La mort est une fin heureuse

Chapitre 9 : Le marteau des sorcières

5166 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/03/2024 15:36

Harry, Juillet 2021.

 

— C’est cet idiot de Kirkson qui est allé parler directement à Hugo sans même prendre la peine de nous contacter avant, soupira Hermione.

— Vire-le, lui répondit Ron.

— J’aimerais bien, mais malheureusement c’est plus compliqué que ça. En plus, il a insulté Mrs. Erskine en lui disant que les sorciers n’avaient pas à aider les moldus. Non mais, vraiment.

— Vire-le, répéta Ron.

— Si tu veux, Hermione, je peux le faire arrêter. Il suffira de cacher une fiole de poison dans son attaché-case puis de l’accuser de contrebande, plaisanta Harry.

— S’il-te-plaît, Harry, pas de faux espoirs, sourit Hermione. En tout cas, Mrs. Erskine a vraiment fait un excellent boulot. Elle n’a pas perdu la face, et l’a envoyé bouler aussi facilement que s’il avait été un veracrasse. Je l’aime bien, cette femme.

— Oui, elle avait l’air vraiment sympathique, affirma Harry. Son majordome aussi, d’ailleurs.

— Évidemment qu’il est gentil, son majordome, fit Ron. Elle aussi est très gentille avec lui, ils doivent se donner des cours privés de gentillesse tous les deux le soir, si vous voulez mon avis.

Hermione éclata de rire, Harry recracha la moitié de sa gorgée de bièraubeurre.

— Alors vous aussi, vous avez eu cette impression ! s’écria Harry. Je pensais être le seul, Ginny m’a pris pour un fou. Mais je suis sûr d’avoir vu Mrs. Erskine lui toucher la main quand il lui a donné son verre de jus de citron !

— Après tout, ils font ce qu’ils veulent, dit Hermione en reprenant son sérieux. Je suis bien contente qu’en tant que mère célibataire, elle n’hésite pas à reprendre en main sa vie de couple.

— Oui, tout à fait d’accord, répliqua Ron, du moment que nos enfants ne soient pas réveillés en pleine nuit à cause de l’intensité de leurs cours privés. Bonjour la conversation qu’on va devoir avoir avec eux, après.

Harry éclata de rire.

— Harry et moi sommes tous les deux passés par cette conversation, Ron, affirma Hermione. D’ailleurs, Rose a très bien suivi ce que je lui ai expliqué, et je n’ai pas ressenti le moindre moment de gène. Hugo grandit de plus en plus vite, il va bien falloir le faire un jour.

Ron rougit et se renfrogna.

— Oui, bon, on n’est pas obligé de se lancer là-dedans.

— T’inquiète, vieux, sourit Harry, je t’expliquerai comment faire.

Ron lui lança le contenu d’un bol de gâteaux apéritifs à la figure.

        C’était un vendredi soir, tard. Les trois enfants de Harry étaient absents : James était au Terrier avec trois de ses cousins, Albus était en vacances chez les Malefoy, et Lily était chez son amie Evelyn, ainsi que Hugo, le fils de Ron et d’Hermione. Quant à Rose, la sœur aînée d’Hugo, elle était tranquillement chez elle, à vaquer à ses occupations.

        Harry, Ron et Hermione avaient donc décidé de prendre leur soirée pour se retrouver autour d’une table dans leur restaurant moldu préféré, puis ils avaient continué sur leur lancée avec quelques verres de Whisky-pur-feu à la Tête de Sanglier. Il était un peu plus d’une heure du matin, et tous avaient un peu trop bu.  

— J’espère que personne ne va nous reconnaître dans cet état, fit Hermione, à la fois anxieuse et amusée.

— Toi et moi, ça ne risque rien, fit Ron, j’ai grossi et toi tu as changé ta coiffure. Par contre, pour Harry, c’est possible…

— Mais non, répondit Harry, regardez, les autres clients sont encore plus saouls que nous !

Soudain, Hermione se redressa en sursaut sur sa chaise.

— Et si un des profs de Poudlard venait ? C’est juste à côté ! Il nous reconnaîtrait !

— Si c’est Neville ou Teddy, ils nous paieront une tournée ! rota Ron.

— Par contre, fit Harry, si c’est McGonagall ou Flitwick… Gryffondor va encore avoir des problèmes !

Tous les trois éclatèrent d’un rire fort et incontrôlable.

— Et si c’était Hagrid qui nous voyait ? reprit Ron.

— Oooh, Hagrid ! s’écria Harry, un peu trop fort à son goût. On aurait dû l’inviter ! Ça fait trop longtemps qu’on ne l’a pas vu !

— T’as raison, répliqua Ron, la prochaine fois on le prendra avec nous pour aller au restaurant, il faudra juste penser à prendre une réservation pour six.

Harry et Hermione éclatèrent à nouveau de rire.

— Sérieusement, ça fait depuis le mariage de Teddy qu’on ne l’a pas vu, remarqua Harry. Ça fait presque quatre mois !

— C’est vrai, dit Hermione d’un air triste. Mais, de toute façon, je crois qu’il passe ses vacances d’été avec madame Maxime, en France…

— Sinon, on pourrait toujours rendre visite à son petit frère, suggéra Ron.

Harry éclata de rire, mais Hermione n’avait pas entendu, elle cherchait dans son sac à main son petit téléphone portable qui sonnait à tout rompre.

— T’as amené ce machin ici ? râla Ron. Franchement, je ne vois pas à quoi ça sert…

Mais Hermione lui fit signe de se taire, et décrocha. Ron se tourna vers Harry.

— Elle l’a acheté il y a deux ans dans un magasin moldu, et il n’a pratiquement jamais servi depuis. Pourtant, elle s’entête à l’embarquer partout avec elle, et…

Il s’interrompit en voyant le visage de sa femme s’effondrer. Quand celle-ci raccrocha, Harry et Ron l’interrogèrent du regard. Hermione bondit de sa chaise.

— Il y a eu une attaque chez Mrs. Erskine, indiqua-t-elle simplement.

Harry sentit son cœur faire un saut périlleux. D’un seul coup, il retrouva toute sa sobriété. Qu’était-il arrivé à sa fille ? Ron et lui se levèrent brusquement, et brandirent leurs baguettes. Un instant plus tard, ils étaient devant la maison où leurs enfants avaient passé leurs vacances.

        Un policier moldu les vit transplaner devant ses yeux et sursauta. Sans lui accorder plus qu’un simple regarde, Hermione passa devant lui comme une furie, pointa sa baguette sur sa tête et murmura « Oubliettes ». Confus, le policier se gratta le menton et regarda autour de lui.

        Le temps de marcher depuis le portail vers la porte d’entrée, Harry sortit son miroir, et appela le QG des Aurors. Le visage d’Angelina – sa belle-sœur –, qui était de garde cette nuit-là, apparût.

— Lily et Hugo ont été attaqués, dit aussitôt Harry. Envoie-moi deux Aurors, je t’envoie les coordonnées.

Angelina avait l’air inquiète, mais elle acquiesça sans un mot.

        Quand Ron, Hermione et lui entrèrent dans la maison, ils virent deux policiers qui s’occupaient d’un petit groupe d’enfants. En les voyant, Lily et Hugo se précipitèrent vers eux. Hugo arriva en premier, et se jeta dans les bras de ses parents. Harry se baissa et étreignit sa fille en pleurs. Il la serra fort dans ses bras et lui embrassa la tête. Cela avait été seulement quelques instants de panique, et pourtant le cœur de Harry tambourinait comme un fou. Lentement, aidé par l’étreinte de sa fille, il retrouvait petit-à-petit son calme. Ils restèrent ainsi pendant plusieurs minutes. Puis ils se séparèrent.

— Tu vas bien, murmura Harry en caressant les cheveux flamboyants de sa fille, tu vas bien…

Harry observa les autres enfants. Les jumeaux blonds de son amie Luna étaient recroquevillés l’un contre l’autre, les yeux rivés vers le sol. Un garçon que Harry ne connaissait pas était debout devant une fenêtre, et regardait dehors. La fille de Mrs. Erskine était assise, et maintenait ses genoux sous son menton. Son regard était atrocement vide, et des traces de larmes sèches envahissaient son doux visage. À côté d’elle, Alice, la fille de Neville, pleurait encore, mais elle avait son bras autour de son amie. Enfin, un petit gaillard tout pâle le regardait droit dans les yeux, intrigué. Il paraissait simplement fatigué.

Hermione laissa son fils dans les bras de Ron, et se tourna vers les policiers.

— Que s’est-il passé ? demanda-t-elle d’un ton sévère et sec que Harry ne lui connaissait pas.

— Je vais vous expliquer, répondit Ernest Butternut, qui venait d’apparaître dans le séjour. En privé, ajouta-t-il en désignant de la tête les huit enfants.

D’un signe de la tête, Ron assura à Harry et à Hermione qu’il restait avec les enfants. Les deux amis suivirent donc Butternut dans la salle à manger. Harry remarqua qu’il était blessé au niveau du visage et du torse, et que ses poings étaient en sang.

— Nous avons été attaqués par cinq hommes et une femme, expliqua-t-il. Pas des sorciers. Je ne sais pas exactement ce qu’ils cherchaient, mais ils avaient manifestement l’intention de tuer.

— Où sont-ils ? demanda Harry en fronçant les sourcils.

— Ils se sont enfuis. Ils ont essayé de s’en prendre aux enfants, à l’étage, mais je suis arrivé à temps. Les enfants ont pu se cacher. Les assaillants sont partis, mais il y en a un qui est inconscient, là-haut.

— Ils… Ils s’en sont pris à nos enfants ? balbutia Hermione, tandis que Harry recommençait à trembler de tout son corps.

— Je crois même que c’est eux qu’ils cherchaient. Quand l’un d’entre eux les a repérés, je l’ai entendu crier aux autres où ils étaient.

— Et… vous les avez protégés ? fit Harry, une énorme boule au ventre.

— Bien entendu, fit Butternut, un peu surpris.

— Je ne sais pas quoi dire pour vous remercier, monsieur, s’inclina Harry. Vraiment, je ne sais pas ce qui se serait passé si vous n’aviez pas été…

— Mais je n’ai pas pu protéger Sabrina, coupa Butternut en baissant la tête. Quand j’ai entendu qu’ils allaient s’en prendre aux enfants, j’ai fait d’eux une priorité. Mais en fait, c’était déjà trop tard pour elle. Ils l’ont tuée.

Harry se pinça les lèvres, et Hermione s’assit violemment sur la chaise la plus proche. Tous les trois ne dirent plus rien pendant quelques instants. Harry s’appuya contre le mur et plongea son visage dans ses mains. Spontanément, Ernest reprit la parole, la mâchoire tremblante, une larme coulant sur sa joue.

— Quand ils sont partis, je suis allé chercher les enfants. Je les ai trouvés facilement, Evie avait perdu un chausson devant leur cachette. On a attendu l’arrivée de la police, puis nous sommes revenus ici avec eux. Je me suis souvenu que vous aviez donné un numéro à Sabrina, alors j’ai pris son téléphone et je vous ai appelée.

— Merci, dit Harry en mettant sa main sur l’épaule du Butternut. Merci, sincèrement. S’il y a quoi que ce soit que nous puissions faire…

À ce moment, Seamus Finnigan et Primrose Dagworth, deux de ses Aurors, débarquèrent dans la salle à manger. Ernest se leva.

— Harry ? Hermione ? Que s’est-il passé ? demanda Seamus.

— On ne sait pas grand-chose, pour l’instant, répondit Harry, à part que monsieur Butternut ici présent a sauvé nos enfants. Monsieur, je ne sais pas si vous le saviez, mais je suis l’équivalent de chef de la police chez les sorciers, et voici les Aurors Finnigan et Dagworth, deux de mes subordonnées.

Ernest Butternut salua poliment les deux Aurors.

— Monsieur Butternut est moldu, précisa Harry. Seamus, tu veux bien l’accompagner à Ste Mangouste ?

— Ste Mangouste ? fit Butternut, méfiant.

— Un hôpital pour les sorciers, clarifia Hermione. Ils pourront vous rafistoler en un rien de temps.

— Un hôpital ordinaire fera l’affaire, répliqua Butternut. Et je n’irai nulle part tant que cette histoire ne sera pas clarifiée. Je veux suivre l’enquête. Vous me devez bien ça, ajouta-t-il à l’adresse de Harry.

— B… bien sûr, assura ce dernier. Comme vous voulez. Hermione, tu peux t’occuper des enfants avec Ron ? On se charge du reste. Je te tiendrai au courant.

Hermione acquiesça d’un signe de tête et sortit de la salle à manger. Harry se retourna vers Seamus et Primrose.

— Bon, c’est parti, dit-il. Tous les deux, séparez-vous et cherchez les assaillants dans le coin. C’est peu probable que vous les retrouviez, mais on ne sait jamais.

— Ils avaient des vestes de cuir noires, des grands couteaux, et des masques rouges et noirs, indiqua Butternut.

Seamus et Primrose firent un signe de tête à Butternut, puis transplanèrent.

— Monsieur Butternut, reprit Harry, pouvez-vous me montrer le… pouvez-vous m’indiquer où Mrs. Erskine est morte ?

— Je ne pense pas que les flics vous laisseront entrer, répondit Butternut. C’est une scène de crime.

— Ils me laisseront entrer, assura Harry.

— Si vous le dites, dit simplement Butternut. Suivez-moi.

Harry le suivit hors de la cuisine. Les enfants n’étaient plus dans le hall d’entrée, Ron et Hermione les avaient rassemblés dehors, près de la balançoire, en attendant que leurs parents viennent.

        Butternut observa rapidement la petite Evelyn depuis la fenêtre, et vit qu’elle était entre de bonnes mains. Soulagé, il conduisit Harry vers la porte qui menait à la chambre de Sabrina, gardée par un policier moldu.

— Messieurs, c’est une scène de crime, indiqua le policier. Je sais que vous connaissiez la victime, mais personne n’a le droit d’entrer dans cette pièce avant que la brigade de…

Confundo, murmura Harry en pointant discrètement sa baguette en direction du policier.

— Je… bon, d’accord, allez-y, balbutia-t-il, mais ne dites rien à mes parents !

Le policier leur laissa le chemin libre. Butternut était de plus en plus pâle.

— Vous préfèreriez peut-être que j’y aille seul ? demanda doucement Harry.

— Non, c’est bon, répondit Butternut, déterminé. Allons-y.

Butternut ouvrit la porte.

La pièce était dans le désordre. Des plumes étaient éparpillées un peu partout sur le sol, venant des oreillers et de la couette parsemés de déchirures. Une petite table de chevet en bois, qui habituellement était probablement à côté du lit, était encastrée dans une armoire à l’autre bout de la pièce. Et, au pied du lit, Mrs. Erskine était étendue, les bras en croix, les yeux et la bouche grands ouverts. Son visage était couvert de petites coupures et de bleus, et une profonde entaille traversait sa gorge. Son sang avait coulé un peu partout dans la pièce durant la bagarre.

        Derrière lui, Harry entendit Butternut s’assoir dans un coin et sangloter silencieusement. Il jugea préférable de ne pas le déranger. Réconforter les proches des victimes n’avait jamais été son fort. Il sortit sa baguette, et la pointa vers le corps de Mrs. Erskine.

Les traces de sang disparurent de son visage et du sol, la déchirure au niveau de son cou se recousit, et ses yeux et sa bouche se refermèrent lentement. Elle avait l’air beaucoup plus paisible, comme ça. Si sa fille venait la voir, elle serait moins choquée.

— Merci, dit Butternut.

— Les enfants… Ils le savent ? Ils l’ont vue comme ça ?

— Pas tous, répondit Butternut en soupirant. Mais Evelyn, oui. Pauvre petite. Et Hugo aussi l’a vue.

Harry se renfrogna. Evelyn et Hugo seraient probablement traumatisés pendant un bout de temps. Harry n’imaginait même pas ce que cela pouvait être de voir un être cher dans cet état. Et leur expérience sera encore plus choquante quand tous les deux découvriront les Sombrals, à la rentrée. Cette pensée déprima Harry. Il allait falloir que Hermione et Ron aient une petite discussion avec Hugo et Evelyn, pour les prévenir.

— Bien, je voudrais aller voir l’homme à l’étage, indiqua Harry.

 

L’état de la petite chambre d’Evelyn était encore plus désastreux que celui de la chambre de sa mère. Une couche de morceaux de bois provenant des lits et des meubles couvrait le sol. Un homme portant un masque rouge et noir était allongé, un couteau enfoncé entre les côtes. Il respirait encore.

— J’imagine que c’est vous qui lui avez…

— Je n’ai pas eu le choix, répliqua Butternut avec un air de défi. Ils étaient six, j’étais tout seul, et il n’était pas question que les enfants prennent part au combat.

— Bien sûr, assura aussitôt Harry. Pouvez-vous me donner quelques détails ?

— Très bien. J’étais en train de dormir dans ma dépendance, quand j’ai entendu la porte de la maison se fracasser sur le sol. Le temps que je me lève, que j’appelle la police rapidement, et que je rejoigne la porte d’entrée, ils étaient déjà arrivés dans la chambre de Sabrina. Ils étaient cinq sur elle, je l’entendais se débattre et hurler.

Butternut marqua une pause pour déglutir. Son front dégoulinait de sueur.

— Si vous préférez, je peux prendre votre déposition plus tard, dit Harry, cela vous laisserait le temps de…

— Non, c’est bon, coupa Butternut. C’est encore frais dans ma mémoire. J’ai tout de suite voulu me jeter sur eux pour aider Sabrina. Mais à ce moment, j’en ai entendu un sixième appeler les autres à l’étage. J’ai entendu les enfants s’enfermer dans la chambre d’Evie. Alice a commencé à crier à l’aide par le vélux, alors j’ai fait le tour le plus vite possible pour les rejoindre par l’extérieur. Dès que je suis entré, j’ai ordonné aux enfants de sortir par le vélux. Puis, le premier homme est entré, mais j’ai pu le prendre par surprise et le maîtriser facilement. Je suis resté dans la chambre pour m’assurer que les enfants étaient bien en train de monter sur le toit. Un deuxième homme est entré. Il était plus fort que l’autre. J’ai entendu le reste monter les escaliers, donc j’ai dû en finir précipitamment avec celui avec qui je me battais. Je lui ai enfoncé son couteau dans le torse. J’ai à peine eu le temps d’aider trois des enfants à monter, que trois autres m’ont sauté dessus. J’étais bloqué avec eux, et une femme est entrée et s’est dirigée vers Hugo. Il a failli se faire avoir, mais Basile a sauté sur la femme, et elle est tombée. J’ai eu le temps de l’attraper, et les enfants qui restaient ont pu s’enfuir. Puis, les assaillants ont vite vu qu’ils avaient perdu leur trace, et que j’allais tous les mettre K.O. Alors ils ont couru vers les escaliers en laissant leur camarade inconscient. Pour m’assurer qu’ils ne tombent pas sur les enfants dehors, je suis sorti par le vélux, et j’ai vite retrouvé les enfants moi-même. On a attendu l’arrivée de la police à l’endroit où ils étaient cachés.

Butternut se tut. Harry ne revenait pas à quel point ils avaient eu de la chance que Butternut ait été là. Sans lui – et cette pensée donnait à Harry la nausée – les enfants auraient probablement été tués. Facilement. Harry ressentit un grand élan d’affection envers lui. Mais il resta professionnel.

— Avez-vous reconnu l’un des assaillants ? demanda-t-il.

— Moi, non, répondit Butternut, mais Hugo m’a dit après coup qu’il avait reconnu le tout premier homme, celui qui avait appelé les autres à l’étage. Il a dit que cet homme était souvent à la plage, notamment le jour de l’accident d’un jeune garçon, je ne sais pas si vous êtes…

— Oui, je suis au courant.

— Parfait. D’après Hugo, cet homme l’avait regardé bizarrement après qu’il ait… heu… guéri le jeune garçon.

Les entrailles de Harry se crispèrent. Cet homme avait donc été témoin d’un acte de magie. Avait-il compris ? Était-il déjà au courant du monde des sorciers ? Avait-il appelé d’autres gens pour leur demander de venir ?

— Mais… sa mémoire a été effacée, non ? Votre ministère n’a pas envoyé des gens pour effacer la mémoire des gens sur la plage ? demanda Butternut.

Harry réfléchit à toute vitesse.

— Si, répondit-il gravement. Et les oubliators sont très efficaces. Si cet homme leur a échappé, c’est qu’il était déjà au courant qu’ils viendraient. Il a dû s’enfuir de la plage au plus vite après avoir vu la scène. Il sait donc que le monde des sorciers existe, et comment il fonctionne. Vous dites qu’il était là régulièrement à la plage. Mrs. Erskine venait-elle avec vous, parfois ?

— Heu… oui, la plupart du temps.

— Dans ce cas, il est probable que l’homme ait fait le rapprochement entre Hugo et elle. Et comme elle est une figure politique assez connue, il l’a sûrement reconnue. Mais pourquoi vouloir la tuer ?

— Je ne sais pas. Si je peux me permettre, comme je l’ai dit plus tôt, le fait que l’homme ait appelé les autres quand il a trouvé les enfants m’a vraiment amené à penser que c’était eux qu’ils cherchaient, sûrement Hugo, puisque c’est lui qui a fait de la magie.

— J’avais oublié ce détail, répondit sombrement Harry. Mais dans ce cas, pourquoi tuer Mrs. Erskine, plutôt que de simplement l’assommer ?

— Ou peut-être qu’ils la visaient elle aussi, tenta Butternut.

— Possible. On ne peut que spéculer pour le moment. Bon, je vais amener celui-là au bureau, dit Harry en pointant du doigt l’homme inconscient. Vous… j’imagine que vous voulez assister à l’interrogatoire ?

— Oui, répondit fermement Butternut.

Harry acquiesça.

Pendant leur petite enquête à l’étage, plusieurs personnes étaient arrivées. D’abord, Seamus et Primrose étaient revenus bredouilles de leurs recherches. Ensuite, Neville, Luna, les deux parents d’Entis Trite et même Ginny étaient arrivés pour s’occuper de leurs enfants. Le petit Basile, dont les parents n’avaient apparemment pas été mis au courant, repartit avec Hugo, Ron et Hermione.

        Lorsque Harry présenta Neville à Butternut, lui disant qu’il était un professeur à Poudlard et un homme en qui il avait une confiance absolue, Evelyn fût autorisée à aller avec Alice le temps que Butternut ne suive l’enquête.

        Harry laissa Primrose s’occuper de la police moldue, et embarqua l’homme inconscient au bureau des Aurors en compagnie de Seamus et de Butternut. Il installa l’homme dans une salle d’interrogatoire, lui retira le couteau d’entre les côtes, et lui administra quelques sortilèges de soins, avant de le réveiller.

L’homme regarda autour de lui, et paraissait perdu et effrayé.

— Où suis-je ? Qui êtes-vous ?

Harry n’avait pas une once de pitié en lui. Le simple regard de cet homme lui donnait des frissons de colère. Heureusement que Seamus et Butternut étaient présents pour le calmer.

— Harry Potter, directeur du bureau des Aurors. Vous êtes en état d’arrestation pour homicide et tentative d’infanticide.

— Harry Potter ? C’est vous ? sourit l’homme.

Harry fronça les sourcils et s’appuya sur la table.

— Présentez-vous ! ordonna Harry.

— Très bien, répondit l’homme. Je m’appelle Jack Toren.

Harry se redressa. Il connaissait ce nom de famille. Marilyn Toren était une sorcière qui avait été retrouvée morte sans aucune explication plus d’un an auparavant. Elle faisait partie de ces victimes en série dont le bureau des Aurors n’avait jamais réussi à trouver le coupable. Harry soupira, sentant venir ce qui allait se passer.

— Vous connaissiez Marilyn Toren ? demanda-t-il, certain de la réponse.

— Mon épouse, répliqua aussitôt Toren. Une sorcière. Je l’aimais profondément. Assez pour continuer à l’aimer quand elle m’a dit qu’elle était une sorcière. Mais je n’ai jamais été à l’aise avec son monde. Enfin, votre monde. Et j’avais raison. Elle a été assassinée par l’un de vous. Et vous avez laissé couler.

— Personne n’a rien laissé couler, gronda Harry.

— Ah, vraiment ? Alors qui l’a tuée ? Où est le coupable ? Quelles sont vos pistes ? Vous cherchez encore, au moins ?

Harry ne répondit pas.

— Vous voyez ? reprit Toren. Vous vous en contrefichez. Mon épouse a été tuée parce qu’elle a osé épouser un moldu, et vous, au fond, vous êtes d’accord.

— Monsieur, rien de ce que vous dites n’est vrai ni fondé.

— Oh, mais vous pouvez me le dire, à moi ! cria Toren. C’est pas comme si j’allais rester en vie bien longtemps ! Les sorciers sont des sauvages !

Et il cracha au visage de Harry, et se mit à rire avec force. Harry, tremblant de colère, s’essuya rapidement, et attendit que Toren reprenne son calme.

— Une de vos connaissances a vu le jeune garçon faire de la magie, sur la plage, affirma Harry.

— Oui, répondit Toren.

— Et il savait que ce garçon était avec Sabrina Erskine.

— Oui. En plus, j’avais voté pour elle. Cette salope de traîtresse.

À ces mots, Butternut se jeta sur Toren avec une telle rapidité que Harry n’eut pas le temps de réagir, et enfonça son poing dans le visage de Toren. Seamus se rua pour attraper Butternut afin de le contenir. Harry releva Toren, qui était tombé par terre. Plusieurs de ses dents étaient tombées dans un flot de sang. Butternut ne dit rien, mais Harry l’entendait trembler de tout son corps derrière lui.

— Cet homme vous a prévenu, et vous avez planifié votre attaque durant la semaine qui a suivi l’accident, reprit Harry.

— Ouais, cracha Toren.

— Qui sont vos complices ?

Toren éclata de rire, et du sang gicla à nouveau de sa bouche.

— Vous n’avez pas encore compris ? beugla Toren. Je n’ai rien à perdre ! Vous croyez que je vais balancer mes complices comme ça ? J’espère qu’ils vont continuer ! J’espère que d’autres les rejoindront, et qu’ils extermineront votre espèce de la surface de la Terre ! Malleus Maleficarum !

Un filet de sang coula continûment de sang bouche tandis qu’il se mit à rire de façon hystérique. Harry, abasourdi, jeta un regard interrogateur à Seamus, qui n’avait pas l’air de mieux comprendre.

Malleus Maleficarum ! continuait de crier Toren entre deux rires. Malleus Maleficarum ! Vous allez tous crever ! Malleus Maleficarum !

Plus rien de constructif ne put être tiré de Toren. Il continua de crier encore et encore sans jamais s’épuiser. Harry envoya Seamus l’accompagner à Ste Mangouste. Puis, il ramena Butternut devant un hôpital londonien. Il était cinq heures du matin, et la faible lumière de soleil commençait à prendre le pas sur la nuit noire. La rue était déserte.

— Et voilà, dit Harry. Bien entendu, je vous tiendrai au courant de l’avancée de l’enquête. Ce sera sûrement long, je crois qu’on a affaire à un véritable groupe de criminels.

— Merci infiniment, monsieur Potter.

— Non, merci à vous. Ce que j’ai entendu ce soir m’a glacé le sang. Ces gens sont des malades, et il est maintenant clair pour moi qui si vous n’aviez pas été là, nos enfants auraient tous été tués. Donc merci.

Butternut resta silencieux. Évidemment, les éloges d’un sorcier qu’il ne connaissait pas étaient probablement loin de le consoler après la perte de Sabrina. Puis, Butternut versa une petite larme.

— La pauvre petite Evie, sanglota-t-il. Elle a perdu sa mère, et elle va devoir quitter la maison.

— Va-t-elle rejoindre son père, ou un autre membre de sa famille ? demanda Harry.

— Il n’y a pas de père. Pas d’autre famille. Sabrina était fille unique, et ses parents sont décédés il y a longtemps.

— Il y a toujours vous, assura doucement Harry.

Butternut rit nerveusement.

— Ça ne marche pas comme ça, dit-il tristement. Officiellement, je ne suis qu’un simple employé de Sabrina. Elle devra aller dans un orphelinat.

Harry ouvrit la bouche avec horreur.

— Écoutez, monsieur Butternut, Evelyn est une sorcière, aussi. Chez nous, les orphelins vont là où ils seront le mieux. Si vous me dites que vous serez heureux avec elle, et si elle me dit qu’elle sera heureuse avec vous, alors je m’arrangerai pour qu’elle reste avec vous.

Butternut trembla.

— Mais… c’est plus compliqué… balbutia-t-il. Les papiers… les…

Harry sourit.

— Vous n’aurez aucun souci. Je connais des gens. C’est vous qui me dites.

Butternut versa une autre larme, et afficha son premier sourire de la nuit.

— Je… oui, bien sûr que je serai ravi de m’occuper d’Evie, si elle le veut bien !

— Alors c’est entendu. Elle vous sera confiée dès qu’elle voudra, et dès que nous nous serons… heu… occupés de la paperasse moldue.

Butternut tendit la main, et Harry la serra chaleureusement.

— Merci, dirent-ils tous les deux en chœur.

Butternut adressa un signe de tête à Harry, et se dirigea vers l’hôpital.


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