SS ou le mensonge des fondateurs
P.O.V. Salazar Serpentard
Dès que Dumbledore disparut dans les flammes, les Aurors commencèrent à s'agiter. McGonagall fut immédiatement appelée et les recherches commencèrent. Smethwick et moi eûmes beaucoup du mal à les faire sortir de l'infirmerie.
Pendant que Smethwick relevait les émanations et le fond résiduel de l'imperium, j'observai la suite de la représentation à travers les yeux de Poudlard, les yeux, perçus par les étrangers comme des bas-reliefs. Comme attendu, le premier endroit où les Aurors passèrent la tête fut le bureau du directeur, dont McGonagall avait communiqué le mot de passe, sans mon intervention.
Dès que les vaillants gardiens de la loi entrèrent dans le bureau, Poudlard déverrouilla la porte des appartements personnels du Directeur. Là-dedans les émanations de la nécromancie étaient pires que dans mon laboratoire. Je fis de mon mieux pour cela. J'avais sacrifié des livres les moins rares, des notes de travail personnelles et quelques accessoires.
Dumbledore, par l’amour de la gloire, avait laissé lui-même des preuves de sa culpabilité en suffisance ! Tout ce que les Aurors durent faire, c’était de regarder les souvenirs !
Des souvenirs absolument vrais de la façon dont Dumbledore, bien qu’accidentellement, eût tué sa sœur. Ou d’autres où lui et Grindelwald avaient envisagé de diriger le monde magique. Leur conversation ultérieure où Albus avait dit directement qu’il ne pouvait pas y avoir deux dirigeants dans ce monde. Qu’il n’y avait qu’une seule baguette de sureau, et qu’elle devrait lui revenir, ce qu’avait conduit à un duel.
Et pour enfoncer le dernier clou dans son cercueil, j’avais légèrement modifié le souvenir de la première conversation de Dumbledore avec Potter. Où le Directeur respecté, sous Confundus effectua le diagnostic pour s’assurer de la présence de l’horcruxe chez le garçon. Mais le Confundus fut soigneusement changé par mes soins en Imperium.
Tout ceci sans ma participation directe, moins mon nom était cité mieux c’était.
Pendant ce temps, Smethwick termina son travail, m'obligeant à m'arracher de la contemplation du spectacle.
- M. Serpentard, j'ai fait tout ce que j'ai pu. Certes, il reste encore quelques émanations sombres, mais je n’arrive pas à comprendre leurs spécificités.
« Je m'en doute ! Je ne pense pas qu'il avait déjà vu un Horcruxe vivant. Mais je n’ai pas du tout besoin d'attirer son attention. » Pensai-je. Une légère touche sur la robe de Smethwick et le sortilège de réduction de la pensée critique le frappa de la même façon que Potter. Je ne craignais pas qu'il s'en aperçoive, ses connaissances ne le lui auraient pas permis, et en outre, lorsque Smethwick quitterait le château, les résidus de sort colleraient sur les boucliers de Poudlard.
- Laissez-moi regarder ! Eh bien... pour moi, cela ressemble à un effet résiduel d’une malédiction mortelle. Si le magicien, qui l'a lancé, était Dumbledore, alors quelques jours après la destruction du lien, le résidu devrait se dissiper. Je suggère une observation de l’état de Monsieur Potter sur place. Le déplacer à l'hôpital pourrait déclencher des processus cachés ! Mais la décision vous appartient, bien sûr ! Je ne suis qu'un conseiller !
- Oui vous avez raison. Dans ma pratique, il y a eu de nombreux cas où des magiciens, dont l’état était stable tombaient dans le coma après un déplacement. Monsieur Serpentard, pourrai-je compter sur votre aide en tant que guérisseur ?
- Oui bien sûr ! Bien sûr ! Ce ne sera pas difficile pour moi de surveiller le garçon. Prévenez simplement Madame Pomfresh, je ne voudrais pas me frayer le chemin par la force dans l’infirmerie.
- Oh, c'est très noble de votre part ! Bien sûr, je donnerai les instructions nécessaires à Poppy !
Nous laissâmes Potter dans l’infirmerie. Smethwick fut parti pour discuter avec Madame Pomfresh et moi, je me dirigeai vers mes appartements. Hélas, les choses ne furent pas si simples avec Maître Rogue. Hier, je l’avais libéré de son serment envers Dumbledore. Mais la marque de Voldemort, ce fut une autre paire de manches. La raison de la difficulté fut drôle à en pleurer. Ce sorcier avait utilisé mon journal de travail pour le créer. Où l’avait-il trouvé ? Je plaçai une marque similaire sur mes sujets expérimentaux pour les empêcher de fuir.
Le pire, ce fut que je n’eus rien prévu pour l’enlever, elle n’était pas créée pour cela ! Une seule consolation, le sceau qu’ornait l’avant-bras de Maître Rogue ne fut qu’un analogue maladroit.
Je réfléchis :
« Que faire en premier : L'Horcruxe ? Non, Potter peut attendre. Mais j’ai besoin, que le doyen de ma Faculté soit libéré de toutes les obligations inutiles. Cela signifie que je dois fouiller dans des anciennes notes ».
Donc, la recette :
1. Eau de pluie (elle apportera de la clarté au ciel)
2. 13 grammes de cendre de racine d'églantier de la Mort. (Des cendres pour se débarrasser du poison qui s'y trouve, puisque les racines de cette plante descendent jusqu'aux enfers)
3. De la potion d’oubli, en suffisance pour obtenir une pâte avec des cendres. (Ceci est en trop)
4. 7 ml d’extrait d'asphodèle.
5. 0,1 gramme de bézoard. (Cela servira contre les résidus du poison de l'églantier)
6. 15 ml de sève de bambou. (Le pont entre le monde des vivants et celui des morts)
7. L'hortensia Somnolent pressé - 8 ml.
« Faites chauffer l’eau à feu doux jusqu’à ce que l’extrait d’hortensia soit complètement dissous. Ajoutez 75 unités de magie (UM), puis la sève de bambou en remuant cinq fois dans le sens des aiguilles de montre (13 UM) et une fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (31 UM). Dans un mortier, pendant que l’eau chauffe, mélangez les cendres et l’extrait d’asphodèle pour obtenir une pâte (112 UM). Augmentez le feu pour faire bouillir l'eau et ajoutez une mesure de la pâte obtenue toutes les dix secondes (320 UM).
La potion obtenue :
· La couleur vert clair riche avec des reflets noirs
· La consistance moyennement épaisse, semblable à une gelée.
· Appliquez le bézoard broyé sur le bras, qui sera plongé dans le chaudron. (Pour cette raison, une ventilation est nécessaire. Juste au cas où).
· Plongez le bras dans la marmite pour trente secondes. Le bleuissement de la potion signifiera que le sceau a été retiré.
· La potion correctement préparée, ne détruit pas le sceau, mais en reconnaissant la mort du serment, envoie la marque dans l'Au-delà. »
Eh bien, cette recette parfaite, je confierais à Maître Rogue, pour qu’il en assure la préparation et par la même occasion, je vérifierais le niveau de connaissances de Professeur.
(Fin de P.O.V. de Salazar)
***
(Maître Rogue reprend le fil de récit)
Les rumeurs, soigneusement répandues par mes élèves, s'étoffèrent rapidement de détails.
- Vous avez entendu, Potter était sous Imperium !
- On dit que Dumbledore a utilisé la magie noire !
- Oui, et en plus il s'était échappé sous le nez et la barbe des Aurors.
La Maison Gryffondor ne fit qu'empirer les choses en essayant de blanchir l’action du Directeur. Des rumeurs se répandirent comme un feu de forêt, dans les salons des autres facultés. Les bruits, selon lesquels, tous les Gryffondors se trouvaient sous le sortilège d'Imperium.
Eh bien, ça me laissa un peu de temps. Maître Serpentard m'avait communiqué une recette de potion pour se débarrasser de la marque. Dans l'ensemble, la recette sembla simple, même un apprenti pouvait la réaliser, sauf pour une petite chose : 320 unités de magie en ajoutant le mélange d'asphodèle dans la potion bouillante. Le risque d'explosion était énorme, que Mordred l’importe. Heureusement, j'eus à préparer des potions plus complexes pour Voldemort.
Le problème ne se cacha pas dans la difficulté de préparation de la potion, même si la sève de bambou fut presque introuvable en Europe. Les gobelins me la dénicheront en une heure, pour le double de son prix, évidemment.
Même le fait de devoir tenir la main dans la potion bouillante ne me tracassa pas outre mesure, bien cela ferait mal, mais pas autant que trois Endoloris d’affilée. Et j’avais pu les endurer en silence.
Le réel problème fut, que Serpentard eut le sens de l’humour noir et tout cela pourrait s'avérer être une blague : une petite inexactitude, glissée dans la recette par exemple. Je m'attelai donc à la vérification minutieuse des propriétés des ingrédients et des tableaux de compatibilité des effets magiques. Et je le trouvai, ce piège pour les inattentifs : pas n’importe quelle sève de bambou, mais la sève d’un bambou de deux ans, récoltée pendant la pleine lune ! La sève collectée pendant la journée avait des caractéristiques et une orientation complètement différentes. Le reste fut correct et simple, comme toute œuvre d’un génie.
Je me frottai les yeux avec lassitude, en m’appuyant sur le dossier de ma chaise.
- Tempus !* 2 : 31
J'avais passé trop longtemps sur la recette.
À ce moment-là, un Patronus en forme de paon apparu devant moi :
« Severus, nous devons nous voir de toute urgence en dehors de l’école ! J’ai des nouvelles étonnantes. La cheminée est ouverte, je t’attends ! »
« Lucius, que les Détraqueurs t’emportent ! Tu ne pouvais pas choisir un autre moment. Mais ça vaut le coup d’aller voir, Malfoy ne se dérangera pas pour une futilité ». Pensai-je en traversant le bureau et en s’étirant pour dégourdir mes muscles tétanisés.
Je pris une poignée de poudre de cheminette et une seconde plus tard je sortis dans le Manoir de Malfoy. Lucius vint à ma rencontre en grande tenue et très excité.
- Severus ! Pourquoi n'ai-je pas appris cette nouvelle de toi ? Dit-il avec le reproche.
- Je n'ai aucune idée. Lutz, n'éprouve pas ma patience. Ces derniers temps, elle a atteint sa limite. Alors que se passe-t-il ?
- Je pense que tu sais, que Dumbledore s’est enfui, encore une fois, comme l'année dernière, lors d'une tentative d'arrestation. Et en vérifiant son bureau, les Aurors ont trouvé des livres, des cahiers et des flacons contenant des souvenirs. Un employé de Ministère, qui est mon ancien débiteur, m'a donné à lire un rapport qui sera sur le bureau du Ministre Fudge demain. Severus, notre grand mage blanc et bienheureux sorcier s'est révélé être un nécromancien ! C'est lui qui était le mentor et l'inspirateur idéologique de Voldemort ! Il l'avait rendu fou, organisa sa mort et planifia de le ressusciter sous forme de liche. Sa gloire de vainqueur de Grindelwald commença à se ternir et il souhaitait redorer son blason. Mais ce n'est pas tout. Te souviens-tu de l’histoire de sa destitution par le conseil d'administration, puis son étrange retour. J'ai donc été contacté par quatre membres du Conseil qui jurent m'avoir accusé de corruption sous l'Imperium de Dumbledore !
- Y a-t-il eu de la corruption ?
- Ça n’a pas d’importance, ce n’est pas là la question. La réunion du Magenmagot sur le cas de Dumbledore a été annoncée pour la semaine prochaine ! Dit Lucius.
- Eh bien, que veux-tu de moi ?
- Le témoignage de Potter ! S’il confirme l’usage de l’impardonnable sur lui, Dumbledore est fini ! Fini en tant que sorcier, et non, uniquement, de réputation.
- Qu’est-ce que j’ai à voir avec ça ?
Lucius secoua la tête avec reproche :
- Severus, c’est bien toi, qui récemment me demandas des livres pour Potter ? Et n’as-tu pas pris la responsabilité de soutenir son clan ? Draco aurait-il mal interprété tes propos, lorsqu'à demi-mot, tu lui as laissé entendre que Potter était l'héritier de Serpentard ? Nos témoignages pourraient être remis en question compte tenu de notre réputation. Mais, le témoignage de Garçon qui a survécu, va le noyer à coup sur !
- Peut-être. Je ne peux rien promettre concernant l’Imperium, mais Potter a déjà suffisamment de griefs contre Notre Altesse Sérénissime de la Magie Blanche.
- Donc je peux insister pour convoquer Potter au Magenmagot ?
- D'accord, je vais lui en parler. C'est tout ?
- Oui pour le moment. Mais je me souviens que tu m'avais dit qu'il y a une chance de supprimer les obligations antérieures...
Lord Malfoy toucha son avant-bras.
- Oui, et c’est exactement de la résolution de ce problème que tu m’as distrait. Je ne le promets pas, mais si je réussis, tu pourras être libre entièrement, pour le jour de la réunion de Magenmagot.
- As-tu besoin de quelque chose ? Informations, argent, relations, artefacts ?
- Des ingrédients. Je t’enverrai la liste demain. Plus vite je les obtiendrai, plus vite nous serons fixés si cela fonctionne ou non.
- Quelque chose de rare ?
- Non, mais rarement utilisé en Angleterre.
- Tu auras tout, Severus !
- Je dois y aller maintenant, si je veux dormir un peu aujourd’hui, marmonnai-je en ramassant une poignée de poudre de cheminette.
Malefoy ne me déçut pas. Le matin je lui envoyai la liste et à l’heure du déjeuner, j’eus tout ce que j’avais commandé. Ayant terminé mes cours et après avoir prévenu McGonagall de ne pas me déranger, même si Merlin lui-même apparaissait, je m’enfermai dans le laboratoire.
En une heure seulement, la potion fut prête. Une épaisse masse vert clair avec des étincelles noires, riche et bouillonnante, exactement comme dans la description.
Je plaçai un remède réparateur, analgésique et anti-brûlure à portée de main au cas où tout le reste échouerait, j’enlevai ma robe et retroussai la manche de ma chemise. Après avoir vérifié que la porte fut bien verrouillée, je plongeai avec confiance mon bras dans le chaudron bouillant.
Une vive douleur me transperça le bras, mais c'était sans importance. Trente secondes à tenir, je commençai le décompte. Ayant un parfait sens du temps, je n'utilisai jamais une montre lors de la préparation des potions.
Dix secondes – mon bras trembla, comme s’il était sous Endoloris.
Quinze - la douleur remonta le bras et se propagea à tout le corps. Tenir, ce n’était pas la première fois !
Vingt - j'eus l'impression d'être écorché vif.
Vingt-cinq - je serrai les dents encore plus fort et m'appuyai sur la table avec un gémissement douloureux.
Trente - la potion devint rapidement bleue et je retirai mon bras.
Je n'arrivai pas à voir le résultat, ma vue se brouilla de douleur. Sur les réflexes purs, j'éteignis simplement le brûleur avant de tomber inconscient sur le sol.
Je repris conscience d’un coup, allongé sur le sol, tout mon corps endolori par des crampes. Je m'étirai pour détendre les muscles et regardai mon bras. Il n’y avait plus de marque, mais je fus surpris par autre chose. Avec difficulté, je me relevai et boitillai jusqu’au miroir.
- Que je me fasse tringler par un hippogriffe ! Comme aimait dire Dolohov : eto cho za huinya ? **
Un jeune homme de vingt-cinq ans environ, me ressemblant vaguement, me regarda du miroir : des cheveux longs couleur aile de corbeau, le visage lisse, la peau d'une noble pâleur. Les traits du visage s'adoucirent un peu, complétant l'apparence d'un aristocrate. Et seul le nez, toujours aussi proéminent, trahit la présence du sang espagnol.
- Mais comment vais-je procéder pour donner les cours désormais ? Me questionnai-je à voix haute.
Loué soit Merlin, ma voix resta la même : veloutée, légèrement rauque.
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Notes de traducteur :
*Tempus – sortilège pour savoir l’heure
** eto cho za huinya – en lettres latines dans le texte original. Expression grossière en russe, qu’on peut traduire très approximativement par « c’est quoi cette merde »