Promesse de sang

Chapitre 36

1236 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2022 20:42


Harry murmura, après quelques instants, le regard toujours dans le vague.  

— Sirius… il était capable de tout, je crois. Il a défié sa famille, il a été le premier Black à être réparti à Gryffondor… Il a… il a été envoyé à Azkaban par erreur et il s’est évadé… 


Voyant le Gryffondor sur le point de fondre en larmes alors qu’il évoquait ce parrain qu’il avait tant aimé, Drago le prit dans ses bras et le serra contre lui. Il n’était pas vraiment du genre à consoler les autres et il ne savait pas quoi dire pour l’apaiser. Il pouvait juste offrir sa présence silencieuse à Harry, lui montrer qu’il n’était pas seul.


Harry se nicha contre lui, parfait mélange de force et de fragilité. Cet adolescent semblait sur le point de se briser, suintant la tristesse, mais il était prêt à entrer en guerre, seul, sans la moindre peur. Il était prêt à aller défier le mage noir qui avait entraîné le monde magique dans une guerre meurtrière, juste parce qu’il voulait protéger ceux qu’il aimait.

Drago secoua doucement la tête, puis il soupira avant d’objecter.

— Et tu peux me dire comment tu comptes quitter Poudlard ? Je ne suis pas certain que ce cher directeur nous ouvrira les portes comme ça…


À ces mots, Harry redressa la tête et la lueur malicieuse qu’aimait tant Drago passa dans son regard, chassant un instant la tristesse. Il lui fit un clin d’œil, donnant soudain envie au Serpentard de l’embrasser…


Ils furent interrompus dans leur conversation par l’entrée de madame Pomfresh. Cette dernière leur adressa un sourire aimable et s’affaira dans l’infirmerie, triant les flacons de potions tout en prenant des notes et s’assurant que les lits étaient prêts à recevoir d’éventuels patients.


Drago grogna légèrement, préférant les moments où il était seul avec Harry. Bien évidemment, il ne comptait pas l’avouer parce que ça ressemblait grandement à une faiblesse. Il avait appris depuis son plus jeune âge qu’il devait cacher soigneusement ses faiblesses et c’était un point de l’éducation de son père qu’il n’avait jamais remis en cause.



En voyant l’infirmière venir vers eux, Drago se tendit, empli d’un mauvais pressentiment. Il s’obligea à ne pas montrer sa peur — sa terreur même — s’agrippant à Harry et priant pour se tromper…


*


La tristesse qui avait envahi Harry à la mention de son parrain, à la mention de la mort de Sirius, se dissipa légèrement grâce à Drago. C’était étrange que son nouvel ami — ancien rival — soit l’un des seuls à pouvoir l’atteindre lorsqu’il allait mal, pour le ramener loin de ses pensées noires.


Lorsque Drago lui demanda comment sortir de Poudlard, Harry lui lança un regard joueur, avec un petit sourire amusé. Lorsqu’il vit le Serpentard le fixer longuement, ses pupilles se dilatant alors qu’il approchait son visage de lui, il comprit que Drago allait l’embrasser. 

Harry resta immobile, le laissant faire. Il aurait voulu l’attirer à lui et l’enlacer, ou peut-être juste caresser sa joue. Mais laisser Drago faire l’embrasait littéralement et il patientait, le cœur battant, avide de sentir leurs lèvres se rejoindre. Il était certain que ses propres pupilles étaient aussi dilatées que celles du Serpentard, montrant son envie.


L’arrivée de l’infirmière le frustra au plus haut point et s’il se fiait au regard noir de Drago, il n’était pas le seul à vouloir un peu de solitude pour continuer leur conversation et pouvoir se rapprocher librement. Le grognement du Serpentard lui donna envie de l’agripper et de l’embrasser quand même, en ignorant leur public. Il cherchait une bonne raison de ne pas céder lorsqu’il sentit Drago se crisper contre lui.


Harry oublia aussitôt toutes les pensées agréables au sujet de baisers et de câlins pour se concentrer sur Drago. Une lueur de terreur passa dans le regard gris et Harry fronça les sourcils, sans comprendre. Il se redressa juste, pleinement attentif à ce qui les entourait, collé à Drago et cherchant à trouver ce qui avait effrayé son camarade.


Lorsque madame Pomfresh se posta au bout de leur lit, le visage grave, Harry se détendit un bref instant. Il la connaissait depuis suffisamment de temps pour avoir confiance en elle et savoir qu’elle se préoccupait avant tout de la sécurité des élèves, quelles que soient leurs maisons. Cependant, il n’eut pas besoin de regarder en direction de Drago pour comprendre que sa crainte soudaine venait de l’expression triste de l’infirmière et il tendit la main pour nouer leurs doigts ensemble.


Les lèvres pincées, madame Pomfresh avait observé leur interaction, attentive à chaque geste et à chaque regard. Elle hocha brièvement la tête comme si elle prenait une décision et elle se frotta les yeux, paraissant épuisée. Elle attira une chaise à elle et elle s’installa devant eux, les mains sur les genoux, entrecroisant ses doigts. Tête baissée, elle soupira, puis elle se redressa et leur adressa un bref sourire sans joie.


— J’ai à vous parler, mais j’aimerais que vous m’écoutiez jusqu’au bout avant de réagir.

 

Elle fixa un bref instant Harry et le jeune homme s’empourpra légèrement, comprenant que cet avertissement lui était destiné. Il était après tout connu pour ses réactions presque épidermiques et le sujet devait être suffisamment grave pour qu’elle prévoit une réaction de sa part. Une réaction violente.


Drago se rapprocha de Harry, le visage fermé. Il avait lui aussi compris le sens des mots de l’infirmière et ça ne calmait pas ses peurs. Les deux garçons faisaient bloc commun sans la moindre hésitation, toutes leurs querelles passées oubliées.


Madame Pomfresh secoua légèrement la tête, avant de se lancer, une grimace agacée prouvant qu’elle n’appréciait pas vraiment ce qu’elle allait dire.

— Le directeur Dumbledore a donné certains ordres. Il… exige que vous soyez séparés, qu’importe le serment que vous avez noué ensemble. J’ai pour ordre de vous placer dans des pièces séparées et vous enfermer de façon à ce que vous ne puissiez ni vous voir, ni vous entendre.


Les deux garçons restèrent silencieux, mais l’infirmière pouvait sentir leurs magies s’agiter, étroitement entremêlées. Elle pinça les lèvres et secoua sévèrement la tête, visiblement agacée. Elle reprit, après quelques instants, non sans noter qu’ils se retenaient mutuellement de réagir. 

— Bien évidemment, je trouve sa méthode un peu trop… drastique, quelle que soit la situation. Je veux dire… vous avez pratiqué inconsciemment un rituel de magie ancienne et nous en ignorons les conséquences réelles. J’ai noté la façon dont vous êtes soudain proches et ce besoin quasi constant d’être en contact l’un avec l’autre. Je pense que cette séparation brutale pourrait s’apparenter à… de la torture.


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