La malédiction du manoir Fawley

Chapitre 1 : La malédiction du manoir Fawley

Chapitre final

6016 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/02/2024 19:15

7

Style

9

Scenario

8

Note globale

400 point(s)

 Hello, kitsune ! Voilà la review que tu m’as demandée ! Je n’ai pas été déçue du voyage, alors j’espère qu’elle te plaira !

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 I. La forme

 ・Orthographe, grammaire et conjugaison

 Globalement, tout est ok, je n’ai que très peu de choses à redire. Je remarque que tu ne mets pas d’accents sur toutes les majuscules accentuées ; tu le fais sur un « À » dans le deuxième paragraphe, mais il en manque un à « Éperdument » (45ème paragraphe, « Eperdument amoureuse de son amant, et rêvant de vivre au grand jour avec lui […]. »). Ce n’est pas une erreur en soi, mais une petite vérification ne serait pas de trop pour uniformiser tout cela.

 J’ai aussi repéré plusieurs erreurs dans la conjugaison et les accords, dont la plupart est due à des phrases trop longues ou que tu as remaniées pendant l’écriture, la réécriture et/ou la correction, qui ont dû bien bouger, que voici avec leurs corrections respectives :

 – « Les derniers mètres dans le noir lui parurent bien longs […] » : ce sont les derniers mètres qui paraissent longs.

 – « […] un bouquet de géraniums » : le bouquet n’est pas constitué que d’un géranium, d’où un besoin de la marque du pluriel.

 – « En témoignaient d’ailleurs le petit chiffon […] » : c’est le petit chiffon (singulier) qui témoigne, donc singulier.

 – « Elianor se demandea alors […] » : le temps de la narration étant le passé simple, le verbe n’est pas correctement conjugué ici.

 – « […] cela aurait été la moindre des choses que l’ont t’ait appris mon nom […] » : le passé composé ne correspond pas ici, mais davantage le subjonctif passé. Dans cette subordonnée complétive conjonctive, le verbe doit être au subjonctif passé afin d’émettre une appréciation sur le fait.

 – « […] Morgane […] fit ses bagages et disparut […] » : le verbe doit être au passé simple (ici, participe passé).

 – « C’est à cette époque que je la rencontrais […] » : le verbe doit être au passé simple afin de mettre l’action au premier plan, par opposition à l’imparfait qui rejette les événements à l’arrière-plan.

 – « D’abord étonnée […] » : c’est Sir Ferguson qui parle de lui-même, l’accord doit donc se faire au masculin.

 – « […] je constatais rapidement qu’elle nécessitait mon aide, et lui offrits le gîte et le couvert. » : comme deux puces plus haut, le passé simple est préférable à l’imparfait pour « constater », et l’accord d’« offrir » doit se faire à la première personne, non pas à la troisième, du singulier.

 – « […] dans laquelle se trouvaient de nombreux bibelots […] » : l’accord du verbe « se trouver » doit se faire selon le groupe nominal « de nombreux bibelots », car ce sont eux qui se trouvent dans la vitrine.

 – « Moi, petit héritier de la famille Fawley, je ne pouvaits que me trouver chanceux […] » : l’utilisation du pronom tonique pour mettre l’accent sur le sujet = je) doit s’accompagner d’un pronom atone via lequel se fera l’accord. Le cas échéant, tu peux formuler autrement (« En tant que petit héritier de la famille Fawley, je ne pouvais que… » ; « Un petit héritier de la famille Fawley tel que moi ne pouvait que… » etc.).

 – « […] chose qu’il n’avait pas prévue, et donct il n’avait pas la moindre envie. » : le participe passé de prévoir doit s’accorder selon son COD (« chose »), puisque ce dernier est antéposé. Confusion entre « donc » (conjonction de coordination) et « dont » (pronom relatif, interchangeable avec « de laquelle » dans ce contexte).

 – « […] l’influence que mon oncle avait […] acquise […] » : même chose qu’au-dessus, l’accord du participe passé (« acquis ») doit être fait selon son COD (« influence »).

 – « Je ne m’opposais pas à ce projet […] » : comme plus haut, le passé simple doit être préféré à l’imparfait pour la mise en avant de l’action.

 – « Si le chiffon qui s’agitait désormais mollement sur un tabouret était toujours en action alors que cette pièce semblait inoccupée, c’est était que les petites créatures avaient accès à cette partie du manoir. » : La concordance des temps nécessite l’utilisation de l’imparfait ici plutôt que du présent.

 – « Je ne l’avais jamais vue aussi furieuse. Elle m’accusa de l’avoir trompée […] » : le « l’ » joue le rôle de COD ici, et renvoie à « Elle ». Le participe passé doit donc être accordé au féminin.

 – « Elle était certaine que je l’épouserais, et lui donneraits les moyens […] » : « je » est autant sujet d’« épouser » que de « donner », les deux doivent être conjugués au conditionnel présent.

 – « Puisque toi, simple sorcier mortel, a décidé de te jouer de moi […]. » : comme plus haut, le pronom tonique (« toi ») doit être accompagné d’un pronom atone qui servira de pronom personnel → « Puisque toi, simple sorcier mortel, tu as décidé […]. »

 – « Ce ne fut que sur son lit de mort que je lui avouais être à l’origine de nos malheurs. » : Comme plus haut, le passé simple doit être préféré à l’imparfait.

 – « […] les bribes de conversations qu’elle avait surprises […] » : là aussi, l’accord du participe passé (« surpris ») doit être fait selon le COD antéposé (« bribes »).

 – « […] je l’ai longtemps cherchée […] » : idem. « l’ » faisant référence à Morgane, « cherché » doit être accordé au féminin.

 – « […] ses doigts potelés s’agitaient rapidement […] » : accord du verbe selon le nombre.

 Mis à part ça, je n’ai rien relevé d’alarmant, tu manies bien le français et tu es à l’aise avec !

 ・Syntaxe et construction des phrases

 L’un des détails qui m’ont tout de suite frappée est la surabondance de virgules dans ton texte. Beaucoup sont facultatives et mériteraient d’être enlevées – au besoin je pourrai t’envoyer mes notes pour que tu voies auxquelles je pense en écrivant ça. Pour pallier cela, je t’invite à relire ton texte comme si tu le dictais à quelqu’un, en faisant une pause à chaque virgule que tu rencontres. Cela permettra de mettre en lumière les pauses qui cassent la cadence de ton texte, et de faire un peu de ménage.

 Un autre est la longueur parfois extrême de tes phrases, justement entrecoupées de ces mêmes virgules superflues. En les étirant à ce point, tu sembles t’y perdre toi-même, ce qui donne lieu à ces accords, conjugaisons et virgules un peu en bazar. Là encore, relis comme si tu dictais (ou à la manière d’un livre audio que tu écouterais) pour identifier les phrases un peu trop longues, ou pour réfléchir à une façon de les dynamiser pour garder l’attention de ton lecteur.

 Outre cela, je note que tu enchaînes aisément les phrases et qu’elles sont bien construites. Tu utilises des tournures adaptées au ton du récit et des dialogues, et ne crains visiblement pas de varier tout cela d’un paragraphe à l’autre. On sent ton confort dans la rédaction et c’est très agréable !!

 ・Stylistique, richesse du vocabulaire & symboliques

 Ton style est accessible et identifiable, on sent qu’on lit un texte de ta plume et c’est très appréciable ! On ressent aussi combien tu l’as travaillé pour obtenir un tel résultat !

 J’ai toutefois noté que tu avais une petite tendance à utiliser beaucoup de répétitions, qui semblent trahir un manque de vocabulaire ou d’inspiration pour reformuler. Lorsqu’Elianor se retrouve face à la porte de bois, tu utilises deux fois le verbe « chercher » en trois phrases successives. Puis, lorsque tu décris la pièce secrète dans laquelle est exposé le tableau, tu répètes à deux reprises l’adjectif « sombre » dans un court laps de temps, puis le verbe « poser » et ses conjugaisons et déclinaisons à cinq reprises en deux paragraphes de suite. Plus tard, alors qu’Elianor comprend qu’elle est sur le point de percer un beau secret qu’elle pourra raconter à ses cousins, c’est le pronom personnel « elle » qui est très souvent répété (« Elle connaissait la célèbre fée Morgane […]. […] Elle sentait qu’elle était sur le point de mettre au jour quelque chose d’encore plus gros que la découverte de la pièce en elle-même. Elle restait silencieuse et attentive, souhaitant au plus profond d’elle que le portrait termine son histoire […].). Enfin, sur le paragraphe suivant c’est « se trouvait » qui est répété à l’abus pour décrire le bibelot entreposé dans la vitre. À cet effet, n’hésite pas à consulter des dictionnaires de synonymes ou d’autres outils, en ligne ou non. En ce qui concerne la redite du pronom personnel « elle » pour désigner Elianor, n’hésite pas à varier les paraphrases comme tu le fais à d’autres moments du texte (la fillette, l’enfant, la petite sorcière…).

 Je remarque aussi que tu utilises très peu la voix passive lors de descriptions, qui permettrait d’étoffer ton style. Cela se ressent dans tes utilisations de la forme « être posé » aux paragraphes 24, 25 et 27 qui, en plus de former une répétition qui alourdit ce passage, appauvrit un peu ton style. Avec la voix active, c’est le sujet qui « fait » l’action, tandis qu’avec la voix passive il la « subit ». Dans le cas de décoration et de mobilier, il serait plus judicieux d’induire une action subie plutôt que faite. À titre d’exemple, les chandeliers ont été disposés de part et d’autre de la cheminée, le chiffon a été négligemment abandonné sur le coffre, les tableaux ont été accrochés à la place des fenêtres, le troisième tableau a été fixé au mur, et des lunettes rondes trônent sur le nez de Sir Fergusson. Ou encore, lorsque tu évoques les fauteuils moelleux et poussiéreux au début de ta fanfiction, leurs teintures ont été usées par les ans.

 Pour les remarques concernant la mise en forme du texte, je t’indiquerai que les retrait de paragraphe disparaissent lors des dialogues, ce qui est probablement dû au voyage de ton outil de traitement de texte vers l’éditeur du site. Toujours concernant les dialogues, il manque systématiquement une espace insécable entre le cadratin et le premier mot de ta phrase.

 Enfin, j’ai remarqué que tu semblais avoir des difficultés avec l’utilisation des guillemets en chevrons doubles dans le cas de monologues. Lorsque ton personnage continue de parler, mais que tu souhaites faire un retour à la ligne, il faut ouvrir le paragraphe avec des guillemets (ouvrants ou fermants, les deux sont utilisés, mais il faut garder de la consistance et toujours utiliser les mêmes au cours du texte). Lorsque sa tirade est terminée, si tu n’utilises pas de guillemets pour ouvrir le dialogue, il n’est pas nécessaire d’en utiliser pour clore le monologue/dialogue. À titre d’exemple :

 – Très mal. Je ne l’avais jamais vue aussi furieuse. Elle m’accusa de l’avoir trompée sur mes intentions. Elle hurla. Elle était certaine que je l’épouserais, et lui donnerais les moyens nécessaires à la vengeance. Elle se révéla alors au grand jour, me donnant son vrai nom, et ses véritables intentions maléfiques et vengeresses. Malgré mes explications, mes excuses et mes promesses d’une fidélité amoureuse sans faille, je n'arrivais pas à la calmer. Elle décida alors, sur un coup de colère, de maudire le manoir. Je me souviens encore parfaitement de ses mots.

 » Puisque toi, simple sorcier mortel, tu as décidé de te jouer de moi, la grande fée Morgane, je te rends la monnaie de ta pièce. Jusqu’à ce que j’accepte de te revoir, ton manoir sera maudit. Nulle plante ne pourra y pousser sans faner, nulle mauvaise herbe ne pourra être arrachée sans repousser. Tu devras à jamais porter le poids de ta faute, en te rappelant éternellement ce que tu m’as fait.

 » Dès son départ, le jardin s’est inexorablement détérioré, sans que je ne puisse rien y faire. Ma femme, qui n’était pas au courant de ma liaison, ne comprit pas ce qu’il se passait, et s’évertua toute sa vie à régler ce problème, sans y parvenir. Ce ne fut que sur son lit de mort que je lui avouai être à l'origine de nos malheurs. Elle s’éteignit en me détestant, et je me retrouvai seul.

 – Pourquoi avoir donné une telle devise à la famille ? […]

 Enfin, je pense qu’il faudrait revoir l’utilisation des guillemets anglais américains dans la dernière phrase de ton texte (« […] pour la famille Fawley, “l’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir”. ») Leur utilisation était justifiée plus haut par la citation dans un monologue, mais ici, tu pourrais aisément les remplacer par des guillemets français (« ») ou les enlever et mettre la phrase en italique, peut-être même en conjuguant « être » pour la concordance des temps (« […] pour la famille Fawley, l’amour n’était qu’un plaisir, l’honneur était un devoir. »).

 En note positive, je tiens à souligner l’utilisation de mots rares (ou trop peu usités au quotidien) qui embellissent ton texte. Cela montre un certain niveau littéraire et donne du caractère à ton texte en de très brèves phrases. À titre d’exemple, l’utilisation de « villégiature » dès le premier paragraphe nous indique l’aisance pécuniaire de la famille Fawley et le confort dans lequel Elianor et sa famille vivent, tandis que la « véhémence » du portrait de Sir Fergusson permet de susciter aussi bien la curiosité d’Elianor que celle du lecteur lorsqu’il s’emporte soudainement. En plus de cela, tu uses d’expressions elles aussi peu courantes ; on sent via celles-ci ton appréciation de la langue française, c’est vraiment très agréable !!

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 II. Le fond

 ・Respect de l’œuvre originale

 Je t’en avais touché deux mots quand tu m’as proposé ta fanfiction pour la review, mais je pars avec un malus concernant le fandom puisque mon niveau de connaissance est novice tout au mieux. Malgré cela, j’ai retrouvé l’ambiance des films et des vieux jeux vidéo sur PC de l’époque (désolée, ce sont mes seules références…).

 Bien que ce one-shot soit entièrement ancré dans le monde magique, on a de lointaines allusions au monde des moldus, c’est très appréciable. Et évidemment, ta fanfiction s’inscrit bien dans le fandom via la présence d’elfes de maison, de tableaux « hantés » par les défunts, et j’en passe.

 Étant donné que tu travailles ici sur de l’univers étendu, c’est principalement sur ces aspects-là du fandom que tu vas pouvoir t’appuyer pour le respecter. Tu t’es permise de faire de Morgane la Fée un des personnages centraux de cette histoire, malgré le manque de développement dont elle dispose dans le canon. Tu te l’appropries parfaitement bien, et je reviendrai justement là-dessus un peu plus tard. Et j’ai aussi noté que la famille Fawley était bel et bien canon, quoique bien cachée à travers les nombreux jeux. Je nourris l’espoir que ça ne soit pas un simple hasard si c’est aussi le nom de la famille au manoir maudit dont il est question ici… !

 ・Cohérence & vraisemblance de l’histoire

 Côté cohérence, je n’ai rien à redire. Tout s’enchaîne tout à fait naturellement, entre l’historique d’Elianor avec ses cousins, son errance dans le manoir, sa découverte de la salle secrète et sa rencontre avec son ancêtre. Tu parviens à maintenir la suspension d'incrédulité du lecteur grâce à ces enchaînements fluides de scénettes. Même le changement de focalisation interne se fait tout naturellement ; on alterne parfois entre le point de vue d’Elianor et celui de Sir Fergusson, mais ça ne choque pas. En outre, j’ai beaucoup apprécié ton respect de la loi de conservation des détails via les vagues mentions du manoir que la famille a tenté d’entretenir tant bien que mal, et en vain, pour lesquelles nous trouvons une explication d’ici la fin de l’histoire. Le seul regret que je pourrais évoquer à ce propos concerne l’artefact laissé par Morgane : on aperçoit un fragment de sa puissance tandis qu’il envoûte complètement Elianor, mais une fois ramenée à la raison elle ne s’y intéresse plus tellement, tout comme la narration. J’avais bien envie d’en connaître davantage à son propos, mais peut-être ce détail sera-t-il davantage développé dans une fanfiction ultérieure ? La fin ouverte (et le « À suivre », bien entendu) laisse envisager bien des possibilités à ce sujet !

 Si je voulais pinailler, encore et toujours, je mentionnerais la longueur du couloir d’une centaine de mètres – j’ai un peu tiqué, car cette longueur me paraissait tout de même excessive. Je me doute que le manoir est immense, y compris grâce à la magie du « plus grand dedans que dehors », mais peut-être est-ce un peu démesuré ? À titre d’exemple, la galerie des glaces de Versailles (qui paraît elle aussi immense) ne mesure « que » soixante-treize mètres de long. Ou bien peut-être serait-ce simplement une impression d’Elianor, avec ses yeux d’enfant, qui se figure un couloir très très long, alors que ça n’est qu’un « petit » (tout est relatif) couloir ? C’est une théorie que j’apprécie grandement !

 ・Originalité du scénario & messages du texte

 Je doute avoir lu suffisamment de fanfictions sur Harry Potter pour pouvoir comparer, mais j’ai tout de même trouvé ton texte original pour l’utilisation et l’appropriation du canon pour développer son vaste univers étendu. Tu y intègres des personnages originaux de ton crû vraisemblables et qui sont très loin du syndrome de Mary-Sue. Leur humilité et « banalité » (relative) les ancrent très bien dans ce canon, si bien que le scénario que tu as tissé autour d’eux pourrait tout à fait être canon lui aussi, ou bien brodé autour d’une obscure référence glissée dans une page ou un chapitre d’un des jeux. C’était très intéressant de voir de quelle façon les déboires d’un homme qui a vécu des décennies (pour ne pas dire siècles) plus tôt peuvent impacter ses descendants longtemps après !

 J’ai aussi trouvé que le texte est une belle illustration de l’adage que tu as choisi pour remplir le deuxième niveau du défi original. Cela a un côté tragique ; c’est principalement un enchaînement de mauvaise chance pour Sir Fergusson, qui s’est simplement retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment et, surtout, face à la mauvaise personne. Sir Fergusson s’est malheureusement retrouvé dans une relation toxique, et ses descendants eux aussi se retrouvent victimes de cette malédiction à leur insu. Se pourrait-il que ce texte renferme un second message, un avertissement quant au fait qu’on ne connaît jamais réellement notre partenaire jusqu’à ce qu’il ou elle dévoile sa véritable nature, encore plus dans le cas de manipulateurs de la trempe de Morgane ?

 Enfin, je profite de l’occasion pour souligner la belle mise en opposition des deux personnages. D’un côté, Elianor représente la jeunesse tournée vers l’avenir et désireuse du lendemain, tandis que Sir Fergusson, qui est vieux et même décédé, reste bloqué dans un passé qu’il aimerait changer sans le pouvoir et un fatalisme prégnant. La conclusion de l’histoire montre que ce ne sont pas les regrets et les remords de Sir Fergusson qui permettront de lever la malédiction du manoir, mais bien la soif de découverte et la curiosité insatiable de la nouvelle génération qui lui succède à présent. C’est un beau message d’espoir !

 ・Traitement des personnages

 Puisque tu fais évoluer ici des personnages originaux, il est difficile d’analyser leur traitement par rapport à l’œuvre d’origine. Cependant, je note que leurs caractères (par là, j’englobe la façon d’agir, de s’exprimer et la psychologie) sont fins et respectueux de leurs âges et situations. On voit une belle opposition entre l’innocence et la curiosité d’Elianor face au désabusement et à l’abandon de Sir Fergusson.

 La première est émerveillée par la pièce qu’elle découvre, et ça se ressent dans la narration (« […] observant avec fascination la pièce ronde dans laquelle elle venait d’entrer. » ; « [elle] passa un doigt curieux dessus. » ; « La fillette les contempla à tour de rôle […]. »). Elle s’exprime comme le ferait une enfant de bonne famille qui aurait au moins bien intégré les leçons de déférence vis-à-vis de ses aînés, et relance très souvent Sir Fergusson au cours de leur conversation, en portant un vif intérêt à l’histoire qu’il lui raconte.

 Sir Fergusson, quant à lui, montre tout l’opposé d’Elianor. Il a déjà vécu sa propre vie, et hante désormais la peinture à son effigie qui a été réalisée (par qui ? telle est la question !). Il est tourné vers le passé et s’ancre dans les remords de ses actes. Il est acariâtre au premier abord et semble même très désagréable (les lunettes posées sur son nez lui donnent « un air sévère » aggravé par la grimace de mécontentement). C’est d’ailleurs assez amusant de voir combien il se radoucit dès lors qu’Elianor le brosse dans le sens du poil, en s’excusant de son ignorance et en l’interrogeant sur lui. Sir Fergusson est quelqu’un qui aime parler de lui-même, et elle lui en donne l’occasion parfaite ! Il est une bonne antithèse à l’expression « la première impression est toujours la bonne » à mon sens, et cela se ressent à la relecture de ta fanfiction.

 En outre, j’ai beaucoup apprécié ta représentation de Morgane, pour laquelle nous n’avons que très peu d’informations canoniquement dans le fandom de Harry Potter. Je trouve que la façon que tu as de la dépeindre via Sir Fergusson illustre bien ce à quoi elle pourrait ressembler dans cet univers, d’autant plus que tu t’appuies sur son caractère tel qu’il est décrit dans les mythes et légendes arthuriens. Là-dessus, elle est bien respectée, et ça ajoute un peu plus de saveur à un texte déjà très riche !

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 III. Appréciation générale & bilan

 ・Appréciation personnelle de l’histoire

 N’étant personnellement pas très friande de cet univers et de ses personnages habituels mais curieuse de voir ce que donnerait l’univers lorsqu’il est étendu (et d’une façon cohérente et convaincante, si tu vois ce que je veux dire), je me suis laissée embarquer dans cette courte histoire familiale touchante et bien amusante en me demandant ce que tu avais bien pu concocter, qui plus était en réponse à ce défi d’écriture du forum. Et je n’ai franchement pas été déçue, tu as coché toutes les cases de mon petit bingo personnel ! J’ai trouvé la relation entre Elianor et Sir Fergusson très touchante (du fait de cette opposition mentionnée plus tôt), et j’espère de tout cœur qu’on pourra en apercevoir davantage dans cette suite teasée à la fin de ton texte ! Ce one-shot a un goût de reviens-y et je le relirai avec plaisir si l’occasion vient à se présenter, tout comme sa suite le jour où elle sera publiée !

 ・Bilan & pistes d’amélioration

 Côté stylistique, je pense que tu pourrais encore approfondir en variant les tournures, en employant davantage la voix passive et les formulations tel que je l’ai souligné dans l’analyse de la forme. Il reste toutefois des points à approfondir, notamment sur les accords et peut-être concernant la ponctuation aussi. Je pense que, si tu prends un petit instant pour revoir tout ça à tête reposée, tes textes futurs gagneront davantage en qualité !

 Dans l’ensemble, je pense que tu écris très bien et que tu sais rendre tes textes captivants. J’avais beaucoup accroché au prologue de Dans le nid des Serpents lorsque l’audiofic en a été faite, à titre d’exemple, qui était un peu dans la même ambiance que ce one-shot (intrigue indépendante et personnages originaux dans l’univers étendu). Tu as la capacité d’intriguer le lecteur assez rapidement dès les premiers paragraphes de tes fanfictions, et tu en tires ici bien profit. En outre, tu maintiens cet intérêt du lecteur tout au long de l’histoire avant de la conclure à merveille en dosant juste comme il faut pour rendre la conclusion ouverte sans qu’elle ne soit frustrante. Ce one-shot se suffit à lui-même, mais l’histoire est tellement curieuse qu’on en redemande pour savoir si cette malédiction, qui est quand même l’objet du titre de cette fanfiction, pourra être un jour levée !

 Je conclurai sur ces deux points : c’est une excellente découverte que je suis ravie de m’être vue proposée, et bonne continuation pour tes prochaines fanfictions !!