Dollhouse

Chapitre 23 : Personne Préférée

15901 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/12/2023 19:52

La semaine suivante s’était déroulée de façon très routinière. Lorsque nous n’avions pas cours, nous nous entrainions à l’occlumencie, toujours sans aucun succès avec Theodore, et lorsque nous ne nous entrainions pas, nous étions en cours. Pansy et Blaise faisaient de remarquables progrès de leur côté en ce qui concernait leur capacité à me barrer leurs esprits, et d’ici peu Pansy serait aussi douée que moi en la matière. Blaise aurait besoin d’encore un peu de temps, mais il serait prêt lorsque nous rentrerions pour les vacances de Noël. Theo, par contre, n’était toujours pas capable de rester dans son propre esprit. Il s’était révélé capable de demeurer dans sa tête si Pansy lui parlait pendant que je pénétrais son esprit, mais cela avait été le seul progrès que nous ayons fait. Cela n’était cependant pas encourageant le moins du monde étant donné que le Seigneur des Ténèbres, s’il décidait de pénétrer l’esprit de Theodore, n’autoriserai certainement pas Pansy à faire la conversation à son petit-ami pour l’occasion. Je m’efforçai autant que je le pouvais de ne pas montrer mon inquiétude vis-à-vis de cette situation, mais celle-ci grandissait à mesure que les jours passaient. Alors parfois, pour occuper nos esprits avec d’autres problèmes insolvables, nous réfléchissions à l’armoire à disparaître, et à comment la réparer, sans trouver plus d’idées que pour nous permettre de faire de Theo un bon occlumens.

Le vendredi qui précédait l’anniversaire de Theo, nous avions cours avec Rogue en Défense Contre les Forces du Mal. Il avait terminé son cours en nous annonçant de sa voix monotone : 

-       A un an d’obtenir vos diplômes, et étant donné les temps qui courent, j’aimerais pouvoir vous estimer en tant que sorciers et sorcières avec des positionnements… presque politiques, déclara-t-il alors. Étant donné la non homogénéité dans la qualité de vos enseignants en cette matière au fur et à mesure de votre scolarité, j’émets tout de même des réserves. Il paraît qu’il est… malvenu de parler de magie noire, amena-t-il en arpentant la classe, sa longue cape noire trainant derrière lui. Je suis plutôt d’avis qu’il est temps pour vous d’en entendre parler, et de vous offrir la possibilité de développer vos propres esprits critiques, si esprits il y a… Aussi, vous avez jusqu’aux vacances de Noël pour me présenter un devoir, en groupe, sur un sujet que je vais vous attribuer. Vous me rendrez, par groupe, un écrit d’une dizaine de pages, et vous présenterez à la classe un exposé durant notre dernier cours avant la pause académique. Chaque groupe se verra attribuer un sujet différent, de sorte à ne pas nous ennuyer royalement pendant deux heures, déclara-t-il avec lassitude. J’attends de vous que vous présentiez le concept qui vous sera attribué, et que vous vous positionniez à son sujet. Évidemment, cela signifie que vous devrez parvenir à vous mettre d’accord entre vous, dit-il en levant un sourcil circonspect. Les temps que nous vivons semblent laisser supposer que le travail d’équipe est de mise…, aussi j’attends de voir vos opinions unis dans vos écrits, ainsi que dans vos exposés. Les groupes sont par trois, et, bien sûr, je les ai composés moi-même au préalable. Vous trouverez vos groupes et sujets sur le panneau d’affichage en sortant. Avant que vous ne le demandiez, non, il n’est pas possible de changer de groupe. Une partie de cet exercice a pour but de vous forcer à sortir de vos zones de confort dans lesquelles vous passez bien trop de temps tranquillement, et de parvenir à vous entendre avec des gens avec lesquels vous ne partagez peut-être pas les mêmes… avis. 

Il resta silencieux quelques secondes durant lesquels aucun élève n’émit le moindre son. Il nous observa avec lassitude, puis ses sourcils se levèrent sur son front quand il dit finalement : 

-       Ce sera tout. 

Le bras frénétique de Granger se leva sans y avoir été invité alors que tous les autres élèves rangeaient déjà leurs affaires. Évidemment. Rogue leva les yeux au ciel quand il lui dit : 

-       N’ai-je pas été assez clair dans mes instructions à votre goût, Miss Granger ? 

Les autres élèves cessèrent de ranger leurs affaires, attendant que cette discussion soit terminée. Le bras de la Gryffondor se baissa alors qu’elle répliqua sans se laisser démonter : 

-       Parfaitement clair Professeur, je me permets cependant de demander une précision en ce qui concerne la notation. Serons-nous notés sur notre opinion en tant que telle, ou sur notre façon de l’argumenter ? 

Il leva un sourcil circonspect vers elle. Il me semblait que sa question était plutôt pertinente, même si je n’aurais personnellement pas osé la poser explicitement à Rogue. 

-       Il me semblait couler de source que vous deviez justifier de votre opinion…

-       C’est évident, continua vivement Granger, je me demande simplement si nous serons plutôt notés sur la valeur que vous attribuerez à notre opinion, où sur notre argumentation.

-       Et quelle différence cela ferait-il pour vous ? lui demanda-t-il alors que cette discussion commençait explicitement à l’ennuyer. 

-       Eh bien si la notation diffère en fonction de votre degré d’accord avec notre opinion cela…

-       … changerait votre opinion, qui dès lors s’adapterait à votre évaluateur ? la coupa-t-il avec un ton jugeant. Je n’aurais pas supposé que vous étiez de ceux qui modifient leurs croyances et valeurs pour une bonne note, Miss Granger, voilà qui est…, hésita-t-il un instant, décevant. 

-       Je ne pense pas l’être Professeur, continua-t-elle en se défendant, mais lorsque ma réussite aux examens dépend de vos notes je dois avouer préférer savoir sur quoi je serais évaluée. 

Il la sonda en silence un moment, puis il laissa ses yeux balayer le reste de la classe, immobile, attendant une réponse à la question que seule Granger avait eu le courage de poser. Évidemment. 

-       Comme je l’ai dit, reprit-il avec lassitude, j’attends de vous que vous vous positionniez. Vous ne serez bientôt plus des étudiants, et il est temps que vous nous montriez qui vous êtes, et qui vous serez demain, si tenté que vous deveniez quelqu’un… Ainsi votre note sera plus en rapport avec votre argumentaire qu’avec votre position en elle-même, à moins, bien-sûr, ajouta-t-il en regardant Granger, que celle-ci ne soit aussi simple d’esprit que désuète. Disposez, ajouta-t-il alors, excédé. 

La horde d’élève se dirigea vers l’entrée de la classe où flottait un panneau d’affichage magique pour que chacun puisse découvrir son groupe ainsi que son sujet pour le devoir. Blaise était un des premiers à être arrivé sur les lieux, et le regard qu’il m’adressa ne me dit absolument rien de bon. Je m’approchai et poussai quelques élèves qui bloquaient la vue pour lire le panneau. Je découvrais que Theodore était avec Blaise et Londubat, tandis que Pansy se coltinait deux élèves féminines de la maison Serdaigle. Je laissai mon doigt glisser le long de la liste à la recherche du mien : 

-       …

-       Drago Malefoy (Serpentard), Hermione Granger (Gryffondor) & Pam Line (Serdaigle) : La Nécromancie

Mon visage bascula en arrière sur mes épaules alors que je soupirai profondément. C’était une putain de blague. Je laissai un rire sourd sortir de mon poitrail alors que je fixai le plafond, toute la classe autour de moi, cherchant à trouver leur groupe. C’était une putain de blague cosmique. Les Dieux faisaient quelque chose, je ne savais pas quoi, mais clairement ils faisaient quelque chose. C’était tout bonnement impossible autrement. Pas juste après que j’ai eu la force de lui demander de rester loin de moi. Et pas après qu’elle l’ait fait durant la semaine qui venait de s’écouler. C’était une putain de blague. Je mordais l’intérieur de mes joues alors que je fis demi-tour pour m’en aller quand j’entendis sa putain de voix : 

-       Malefoy ! appela-t-elle alors. 

Je passai la langue sur mes dents et regardai le sol alors que je gonflais mon poitrail d’air. Je me tournai vers la provenance de sa voix studieuse, et non aussi douce que je l’avais déjà connue. Elle se tenait au milieu des élèves curieux qui regardaient encore le panneau, tenant ses cahiers sous son bras. Ses longs cheveux bouclés décoraient son visage fatigué. Elle ne dormait pas bien. 

-       Il faut qu’on s’organise, dit-elle alors d’une voix radicalement plus douce maintenant que je lui faisais face et que mes yeux argentés étaient enfoncés dans les siens. 

Je la vis avaler distinctement sa salive et ses joues rougir de l’effet que mes yeux avaient sur elle. Elle ne pouvait plus rougir. Elle ne pouvait pas continuer de me parler avec cette voix-là. Elle ne pouvait plus se trouver décontenancée à chaque fois que nous allions devoir nous côtoyer. Et nous allions devoir travailler ensemble sur un devoir important. Et j’allais devoir voir son cerveau au travail. Voir la concentration sur son visage. Témoigner de ses neurones qui fusent dans son esprit et qui amènent idée après idée. Putain de merde. Mais il y aurait quelqu’un d’autre. Nous ne serions pas seuls. Je me raccrochai à cette pensée autant que je le pouvais. Je me tenais à deux mètres d’elle, et je ne me rapprochai pas d’un seul centimètre, et elle non plus, lorsque je lui répondis à voix relativement haute pour qu’elle m’entende malgré tous les étudiants qui tournaient autour d’elle : 

-       Je suppose que tu veux faire ça au plus vite ? 

Elle acquiesça sans lâcher mes yeux une seule seconde. 

-       Tu as des disponibilités demain ? demanda-t-elle alors de sa voix douce malgré le monde autour de nous. 

Je fis non de la tête. 

-       C’est l’anniversaire de Theodore, lui appris-je alors. 

-       La semaine prochaine ? proposa-t-elle donc. J’irai chercher ce dont nous aurons besoin à la bibliothèque ce week-end, nous pourrons nous y mettre directement, ajouta-t-elle en réfléchissant. 

J’acquiesçai.

-       Lundi soir ? Je crois savoir que tu préfères travailler le soir, dis-je plus bas malgré le vacarme ambiant. 

Elle tenta d’empêcher le faible sourire qui voulait naître sur ses lèvres de prendre place sur son visage, mais je les avais vues s’étendre discrètement avant qu’elle ne se reprenne. Elle acquiesça doucement. 

-       Je nous réserverai ma salle commune, offris-je alors avant de m’en aller. Préviens Line, ajoutai-je plus haut alors que je lui tournai le dos pour m’en aller. 

-       Te voilà pas dans la merde, commenta Blaise alors que nous nous retirions. 

Blaise, Pansy et moi nous étions réveillés plus tôt que les autres en ce jour sacré pour préparer le gâteau préféré de Theo avant que ce dernier ne se réveille. Pansy avait acheté tout ce qu’il fallait pour se faire au préalable, et nous nous étions retrouvés dans notre salle commune, à moitié endormis mais tous d’excellente humeur pour faire plaisir à notre ami. Pansy nous expliqua les différentes étapes et Blaise se saisit de sa baguette pour mettre à ébullition un chaudron qui contenait de l’eau, du lait, du beurre et du sel que je mettais à l’intérieur. Pansy nous signala quand cela était prêt, et Blaise cessa de chauffer le chaudron alors que Pansy versait dedans de la farine que je mélangeais avec le reste de notre préparation jusqu’à l’obtention d’une pâte que notre amie valida avec un sourire enthousiaste. Blaise y ajouta un œuf et Pansy mélangea la préparation alors que Blaise continuait d’ajouter des œufs au fur et à mesure. J’apportais un plat en argent alors que Pansy se saisit de sa baguette pour disposer la pâte en cercle, couche après couche, sur le plat d’argent. Blaise dora la surface de jaune d’œuf du bout de sa baguette, et j’y parsemais par-dessus des amandes effilées. Pansy se chargea de faire cuire le tout avec sa magie pendant que Blaise et moi préparions la crème au beurre, et bientôt notre Paris-Brest était prêt. 

Pansy était partie réveiller Theodore pour venir prendre le petit-déjeuner, et Blaise et moi les attendions pendant près d’une heure sur le canapé, le sourire aux lèvres. Lorsque Theo descendit enfin vers notre salle commune, nous étions tous prêts pour lui. Nous étions habillés de sorte à pouvoir courir dans la forêt pour notre chasse prévue après le petit-déjeuner, mais nous étions tellement toujours tout de noir vêtu que cela ne lui cédait aucunement la surprise. Ses cheveux ondulés décoiffés tombaient sur son front alors qu’il descendait vers nous, Pansy fermement tenue de sa main. Il ne portait que le pantalon de son pyjama gris, aucun tissu ne recouvrant les muscles de son torse. Je supposai que Pansy était responsable de cela, c’était son petit cadeau pour elle. Un large et magnifique sourire se dessina sur le visage angélique de Theodore quand Pansy, Blaise et moi hurlions « JOYEUX ANNIVERSAIRE ! » en cœur alors qu’il arrivait à notre niveau. Je laissai la chaleur se répandre en moi alors que je profitai de la vue sans pareille du visage de mon frère illuminé par le plus magnifique sourire qu’il soit. La sensation que je ressentais à l’intérieur de moi était comparable à ce que je ressentais autrefois, lorsque j’étais enfant, et que c’était Noël. Cette excitation, cette joie intense, cette impatience et en même cet amour incroyable pour les gens qui nous entourent durant ces fêtes chaleureuses. Tout cela pour Theodore. Parce qu’il n’existait personne d’autre au monde qui pouvait éveiller chez moi autant d’amour, de joie, de sérénité et de douleur à la fois. Parce qu’il n’existait personne d’autre au monde que j’aimais plus que lui. Parce que si le monde entier brûlait, et que tout le monde périssait, mais que lui demeurait, j’irai bien. Parce qu’un sourire sur son visage remplissait mon cœur d’amour. Parce qu’il n’existait aucun mal qu’il ne pouvait guérir en moi. Parce que c’était lui. Parce que c’était lui depuis le début, et que ce serait lui jusqu’à la fin. Alors je l’enlaçai contre moi, et je le serai de toutes mes forces tandis que je lui souhaitais encore un incroyable anniversaire. 

Pansy nous somma de nous asseoir dans le canapé tandis qu’elle servait des parts généreuses de gâteau qu’elle nous apporta à tour de rôle, en commençant bien sûr par son bien-aimé qui la saisit fermement par la hanche alors qu’elle allait s’en aller pour nous apporter nos parts. D’un mouvement de bras habile, et alors qu’il tenait son assiette de sa main gauche, il força Pansy à s’asseoir sur son genou droit, et encercla sa taille de son bras musclé. Il déposa sur ses lèvres un tendre et long baiser pour la remercier chaleureusement, très chaleureusement même, de son attention. Blaise se râcla la gorge et Theo lâcha les lèvres de Pansy pour que celle-ci, les joues rouges et le regard bas, parte chercher les autres parts de gâteau, et prenne place avec nous. 

-       Merci, dit alors Theodore à notre intention à tous, le sourire aux lèvres et le regard bas alors qu’il tentait difficilement de nous regarder dans les yeux à tour de rôle. C’est…, tenta-t-il avant de lever ses incroyables yeux vers nous finalement, ça me touche. 

Et je fus probablement le seul à voir ses yeux briller discrètement. 

-       Si c’est dégueulasse sache que c’est la faute de Pansy, plaisanta alors Blaise tandis que nous goûtions tous le gâteau en riant. 

-       Bien sûr, répliqua Pansy, et s’il est bon c’est certainement grâce à Blaise. 

-       C’est si évident que je n’ai pas songé qu’il était nécessaire de le préciser, enchaîna notre ami à l’humour rafraichissant. 

Le gâteau était délicieux. 

-       Alors mon vieux, ça fait quoi d’avoir un an de plus ? demanda Blaise une fois reput.

Theo se laissa s’enfoncer dans son fauteuil face à nous dans une position de digestion. Ses abdos tracés, eux, ne semblaient pas en pleine digestion. 

-       Je dois avouer que je me sens un peu triste, commença Theo avec un sourire en coin, je n’ai officiellement plus l’âge d’être une de tes prétendantes. 

Le rire profond de Blaise raisonna dans la salle commune à ces mots. Blaise avait effectivement plutôt tendance à sortir exclusivement avec des filles d’un ou deux ans de moins que lui. 

-       Pour toi mon poulet l’âge ne compte pas, répliqua ce dernier avec un sourire charmeur, j’te baise matin, midi et soir jusqu’à la tombe. 

Theodore découvrit ses dents en un sourire prédateur quand il enfonça ses yeux dans ceux de Blaise et prononça d’une voix suave :

-       Parce que tu crois qu’entre nous deux c’est toi qui vas me baiser ? 

Un immense sourire ne put s’empêcher de se dessiner sur les lèvres pulpeuses de Blaise, et il fut forcé de détourner les yeux l’espace d’un instant alors que Theodore ne le lâchait pas de son regard perçant. 

-       J’avoue, commenta une Pansy amusée vis-à-vis de la réplique de son amant. 

-       Alors toi t’es la moins bien placée pour parler ici, lui lança Blaise avec un sourire tandis qu’il se reprenait. 

-       Moi au moins je sais ce que ça fait que d’avoir les bras de Theodore me clouant au lit pendant qu’il me démonte de l’intérieur, elle se leva et s’approcha de Blaise pour lui chuchoter à l’oreille, toi tu n’as que ton imagination et ta main droite pour approcher ce que c’est. Et crois-moi, chuchota-t-elle encore plus bas en se penchant d’avantage vers lui, c’est cent fois meilleur que tout ce que tu ne pourrais jamais imaginer. 

Blaise avait ri à gorge déployée et un sourire satisfait bien que discret avait décoré le visage de mon meilleur ami. Les bras de Blaise s’étaient refermés autour de la taille de Pansy et il l’avait retournée pour la faire tomber de profil sur ses genoux, et il avait chatouillé son ventre alors que ses rires remplissaient les murs de notre salle commune. Un énorme sourire était encré sur mes propres lèvres alors que j’observai mes amis être eux-mêmes, et passer un bon moment. Pansy se débattait sur les genoux de Blaise alors qu’il continuait de la chatouiller de toutes ses forces : 

-       Et être clouée comme ça, ça te plaît aussi ça ? demanda Blaise alors que les rires de notre amie continuaient de raisonner dans nos oreilles. 

Nous avions tous ri un moment, et puis nous avions sommé Theodore d’aller s’habiller pour une « balade » digestive en forêt. Lorsque nous nous étions un peu enfoncés dans la forêt interdite, et après que Theo soit allé chercher Kira à l’animalerie, le serpent rampant sur le sol à ses talons, nous nous arrêtions avec un sourire sur nos lèvres. 

-       J’ai pensé qu’une petite chasse comme autrefois te ferait plaisir, déclarai-je alors en sortant de ma poche le petit bandeau à yeux noirs qu’il avait eu l’habitude de porter quand nous étions enfants. 

Un sourire magnifique prit place sur son visage. 

-       Toujours, répliqua-t-il alors avec un sourire prédateur. 

Je pris place derrière lui pour lui bander les yeux. 

-       Sache que certains d’entre nous trouvent ça fort étrange, commenta alors Blaise en riant, mais après tout, que tu coures derrière mon cul c’est certainement le mieux que je n’aurais jamais pour animer mes fantasmes. 

-       T’es en chaleur Zabini ? demandai-je alors avec malice. 

-       Pour son cul à lui, toujours, répliqua-t-il alors en désignant Theo du menton. 

Je nouais le bandeau sur les yeux de Theodore et déclarai : 

-       Donne-nous une minute pour nous cacher, et ensuite… viens nous chercher, si tu le peux. 

Un grand sourire félin se dessina sur son visage masqué et Blaise, Pansy et moi partions en courant dans des directions différentes alors que Theodore demeurait immobile dans la forêt. Je partais vers la gauche tandis que Blaise courait tout droit, et Pansy sur la droite. Je comptais trente secondes durant lesquelles je sprintais aussi vite que je le pouvais, faisant attention à ne pas trébucher sur des branches qui trainaient ici et là, mon cœur battant la chamade d’anticipation dans mon poitrail. Je me rappelai de ce que je ressentais lorsque j’avais à peine six ans, alors que je courrai de la sorte dans les jardins du manoir, cherchant une cachette où Theo ne me trouverait pas. Il me trouvait toujours. 

Je courrai de toutes mes forces et de toute ma vitesse à travers le jardin du manoir. D’épais buissons me permettaient de me faufiler dans ce qui ressemblait fortement à un labyrinthe. J’avais beaucoup étudié la question, à force de perdre platement à ce jeu avec lui. Il me trouvait toujours lorsque j’étais derrière, sous, à côté, ou au-dessus de buissons. Peut-être ne me trouverait-t-il pas si je parvenais à m’insérer à l’intérieur d’un de ses épais buissons. Mon cœur battait à cent à l’heure dans mon torse fin alors que je cherchais une entrée dans un des buissons. J’avais beau ne pas être bien grand, ni bien épais, ils n’avaient pas été conçus pour accueillir un enfant comme moi en leur sein. Je trouvai enfin une entrée potentielle à l’intérieur d’un gros buisson qui filtrait les rayons du soleil et vérifiai que Theo n’était pas déjà à mes trousses. Il n’était pas visible. Je commençai à m’enfoncer dans le buisson, ignorant les égratignures que les branches pointues autour de moi faisaient sur mes bras et mes jambes. A moitié recroquevillé à l’intérieur du buisson, je m’enfonçai autant que je le pouvais, puis m’asseyais sur mes talons. La lumière de soleil ne venait pas jusqu’à moi, et je supposai qu’il serait plus difficile que d’ordinaire pour Theo de me trouver, si tenté que je ne fasse pas le moindre bruit. Ce matin-là, j’avais fait attention à ne pas mettre de parfum pour ne pas me trahir. Cette fois-ci, ce serait moi qui gagnerais. 

Je repérai un tronc imposant sur lequel il me semblait pouvoir grimper, et commençai à m’accrocher à la vieille écorce de celui-ci pour monter hors du sol. 40 secondes. Peut-être que cette fois-ci Theo aurait un peu plus de mal à me trouver que dans nos jeunes années, si je montais assez haut. 

Rapidement, j’entendis les pas rapides de Theodore approcher du buisson dans lequel je me cachai. J’inspirai une dernière fois et retenais ma respiration alors que mon cœur battait fort dans ma poitrine. Il arrêta de courir à quelques mètres de là où je me tenais, j’entendis ensuite ses pas avancer lentement, très lentement. Il savait que j’étais par là. Mes mains étaient moites et je faisais attention à ne pas bouger mes pieds d’un seul millimètre pour ne pas faire le moindre bruit. Il entendait tout. Si une branche craquait, si une feuille m’effleurait, ou si j’expirai, il l’entendrait. Il était un vrai super-héros. Lentement, pas à pas, il s’approcha de l’endroit où je me tenais, et bientôt je l’aperçu à travers les branches du buisson. Il n’était pas bien plus grand que moi, et pas bien plus fort non plus d’ailleurs. Lui aussi il avait la peau très pale et les yeux clairs, même si je ne les voyais que rarement directement. Nous aurions pu être pris pour de véritables frères si ses cheveux n’étaient pas si noirs, et les miens si blancs. Je le vis inspirer profondément et gonfler ses poumons d’air alors qu’il se tenait très près de l’entrée que j’avais utilisée pour pénétrer dans le buisson. Et soudain, un large sourire se dessina sur son visage aux joues rondes. 

Je grimpai aussi vite et aussi agilement que possible. Je n’avais pas arrêté de compter, et bientôt, très bientôt, Theo viendrait pour nous. Et je me doutais que c’était moi qu’il viendrait trouver en premier. Je me tenais à bien trois mètres du sol quand je continuais de grimper, repérant une branche épaisse sur laquelle je pourrais m’asseoir relativement confortablement. 55 secondes. 

-       Je sais que tu es là Drago, dit alors sa petite voix malicieuse. 

Je pinçai des lèvres alors que je continuai de m’empêcher de respirer. Il savait que j’étais par là. Il ne savait peut-être pas exactement où j’étais, même s’il se tenait juste devant l’entrée du buisson. Sans retirer le bandeau qui cachait ses yeux, il se tourna face à moi, se baissa, et utilisa ses mains pour chercher tactilement par où il pouvait passer pour m’attraper. 

-       Ingénieux pour une fois, commenta-t-il avec un sourire.  

Doucement, il laissa une jambe entrer dans le buisson et se servit de ses mains pour le guider dans le buisson. Quand il arriva à mon niveau, je pestai et tentai de m’enfuir en courant par la sortie. Il attrapa mon mollet droit et me fit tomber par terre alors que je sortais tout juste du buisson, puis il retira son bandeau en riant alors que nous gisions tous les deux sur le sol du jardin ensoleillé. 

-       Je ne sais pas pourquoi je continue à jouer à ce jeu-là avec toi ! m’exclamai-je alors que nous rions tous les deux allongés sur le sol. 

Je savais parfaitement pourquoi je continuais de jouer à ce jeu-là avec lui. C’était le seul jeu dans lequel il se sentait vraiment à l’aise, et je le savais parce que c’était les seules fois où je l’entendais rire comme cela. Je tournai le visage vers lui, allongé sur ma gauche, son visage tourné vers le ciel et un grand sourire sur son petit visage. Je me sentais heureux. Il se sentait bien en cet instant. Je ne savais jamais vraiment combien de temps cela allait durer, qu’il se sente bien, qu’il rit, et qu’il sourit. Alors j’en profitai, à chaque fois, autant que ça durait. Son cadeau à lui, c’était de jouer à ce jeu. Mon cadeau à moi, c’était de le voir heureux comme cela. Et quelque chose me disait que lui et moi jouerions longtemps à ce jeu-là, parce que je ne connaissais pas encore beaucoup de choses qui me procuraient ce que je ressentais quand je le voyais sourire de la sorte. Et soudainement, ce fut finit. Il cessa de sourire, et il tourna le visage vers moi, ses yeux portés si bas que je ne pouvais pas même en deviner la couleur. 

-       Est-ce que tu crois que ça fait de moi quelqu’un de bizarre ? demanda-t-il alors d’une petite voix basse. 

Je sentis mes sourcils se froncer sur mon visage. Lui ? Quelqu’un de bizarre ? C’était là une question que je trouvais bien étrange. C’était ma personne préférée. 

-       Je crois que ça fait de toi la personne la plus forte au monde à cache-cache, répondis-je alors avec un sourire alors que ses grands yeux bleus se levaient vers les miens. 

Il me rendit un mince sourire, et je le gardai encré dans mon esprit. Je savais que même dans dix ans, si je fermai les yeux et repensait à ce moment, je reverrai ce sourire sur son visage. 

Je m’installai sur la branche de mon arbre confortablement en souriant. Je me rappelai exactement du visage du petit Theo, allongé sur le sol à côté de moi, me souriant. Dix ans après. Notre temps était écoulé, et je surveillai les alentours de la forêt alors que mon cœur battait la chamade dans mon poitrail. Visiblement, même dix ans après, j’étais toujours excité de ces chasses, et désireux de gagner, pour la putain de première fois. 

Nous étions retournés vers le manoir pour prendre notre goûter, Maman nous attendant devant l’entrée. 

-       Alors ? demanda-t-elle alors que nous nous rapprochions d’elle ensemble. 

-       Il m’a encore trouvé alors que je m’étais caché dans un buisson cette fois ! lui appris-je alors que nous arrivions à son niveau. 

Elle passa sa main droite sur mon crâne et sa main gauche dans les cheveux de Theo tandis qu’elle riait. 

-       C’est souvent ce qui arrive quand deux âmes sont aussi liées que les vôtres, dit-elle en nous adressant à tous deux un tendre sourire. 

Elle nous entraîna dans la salle à manger pour que nous puissions prendre notre goûter.

J’entendis ses pas arriver à plusieurs mètres de moi dans la forêt. Je ne le voyais pas encore, mais je savais que cela n’allait pas tarder. Je souriais alors que je prenais une dernière profonde inspiration que je retenais désormais. Ses pas rapides alors qu’il courrait se rapprochèrent de plus en plus vite, et enfin je le vis entrer dans mon champ de vision. Il n’avait plus grand-chose de l’enfant qu’il était dix années plus tôt. Il était bien plus grand, au moins cinq fois plus large et dix fois plus fort. Ses cheveux couleur corbeau n’avaient pas changé et ses grands yeux bleus non plus, mais son visage n’était plus rond comme il l’avait été autrefois. Ses traits étaient tracés, ses pommettes saillantes et sa mâchoire dessinée. Il était somptueux, à mon humble avis. Je souriais alors qu’il approchait de mon arbre en courant, puis il s’arrêta à un mètre de l’arbre dans lequel j’étais perché, Kira sur ses talons. Elle était bien plus rapide que lui, mais elle le suivait. Il demeura immobile à un mètre de mon arbre, et il tendit l’oreille. Je faisais tout mon possible pour contrôler les battements de mon cœur, mais je supposai que perché trois mètres et demi en hauteur dans mon arbre il ne les entendrait peut-être pas. Peut-être étant le mot clé. Il s’avança lentement, très lentement, de quelques petits pas, et s’arrêta juste à côté de mon arbre. Je pinçai des lèvres alors qu’un large sourire se dessinait sur son visage masqué. 

-       Je sais que tu es là Drago, dit-il à voix haute, son visage se levant vers l’arbre dans lequel j’étais perché. 

Je jurais dans ma barbe alors qu’il s’approchait en souriant du tronc de l’arbre qu’il toucha de ses deux mains tendues. 

-       Ingénieux, pour une fois, lâcha-t-il avec son sourire félin grandissant. 

Il jubilait. Il m’avait trouvé. Et je profitai de l’immense sourire qui était dessiné sur ses joues désormais creusées. L’enfoiré. 

-       Essaye donc de m’attraper avec tes yeux masqués, Nott ! lançai-je alors que je reprenais la course pour grimper plus haut dans l’arbre. 

-       Oh ne t’en fais pas, j’arrive ma biche, me répondit-il alors qu’il commençait déjà à grimper, ordonnant à Kira de l’attendre en bas. 

Je commençai à grimper et me retournai pour voir comment il évoluait alors que mon cœur battait plus fort dans mon poitrail. Il grimpait beaucoup, beaucoup plus vite que moi, malgré le fait que je pouvais voir, et que lui non. Cet enfoiré grimpait sur le tronc d’arbre comme si c’était une putain d’araignée. Mon cœur battit plus vite dans ma poitrine alors qu’il approchait rapidement et je me concentrai pour grimper plus vite, mais bientôt je l’entendis rire juste en dessous de moi, et sa main se renferma sur ma cheville, et il s’accrocha à mon corps alors que nous tombions tous les deux dans le vide. Je sortis ma baguette alors que Theo riait et que je jurai, et lançai un Arresto Momentum avant que nos corps ne rencontrent le sol. Nous tombions sur le sol de la forêt en sécurité alors que Theo riait à gorge déployée et je lui frappai l’épaule en riant moi aussi. Il se permit de retirer son bandeau de ses yeux un instant et je regardai son visage illuminé de son épais sourire d’enfant, sentant de la chaleur se propager dans mon sternum. Ma personne préférée. La chasse était son cadeau à lui. Ce sourire, ce visage riant, c’était mon cadeau à moi. 

-       T’as pas eu peur qu’on se fasse mal en tombant, espèce d’araignée supersonique ? demandai-je à bout de souffle de mes efforts de le semer. 

Il laissa ses yeux rencontrer les miens alors qu’un immense sourire décorait toujours son visage angélique. Il fit non de la tête, bien moins essoufflé que moi, mais essoufflé tout de même. 

-       J’étais aussi sûr que tu nous rattraperais que tu l’étais que je te trouverais, dit-il en abordant son plus magnifique sourire. 

Puis il frappa mon torse, remis son bandeau sur ses yeux et se releva vivement, Kira sur ses traces. 

-       Aller, j’en ai deux autres à courser ! dit-il en repartant au trot. 

Je me levai rapidement pour le suivre, bien décidé à voir le maître à l’œuvre. 

-       Tu vas brouiller mes sens ! s’exclama-t-il sans s’arrêter de courir tout droit devant lui. 

-       Tant mieux ! répliquai-je alors en suivant ses pas. 

Comme si un peu plus de difficulté allait l’empêcher de les trouver. Il mit cependant bien plus de temps à trouver Blaise qu’il n’en avait mis à me trouver moi. Régulièrement, il s’arrêtait dans sa course pour prêter une oreille attentive aux environs, et pour sentir les odeurs qui passaient autour de nous. Je me prêtai au jeu et tentait de faire pareil, mais tout ce que j’entendais étaient les oiseaux qui volaient et piaillaient autour de nous, et tout ce que je sentais était l’odeur fraîche et matinale de la forêt. Lui, il modifiait sa trajectoire à chaque arrêt. Bientôt, je vis Blaise qui se cachait derrière un épais tronc d’arbre à quelques mètres de nous. Je souris en l’apercevant, et vis le visage de Theodore sourire également. 

-       Te voilà mon salaud, dit alors le prédateur. 

Theodore se mit à courir en direction de Blaise, et Blaise commença à courir également. Theodore le rattrapa sans mal et lui sauta dessus de tout son poids. Blaise tomba la tête la première sur le sol et Theo lui atterrit dessus, riant à gorge déployée. Blaisa jura et se nettoya des feuilles et de la terre qu’il avait récoltées en se faisant projeter sur le sol par le corps de Nott, et Theodore reprit sa course pour chercher la dernière manquant à l’appel. Blaise et moi le suivions à la trace, Kira rampant à côté de Theo. Il partit plus sur la droite, vers là où j’avais vu Pansy partir à l’origine, et s’arrêta bientôt pour sentir les environs. 

-       Il est pire qu’un putain de clébard, commenta Blaise en chuchotant. 

-       Si tu la fermes pas le clébard va te déchiqueter le cul, répliqua Theo à son encontre. 

Blaise pinça les lèvres et laissa le maître se remettre à l’œuvre. Il courut un moment de plus vers la droite, et s’arrêta une nouvelle fois pour sentir les environs. Il repartit un peu plus vers la gauche et s’arrêta une nouvelle fois. Il sourit et marcha lentement vers un arbre sur lequel Pansy avait noué sa veste. Il décrocha la veste et la porta à son nez, la humant largement comme un prédateur chassant sa proie. Il repartit dans la direction opposée, plus sur la droite et courut encore un instant avant de s’arrêter une nouvelle fois. Je ne voyais toujours pas Pansy. Theo fronça les sourcils alors qu’il sondait les environs en silence, tournant lentement la tête à droite, puis à gauche. Il s’enfonça plus profondément vers la droite et s’arrêta bientôt une nouvelle fois. Soudain, le sourire le plus prédateur qu’il avait abordé de la journée se dessina sur ses lèvres alors que je n’apercevais toujours pas notre amie, et il dit d’une voix basse et animale : 

-       Cours.

Pansy sortit alors d’un buisson et se mit à courir aussi vite qu’elle le pouvait, Theo derrière elle. Elle riait à gorge déployée alors qu’elle arpentait la forêt aussi habilement qu’elle le pouvait, mais Theo était beaucoup, beaucoup plus rapide qu’elle, et il ne la ménageait pas, quand bien même il lui avait laissé un peu d’avance. Bientôt, il la saisit de son bras gauche par la taille et la retourna vers lui en tombant sur le sol, faisant en sorte de la porter contre lui alors que son propre dos amortissait la chute, s’assurant qu’elle ne serait pas blessée du tout. Elle lui retira son bandeau des yeux et l’embrassa langoureusement alors que les mains fermes de Theodore s’enfonçaient dans sa taille fine, la serrant plus fort contre lui. Il la retourna habilement de sorte à ce qu’elle soit sur le sol et qu’il puisse la surplomber de son corps, et il lui donna un baiser fiévreux qui nous fit nous sentir de trop. 

-       Ok je crois que c’est le moment où on s’en va, déclara alors Blaise. 

Je riais à ses mots mais le suivait en direction du château, Kira avec nous, les laissant s’amuser ensemble dans la forêt aussi longtemps qu’ils le voudraient. Ils n’étaient rentrés qu’une bonne heure et demi plus tard, les cheveux ébouriffés malgré leurs efforts pour le cacher. 

-       Sympathique la petite balade en forêt ? avait lancé Blaise avec un sourire provocateur.

Pansy avait haussé les sourcils en sa direction alors qu’ils passaient devant nous dans notre salle commune : 

-       T’as pas idée, répliqua-t-elle d’une voix langoureuse alors qu’ils partaient se doucher. 

Ils ne nous rejoignirent à nouveau qu’une heure plus tard, et nous étions parti manger ensemble dans la Grande Salle. Lorsque le courrier arriva, Theodore reçut un petit paquet accompagné d’une carte de la part de ma mère. Je vis la gêne mêlée au sentiment de gratitude qu’il ressentait dans ses yeux alors qu’il commençait à ouvrir le paquet. Il était toujours gêné lorsque l’on faisait des choses pour lui. Il était plus du genre à donner qu’à recevoir, quand bien même ma mère le couvrait de cadeaux depuis qu’il avait débarqué dans ma vie. Il lut d’abord la carte d’anniversaire qu’elle avait joint au paquet, et ses yeux brillaient alors qu’il me la tendait pour que je la lise à mon tour : 

Mon très cher Theodore, 

Je t’envoie tout mon amour en cette journée particulière, ainsi que ce petit cadeau. Je sais qu’il aurait voulu que tu l’ais, et je le veux tout autant, si ce n’est plus. Il est temps. Tu fais partie de notre famille. 

Je te souhaite le plus joyeux des anniversaires petit ange, 

Narcissa

Mon cœur se remplit de chaleur alors que mes yeux rencontrèrent à nouveau ceux de Theo. Je lui adressai un sourire plein de sens et il prit une inspiration notable avant d’ouvrir le paquet qu’il tenait entre ses mains. Un écrin que je connaissais par cœur se trouvait à l’intérieur de celui-ci, et la chaleur que je ressentais en moi se propagea dans l’intégralité de mon corps. Il avala distinctement sa salive alors qu’il ouvrait la petite boîte, et des yeux pleins de larmes remontèrent vers les miens quand il découvrit la chevalière de mon père à l’intérieur. Je lui adressai un sourire qui n’avait pas besoin de mots pour expliciter ce que je ressentais alors que mes propres yeux se mouillaient de larmes, et j’acquiesçai en sa direction. Moi aussi, je voulais qu’il l’ait. Il sortit la bague de l’écrin, et la mit à son index gauche. Il ne dit rien, et je ne dis rien non plus alors qu’une larme coulait de nos yeux mutuels. C’était un cadeau auquel on ne pouvait attribuer aucune valeur, tellement il était inestimable. Il faisait partie de notre famille. Je portais la mienne, la même chevalière ornée d’un M depuis que j’étais petit. Il était temps qu’il ait la sienne. Qu’il porte celle de mon père. C’était un geste de la part de ma mère qui ne nécessitait pas de mots. C’était un geste qui remplissait mon cœur et le sien d’un amour sans pareil. Mon frère. Pansy passa une main dans son dos alors que ses propres yeux avaient rougi, et Theo regarda sa main décorée de ce qui était probablement le bijou de famille le plus précieux que nous avions. A mon humble avis, ce que ma famille avait de plus précieux, c’était lui. 

Nous avions passé l’après-midi tous les quatre, sans jamais parler de l’armoire à disparaitre, d’occlumencie ou de quoi que ce soit qui avait un quelconque rapport avec ce que nous étions devenus et ce que nous avions à faire, au prix de nos vies. Nous nous étions offert ce luxe en l’honneur de l’anniversaire de Theodore, ce luxe de n’être que des étudiants de Poudlard qui fêtaient l’anniversaire du meilleur d’entre eux. Il me semblait que s’il existait bien quelqu’un qui méritait cela, c’était lui. Avant de commencer notre soirée et de boire dans notre salle commune que nous avions réservée, nous étions partis voler au stade de Quidditch pendant une bonne heure. Pansy s’était assise au milieu du terrain, et nous regardait faire les cons sur nos balais jusqu’à ce que Theodore descende à son niveau, et l’attrape pour la faire monter sur son balai. Elle avait volé avec lui pendant une bonne demi-heure, et j’avais profité des sourires magnifiques qui ornaient les visages de tous mes amis, moi y compris, puis nous étions rentrés au château dans notre salle commune vide. Blaise avait fait le service et avait sorti pour l’occasion une bouteille de whiskey de soixante ans d’âge. Nous la dégustions tous quand il s’en alla dans notre dortoir et redescendit quelques secondes plus tard, un énorme paquet dans les bras. Il le déposa sur les genoux de Theodore qui siégeait dans son fauteuil habituel, la gêne lisible sur son visage par le rose de ses joues. Il sourit à Blaise alors qu’il commença à déballer son paquet, mais étant donné la forme de celui-ci, nous savions tous de quoi il s’agissait. Theo découvrit alors le tout dernier Éclair de Feu sorti cette année, et son visage s’illumina alors qu’il remercia platement Blaise. 

-       Si ça me vaut pas le titre de capitaine de l’année ! s’exclama ce dernier en souriant. 

Il leva son verre à Theodore, et nous l’imitions tous. 

-       Tu le mérites, ajouta-t-il bien plus sérieusement. 

Ils échangèrent un regard complice plein d’amour, et nous buvions tous à la santé de Theo. Pansy, qui se tenait sur le fauteuil à côté de celui de Theo, se pencha plus amplement vers lui et lui dit à voix basse :

-       Le cadeau que j’ai pour toi n’est pas approprié à être déballé en public. 

Il posa sur elle des yeux affamés, et Pansy se vu obligée de baisser son regard alors que ses joues devenaient écarlates. Je n’avais jamais vu qui que ce soit avoir un tel pouvoir séducteur sur une femme. Les simples yeux qu’il posait sur elle la rendaient faible. Faible pour lui. Blaise pouffa et Pansy lui lança un regard noir alors que Theodore saisit le menton de Pansy pour tirer son visage vers lui, et il déposa sur ses lèvres un baiser langoureux. Quand il lui rendit sa bouche, elle posa sur lui des yeux enivrés. Il était sa drogue. Véritablement et concrètement sa drogue. Et je savais sans le moindre doute que le sentiment était mutuel. Si peu de temps plus tôt, il avait été impensable que ces deux-là finissent par avoir cela. Cet amour, cette passion, cette tendresse, cette tension. Et désormais ils le vivaient. Ils le vivaient pleinement, et je les regardais échanger le regard le plus emplein d’amour que je n’avais jamais vu en me sentant tellement, tellement fier de mes meilleurs amis. Ils étaient inspirants. Tant d’années à s’aimer en silence, tant d’années à se désirer sans se toucher, tant d’années à se soutenir sans jamais pouvoir reposer sur l’épaule l’un de l’autre. Malgré les peurs, malgré la violence de leurs sentiments mutuels, malgré le feu ardent et destructeur qui brûlait entre eux, ils avaient réussi. Ils avaient enfin réussi. Et ils savaient ce que c’était que d’aimer, et d’être aimé en retour. Je me demandai s’il existait une quelconque situation dans la vie qui pouvait demander plus de courage que cela. De réellement prendre le risque d’aimer, et d’être aimé. Parce qu’une fois que l’on avait connu cela, si on le perdait, que pouvait-il rester sur terre qui méritait d’être vécu ? 

Nous avions bu quelques verres en appréciant la compagnie des uns et des autres, puis avec un sourire j’avais dit à Theo : 

-       Ton cadeau devrait être prêt maintenant. 

Il m’avait adressé un grand sourire bien moins gêner qu’avec tous les autres, et lorsque je m’étais levé et que je nous avais excusé auprès des deux autres, seul Theo m’avait suivi dans les couloirs plongés dans la nuit du château. Comme si je m’apprêtais à passer une évaluation, je me sentais anxieux. J’espérais que ce que j’avais pour lui allait lui plaire. Contrairement aux autres années, j’avais pris un risque avec mon cadeau pour lui. Mais c’était le cadeau venant le plus droit du cœur que je ne lui avais jamais fait. J’espérais simplement qu’il lui plairait vraiment. 

-       J’espère que ce n’est pas un dragon, ta mère risque d’être ravie, commenta-t-il avec humour alors qu’il me suivait dans les couloirs du château. 

Je ri à sa remarque. Non, ce n’était pas un dragon. Je l’entraînais avec moi jusqu’au haut de la Tour d’Astronomie, où il m’avait par ailleurs littéralement sauvé la vie alors que Potter m’avait attaqué. Je m’appuyai sur la rambarde en fer, et laissai mes yeux défiler sur les étoiles brillantes dans le ciel dégagé. Il m’imita et prit une profonde inspiration alors qu’il s’autorisait à profiter de la beauté du spectacle céleste que nous avions sous les yeux. 

-       Je crois qu’il existe peu de choses dans ce monde qui procurent un tel sentiment d’apaisement et en même temps qui impressionne autant que de regarder un ciel étoilé, chuchotai-je alors. 

Je l’entendis prendre une nouvelle inspiration profonde, et sa tête demeura dans les nuages alors qu’il ne me répondit rien. Mon cœur battit plus rapidement dans ma poitrine alors que j’inspectai les étoiles qui brillaient de toute leur magie au-dessus de nous. 

-       Tu le sais déjà, dis-je en souriant, mais c’est l’effet que tu me fais. Tu m’apaises probablement autant que tu m’impressionnes, chuchotai-je alors que son visage se tourna vers moi. 

Il me regardait de ses yeux qui sondaient mon âme. De ses magnifiques yeux bleus qui n’avaient d’égal que les étoiles qui brillaient dans le ciel nocturne. Je lui souris alors que je reportais mes yeux sur le spectacle au-dessus de nos têtes et pointai du doigt face à moi : 

-       Est-ce que tu vois la constellation d’étoile qui ressemble à un serpent, juste-là, à côté d’Orion ? demandai-je tout bas. 

Je tournai le visage vers lui alors qu’il acquiesçait en regardant le ciel. 

-       C’est ta constellation, chuchotai-je alors. 

Son visage éclairé par la lumière brillante des étoiles se tourna vers moi, et il m’adressa des yeux ronds. 

-       Je l’ai achetée pour toi, murmurai-je en reportant mes yeux sur la constellation en forme de serpent brillant dans le ciel tandis que ses yeux continuaient de me sonder. Elle porte ton nom, dis-je alors en souriant. 

Acheter une constellation était compliqué. Il fallait débourser une réelle petite fortune pour pouvoir s’octroyer une partie du ciel, et que cela soit répertorié comme il se devait. Maintenant, c’était fait. Et personne ne pourrait jamais plus l’enlever, ni se l’approprier. Cette partie du ciel lui appartenait. A jamais.

-       Maintenant, le nom de Theodore Nott est inscrit dans le registre magique des constellations, ainsi que dans les rapports d’astrologie moldus, lui appris-je sans quitter la constellation des yeux. Je voulais que le monde entier connaisse ton nom, chuchotai-je encore alors que je tournais le visage vers lui, mon estomac se serrant de constater des larmes naissant dans ses yeux qui ne me lâchaient pas. Je voulais que le monde entier puisse regarder le ciel, et ressentir ce que tu me fais ressentir. Je voulais que le monde entier puisse regarder le ciel et te voir. Parce qu’autant que je veux très égoïstement te garder rien que pour moi jusqu’à la fin de ma vie, je crois que le monde entier mérite de connaître le nom de l’être humain le plus incroyable qui n’ait jamais béni cette terre, et goûter à ce qu’on ressent quand on sait qu’une telle personne veille sur nous. Parce que tu es ma personne préférée Theo, chuchotai-je à son encontre. 

Une larme perla sur sa joue alors qu’il s’approcha de moi, et m’ouvrit ses bras. Il les encercla autour de moi, et je me réfugiais contre lui. 

-       Merci, mon frère, chuchota-t-il de sa voix altérée par l’émotion que j’avais provoquée en lui. 

Et il me serra contre lui un moment, sans me lâcher. Et comme à chaque fois qu’il le faisait, je me sentais divinement protégé. Comme si absolument rien ne pouvait m’arriver, parce qu’il était là, qu’il veillait sur moi, et qu’il me serrait de toute sa force contre son cœur. 


Je m’étais préparé à cette cession de travail avec Granger toute la journée du lundi, pour le putain de devoir de Rogue. J’avais beau savoir que nous ne serions pas seuls, je ne me faisais pas confiance. Je n’avais aucune confiance en moi quand il s’agissait d’elle, et de me retrouver face à sa douceur, sa ferveur, et son intelligence. Mes amis s’étaient largement foutus de ma gueule, maintenant que ces histoires de tension en rapport avec elle avaient été éliminées, quand j’avais menacé tous les autres élèves de notre maison pour que la salle commune me soit réservée : 

-       Faudrait pas que tu sois dérangé en pleine cession d’étude avec Granger, avait plaisanté Blaise. 

Ils s’étaient permis de rire quelques secondes, mais ils étaient rapidement devenus sérieux, conscients de ce que je ressentais, et de la force avec laquelle j’essayais de me battre contre cela. Puis ils m’avaient laissé l’espace nécessaire pour me concentrer sur mon occlumencie, et ériger des murs protecteurs autour de moi pour m’empêcher de sombrer face à elle. A vingt-heures tapantes, alors que j’étais assis seul sur le canapé de ma salle commune, mes cahiers et un parchemin vide face à moi, me forçant à me dissocier de ce que je ressentais, on toqua à l’entrée. Je pris une profonde inspiration et me levai pour aller ouvrir. Mes murs étaient en place. J’ouvris le portrait sur Granger et Line. Je ne m’attardais pas sur leurs visages ou corps respectifs, et me décalais sur le côté pour leur céder le passage, le regard vide. Elles étaient là pour travailler. Je n’étais là que pour travailler. Je ne ressentais rien. Je n’étais là que pour travailler. La Gryffondor pénétra dans ma salle commune la première, suivie de la Serdaigle. Elles inspectèrent les alentours un instant et je leur coupais le chemin pour m’installer à nouveau sur le canapé. 

-       Il n’y a personne, commenta la Serdaigle. 

-       Je n’aime pas être dérangé quand je travaille, mentis-je alors. 

Je m’en foutais royalement. Je pouvais travailler dans la bibliothèque ou dans la salle commune avec mes amis plaisantant autour de moi. Une fois que je m’étais mis dans quelque chose, j’étais absorbé, et pouvait difficilement être distrait. Mais je savais que Granger préférait travailler tard le soir, une fois que tout le monde était couché, pour ne pas être dérangée. Je chassais mes pensées derrière mes murs d’occlumencie. Bientôt, Granger s’assit face à moi dans le fauteuil de Theodore, et posa sur ma table basse les épais et vieux livres qu’elle avait récupérés à la bibliothèque. Pam Line s’assit à ma droite, mais le plus loin possible de moi sur le canapé. Je me concentrai pour ne pas laisser mes yeux traîner sur son visage, ni sur ses cheveux, et encore moins sur son corps alors qu’elle ouvrit le premier livre qu’elle avait trouvé :

-       Bien, commença-t-elle de sa voix de travail, il nous faut décider dans quelle direction nous allons partir. Le Professeur Rogue a dit qu’il voulait que nous présentions le concept, puis que nous nous positionnons à son sujet, notre sujet étant la nécromancie, rappela-t-elle en nous regardant à tour de rôle, mais je ne lui laissais pas accès à mes yeux. Au cas où l’un d’entre vous ne saurait pas encore de quoi il s’agit, la nécromancie est une branche obscure de la magie noire qui vise à tenter de ramener des morts à la vie, dit-elle sans venin dans la voix. La difficulté pour nous sera plus pour définir le concept que pour se positionner, parce qu’évidemment, c’est une branche si noire de la magie noire qu’il n’existe quasiment aucun écrit à son sujet, dit-elle en parcourant les livres qu’elle avait ramenés. Pour l’instant, tout ce que j’ai trouvé c’est un vieux conte pour enfant, et deux références minimes dans des ouvrages sur la magie noire, conclut-elle en soupirant. 

-       J’enverrai un hibou à ma mère demain pour qu’elle regarde dans notre bibliothèque si elle peut trouver quelque chose qui pourrait nous être utile, proposai-je alors en me saisissant d’un des livres que Granger avait ramenés et commençai à le feuilleter.

-       Tu penses qu’il y a des chances pour qu’il y ait quelque chose qui nous aiderait ? demanda doucement Granger à mon intention, et je ne levai toujours pas les yeux vers elle. 

-       C’est possible, oui, répondis-je platement en lisant entre les lignes du vieux livre. Notre bibliothèque regorge de vieux livres fort peu politiquement corrects qu’on ne trouve pas à Poudlard, ajoutai-je sur le même ton. 

-       Ce… hésita la Gryffondor un instant avant de reprendre, elle…, tenta-t-elle encore, est-ce que…, je levai finalement des yeux circonspects vers elle. 

Ses yeux allaient de moi à Line, comme si elle avait quelque chose à dire qu’elle doutait de pouvoir dire devant la Serdaigle. Je levai un sourcil en sa direction quand elle finit par demander : 

-       Ce ne serait pas délicat pour elle de sortir des livres sur un tel sujet de votre bibliothèque ? 

Je fronçai mes sourcils avec un air concerné pour elle : 

-       Délicat pour elle de sortir des livres de sa propre bibliothèque ? répliquai-je en me moquant presque, me concentrant pour ignorer qu’en réalité elle était inquiète pour ma mère et ne voulait pas la mettre en danger pour un devoir de classe. 

-       Ce sont des livres sur un concept particulier, continua-t-elle doucement, un concept qui pourrait être sujet à interprétation si on découvrait qu’elle fait envoyer de tels livres à son fils, s’inquiéta-t-elle en essayant d’avoir l’air aussi détachée aux yeux de Line que j’ignorai royalement. 

Je pouffai. Si mes murs d’occlumencie n’étaient pas aussi érigés autour de moi, cela m’aurait soit énervé, soit attendrit. Actuellement, je me moquais simplement. 

-       Oh oui, ironisai-je en continuant de feuilleter son livre, parce que les archives de la bibliothèque Malefoy sont sous une surveillance accrue, il ne faudrait pas que les livres de chevet de la très dangereuse Narcissa Malefoy retournent l’ordre établi. 

Elle soupira et baissa les yeux, mais elle ne se laissa pas démonter pour autant :

-       C’est simplement qu’il serait louche pour n’importe qui de s’intéresser à un tel sujet, et je ne voudrais pas que des risques inutiles soient pris pour un simple dev…

-       … C’est bon, la coupai-je plus sèchement que précédemment. 

Son inquiétude pour les miens venait caresser les murs de mon occlumencie d’une façon trop dangereuse à mon goût. Mais elle ne s’arrêta évidemment pas : 

-       Je ne sais même pas si nous en aurons réellement…

-       … J’ai dit que c’était bon, coupai-je sur un ton glacial alors que mes yeux froids s’enfonçaient dans les siens en un avertissement à peine masqué. 

Pam Line nous regardaient tour à tour en se demandant ce qu’il se passait, mais aucun d’entre nous ne semblait remarquer sa présence. 

-       Bien, répondit-elle avec dédain alors qu’elle baissait les yeux sur son cahier. J’ai pris des notes sur ce que j’ai trouvé jusqu’alors, reprit-elle en fixant son cahier et je recommençai à feuilleter son livre machinalement, c’est-à-dire pas grand-chose. Globalement, on retrouve des traces de la nécromancie, en tant que concept en tout cas, depuis la nuit des temps, commença-t-elle en revoyant ses notes. Aussi loin qu’on sache, les êtres humains ont toujours eu du mal à accepter la mort de leurs êtres chers, et les sorciers depuis le commencement essayent de déjouer la Mort elle-même, comme ça l’est rapporté dans les contes de Beedle le Barde avec les Répliques de la Mort. Mais comme dans ce conte, il semblerait qu’il soit impossible de réellement ramener quelqu’un du côté des vivants une fois mort, pas entièrement en tout cas. La version qui serait ramenée d’une personne, si une version parvenait à être ramenée en premier lieu, serait une pâle copie de la personne sans consistance, sans réel corps ni réelle âme, comme un fantôme si l’on veut, expliqua-t-elle à tort. 

-       Ça a du sens, commenta Line. 

-       C’est faux, affirmai-je en continuant de feuilleter le livre. 

Leurs deux visages se tournèrent vers moi, mais je les ignorais encore tandis que je continuais :

-       C’est ce que le Ministère de la Magie veut nous faire croire depuis des siècles, effectivement, lui accordai-je, mais c’est faux. Il existe de rares cas de nécromancie qui ont réellement fonctionné, quand ils ont été performés par des Mages Noirs d’une puissance égale ou supérieure à celle de Voldemort. En fait, continuai-je avec un sourire en coin, Salazar Serpentard est le dernier en date à avoir réussi à faire une telle magie. Ce n’est bien sûr pas à la portée de n’importe qui et il y a de multiples conditions pour qu’une telle magie fonctionne, mais ce n’est impossible ni dans la théorie, ni dans la pratique. 

Un silence régna dans ma salle commune quelques secondes avant que la voix crédule de Granger ne s’étonne : 

-       Tu es en train de dire qu’il est possible de ramener des morts à la vie ? De vraiment les ramener à la vie et qu’ils soient eux-mêmes, complètement et totalement eux-mêmes ? 

-       Mmh mmh, acquiesçai-je en continuant de lire son livre de travers sans lui accorder un regard. 

-       D’où est-ce que tu tiens ça ? demanda-t-elle avec précipitation. 

J’haussais les sourcils. 

-       Je te l’ai dit, la bibliothèque Malefoy regorge de livres qui ne sont pas très politiquement corrects. 

-       Des histoires, ponctua-t-elle. Des histoires qui ne sont pas politiquement correctes, mais des histoires tout de même. 

-       Dit celle qui cite Beedle le Barde pour source, relevai-je sur le même ton. 

-       Toutes les rares sources qui existent dans la bibliothèque de Poudlard disent la même chose, enchaîna-t-elle avec un ton de défi, ce ne sont que des fantasmes, il est impossible de réellement ramener un mort à la vie. 

-       Impossible pour toi et moi, oui, certainement, lui accordai-je alors. Pour un Mage Noir avec des dizaines et des dizaines d’années de magie noire accumulée en lui, et un pouvoir dépassant tout ce que tu pourrais imaginer, non. 

-       Très bien, concéda-t-elle en se redressant sur son fauteuil, je t’écoute, explique-moi comment ça fonctionne dans ce cas, provoqua-t-elle sur un ton hautain, persuadée d’avoir raison. 

Je relevai la tête vers elle, passait ma langue sur mes lèvres et relevait le menton. Oh oui, cela, je pouvais le faire. Elle se tenait toute droite sur le fauteuil de mon frère, les jambes croisées et ses mains reposant sur son genou gauche. Elle avait l’air d’avoir un balai profondément enfoncé dans son derrière, mais je savais que c’était sa position de défense intellectuelle. Je remarquai seulement maintenant qu’elle venait de laver ses longs cheveux bouclés, ses mèches encore humides décorant ses épaules habillées d’un pull en grosses mailles marron. Je me concentrai sur mes arguments :

-       Encore une fois, puisque c’est visiblement difficile à comprendre, appuyai-je avec insolence, ce n’est pas à la portée de n’importe qui. Même Dumbledore en serait tout à fait incapable, dis-je plus sérieusement. Il faut une quantité de pouvoir et de magie noire qui est quasiment impossible à obtenir, à moins d’être un très, très redoutable mage noir qui expérimente une telle quantité de magie noire depuis des décennies. 

-       Tu sous-entends que Voldemort en serait capable ? me coupa-t-elle avec son caractéristique ton hautain. 

-       Je ne le sous-entends pas, je l’affirme. S’il existe une personne sur terre aujourd’hui qui en est capable, c’est lui, et lui seulement. Une telle magie nécessite non seulement une connaissance sans égale de la magie noire et de la nécromancie, mais aussi de pouvoir la contrôler. Finalement, c’est tout le problème avec la magie noire : elle finit par bouffer les sorciers qui la pratiquent. Ce n’est pas simplement une question de bien appliquer la bonne formule exacte avec le bon mouvement de baguette, c’est tout cela et bien plus encore avec des prédispositions et des talents personnels innés couplés à un pouvoir inhérent à la personne qui dépasse ce que nous pouvons imaginer avec en prime une connaissance et une capacité à pratiquer, contrôler et animer la magie noire qui est juste…, on ne peut pas se rendre compte, achevai-je alors. 

-       Et au niveau théorique, continua-t-elle avec le même défi dans la voix, comment une telle chose serait possible ? 

-       Comme je l’ai dit tout à l’heure, il existe des conditions pour que la nécromancie fonctionne, lui appris-je encore. Tout d’abord il faut que la personne que nous cherchons à ramener à la vie ait été tuée par un Avada, sinon même tu-sais-qui ne pourra rien y faire, peu importe à quel point il essaye, lui dis-je comme s’il n’y avait qu’elle dans la pièce. Et il faut que l’Avada vienne de la personne qui ramènera ensuite l’autre personne à la vie, continuai-je d’expliquer. L’explication théorique sous-jacente est que le mage noir qui lancerait un Avada vers une autre personne enverrait une certaine magie noire venant de lui dans quelqu’un d’autre, et qu’en pratiquant la nécromancie avec autant de pouvoir et de magie noire que je l’ai déjà expliqué, ce mage noir pourrait en fait rappeler à lui sa magie noire, son Avada, et littéralement l’extirper du corps de la personne qui avait été tuée par sa magie. C’est bien sûr vulgarisé, mais tu comprends l’idée. C’est pour ça que ça ne fonctionnerait effectivement pas si l’Avada venait de quelqu’un d’autre, ou si la personne mourrait de tout autre chose, comme de vieillesse, d’un Doloris, ou de tout ce que tu veux d’autre. Parce que le mage noir ne pourrait pas reprendre sa magie noire et réparer ce qu’il a fait. 

-       Et dans cette belle théorie, il y a une limite de temps durant lequel le mage noir en question peut ‘retirer’ son Avada ? continua-t-elle avec toujours autant de réserves, même si je pouvais voir dans ses yeux qu’elle était impressionnée par moi, et mon savoir. 

-       C’est une très bonne question à laquelle je n’ai jamais trouvé réponse dans les livres, en tout cas pas dans ceux traitant directement de la nécromancie, avouai-je alors. Mais si l’on s’en réfère aux connaissances que nous avons sur l’âme et la vie humaine, il semblerait que ce ne serait pas possible indéfiniment, en effet. Les recherches les plus récentes tendent à suggérer, en tout cas chez les sorciers, qu’il faudrait environ une semaine avant que toute trace de magie ne se dissipe d’un cadavre. Au bout d’une semaine, il n’y aurait plus rien, plus d’âme, plus de magie du tout, plus rien à récupérer. Aucune recherche ne le dit, mais si on met ces deux théories en lien, j’imagine qu’un mage noir disposerait grand maximum d’une semaine pour pouvoir retirer son Avada avant qu’il ne soit trop tard, et que toute vie et magie ait définitivement quitté le corps de la personne. 

-        Tu m’as l’air bien renseigné sur le sujet pour quelqu’un qui va demander à sa mère s’il y a quelque chose qui pourrait potentiellement nous être utile dans sa bibliothèque, ponctua-t-elle alors en levant un sourcil circonspect, mais je vis qu’elle voulut reprendre ses mots dès qu’ils étaient sortis de sa bouche. 

Je baissai les yeux malgré moi et ma mâchoire se contracta quand je répliquai gravement :

-       Oui, je le suis. 

Et elle saurait pourquoi si elle se rappelait des souvenirs que je lui avais enlevés. Elle avala distinctement sa salive, visiblement gênée, et lança un regard vers Line, que j’avais royalement oubliée quand bien même elle siégeait juste à côté de moi. 

-       Excusez-moi mais si ces informations viennent de livres auxquels nous ne sommes pas censés avoir accès, sommes-nous censés nous appuyer dessus pour notre présentation ? questionna doucement Line avec une voix signifiant qu’elle avait peur de déranger. 

Elle dérangeait en effet. 

-       Avec n’importe quel autre professeur j’aurais été de ton avis, mais en ce qui concerne Rogue, répondit la Gryffondor, je pense qu’il vaut mieux prendre le risque de présenter la vérité, surtout en ce qui concerne la magie noire, bien sûr une fois que j’aurais pu attester de la validité des sources quand elles me seront parvenues, ajouta-t-elle sur un ton appuyé en ma direction. 

-       Bien sûr, répliquai-je sur le même ton. 

-       Bien, conclu Granger, nous ne pourrons donc nous attaquer réellement à la partie présentation du concept qu’une fois que nous aurons et vérifierons les sources dont parle Malefoy, mais je suppose qu’en attendant nous pouvons déjà travailler sur la façon dont nous allons présenter notre positionnement contre la nécromancie. 

Je pouffai et ses yeux surpris assortis de ses sourcils haussés se posèrent sur moi en un regard à la fois questionnant ma réaction, mais me mettant également au défi de la contredire. 

-       Tu vas maintenant nous exposer pourquoi la nécromancie est un noble art qu’il faut protéger, Malefoy ? 

-       Qu’il faut protéger, peut-être pas, mais un noble art, sans le moindre doute, répliquai-je avec insolence. 

-       Nous allons tout de même nous positionner contre, trancha-t-elle sèchement en soutenant mon regard. 

-       Il me semblait qu’une partie du travail était de parvenir à une décision en groupe, lui fis-je remarquer avec un sourire en coin. 

-       Il n’existe pas de positionnement alternatif au fait d’utiliser quantité de magie noire pour ramener quelqu’un que l’on a soi-même tué à la vie que celui-ci : absolument et irrémédiablement contre. 

Je levai un sourcil circonspect vers elle et répliquai sur le même ton hautain et dédaigneux qu’elle : 

-       Parce que si un mage noir tuait un de tes proches et que tu trouvais le moyen de le convaincre de le ramener à la vie tu ne saisirais pas ta chance ? 

-       Bien sûr, répondit-elle avec sarcasme, parce qu’un mage noir qui aurait tué un de mes proches serait d’accord pour le ramener à la vie en utilisant quantité de magie noire qui l’affaiblirait en ce faisant, pourquoi n’y avait-je pas pensé plus tôt ?

-       Et si c’était une option ? continuai-je encore. 

-       Réfléchis deux minutes à ce que tu es en train de dire, ça ne tient pas debout. 

-       Et toi réfléchis deux minutes à ce que je te dis, et si c’était une option ? enchaînai-je alors. 

-       Pourquoi un mage noir du genre de Voldemort me rendrait une personne chère qu’il m’aurait enlevée ? questionna-t-elle. 

-       Ce n’est pas la question à laquelle je te demande de répondre. 

-       Je ne vois pas l’intérêt de répondre à la tienne si tu ne peux pas répondre à la mienne, déclara-t-elle avec insolence. 

-       Très bien, soupirai-je alors qu’elle commençait à m’énerver et que mon sang coulait plus rapidement dans mes veines, imaginons que tu sois amoureuse de quelqu’un travaillant pour lui, et que par colère il tue impulsivement cette personne. Si tu allais le voir pour le convaincre de le ramener à la vie en lui expliquant tout ce qu’il pourrait faire pour tu-sais-qui s’il le ramenait à la vie et qu’il finissait par accepter, se rendant à l’évidence qu’il a peut-être agit trop vite et que cette personne peut lui être utile, ce ne serait pas une option ? lui crachai-je alors au visage. 

Elle resta interdite un instant, et je réalisai seulement ce que je venais de sous-entendre. J’avalai ma salive et me reculai dans le canapé. L’ambiance était soudainement devenue incroyablement lourde. Je me reprenais : 

-       Ou encore imaginons qu’il emprisonne un de tes amis et qu’il finisse par le tuer, et imaginons que tu parviennes à le convaincre que cet ami détient des informations qui lui seraient cruciales et qu’il acceptait de le ramener à la vie pour pouvoir avoir ces informations, ce ne serait pas une option ? 

Elle avala distinctement sa salive à son tour et répliqua sur un ton bas : 

-       J’imagine dans ce scénario qu’une telle demande aurait un prix conséquent. Alors non, pas au prix de mon âme. Ni au prix de celle des gens que j’aime, trancha-elle alors. 

-       Et moi je ne crois pas qu’une question aussi compliquée puisse avoir une réponse aussi simple que « absolument et irrémédiablement contre ». 

-       Les hypothèses que tu présentes Malefoy ont aussi peu de chances de se produire que les Poufsouffle ont de chances de remporter la coupe de Quidditch, tenta Line que j’avais encore oubliée. 

Je pouffai. 

-       C’est ça, répliquai-je à voix très basse. 

Granger soupira et rangea ses livres, récupérant celui que j’avais réquisitionné. 

-       J’ai besoin de plus d’éléments théoriques avant de pouvoir me positionner définitivement, déclara-t-elle alors. Je vais continuer mes recherches en attendant que ta mère ne nous envoie ce dont nous aurons besoin, d’ici là chacun d’entre nous devrait réfléchir à ses positions pour que nous puissions en discuter plus amplement la prochaine fois. 

Line acquiesça en rangeant ses affaires, c’est-à-dire un pauvre parchemin vide sur lequel elle n’avait absolument rien noté, étant bien moins préparée que Granger, de toute évidence. 

-       Malefoy nous attendrons de tes nouvelles quant aux livres en question, conclu-t-elle alors qu’elle finissait de ranger ses affaires et que Line se levait du canapé.

Je leur adressai un mouvement de tête : 

-       Vous connaissez la sortie, déclarai-je sans me lever moi-même. 

Line nous souhaita bonne nuit alors qu’elle sortit la première de ma salle commune, Granger sur ses pas. Je fixai ma table basse lorsque le portrait se referma, et que sa voix douce raisonna doucement : 

-       Nott a passé un bon anniversaire ? demanda-t-elle alors qu’elle se tenait face à la porte, fixant le sol. 

Je tournai le visage vers elle et prit une profonde inspiration. Elle se retourna vers moi et rencontra mon regard avec une inquiétude transparente dans ses yeux chaleureux. J’acquiesçai faiblement sans dire un mot. Elle me rendit mon geste avec un tendre et faible sourire. Elle m’observa en silence encore un moment, et je lui rendais la pareille, quand finalement elle dit avec douceur : 

-       Ne prenez pas le risque si ça peut mettre ta mère en danger. 

Je fermai les yeux et pinçai les lèvres. Mes défenses d’occlumencie tombaient au fur et à mesure qu’elle m’énervait et m’attendrissait à la fois. Et c’était de plus en plus dur de me battre. D’ignorer son inquiétude et la douceur de celle-ci. La tendresse de celle-ci. La beauté de sa voix. La chaleur de ses yeux. J’allais répliquer que je lui avais déjà dit que tout irait bien quand elle me coupa la parole : 

-       Je sais. Simplement…, entends juste que s’il y a le moindre risque, je ne veux pas que tu le prennes. 

Un sourire non amical prit place sur mon visage et je mordis ma lèvre inférieure alors que je me levai du canapé, tentant en vain de contrôler ce que je ressentais. 

-       Tu ne veux pas que je le prenne ? répétai-je en m’approchant lentement d’elle. 

Elle ne lâcha pas mon regard et ne se montra pas intimidée une seule seconde par mon corps dominant le sien de ma hauteur. 

-       Oui, confirma-t-elle en chuchotant, levant les yeux plus haut pour pouvoir continuer de rencontrer les miens, tu m’as bien entendue. 

Je laissai mes yeux défiler le long de son corps alors que je continuai de mordre ma lèvre inférieure, et les enfonçaient à nouveau dans ses yeux ambrés : 

-       Qui crois-tu être pour me formuler une telle requête ? 

-       Ce n’est pas une requête, murmura-t-elle encore. C’est un ordre, dit-elle pourtant avec douceur. 

Mes sourcils se dressèrent sur mon front et ma bouche se pinça en une moue accusant les mots qu’elle venait d’avoir le culot de prononcer. Mes murs tombaient. Je sentais le sang bouillir dans mes veines et le désir brûler dans mon âme. Il fallait qu’elle parte. Il fallait qu’elle parte tout de suite avant que je ne puisse plus contrôler les pulsions en moi qui avaient viscéralement besoin de lui rappeler lequel de nous deux étaient celui qui dominait l’autre. 

-       Il est temps que tu t’en ailles, murmurai-je alors de ma voix animale sans pouvoir dissimuler le sourire en coin qui refusait de s’effacer de mon visage. 

-       Et si je n’en ai pas envie ? chuchota-t-elle tout doucement, à quelques millimètres à peine de mes lèvres. 

J’inspirai profondément, fermant les yeux, alors que je sentais tout mon corps brûler pour elle, tout mon corps que je tentai désespérément de contrôler. Mon esprit que j’essayai désespérément de contrôler. Elle devait partir. Elle devait rester loin de moi. Je réalisai à l’instant que mes yeux demeuraient fermés quand je sentis les paumes de ses mains se poser délicatement sur mes pectoraux. Je les maintenais aussi fermés que possible alors que je sentis mes sourcils se froncer sur mon front. Elle devait partir. Elle devait partir maintenant. Je ne pouvais pas me permettre de perdre le contrôle avec elle. Le prix était trop élevé. Sa sécurité, me rappelai-je alors. Le prix était sa sécurité. 

-       Va-t’en Granger, murmurai-je en ouvrant finalement les yeux, posant sur elle un regard aussi dur et contrôlé que possible. 

Aussi dur et contrôlé que possible alors que je pouvais sentir la chaleur de ses mains reposant sur mon poitrail, le caressant très, très lentement. Aussi dur et contrôlé que possible alors qu’il rencontrait le regard le plus enivrant qu’il me semblait exister. Aussi dur et contrôlé que possible alors que la seule chose que je désirai était de la prendre là, ici, tout de suite. Aussi dur et contrôlé que possible alors que ses cheveux toujours humides décoraient son visage et ses épaules, tombant dans son dos en une cascade splendide. Aussi dur et contrôlé que possible alors qu’elle avait le courage et le culot de demeurer là, sa peau sur mon corps, alors que je lui ordonnai de partir loin de moi. 

-       Je n’en ai pas envie, chuchota-t-elle à mes lèvres. 

Ses mains remontèrent doucement vers ma nuque, où je sentis sa peau contre la mienne, et mes pensées cessèrent en même temps que ma respiration. Je saisi ses joues d’une main ferme et laissai ma main gauche reposer contre la porte de ma salle commune, à quelques millimètres seulement de son visage. Mon mouvement brusque la surprit et ses mains quittèrent mon corps, le sac qu’elle portait à l’épaule contenant les livres avec lesquels elle était venue tombant sur le sol dans un bruit sourd. Désormais le seul son qui demeurait autour de nous était celui de ma respiration profonde s’écrasant sur son visage alors que je collai mon front au sien, mes yeux fermement clos, ma main tenant toujours ses joues en une prise possessive. 

-       Qu’est-ce que tu me fais…, chuchotai-je à son visage alors que je ne la lâchai pas, tentant aussi violemment que je le pouvais de me contrôler. 

De contrôler le feu ardent qui brûlait à l’intérieur de moi pour elle. Du feu qu’elle faisait brûler en moi en me regardant, en me parlant, en me touchant. De ce feu indomptable que je devais contrôler. Et elle était là. Et je sentais son odeur de vanille. Et je fuyais ses yeux, mais je sentais leur chaleur sur moi. Et je sentais la douceur de la peau de ses joues contre ma main. Son front contre le mien. Ses lèvres à quelques millimètres seulement des miennes. 

-       Putain Granger…, murmurai-je en gardant mes yeux aussi fermés que je le pouvais. 

Mon cœur battait la chamade dans mon poitrail et mon sang bouillonnait dans mes veines. Elle me rendait fou. Mon esprit fusait à mille à l’heure alors que je me concentrai pour inspirer et expirer profondément tandis que mon souffle chaud s’écrasait contre son visage, et que je sentais le sien sur le mien. Son corps si près du mien, m’appelant. Me suppliant de la toucher. De me noyer en elle. De m’abandonner à elle. Ma respiration se mit à trembler de façon audible alors que mon poitrail se levait visiblement pour m’empêcher de la toucher. De l’embrasser. De la posséder. 

-       Qu’est-ce que tu es en train de me faire…, lâchai-je difficilement alors que ma voix elle-même commençait à trembler tandis que je me battais contre moi-même pour ne pas lui céder. 

Parce que sa vie en dépendait. Parce que mon meilleur ami était toujours absolument incapable de la cacher dans son esprit. Parce que si le Seigneur des Ténèbres apprenait qui elle était, elle était condamnée. Parce que je la désirai à ce point. Parce que je la voulais à ce point. Parce que j’avais besoin de son contact, d’une façon aussi viscérale et animale que cela. Parce que j’étais un animal avec elle. 

-       Qu’est-ce que tu es en train de faire de moi…, chuchotai-je à bout. 

Ma prise sur ses joues se resserra alors que je contrôlais autant que je le pouvais les pulsions que je pouvais sentir physiquement dans mon corps. Comme si mon corps tout entier, indépendamment de moi, devait la toucher. Comme s’il devait prendre possession d’elle. Cela me dépassait absolument et totalement. Je gardais toujours mes yeux profondément fermés et prit une dernière inspiration. Le prix était trop haut. Sa vie. Sa vie était le prix. Son cœur que je pouvais entendre battre. Son odeur qui s’éteindrait. La chaleur de son corps qui disparaîtrait. Le prix était trop élevé. Beaucoup trop élevé. Je lâchai soudainement son visage et lui tournai le dos avant d’ouvrir les yeux. Je ne pouvais la regarder, je serais absolument incapable de me contrôler si je posais les yeux sur elle. Je marchais vivement vers les escaliers menant à mon dortoir et la sommai une fois que j’étais sûr d’être assez loin d’elle, disparaissant moi-même : 

-       Va-t’en.


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