au simple souvenir de son fils, le cœur d'Harry se serra de douleur. Il ne pouvait oublier le regard que son fils lui avait lancé juste avant leur séparation, un regard empli d'horreur et de douleur. Il était peu probable qu'un enfant de cinq ans puisse comprendre la situation et réaliser que s'ils avaient attendu quelques minutes de plus, ils auraient tous été capturés. Dans cette situation, il était clair ce qui allait leur arriver : Alex aurait été confié à une famille d'accueil moldue. Rogue aurait été contraint par la persuasion, le chantage, voire la torture, à préparer la potion de grossesse masculine en quantité suffisante pour les ravisseurs. Quant à Harry... il aurait fini dans ce camp d'une manière ou d'une autre, pour servir de ventre à deux pattes, comme le nommait si justement le commandant Lawson.

Potter toucha instinctivement son oreille, dans laquelle était implanté un anneau métallique avec une puce, et grimaça de douleur. La plaie refusait obstinément de cicatriser, même après presque deux mois, et saignait légèrement de temps en temps.

L'enfant dans son ventre bougeait plus que d'habitude. Soudain, la vision d'Harry s'obscurcit et il tendit lentement, comme dans un rêve, la main vers le bouton de la sonnette. Pendant le dernier examen, le guérisseur Blaine lui avait recommandé d'appeler immédiatement de l'aide en cas de malaise. Mais en se ravisant aussitôt, Harry serra ses doigts en poing. Habituellement, personne ne venait le voir avant minuit. Peut-être, si le travail commençait maintenant, les gardiens n'auraient plus qu'à déclarer son décès dans deux ou trois heures. Cela tuerait également son enfant à naître, mais les ravisseurs ne lui laissèrent aucune autre option.

Lors de la première conversation avec Lawson, qui était venu instruire le nouveau prisonnier, tous les espoirs de salut pour Harry furent anéantis. Le commandant lui expliqua clairement qu'il était impossible de s'évader du camp. On pouvait en sortir uniquement les pieds devant.

-         Tu dois comprendre qu'une chose, cinquante et un, disserta Lawson devant son unique auditeur, – Désormais, ta vie ne t'appartient plus. Elle est maintenant placée sous l'autorité du gouvernement militaire britannique. Contrairement à la population non magique, vous, les sorciers, avez un don rare qui pourrait prévenir la disparition de l'humanité. C'est pourquoi tu es ici. Toi et tes semblables, vous êtes des anges de la vie. Vous êtes les élus ! Oublie tout ce qui s'est passé avant. Désormais, tu es un soldat au service de la Grande-Bretagne, et tu dois obéir aux ordres.

-         Et que vont-ils m'ordonner de faire ? Demanda Harry avec indifférence.

-         Pour commencer, respecte scrupuleusement l'emploi de temps quotidien, mange bien, fait de la marche aux heures imparties. Bref, tout ce qui est prescrit à une personne dans ton état,

Il pointa le doigt en désignant le ventre proéminent d'Harry.

-         Selon mes informations, l'accouchement est prévu dans deux mois. Afin d'éviter tout incident, tu devras rester isolée pendant cette période. Tu auras tout ce qu'il te faut ainsi que quelques divertissements. Si tu veux, on pourra te fournir des livres et des magazines. J'espère que tu sais comment utiliser une télévision et une console de jeux. Si ce n'est pas le cas, n'hésite pas à demander de l'aide à notre personnel.

 « Oh ! Pas une prison, mais un hôtel cinq étoiles ! » pensa Harry et demanda à voix haute :

-         Et qu’arrivera-t-il à moi et à mon bébé après l’accouchement ?

 Lawson répondit sans hésiter :

-         Après la naissance de l'enfant et son placement dans une famille jugée adéquate, tu pourras te reposer pendant deux à trois semaines, selon l’état de ta santé. Ensuite, l'inspecteur Winslow, que tu avais déjà rencontré, choisira les parents pour ton prochain enfant. Tu seras soumis à la cérémonie de fécondation et, si tu te comportes bien, tu seras admis dans les quartiers des combinaisons rouges. Et maintenant passons aux informations générales. Dès l'arrivée au camp, tu dois porter des bracelets anti-magie. Les endommager ou tenter de retirer est considéré comme une tentative d'évasion et passible d'une sanction. Si tu refuses d'accomplir ton devoir biologique, tu pourras être puni par un viol préventif, et en cas de récidive, par l'ablation d'un doigt, ou de la main. Les individus qui tentent de s'échapper ou de mettre fin à leurs jours malgré nos avertissements sont soumis aux mêmes sanctions. Notre camp applique une discipline stricte et les transgresseurs sont sanctionnés conformément au règlement en vigueur. Je te recommande de respecter les règles et ta vie sera tout à fait supportable.

***

La douleur devint de plus en plus intense, irradiant progressivement vers le bas de l'abdomen et le bas du dos. Harry rampa du lit en gémissant, puis se dirigea péniblement vers la cabine de douche. Avec beaucoup de difficulté, il parvint à s'y glisser avant de s'effondrer par terre.

L'horloge indiquait huit heures du soir. Il restait encore quatre heures avant la ronde de nuit, le temps tout à fait suffisant pour que lui et son enfant meurent.

Harry ferma les yeux et imagina les visages de Severus et d'Alex. Sa gorge se serra, il prit une profonde inspiration pour se calmer et essayer d'accepter l'inévitable.

 « Pardonnez-moi », murmura Harry, « je n'ai tout simplement pas de choix ».

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