Promesse de sang

Chapitre 80

1178 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/12/2022 20:34

Potter semblait s'en soucier, lui. Assez pour parler de Régulus, assez pour s'inquiéter de savoir si ce récit terrible pourrait blesser son professeur. Le gamin qu'il avait humilié depuis des années voulait le ménager… Cette idée rendit Severus nauséeux, tout en lui faisant prendre conscience de sa propre stupidité.

Le lendemain, avant même d'aller prendre le petit déjeuner dans la Grande Salle, Severus prit le temps d'étudier les parchemins envoyés par les deux enfants qu'il essayait de protéger. Deux enfants qui n'en étaient plus vraiment, après ce qu'ils avaient dû traverser.

Severus fut perturbé du récit de Régulus. Ces mots d'outre-tombe le touchèrent bien plus qu'il n'aurait pu l'imaginer et il regretta beaucoup de choses. Il regretta d'avoir été aveugle, de ne jamais avoir tenté de se rapprocher de ce garçon solitaire et triste, de ne pas avoir essayé plus fort de le dissuader de prendre la marque.

Sa carrière d'espion qui aurait dû être sa rédemption n'était que de la poudre aux yeux. Il avait passé la majeure partie de sa vie en sécurité à faire un travail qu'il haïssait. Il ne risquait réellement sa vie que depuis l'arrivée de Potter à Poudlard, lorsque Voldemort avait commencé à s'attaquer au garçon.

Il ne pouvait pas s'éloigner de Poudlard sans attirer l'attention, alors il choisit de commencer à rassembler les ingrédients dont il aurait besoin pour brasser la potion que Régulus avait trouvée. Par chance, il avait amassé tout au long de sa carrière à Poudlard un stock d'ingrédients suffisants pour faire face à n'importe quelle situation et il avait tout ce dont il avait besoin… La potion en elle-même était complexe, mais elle ne représentait pas la moindre difficulté pour un maître tel que lui.

Ce ne fut que le lendemain en fin de journée qu'il eut l'opportunité de s'éloigner de ses cachots sans que personne ne s'interroge sur son absence. Dumbledore était parti pour le Ministère — probablement pour comploter comme à son habitude — et il en profita pour quitter l'école discrètement. Si le directeur lui demandait des comptes, il aurait juste à prétendre qu'il avait été appelé par Voldemort.

En arrivant square Grimmaurd, ses vieilles habitudes avaient ressurgi et il s'était demandé avec une pointe d'agacement si les deux adolescents s'amusaient plutôt que de continuer à travailler pour libérer le monde magique.

Puis, l'hypocrisie de ses propres paroles l'avait frappée et il avait fermé un instant les yeux, s'obligeant à se souvenir que ces deux garçons méritaient une vie heureuse. Plus encore, ils méritaient une adolescence normale, le droit de pouvoir s'amuser et la liberté de pouvoir choisir leur avenir…

Plus calme, il était parti à leur recherche pour les trouver dans la bibliothèque, une fois encore.

Il remarqua immédiatement la nervosité de Drago et il se demanda s'ils s'étaient disputés. Et son regard tomba sur Harry Potter.

Il se figea, incapable de détourner le regard de l'adolescent. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Le regard cerné, chaque geste semblait lui coûter un effort démesuré.

Severus fronça aussitôt les sourcils, inquiet, essayant de comprendre ce qui avait pu se passer en deux jours pour que les choses en arrivent à ce point. Son regard glissa sur Drago et l'air plein d'espoir du jeune homme lui fit comprendre qu'il devait intervenir.

Il soupira en secouant légèrement la tête.

– Monsieur Potter. Qu'avez-vous encore fait ?

Harry lui lança un regard d'incompréhension tandis que Drago grognait littéralement et se retenait visiblement de se jeter sur lui pour l'attaquer.

Il avança en direction du Gryffondor, mais Drago s'interposa, ses yeux gris brillant de haine à son encontre. Severus s'immobilisa et fronça les sourcils.

— Que se passe-t-il ici ?

Harry posa une main sur l'épaule de Drago et ce dernier s'apaisa aussitôt, en lui jetant un coup d'œil inquiet. Il ne s'écarta pas, mais il fixa l'homme avec défi et il lui jeta, d'un ton rageur.

— Harry est épuisé. Il dort mieux, il ne fait plus de cauchemars, mais il est épuisé. Je crois que c'est depuis… depuis qu'il a ôté la marque sur mon bras.

Severus hocha la tête et il choisit de ne faire aucune remarque en lisant de la culpabilité dans l'expression de Drago. Depuis cette histoire de promesse de sang, il avait pensé que c'était Harry qui était le plus touché par leur lien. Harry avait ouvertement affiché son affection soudaine pour le Serpentard, il l'avait protégé sans la moindre hésitation et il l'avait entraîné loin de Poudlard pour lui sauver la vie.

Cependant, il avait oublié que Drago avait été élevé par Lucius Malefoy et que le gamin avait dû être conditionné à cacher toute faiblesse. Pour Lucius, l'affection, l'amitié et l'amour n'étaient que des handicaps dont il fallait se débarrasser. Désormais, il voyait que ce lien était plus équitable qu'il ne l'imaginait. Il était surtout bien plus complexe.

Sans un mot, il écarta avec douceur Drago pour faire face à Harry et l'examiner en silence. Puis, il lança un sort de diagnostic, murmurant distraitement en attendant les résultats.

— Dormez-vous toujours ensemble ? Avez-vous besoin de contact comme au début ?

Il cligna des yeux en les voyant rougir et échanger un coup d'œil nerveux, mais il attendit calmement la réponse, sans le moindre commentaire désobligeant. Finalement, Drago haussa les épaules.

— Oui, on dort dans le même lit. C'est…

Il s'interrompit et jeta un long regard à Harry avant de sourire doucement et de reprendre.

— On dort mieux.

Harry sourit à son tour, puis il murmura sans la moindre hésitation.

— On est souvent en contact, mais ce n'est plus comme avant. Je veux dire, je n'imagine plus Drago se vidant de son sang dès qu'il est à l'écart de moi. De toute façon, depuis que je suis épuisé, il est toujours près de moi. Je me sens bien, c'est juste que…

Severus roula des yeux.

— Je vois.

Il jeta un coup d'œil sur les résultats de son sort de diagnostic et grogna légèrement, déstabilisé.

— Tout est normal.

Compte tenu de la tête du jeune homme, il avait espéré qu'une anomalie physique soit présente, pour savoir comment la soigner. Mais dans ce cas de figure… il ne pouvait pas soigner quelque chose qui n'existait pas.

Drago intervint, sa voix peu assurée montrant à quel point il était inquiet.

— Est-ce que c'est à cause de l'horcruxe ? Je veux dire… il était en lui et…

Il s'arrêta brusquement et Severus comprit que le jeune homme était à bout de nerfs. Il se frotta les tempes distraitement, essayant de réfléchir.

— C'est probablement à cause de la présence de cet horcruxe oui. Cependant… votre lien aurait dû… régler le problème.

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