Guérir ensemble

Chapitre 22

1169 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/09/2022 20:11


Drago tourna la tête vers lui, observant son profil, la ligne de sa mâchoire et ses cheveux noirs toujours autant ébouriffés bien qu’un peu plus longs qu’autrefois. Il avait vieilli, perdu les joues rondes de son enfance. Ses traits s’étaient affirmés, s’étaient creusés. Pourtant, malgré les épreuves — la guerre, la dépression qui le rongeait — Harry Potter gardait une expression enfantine presque candide. Ses sourires étaient toujours aussi spontanés et dénués de calculs. Ses yeux brillaient toujours autant, de ce vert quasi surnaturel.

Harry était toujours le héros dont tout le monde magique rêvait, prêt à sauver tout le monde, y compris son rival de Poudlard, celui qui l’avait insulté et bousculé sans répit durant leur scolarité. Harry pardonnait sans arrière-pensée et offrait son amitié sans contrepartie.


Se sentant observé, Harry tourna la tête à son tour et il lui offrit un autre de ses sourires lumineux, comme s’il était vraiment heureux d’être près de lui, dans son lit. Comme si c’était normal, habituel comme situation.


Soudain, Harry murmura, terriblement sérieux.

   — Tu peux me hurler dessus ou même te battre contre moi, mais je ne te lâcherai pas, Malefoy. Tu n’es plus seul.





Drago n’avait pas su quoi répondre à Harry, trop ému pour trouver une répartie ironique ou sarcastique. Il était juste resté silencieux, les yeux écarquillés, jusqu’à ce que trois enfants affamés fassent irruption dans la chambre, bruyants et souriants, ayant visiblement oublié les émotions du matin.


Harry avait juste ri, amusé, les entraînant tous les trois à sa suite, non sans lancer un regard à Drago qui lui signifiait qu’il avait sa place avec lui. Sans un mot, Drago les avait suivis.


Depuis, il l’observait et la petite phrase de Harry tournait dans sa tête. « Tu n’es plus seul ».


C’était effrayant et exaltant, mais c’était aussi terriblement rassurant. S’il avait été seul, il aurait probablement fui par lâcheté, refusé la main tendue par fierté et préféré quitter le pays plutôt que d’affronter son passé trop sombre.

Cependant, il y avait son fils.


Il ne voulait jamais lire la déception dans les yeux de Scorpius, pas plus qu’il ne voulait revoir la terreur qu’il avait découverte lors de l’attaque dans le regard gris identique au sien. S’il y avait une chose qu’il savait avec certitude, c’était que Harry Potter était digne de confiance. Il avait promis à Scorpius qu’il serait présent pour eux et il était venu le sauver…

Harry Potter avait promis de protéger Scorpius et Drago savait qu’il tiendrait parole. C’était la chance pour son fils d’avoir une vie normale, loin des insultes dues à son nom et aux erreurs de son père.


Drago ferma les yeux, alors que la phrase résonnait une fois encore dans sa tête. « Tu n’es plus seul ».


Il était seul depuis si longtemps qu’il ne savait pas comment s’accorder avec un autre adulte. Ils allaient se disputer probablement. Ils s’agaceraient, se tourneraient autour, comme à Poudlard. Ils finiraient par se battre, par se hurler dessus comme des enfants avant de se bousculer. Ils n’avaient jamais pu résister autrefois…

Mais il y avait cet embryon d’amitié également, qui commençait à naître, et Drago était curieux de voir ce qui allait advenir. Il avait voulu son amitié à leur arrivée à Poudlard et Harry l’avait refusée. Maintenant, c’était Harry qui revenait vers lui, avec ses yeux trop verts et son sourire confiant, la main tendue…



Il croisa le regard de Harry qui le fixait pensivement et il rougit légèrement, avant de soupirer et de lui sourire rapidement en retour.


« Tu n’es plus seul ». Drago observa son fils et le vit souriant. Il parlait avec Albus Severus tandis que la petite Lily Luna le couvait du regard. Elle était plus jeune, pourtant Scorpius ne l’ignorait pas, remplissait son verre d’eau ou l’aidait à couper sa viande si elle peinait. C’était visiblement assez pour que Scorpius soit un parfait chevalier servant aux yeux de la demoiselle, qui l’admirait, des étoiles dans les yeux.


Lorsqu’ils eurent vidé leurs assiettes, Harry fouilla longuement dans le congélateur moldu et en extirpa victorieusement un bac de glace au chocolat, avec un large sourire, pour se remettre de leurs émotions selon lui. Les enfants approuvèrent bruyamment, les yeux brillants.

Drago ne put s’empêcher de ricaner, mais il eut du mal à masquer ses émotions lorsque Harry lui servit une part généreuse, comme s’il se souvenait que le chocolat était sa petite faiblesse depuis toujours.

Le clin d’œil qu’il reçut de Harry alors qu’il déposait le bol devant lui le rendit fébrile, avec l’envie d’enlacer son ancien rival et de pleurer sur son épaule tout en le secouant brusquement pour lui reprocher de lui donner de l’espoir pour l’avenir.


Les enfants se moquèrent bien des regards échangés par leurs pères. Ils dévorèrent la crème glacée avec gourmandise, à une vitesse impressionnante. Puis ils demandèrent la permission de se lever et d’aller jouer et Harry les débarbouilla les uns après les autres avant de les libérer.


Scorpius enlaça Harry et fit un arrêt pour enlacer son père, avant de partir en courant. Albus leur offrit un large sourire en suivant son nouvel ami.

Lily s’arrêta devant Drago à son tour, le fixant de son regard vert, puis elle lui tendit les bras. Avec un sourire, il la posa sur ses genoux et la fillette déposa un baiser sur sa joue, avant de se tortiller pour descendre et filer à son tour.


Harry gloussa en se laissant tomber sur la chaise face à Drago.

   — Visiblement, tu as aussi séduit ma fille…

Drago resta silencieux, n’osant pas demander d’explications sur le « aussi ». Il dévisagea juste Harry puis il souffla.

   — La raison me hurle de… rentrer chez moi, parce que sinon j’aurais une dette envers toi que je ne pourrais jamais rembourser. Mais… tu es plutôt convaincant Potter, même si je ne sais pas ce que tu as en tête.


Harry se laissa aller dans sa chaise en arrière et sortit sa baguette pour faire apparaître une théière fumante ainsi que deux tasses. Puis, il haussa les épaules.

   — Il n’y a pas de dette entre nous, Malefoy. Toi et moi… peu importe. Je t’aide juste parce que j’en ai envie, je ne te demande rien en échange. Tu es libre.


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