La mort est une fin heureuse

Chapitre 14 : La quatre-cent vingt-neuvième coupe du monde de Quidditch

5090 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/04/2024 09:39

Harry, Août 2022

 

      Stan, son second, leva brusquement la tête en sa direction quand Harry poussa son cri de jubilation.

— Bonne nouvelle ? demanda-t-il.

— Un ami à moi vient de m’envoyer deux places pour la finale de la Coupe du Monde de Quidditch, dans le Manitoba ! annonça fièrement Harry.

— Ce sont toujours les mêmes qui ont de la chance, grogna Stan. Je n’ai même pas pu me procurer de places pour la demi-finale de la coupe d’Angleterre.

— Que veux-tu, il suffit de connaître les bonnes personnes, le taquina Harry.

La porte de leur bureau s’ouvrit brusquement, et Angelina Weasley et Alicia Spinnet – semblant soudain oublier que Harry était leur patron – s’y engouffrèrent.

— Toi aussi ! s’écria Alicia en voyant les billets dans la main de Harry.

— George va être fou de joie, s’exclama Angelina.

— Ne me dites pas que vous avez vous aussi reçu des billets ? bougonna Stan. Mais c’est qui au juste, votre ami ? Pourquoi a-t-il autant de billets à distribuer ?

— Olivier Dubois, répondit Harry.

— Le plus grand capitaine que l’équipe de Quidditch de Gryffondor ait jamais connu, compléta Angelina.

— Et accessoirement, l’entraîneur de l’équipe d’Angleterre, conclut Alicia.

— Ah oui, quand même, marmonna Stan. Quand je pense que la plus grande célébrité que je connaisse est un joueur de Bavboules…

— Et Harry, alors ? s’indigna Alicia.

— Ah oui tiens, c’est vrai, reconnût Stan tandis que Harry lançait un mug au visage d’Alicia.

        En rentrant chez lui le soir-même, Harry se précipita vers Ginny, et lui lança sans prendre le temps de l’embrasser :

— Ginny, j’ai une excellente nouvelle à t’annoncer !

— Moi aussi, j’ai une excellente nouvelle à t’annoncer ! s’écria-t-elle.

— Je te laisse commencer, alors. On garde le meilleur pour la fin.

— Non mais je rêve ! sourit Ginny. Mais comme tu veux. Aujourd’hui…

— J’ai reçu deux places pour la finale ! la coupa Harry, ne tenant plus.

Ginny éclata de rire. Harry s’attendait à une réaction joyeuse de sa part, mais certainement pas un éclat de rire. Qu’y avait-il de si drôle ? Il lui jeta un regard interloqué.

— Tu aurais dû me laisser commencer, expliqua-t-elle. Vois-tu, moi j’ai reçu cinq places pour la finale !

Harry ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Ginny, un éclair de malice dans les yeux, vint poser ses lèvres sur les siennes.

— Eh, je suis content que vous vous aimiez encore après tout ce temps, mais c’est pas la peine de déverser tout votre amour en public ! les interrompit James qui entrait dans le salon à ce moment-là.

— On va à la finale de Quidditch, mon grand, annonça Harry. Tous les cinq !

— Mais non ! s’affola James.

— Eh si ! On a même deux places en trop, réalisa Ginny.

— Oh trop cool ! hurla James. Je peux inviter Roger ?

— Non, James, répondit Ginny. Ces places sont pour Teddy et Victoire. Ça te va ? ajouta-t-elle à l’adresse de Harry.

— C’est parfait, dit ce dernier en se noyant à nouveau dans la beauté des yeux de son épouse.

        Il l’embrassa à nouveau tandis que James montait à l’étage en criant pour annoncer la bonne nouvelle à son frère et à sa sœur.

 

*       *       *

 

        Le Nord du Manitoba, en plein centre du Canada, était un endroit immense, glacial et désertique, si bien que les sorciers canadiens n’avaient eu aucune peine à trouver un endroit isolé du regard moldu. Le rond de toilettes-Portoloin que Harry et sa famille utilisèrent les déposa sur une étendue d’herbe blanchie par la fraîcheur, bien que ce soit le milieu du mois d’août.

        L’étendue d’herbe donnait sur une immense baie, et à quelques kilomètres, sur l’eau magiquement stabilisée de la mer, flottait un gigantesque stade de Quidditch, relié à la terre par une douzaine de pontons de bois mesurant chacun vingt mètres de large. On aurait dit un énorme nénuphar.

        Harry, Ginny, leurs trois enfants, ainsi que Teddy et Victoire, se laissèrent guider par le sorcier en charge des arrivées en Portoloin. Très impressionné par la présence du Survivant, ce dernier insista plusieurs fois pour leur laisser sa propre villa, mais Harry refusa avec beaucoup d’embarras. Après tout, le campement faisait partie du charme de l’expérience Coupe du Monde.

        Leur tente, celle dans laquelle Harry, Ron et Hermione avaient dormi toutes ces nuits durant l’Année des Ténèbres, était largement suffisante pour tous les sept. Harry dormait avec Ginny, Teddy avec Victoire, et les trois enfants ensemble.

        Aussitôt installés, ils partirent en balade pour visiter le campement. A peine sortis de leur rangée de tentes, Harry aperçut avec grand plaisir un visage qui lui était familier.

— Eh, Olivier ! l’appela-t-il.

        Olivier Dubois se retourna, et lui accorda un immense sourire. Il était accompagné d’une jeune femme d’une vingtaine d’années, qui avait les cheveux brun foncé coiffés en une longue tresse et des yeux bleus malicieux. Tous les deux s’approchèrent.

— Harry ! Comment ça va ? demanda Olivier en serrant chaleureusement la main que lui avait tendue Harry.

— Aussi bien que l’on peut l’être la veille d’un match de Quidditch, répondit ce dernier tandis qu’Olivier serrait la main des six autres.

— Je vous présente ma filleule Rosalie, indiqua Olivier. Elle joue dans mon vieux club de Quidditch, le Club de Flaquemare, et j’étais en train de lui faire visiter le camp.

        Rosalie afficha un grand sourire jusqu’aux oreilles.

— On se connaît, affirma-t-elle à l’adresse de James. J’étais dans l’équipe de Quidditch de Poufsouffle, on a joué l’un contre l’autre la première année où tu as intégré ton équipe.

— Ah oui, c’est vrai, marmonna James en rougissant légèrement, ne semblant manifestement pas se souvenir du tout.

— Je viens de croiser George et Angelina, reprit Olivier. Je me suis dit que ça pourrait être une bonne idée de dîner ensemble ce soir, histoire de reformer notre vieille équipe, qu’en pensez-vous ?

— Génial ! répondit Harry. C’est vrai que ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus tous ensemble.

— Vous êtes évidemment tous les bienvenus, ajouta Olivier à l’adresse de Ginny, Teddy et Victoire. Malheureusement, je ne vais pas réussir à me débarrasser de Rosalie ni de ses parents.

— Oh, c’est très gentil, répondit Teddy tandis que Rosalie mettait une petite tape à l’arrière de la tête de son parrain, mais nous ne voulons pas nous imposer. Allez-y, ajouta-t-il en se tournant vers Harry et Ginny, nous garderons les enfants.

— C’est gentil, sourit Ginny, ça aurait été contraignant de se les trimballer avec nous.

        Ce fût au tour de James de donner une tape à sa mère. Malheureusement, celle-ci l’esquiva.

— Super, et bien à ce soir ! s’exclama Olivier.

        Et tous les deux s’éloignèrent.

— Papa, je peux venir avec vous ce soir ? demanda James avec espoir.

— Pourquoi tu veux venir ? répondit Harry. On va parler du bon vieux temps à Poudlard, je sais combien ça t’agace quand…

— Je commence sérieusement à envisager une carrière dans le Quidditch, et ça ne peut pas me faire de mal de dîner avec le coach de l’équipe d’Angleterre, tu ne crois pas ?

— Euh… commença Harry.

— Moi je crois plutôt que la petite Rosalie lui a tapé dans l’œil, ricana Ginny.

        Cramoisi, James donna une nouvelle tape dans la tête de sa mère, et cette fois-ci, ne rata pas.

 

*       *       *

 

        A vingt heures ce soir-là, Harry, accompagné de Ginny et de James, frappa à la porte en bois du petit chapiteau dans lequel était logé Olivier Dubois. En attendant que quelqu’un vienne ouvrir, Harry observa d’un air amusé son fils essayer tant bien que mal de coiffer ses cheveux. Ce fût Katie Bell qui ouvrit la porte.

— Harry ! Ginny ! s’écria-t-elle en se jetant dans leurs bras.

        Ils étaient les derniers arrivés. Autour d’une grande table circulaire étaient assis George et Angelina, Alicia et son conjoint Tim, Olivier, Rosalie et un couple qui devait être ses parents. Rosalie semblait assez ennuyée, mais se redressa d’un coup en repérant James. Tout le monde se leva pour leur dire bonjour. Le père de Rosalie, un sorcier très grand aux cheveux noirs qui avait un air familier, semblait plutôt nerveux. Quand il serra la main à Harry, ce dernier finit par le reconnaître, et son cœur manqua un battement.

— Marcus, se présenta-t-il. Tu te rappelles de moi, j’imagine ?

        Harry ne sût pas de quelle façon réagir. Les souvenirs de Marcus Flint n’étaient pas bons. Lointains, mais très peu agréables.

— Bien sûr, répondit-il avec prudence.

— Je te présente ma femme Bonnie, et ma fille Rosalie que tu as croisée ce matin.

— Enchanté, assura Harry en remarquant que son épouse Bonnie était de toute évidence une moldue.

        Les présentations faites, Harry et Ginny s’assirent dans les deux chaises libres qui restaient. Rosalie s’empressa d’aller chercher une chaise supplémentaire pour James, et l’installa à côté d’elle. Harry lança un regard interrogateur à Olivier.

— J’étais justement en train de dire que Marcus était l’intendant du Club de Flaquemare depuis de nombreuses années, expliqua Olivier. En fait, notre rivalité de Poudlard a vite été mise de côté, nous sommes devenus amis.

— Je continue de penser que tu m’as jeté un sortilège de confusion, plaisanta Marcus.

— D’après ce que j’ai compris, tu es très courageux, Marcus, intervint Bonnie. Te retrouver ce soir, face à l’équipe adverse complète, si cela ne prouve pas que tu as changé…

        Tout le monde eut un petit rire. Personne ne prit la peine de corriger Bonnie, mais le petit silence qui suivit révéla que chacun, même Marcus, aurait bien voulu que l’équipe soit en effet au complet.

— Alors, George et Angelina, reprit Marcus, Olivier m’a dit que votre fils aîné jouait au Quidditch, lui aussi.

— Oui, il vient justement de passer batteur titulaire dans l’équipe des Canons de Chudley, répondit fièrement Angelina.

— Batteur, hein ? Comme son père ! remarqua Marcus.

— Oh, il est bien meilleur que nous l’étions, assura George. Qui sait, peut-être que la chance des Canons va enfin tourner, avec lui ?

— Si elle ne tourne pas avec Freddie, elle ne tournera jamais, commenta Ginny.

— Vous aussi jouiez au Quidditch, Ginny ? demanda Bonnie. Je crois me souvenir que Marcus a mentionné votre nom…

— Oh, on peut se tutoyer, répondit Ginny avec un grand sourire. Et oui, j’étais poursuiveuse chez les Harpies, et j’ai fait la quatre-cent vingt-quatrième Coupe du Monde avec Olivier, dans l’équipe d’Angleterre.

— Ah, c’est ça ! se rappela Bonnie.

— Et toi, que fais-tu ? interrogea Katie.

— Je suis moi aussi intendante, mais pour le club de football de West Ham, répondit-elle.

— Bonnie et moi nous sommes rencontrés juste après la quatre-cent vingt-deuxième Coupe, expliqua Marcus. Après la guerre, nous avons vite dû nous marier, puisque notre petite Rosalie était sur le chemin. J’ai adopté le nom de famille de Bonnie, ajouta Marcus avec un air grave. Le nom de Flint était devenu trop connoté après l’Année des Ténèbres, je ne voulais pas l’infliger à Rosalie.

        Harry se souvint qu’aucun Flint n’avait été Mangemort, mais qu’un certain Tubercus Flint avait activement soutenu et financé la commission d’enregistrement des nés-moldus durant l’Année des Ténèbres. Il avait été condamné à une quinzaine d’années à Azkaban pour cela. Harry ne préféra pas demander à Marcus s’il s’agissait de son père.

— C’est très compréhensible, répondit-il plutôt.

— Et donc, reprit Olivier, Rosalie m’a dit que toi aussi tu avais suivi les traces de tes parents dans le Quidditch, James ?

— Oui, répondit ce dernier. Mais je ne suis pas attrapeur, et pas non plus capitaine d’équipe.

— J’étais un très mauvais capitaine, indiqua Harry.

— Tu ne pouvais pas être si mauvais que ça ! le rassura Olivier.

— Son propre gardien lui a envoyé un cognard dans la tête en plein match, répliqua Katie. Oui, tu m’as bien entendue, pas son batteur, son gardien !

        Tout le monde éclata de rire.

— Tu comprends maintenant pourquoi j’étais dur avec vous, ricana Olivier. C’est difficile de coordonner une équipe de bras cassés !

— De bras désossés, tu veux dire ? commenta George.

        Tout le monde rit à nouveau à ce souvenir, sauf Bonnie, Rosalie et James.

— Quand j’étais en sixième année, au cours d’un match, expliqua Marcus, Harry avait attrapé le Vif d’Or, mais un cognard lui avait cassé le bras. Et ce prof – comment s’appelait-il, déjà ?

— Gilderoy Lockhart, répondit machinalement Harry d’une voix aussi désespérée qu’amusée.

— Ah oui voilà, Gilderoy Lockhart a voulu le soigner, mais au lieu de ça, il a fait disparaître l’intégralité des os de son bras.

        Rosalie et James se mirent à rire tandis que Bonnie affichait un sourire dégoûté.

— Quel imbécile ce Lockhart, grommela Alicia.

— Ah, je vous cache pas que nous, ça nous a bien fait rire, à ce moment-là, commenta Marcus.

— Tu m’étonnes, dit Angelina avec un sourire.

        Leur conversation continua ainsi pendant le repas. Ils parlèrent Quidditch, Poudlard, Quidditch, professions respectives, et Quidditch. James et Rosalie semblaient s’entendre à merveille. Ils avaient très vite cessé de suivre la discussion des « vieux », et parlaient juste entre eux. Ginny ne pouvait s’empêcher de lancer à son fils des sourires pleins de sens, et à chaque fois, ce dernier rougissait. Vers vingt-trois heures, James, Ginny et Harry se levèrent, saluèrent leurs amis, et prirent congé.

— Hé, James ! le rappela Rosalie.

— Oui ? fit l’intéressé en se retournant.

        Harry et Ginny échangèrent un regard, se demandant s’ils devaient assister ou non à cette conversation.

— Je viendrai avec Olivier au dernier match de la saison à Poudlard, l’an prochain, indique Rosalie. Le but est de repérer les bons joueurs, et de les recruter. Qui sait ? Peut-être que tu pourrais rejoindre le Club de Flaquemare, après l’école ?

        James lui sourit.

— Oui, ça serait super !

— Alors après le match de demain, on se verra dans une dizaine de mois ! lança Rosalie en tournant les talons. Ou peut-être avant, ajouta-t-elle avant de refermer la porte du chapiteau.

        C’est le teint cramoisi que James retourna vers ses parents. Cette fois-ci, Ginny ne le charia pas, et se contenta de le tenir par l’épaule en affichant un sourire rayonnant. Tous les trois marchèrent en silence en direction de leur tente, satisfaits de leur soirée.

 

*       *       *

 

        Le lendemain, ce fût le chaos dès sept heures du matin. Le match ne commençait qu’à onze heures trente, mais chacun voulait avoir une bonne place, et une queue immense s’était formée devant les portes du stade. Tous les moyens étaient bons pour essayer de doubler les autres. Des petits malins avaient tenté de passer par-dessus le stade sur des balais, mais un sortilège de protection avait plongé leurs balais dans l’eau, et ils avaient dû attendre l’arrivée des secours. La foule avait éclaté d’un rire immense.

        Harry et sa famille ne se préoccupaient pas de tout cela. Ils avaient leurs places attitrées dans les loges officielles, et ne se déplacèrent qu’une heure avant le début du match. La foule étant déjà beaucoup moins dense à cette heure, ils parvinrent à gagner leurs places avant onze heures.

— Salut Rosalie ! s’écria un peu trop fort James en repérant la jeune fille, qui lui répondit par un sourire radieux.

        Rosalie était installée à côté de ses parents, et semblait avoir réservé la place qui était à sa gauche, à laquelle James s’installa allègrement.

— Scorpius ! s’exclama alors Albus, repérant son meilleur ami au bout de la même rangée.

        Il se rua vers lui tandis que Harry soupira en voyant le père de Scorpius, Drago Malefoy. Harry imita Ginny et accorda un grand sourire à Astoria, mais n’adressa qu’un simple signe de tête poli à Malefoy, puis s’installa le plus loin possible de lui, juste à côté de James. Il observa avec satisfaction que Malefoy avait fait la même chose, et était assis tout au bout de la rangée. Il se demanda qui donc avait bien pu inviter les Malefoy.

        A sa gauche, Teddy et Victoire s’installèrent l’air joyeux. A sa droite, James et Rosalie étaient déjà en pleine discussion. Harry s’efforça de n’écouter aucune des deux conversations, sachant qu’elles ne le regardaient pas. Décidément, il avait bien choisi sa place.

— Au fait, merci pour les billets, lui dit chaleureusement Victoire. J’ai l’impression d’être la cousine Weasley privilégiée.

— J’ai toujours affirmé que tu étais ma nièce préférée, plaisanta Harry.

— Ils sont tous très jaloux, tu sais. Surtout Freddie et Roxanne, George et Angelina sont venus sans eux.

— Eh oui, ils n’ont pas tous eu la jugeotte de s’être marié au filleul de l’attrapeur de l’ancienne équipe d’école de l’entraîneur officiel, sourit Harry. Excellente stratégie, je savais que ta mère t’entraînait aux échecs, mais je n’imaginais pas que tu avais autant de coups d’avance !

        Victoire et Teddy éclatèrent de rire.

— Au fait, vous avez fini de vous installer ? demanda Harry.

        Teddy et Victoire venaient de déménager dans un logement un peu plus grand, une petite maison dans le hameau de Feldcroft, près de Pré-au-Lard.

— Presque ! répondit Teddy. Il nous reste encore quelques affaires à ranger, et on a un peu d’organisation à faire. Mais promis, on vous invitera à dîner dès que tout sera fini !

— J’espère bien. Du moment que ce n’est pas toi qui fait à manger, le taquina Harry. D’ailleurs, je ne vous ai jamais demandé, pourquoi Feldcroft ?

— Parce que c’est tout proche de Poudlard, répondit Victoire. Tu sais comme je déteste voyager en cheminée, ça me permettra de transplaner.

— Oui, c’est vrai… commença Harry avant d’aligner deux neurones et de soudainement comprendre quelque chose. Attend, pourquoi tu as besoin d’être près de Poudlard ? ajouta-t-il.

        Victoire et Teddy éclatèrent à nouveau de rire.

— Je pense que c’est le moment parfait pour te l’annoncer, reprit Teddy, mais il y a quelques semaines, Pompom Pomfresh nous a dit qu’elle comptait prochainement prendre sa retraite.

        Harry relia le reste des idées tout seul, mais les laissa finir.

— J’ai donc postulé, continua Victoire, et j’ai été acceptée !

— C’est super, félicitations ! sourit Harry.

— Je vais rester deux ans en formation avec Pompom, et si tout se passe bien, elle me passera le relais, et je serai l’infirmière de Poudlard !

— C’est une excellente nouvelle, vous devez être contents de travailler au même endroit.

— Oui, c’est une superbe opportunité, fit Victoire.

        Le son grave et résonnant d’un immense tambour coupa court à leur conversation. Le commentateur du match se présenta, introduit les deux équipes concurrentes : celles du Laos et de l’Angleterre. Chaque pays offrit un spectacle particulier. Un couple de zouwus laotiens émerveilla le stade, puis une impressionnante horde d’hippogriffes lui cloua le bec. Enfin, les joueurs pénétrèrent le stade, chaque nom étant crié par le présentateur. C’était une question de principe : Harry hurla à la mention de chacun des membres de l’équipe anglaise. A l’applaudimètre, il jaugea que le Laos et l’Angleterre devaient avoir à peu près autant de supporters, répartis dans les tribunes.

        Puis le match commença.

        Harry n’avait pas assisté à un match de Coupe du Monde depuis la quatre-cent vingt-septième, en 2014, durant laquelle il avait admiré son ami Viktor Krum arracher la Coupe à l’équipe adverse. Mais là, il dût admettre que la performance à laquelle il était en train d’assister surpassait tout ce qu’il avait vu précédemment.

        Chacun des joueurs – équipé du nouveau Nimbus 2009 – évoluait dans les airs comme s’il avait appris dès la naissance. On aurait cru assister à un ballet, tout était parfaitement millimétré, tout fonctionnait, les enchaînements étaient maîtrisés, la cohésion de chaque équipe était impeccable. Harry était tellement abasourdi, qu’il ne parvenait même pas à huer lorsque l’équipe de Laos marquait des buts.

        Durant la première heure de match, Harry ne put déceler de différence de niveau entre les deux équipes. Il crut cependant comprendre que Ginny, qui avait un œil beaucoup plus professionnel et expert que lui, donnait plutôt l’avantage à l’équipe anglaise. A partir d’un certain temps, l’équipe du Laos se fatigua, et celle de l’Angleterre, manifestement plus endurante, assura une domination beaucoup plus évidente. Ils contrôlaient davantage d’actions, marquaient plus de buts. L’un des batteurs accomplit même un coup de génie en visant le souafle avec son cognard, permettant à son équipe de récupérer la grosse balle rouge. Peu-à-peu, l’écart entre les scores de creusait.

        Enfin, après trois heures absolument magistrales, le match prit fin. A l’image de son équipe, l’attrapeur anglais avait battu l’attrapeur laotien. Trois-cent soixante à cent-trente, victoire de l’Angleterre qui gagnait la quatre-cent vingt-neuvième Coupe de Monde de Quidditch.

        Au moment où la petite balle dorée fut attrapée, il sembla qu’Harry débloqua de toutes nouvelles capacités vocales. Jamais au cours de sa vie n’avait-il autant crié. Apparemment, cette victoire lui tenait plus à cœur que son mariage, ou même sa défaite contre Voldemort. Il sauta sur place à pieds joints en levant les bras, ne prit même pas la peine de se moquer de Malefoy qui faisait la même chose, serra James dans ses bras, puis Rosalie, puis Bonnie et Marcus, puis changea de sens pour se jeter sur Victoire, puis Teddy, puis ses deux autres enfants, puis il embrassa Ginny qui hurlait encore plus fort que lui et qui avait les larmes aux yeux, puis dans un élan d’euphorie il enlaça également Scorpius et Astoria Malefoy, avant de croiser le regard plein de sens de Malefoy, de reprendre ses esprits et de regagner sa place à côté de James qui était langoureusement en train d’embrasser Rosalie.

        Il était parfaitement conscient d’en faire des tonnes et des tonnes. Et il aimait cela. C’était l’effet Quidditch.

 

*       *       *

 

        Comment avaient-ils regagné leur tente ? C’était un peu flou. Le tsunami de foule avait mis entre deux et trois heures à quitter le stade et à traverser les pontons de bois. Il avait fallu seulement dix minutes à Harry pour en avoir marre du monde et du bruit, et une grosse migraine avait vite pris le dessus sur sa bonne humeur. Comment avait-il pu faire la fête toute la nuit après la victoire de Gryffondor, vingt-huit ans plus tôt ?

        Arrivés sur le campement, Harry refusa tout net de continuer à faire la fête avec les autres, et retourna au calme s’allonger dans la tente. Ginny, Teddy, Victoire et Lily rentèrent avec lui, mais Albus fut autoriser à rester avec les Malefoy, et James disparut Merlin-sait-où avec Rosalie. Connaissant son mari, Ginny prit soin de jeter un sort d’isolation sonore autour de la tente, mais Harry ne put s’endormir. Malheureusement, la dernière fois qu’il avait dormi sur le campement d’une Coupe du Monde de Quidditch, cela avait mal tourné. Il s’installa alors dans un fauteuil du salon, en compagnie des autres qui discutaient encore du match.

        Perdu dans ses pensées, la joie de la victoire de l’Angleterre commençait à se diluer avec l’angoisse des affaires en cours. Cela faisait presqu’un an qu’il n’y avait pas eu de victime du mystérieux tueur en série. En Angleterre, du moins. Deux mois auparavant, il avait eu vent de deux meurtres similaires au Danemark, et il en était très préoccupé. Par ailleurs, si le tueur avec bel et bien quitté le pays et menait ses affaires à l’étranger, ça n’était qu’une question de temps avant que l’on vienne leur reprocher, à lui et au ministre de la Magie anglais, leur incompétence. Il soupira.

— Harry ! l’appela Ginny. Réveille-toi, Victoire a quelque chose à nous annoncer !

— ‘Suis déjà au courant, grogna Harry.

— Pas totalement, fit la voix enjouée de Victoire.

        Harry ouvrit les yeux et releva la tête d’un air étonné, air que partageait Teddy.

— Comme j’ai dit à Harry tout à l’heure, je vais commencer à travailler à Poudlard dès l’an prochain, en tant qu’apprentie infirmière !

— Ooh, mais c’est super ! s’écria Ginny. Félicitations !

— Oui, c’est super, mais qu’y a-t-il d’autre ? demanda Teddy, intrigué.

— Tu penses que la maison sera assez grande pour trois ? fit Victoire avec malice.

        Ginny poussa un cri de jubilation, Harry se redressa d’un coup, et Teddy lança un regard complètement abasourdi. Puis, ce dernier se jeta dans les bras de Victoire, et Ginny, ne tenant plus, plongea à son tour dans l’étreinte.

— Quelle journée ! lança Harry, dont la migraine avait disparu d’un coup.

        Il prit son filleul dans ses bras, puis sa nièce.

— Félicitations à tous les deux, dit-il chaleureusement.

— C’est une super nouvelle, j’espère que tu vas quand même privilégier ta filleule préférée plutôt que ton enfant, s’exclama Lily en faisant semblant de s’indigner.

— Si ton père y arrive, ça ne doit pas être si compliqué, rétorqua Teddy.

— Eh ! protestèrent en chœur Lily et Harry.

— Bon, je vais essayer de nous trouver un portoloin plus tôt que prévu, dit Teddy. Il faut tout de suite qu’on aille annoncer la bonne nouvelle à grand-mère !

        Il embrassa Victoire une dernière fois avant de sortir de la tente.

— C’est une journée pleine d’émotions et de bonnes nouvelles, sourit Harry à l’adresse de Victoire et Ginny.

— Oui, répondit son épouse. Dommage que « Victoire » ne soit déjà pris.


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