Promesse de sang

Chapitre 32

1297 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/11/2022 20:35

Il échangea un bref coup d’œil avec Harry — dont le visage s’était fermé — et ce dernier se redressa, en prenant son temps, s’essuyant discrètement le visage pour dissimuler toute trace de larmes. Drago s’assit et se colla volontairement au Gryffondor, peinant à masquer son air de défi.

Il sentit Harry tressaillir légèrement et il comprit rapidement qu’il se retenait de rire nerveusement face à l’expression clairement désapprobatrice des deux hommes. 


Dumbledore ignora Harry, comme s’il était insignifiant, et ce comportement agaça Drago, plus encore que le dédain de Rogue. Quelques semaines auparavant encore, avant qu’il ne soit marqué, il aurait jubilé de voir son rival de toujours humilié de cette façon, mais pas après avoir pris conscience de la façon dont l’homme utilisait le Gryffondor. 

Maintenant que sa relation avec Harry avait changé du tout au tout, il avait l’impression d’ouvrir les yeux et de voir la réalité. Il voyait le directeur manipuler sans vergogne un adolescent, pour le forcer à obéir. Tout comme son père l’avait fait avec lui, l’entraînant à prendre la marque…


Bien qu’agacé, Drago cacha adroitement ses pensées, restant stoïque, attendant la suite avec un calme qu’il était loin de ressentir. Dumbledore lui offrit un sourire forcé, comme s’il était l’un de ses élèves préférés et non pas le fils d’un Mangemort notoire qu’il exécrait.

— Monsieur Malefoy… Drago… Je suis certain que tu aimerais voir tes parents, n’est-ce pas ? 

Drago cligna des yeux, perplexe. Le ton paternaliste et le tutoiement soudain lui paraissaient déplacés et il se méfia d’autant plus. Il sentit la main de Harry se poser dans le bas de son dos discrètement, en un signe de soutien qu’il apprécia. D’une voix égale, il répondit tranquillement.

— Mon père est à Azkaban. Je ne compte pas lui rendre visite.


Dumbledore eut un vague geste de la main, puis il lissa sa barbe.

— Je pense qu’on peut organiser une rencontre au Ministère. Ce qui me permettra de vous protéger, toi et ta famille.


Même si Harry n’avait pas vu dans son cauchemar l’évasion de son père, il se serait immédiatement méfié de la proposition. Le but était probablement de le séparer de Harry pour l’enfermer quelque part… ensuite, Dumbledore aurait eu le champ libre pour faire croire au Gryffondor qu’il était parti de son plein gré. Après tout, jusqu’à leur dernière bagarre, ils n’étaient pas proches.


Drago haussa les épaules, sans conviction et il nota l’éclair de frustration passer dans le regard bleu du directeur. Rogue, juste derrière Dumbledore, le fixait d’un air songeur, comme s’il cherchait à deviner ses réactions. Cependant, il ne semblait pas totalement hostile. Il attendait… comme s’il réservait son jugement, ce qui était un sacré changement par rapport à sa dernière visite.


Drago hésitait encore sur la conduite à tenir, lorsque Harry appuya légèrement sa main dans son dos, comme pour le rassurer, avant de laisser échapper un ricanement volontairement moqueur.


Le regard des deux adultes se braqua sur Harry et Drago se permit un léger sourire. Harry avait cette capacité merveilleuse de pouvoir rendre fou de rage n’importe qui, juste par son comportement un peu trop frondeur… Le Gryffondor demanda avec un faux air candide, le sourire vissé aux lèvres.

— Et comment comptez-vous amener Lucius Malefoy au ministère, professeur Dumbledore ?


Le directeur fixa Harry un long moment, puis il soupira comme s’il avait à affaire à un gamin trop gâté qui faisait un caprice.

— Le ministre me concédera cette faveur si je le lui demande. Il est assez commun d’amener des prisonniers dans les geôles du Ministère pour qu’ils y soient interrogés.


Harry hocha lentement la tête, les sourcils légèrement froncés, comme s’il réfléchissait. Puis, il secoua la tête en soupirant.

— C’est un sacré challenge… surtout en sachant que Lucius Malefoy s’est évadé d’Azkaban. Je suppose que la Gazette a dû en parler, non ? Ou alors votre grand ami le ministre vous aura prévenu… Ce serait étonnant que personne n’ait parlé de l’attaque des Mangemorts sur la prison la plus sûre du monde, n’est-ce pas ?



Il y eut un lourd silence, alors que Dumbledore crispait ses poings, furieux. Puis, Drago prit tranquillement la parole, pensant chacun de ses mots.

— Je ne vous fais pas confiance, monsieur. Par contre, j’ai totalement confiance en Harry. Je le connais assez pour savoir qu’il ne cherchera pas à me mentir ou à me manipuler, lui.

L’accent sur le dernier mot était un camouflet clair destiné à Dumbledore et celui-ci le comprit parfaitement.



Les mots de Drago flottaient dans l’air, entre eux. Dumbledore plissa les yeux, ne cachant même plus sa colère. Il reporta toute son attention sur Harry.

— Tu oublies les enjeux, Harry. Tu as déjà perdu tes parents et ton parrain… tu es réellement prêt à mettre en danger tes amis les plus proches pour protéger un jeune Mangemort que tu détestes depuis ta première année ?


Derrière Dumbledore, Rogue recula d’un pas, comme choqué par les paroles venimeuses. Drago cligna des yeux, seule réaction qu’il eut, se retenant de ne pas montrer à quel point le mépris affiché contre lui le blessait. 

Harry pressa de nouveau sa main dans le dos de Drago, tout en se collant un peu plus contre lui, comme pour l’entourer et le rassurer. L’adolescent vrilla ses yeux verts sur le directeur et renifla d’un air méprisant.

— Vous avez besoin de moi, directeur. Depuis le début, vous ne cessez de prétendre que j’ai un rôle capital à jouer. Soit c’était un mensonge et il vous reste à trouver un autre pigeon pour vos missions suicide. Soit c’est la vérité et vous allez devoir vous plier à mes conditions. Je ne laisserai pas Drago, quel que soit le moyen que vous emploierez pour tenter de me convaincre. 



Le masque affable de Dumbledore se fissura et il grimaça, sans prendre la peine de masquer l’étendue de sa colère. Il se pencha légèrement vers Harry, le pointant du doigt.

— Tu n’es pas majeur, stupide gamin. Tu n’as pas de famille pour t’épauler. À ce jour, je suis le seul à pouvoir décider de ton sort, tu devrais garder ça en mémoire.


Harry ricana.

— J’ai passé toute ma vie à être menacé par ma famille moldue. L’endroit où vous m’avez placé. J’ai bien peur que ce genre de pression n’ait plus du tout le moindre effet sur moi. Vous pourrez remercier les Dursley pour leur bon travail…


Il y eut un lourd silence aux paroles tranquilles de Harry, alors que Drago le fixait d’un air choqué. Soudain, il prenait conscience de certains détails qui l’avaient toujours perturbé au sujet de son rival de toujours. Sa maigreur lorsqu’il arrivait en début d’année. Son émerveillement constant face à la magie, aux choses qui paraissaient normales aux autres. Même les nés-moldus n’étaient pas aussi surpris, comme si le jeune homme avait grandi coupé de tout. Ses vêtements minables alors qu’il venait d’une famille fortunée étaient également un sérieux indice de l’enfance qu’il avait eue…


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