Promesse de sang

Chapitre 27

1202 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/10/2022 20:35

Drago aurait dû le repousser et lui demander ce qui lui prenait. Ou il aurait dû s’écarter et s’éloigner de lui jusqu’à obtenir une explication. Ou n’importe quel autre comportement sensé dans lequel il mettait fin à ce moment étrange.


Au lieu de quoi, passé le premier instant de surprise, Drago s’entendit gémir légèrement. Bien que ténu, c’était un son d’acceptation, prouvant qu’il appréciait l’initiative de Harry. Et comme si ça ne suffisait pas, il leva la main pour la poser sur la nuque de Harry et il répondit au baiser maladroitement, mais avec enthousiasme.


Lorsque le baiser prit fin, Drago ne lâcha pas la nuque de Harry et celui-ci ne chercha pas à s’éloigner. Ils restèrent juste l’un contre l’autre, front contre front, totalement silencieux. C’était un moment de tendresse et de paix, que ni l’un ni l’autre ne voulait briser.

Sans lâcher Harry, sans s’éloigner, Drago murmura, les yeux fermés, persuadé qu’il serait rejeté dès qu’il aurait terminé d’avouer ce qu’il avait sur le cœur.


— Harry… Tu ne comprends pas. Ma mission… pour lui est de faire entrer les Mangemorts à Poudlard. Mais je dois aussi tuer Dumbledore.


Le brun soupira doucement, restant proche de Drago, n’étant pas vraiment impressionné par l’aveu. 

— Ce n’est pas véritablement une surprise. Je veux dire, en étant à Poudlard, il y avait peu de choses qu’il puisse t’imposer. 


Drago se laissa aller contre Harry, cessant de lutter pour l’instant. Il se sentait épuisé, vidé émotionnellement. Avouer à voix haute pour la première fois ce qu’il devait faire pour rester en vie — et sauver la vie de ses parents — l’avait fait se sentir misérable. Il s’attendait à être traité de monstre, mais Harry prenait l’annonce avec un calme déconcertant. 

Pire, il le réconfortait, en le serrant contre lui, sans une hésitation. 


Il fallut quelques secondes au jeune homme pour se reprendre, pour ne pas s’effondrer au moindre mot. Quand il se jugea assez fort pour parler sans se mettre à sangloter désespérément, il murmura, la voix cassée.

— Pourquoi ? 


Harry gloussa doucement et déposa un léger baiser sur sa tempe, un effleurement qui fit rougir le Serpentard et causa une agréable chaleur dans son ventre. Puis, le Gryffondor répondit tranquillement.

— Peu importe. Je te l’ai dit, personne ne mérite ça. Et je ne veux pas que tu sois blessé. Je veux juste… te garder en sécurité.


Drago cligna des yeux, prêt à objecter qu’ils n’avaient jamais été proches avant, que leur amitié toute fraîche n’avait qu’une seule journée et qu’ils avaient encore le temps de se battre et de se rendre compte qu’ils ne s’entendaient pas.

Cette idée le gênait, parce qu’il aimait être près de Harry Potter. Ce garçon était un soleil à lui tout seul, attirant tous ceux qui passaient autour de lui sans même s’en rendre compte. Il était tant pétri de contradictions, à la fois si fort et pourtant si enfantin, que Drago avait envie de rester près de lui pour l’aider. Pour le protéger malgré lui. 

Finalement, Drago secoua la tête.

— Potter… Harry. Tu ne peux pas dire ça. Je veux dire… on n’était même pas amis avant ça ! Tu ne me dois rien, tu sais. Je suis celui qui a lancé le premier sort et…


Harry compléta avec calme, l’air buté.

— Et j’ai failli te tuer. 


Il y avait toujours cette pointe de culpabilité dans le regard vert, ce qui fit soupirer Drago.

— Sérieusement. Je vais bien. Je n’ai aucune blessure, aucune séquelle. Je risque bien plus avec la marque sur mon bras, tu sais ?


Harry grimaça et Drago ne sut pas si c’était pour la possibilité qu’il soit blessé ou à cause du fait qu’il portait la marque de Voldemort sur sa peau. Il aurait aimé repousser Harry et sortir de la chaleur de ses bras. Il était cependant bien trop faible et il resta contre lui. 

Drago brûlait de lui demander pourquoi il l’avait embrassé, ce que signifiait ce baiser pour lui, mais il craignait bien trop la réponse. 


Jusqu’à présent, Drago n’avait jamais laissé personne l’approcher de cette façon. Son père lui avait répété depuis son plus jeune âge que sa future épouse serait choisie avec soin, pour le rayonnement de leur famille. L’amour n’entrait pas en ligne de compte, jamais. Le jeune homme ne s’était jamais posé de questions, en parfait héritier obéissant.

Ensuite… il avait reçu la marque et toute idée de badinage avait disparu de son esprit. Il ne pouvait pas imaginer tomber amoureux tout en ayant pour mission de tuer un homme… sans compter que son père ne le laisserait jamais choisir de lui-même.

Cependant, en cet instant, Drago trouvait l’hypocrisie de sa famille écœurante. Leur sacro-saint nom de famille n’avait plus de valeur, pas alors qu’ils devaient ramper au pied d’un monstre à peine humain. Son père était en prison, en pleine disgrâce. 


Un bref instant, Drago se surprit à rêver de liberté. Il se demanda si la présence de Harry à ses côtés lui permettrait de faire ses propres choix, loin de l’influence de son père.

Cependant, toutes ces pensées se brisèrent à l’instant où il baissa la tête vers son bras. Même dissimulée par sa manche, la marque semblait le brûler comme pour lui rappeler sa présence.


*


Harry avait embrassé Drago sur un coup de tête. C’était probablement stupide, mais il en avait eu envie. Plus exactement, il en avait eu besoin. 

Rien ne pourrait le lui faire regretter. Déjà, embrasser Drago avait effacé la malheureuse expérience avec Cho. S’il n’avait pas été certain d’aimer les baisers avec la jeune asiatique qui lui avait fait brièvement tourner la tête, embrasser Drago lui avait fait oublier tout ce qui n’était pas le prétentieux Serpentard… 


Il avait répondu calmement aux objections du jeune homme, parce qu’il ne voulait pas le perdre. Ils jouaient tous les deux à un jeu d’équilibriste étrange, entre leur ancienne rivalité et leur nouvelle amitié. Chaque parole pouvait amener le souvenir d’une dispute, chaque mot pouvait être mal interprété…


Avoir vu Drago sur le point de mourir, se vidant de son sang, avait été un électrochoc pour Harry. Un électrochoc suffisant pour prendre conscience qu’il ne voulait pas perdre le Serpentard, parce qu’il avait une place dans sa vie. 

Et le jeune homme était assez têtu pour s’accrocher au blondinet et pour ne pas le laisser s’échapper.


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