Promesse de sang

Chapitre 41

1176 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/11/2022 20:38



Harry jeta un bref coup d’œil en direction de Drago, surpris de le voir aussi… docile avec lui. Il le suivait avec une confiance qui réchauffait le cœur de Harry, sans protester. Avant cette histoire, le Serpentard aurait eu à redire sur chaque chose, il aurait protesté, renâclé. Sa bonne volonté soudaine était pour le moins… déstabilisante pour Harry, qui ne pouvait pas s’empêcher de rester sur le qui-vive.

Une fois de plus, l’adolescent écarta toutes les pensées qui se bousculaient dans sa tête pour entraîner Drago jusqu’à la sortie de Pré-au-Lard à vive allure. Il ne tenait pas à se faire surprendre à cause d’une seconde d’inattention. Un regard circulaire lui permit de s’assurer que le petit village sorcier était désert et qu’il n’y avait pas le moindre promeneur nocturne. Il souffla doucement et leva sa baguette résolument.


Il ne fut pas étonné de voir arriver le magicobus quelques secondes plus tard, sur les chapeaux de roues et s’arrêtant dans un crissement de pneus inquiétant. Les portes s’ouvrirent avec un chuintement fatigué et Harry salua poliment le chauffeur, espérant ne pas être reconnu.

À ses côtés, Drago s’était légèrement crispé, les yeux ronds, devant l’engin pour le moins voyant et surprenant. Il jeta un regard furieux en direction du Gryffondor et Harry retint un rire, levant juste un sourcil moqueur, comme pour lui lancer un défi muet. Comme il l’avait prévu, le Serpentard se renfrogna et resta silencieux, décidant de ne pas se faire remarquer et de ne pas se ridiculiser en protestant vivement. 

Brièvement, Harry se demanda si ça serait toujours ainsi entre eux, cette façon de se défier en permanence, de pousser l’autre dans ses retranchements. Il l’espérait parce que Drago l’empêchait de se laisser aller et l’obligeait à donner le meilleur de lui-même.



Vérifiant rapidement que les cheveux blond clair trop identifiables de Drago étaient soigneusement cachés sous son bonnet, Harry lui saisit la main pour le faire monter à sa suite dans le bus magique, tout en aplatissant de l’autre main ses cheveux fous, priant pour que sa cicatrice reste invisible. Fouillant sa poche nerveusement, il en sortit une poignée de piécettes pour payer leur voyage jusqu’à Londres.


Le chauffeur leur adressa un large sourire en les saluant d’un signe de tête jovial, ne s’intéressant visiblement pas à leur identité ou à la raison de leur présence à cette heure de la soirée aussi près de Poudlard.

— C’est pour où ?


Soulagé de voir que ce n’était pas Ernie qui conduisait comme la première fois où il avait emprunté ce moyen de transport, Harry lui rendit son sourire, un peu hésitant, espérant encore une fois ne pas être reconnu. Il répondit calmement, comme si c’était habituel pour lui de se promener à cette heure, pour ne pas attirer l’attention sur deux adolescents en dehors de Poudlard après l’heure du couvre-feu. 

— Islington, Londres. 


Le chauffeur hocha simplement la tête, sans la moindre curiosité, et il encaissa l’argent avec dextérité, puis il leur fit signe de s’installer d’un geste vague. Harry entraîna Drago à sa suite, évitant adroitement les lits en cuivre pour viser un fauteuil qui lui semblait assez large pour qu’ils s’installent tous les deux en se serrant l’un contre l’autre. 

Le regard de Harry glissa sur un lit où Stan Rocade dormait profondément et il souffla de soulagement. Il préférait à ne pas avoir à discuter avec le garçon qui accueillait habituellement les passagers, surtout parce que Stan se serait souvenu de lui. 


Il tira le bras de Drago pour le forcer à s’asseoir près de lui, à une distance prudente de Stan, ignorant son regard furieux et son expression largement dubitative alors qu’il examinait le magicobus comme si c’était un danger mortel. Sur ce point, Harry devait avouer qu’il avait encore des doutes sur la fiabilité du moyen de transport, mais ils n’avaient pas vraiment d’autres options à leur disposition. Réprimant un ricanement, Harry lui murmura à l’oreille, le faisant frissonner.

— Accroche-toi, ça risque de… remuer.


*


En voyant arriver la monstruosité d’un violet agressif, Drago comprit instantanément pourquoi son père en parlait avec dédain. Cette chose était probablement la pire invention du monde magique, copiée sur les moldus… Copiée sur le pire du monde moldu. Vulgaire et tapageur, bruyant, le bus représentait tout ce qu’il détestait. En cet instant, il regrettait de ne pas avoir protesté et de ne pas avoir préféré faire le trajet jusqu’à Londres à pied, même si ça leur aurait pris des jours. Il se fit la réflexion qu’il aurait même été prêt à accepter les moyens de locomotion moldus plutôt que cet engin hybride, qui n’inspirait pas confiance, loin de là.


À l’inverse, Harry sembla parfaitement à l’aise, grimpant dans le bus en l’entraînant à sa suite comme un vieil habitué. Pendant qu’il payait, Drago regarda autour d’eux et se retint de secouer la tête. Il y avait des lits en cuivre qui se déplaçaient d’un côté à l’autre lorsque l’engin était en mouvement et quelques fauteuils au revêtement d’un goût douteux. Il était parfaitement sûr qu’un fauteuil vert pomme orné de fleurs roses ne pouvait être qu’un crime contre le bon goût… et il ne parlait même pas de la propreté douteuse du revêtement élimé. Il ignora soigneusement les lits ou fauteuils occupés, refusant de regarder les autres passagers. 


Il entendit Harry demander l’arrêt à Islington et il fronça les sourcils en supposant que c’était un quartier à Londres. Il ne connaissait pas vraiment la capitale et il espérait que le Gryffondor savait ce qu’il faisait. L’idée de fuir Poudlard pour se retrouver à errer dans le monde moldu ne le tentait pas vraiment… même si Harry était avec lui.

Il fut sorti de ses pensées par Harry qui l’entraînait dans les profondeurs du bus sans lui demander son avis et il fut propulsé dans un fauteuil — celui-ci avait un revêtement usé parme décoré de motifs stylisés dorés. Il allait protester, lorsque Harry l’invita à s’accrocher et l’estomac de Drago se serra en comprenant que le voyage risquait d’être… sportif. 

Cependant, un frisson d’excitation parcourut son échine lorsque le bus démarrait, alors qu’il était collé à Harry et que le souffle de celui-ci faisait naître une traînée de chair de poule sur son cou, le distrayant efficacement de ses craintes.



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