Promesse de sang

Chapitre 4

1223 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/10/2022 20:50


Amer, Harry haussa les épaules.

   — Il a risqué sa vie à cause de moi, parce que je n’ai pas écouté Rogue. Et il est mort à cause de moi, parce que je suis trop stupide pour différencier un piège d’une situation réelle.


Tonks soupira tristement, ses cheveux devenant ternes, et elle lui ébouriffa les cheveux.

   — Dans ce cas, tu devrais aussi en vouloir à Sirius. Le professeur Rogue lui a demandé de rester à l’écart pour ne pas risquer inutilement sa vie et il a quand même foncé tête la première en apprenant que tu étais au ministère entouré de Mangemorts. Ensuite, beaucoup de sorciers bien plus puissants sont tombés dans des pièges bien moins élaborés que celui-là.


Harry s’arrêta et serra les poings, ses yeux verts brillants de larmes.

   — Tu ne comprends pas Tonks ! Il… Il ne me restait plus que Sirius ! Il était ma dernière famille et j’ai causé sa mort !


L’auror resta silencieuse un long moment, puis elle finit par dire, d’une voix tranquille. 

   — Tu peux choisir de te torturer jusqu’à te rendre fou, regretter chacune de tes actions et vivre dans le passé à imaginer ce qui aurait pu se produire si tu avais fait différemment. Tu vas t’user la santé à imaginer ce que tu aurais dû changer, ce que tu aurais dû faire… Ou alors… Tu peux juste accepter que Sirius t’aimait assez pour se sacrifier volontairement, tout comme tes parents, et qu’il t’a offert une précieuse chance de pouvoir continuer de te battre, en son nom. Tu peux accepter qu’il ait voulu que tu vives et lui rendre hommage en acceptant son cadeau et en étant heureux.


Harry ouvrit la bouche, puis il la referma, troublé. Voyant qu’il réfléchissait, Tonks ajouta, avec un demi-sourire.

   — Sirius était mon cousin. On ne se connaissait pas trop… eh bien, évidemment parce que les circonstances ont fait qu’il était enfermé à Azkaban toutes ces années, mais je sais qu’il détesterait te voir le pleurer de cette façon. Sirius disait qu’il avait perdu trop de temps dans cette prison pour continuer d’en perdre en se morfondant… Alors… Maintenant, si tu me disais ce qui t’est arrivé ? Je suppose que tu n’as pas juste trébuché accidentellement ?


Malgré lui, Harry laissa échapper un léger rire, et il tripota nerveusement le col ensanglanté de sa chemise. Puis, il haussa les épaules et rougit légèrement, se sentant un peu stupide de ses actes. Finalement, il soupira.

   — Je crois que Malefoy est un Mangemort.


Tonks gloussa.

   — Ce n’est un secret pour personne que Lucius Malefoy est un Mangemort, Harry. D’ailleurs, il est à Azkaban si tu te souviens bien, pour avoir été attrapé avec l’attirail du parfait méchant face à notre cher ministre autrefois si aveugle.

Harry secoua la tête nerveusement, les sourcils froncés.

   — Je ne parle pas de Lucius. Je parle de Drago Malefoy, son fils. Il a changé. Énormément changé.


La jeune femme s’immobilisa brusquement, surprenant Harry, et ses cheveux passèrent au rouge vif. Elle le fixa durement, les sourcils froncés.

   — Bon sang Harry ! Tu t’es déjà battu avec lui ? J’ai entendu parler de votre animosité mutuelle, mais là, c’est pire que tout ! L’année n’est même pas commencée !

Harry grogna, contrarié de voir que ses amis avaient abondamment parlé de sa rivalité avec Malefoy, de façon à ce que le sujet devienne une plaisanterie même pour une Auror telle que Tonks. Elle était probablement celle qu’il avait rencontré qui était la plus ouverte d’esprit, mais elle imaginait qu’il accusait Malefoy au nom de leurs bagarres idiotes.

   — Je te parle de la marque qu’il a sur le bras !

Tonks fronça le nez et croisa les bras sur sa poitrine, sans le quitter des yeux.

   — Tu l’as vue de tes yeux ? Sa marque ?


Harry rougit légèrement et secoua la tête en baissant les yeux.

   — Non. J’ai voulu… écouter ses conversations et j’ai utilisé la cape d’invisibilité, mais il m’a remarqué et… voilà.


Tonks secoua la tête puis murmura, en évitant les yeux du jeune homme face à lui.

   — Harry. Laisse Drago Malefoy en paix. Son père est en prison et il doit faire face à… beaucoup de désillusions, je suppose. Il voudra peut-être se montrer provocant pour restaurer un honneur perdu, mais ignore-le. C’est le mieux que tu puisses faire, pour toi et pour lui.

   — Mais…

   — Le fait que vous êtes rivaux est connu. N’essaie pas de… venger Sirius en t’attaquant à un autre adolescent, aussi perdu que toi. D’accord ? Rémus m’a parlé de… la façon dont ton père et Sirius traitaient le professeur Rogue à Poudlard. Je sais que tu es au courant et que tu as désapprouvé. Ne fais pas la même chose sous prétexte que c’est la guerre et qu’il porte le nom de famille d’un Mangemort.



Harry ouvrit la bouche, outré d’être accusé de cette façon, puis il la referma brusquement et plongea les mains dans ses poches en baissant la tête, tout son corps se raidissant alors qu’il se renfrognait. La colère revenait en lui, alors qu’une fois de plus il n’était pas écouté. Pour son plus grand soulagement, ils arrivaient aux portes de Poudlard et il pouvait voir Rogue attendre, avec sa tête des mauvais jours. Rusard retenait Malefoy et essayait de lui confisquer la canne de son père, qu’il semblait vouloir utiliser. Luna Lovegood attendait, un peu en retrait, l’air rêveur, tournant sur elle-même, indifférente à ce qui se passait autour d’elle.


Le jeune homme lança un regard déçu à Tonks — il pensait qu’elle le croirait, qu’elle le prendrait au sérieux — et marmonna un remerciement pour l’avoir sorti du train et escorté jusqu’aux portes de Poudlard. Elle lui répondit d’un sourire triste, hésitant visiblement à parler, mais Harry se détourna et il passa les grilles de Poudlard avant qu’elle ne puisse continuer de lui faire la morale.


Puisqu’elle était la membre de l’Ordre qui avait le moins d’écart d’âge avec lui — en dehors des garçons Weasley — il l’avait toujours trouvée cool et il avait pensé qu’il serait plus facile de lui parler. Puisqu’elle était liée à Sirius et à Rémus, il avait imaginé qu’elle l’écouterait avec sérieux. Il ne s’attendait cependant pas au petit discours moralisateur qu’elle lui avait offert. Finalement, il découvrait que Tonks le voyait exactement comme les autres : comme un gamin idiot un peu capricieux.



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