Guérir ensemble

Chapitre 11

1233 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 14/09/2022 20:26

Drago eut un rire amusé.

   — Il doit faire l’inventaire de sa chambre. Je pensais qu’il… Scorpius est assez renfermé comme garçon, surtout depuis la mort de sa mère. Même si nous n’étions pas un couple uni, elle… elle s’occupait beaucoup de lui. Je sors peu et il ne voit jamais d’autres enfants de son âge. J’avais peur qu’il reste à l’écart et qu’il ne parvienne pas à se faire d’ami en grandissant, mais… je voulais lui éviter le rejet et les insultes.


Harry haussa les épaules, sans commenter les craintes de Drago.

   — Il a l’air un peu réservé oui, mais il ne m’a pas semblé si sauvage. Il semble être un gentil garçon.


Les yeux de Drago brillèrent de bonheur et il sourit, un large sourire loin de ses rictus pincés d’autrefois.

   — Il l’est. Il est ma fierté.

Leurs regards s’accrochèrent une fois de plus, probablement parce qu’ils se comprenaient parfaitement. Pour tous les deux, leurs enfants étaient leur rédemption, une façon de prouver qu’ils pouvaient oublier le passé et la guerre.


Harry murmura, en baissa les yeux sur sa tasse de thé qu’il tenait encore à la main, un peu hésitant.

   — Vu comme ils s’entendent, ils risquent de nous demander régulièrement de se voir…


Drago mit un temps infini à répondre et Harry cligna des yeux, chassant sa déception et essayant de ne pas montrer qu’il aurait espéré plus qu’une simple visite, en posant doucement sa tasse sur la table, tout en évitant les yeux de son camarade. Celui-ci finit par murmurer calmement.

   — Tu es le bienvenu ici, Potter. Pour tes enfants et toi, ma porte sera toujours ouverte.


Harry sursauta et leva brusquement la tête, ses joues rosissant doucement. Il sourit, comme soulagé.

   — Tu es également le bienvenu chez moi. Je suis certain que Scorpius adorerait voir la chambre des enfants, maintenant. Je suis prêt à parier qu’Albus Severus lui détaille chacun de ses jeux…



Drago hésita un bref instant, puis il posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis leur rencontre.

   — Tu as donné à ton fils deux prénoms qui me semblent un peu opposés. Après tout, Severus est celui qui a tué Dumbledore. Je… Je comprends que tu aies voulu rendre hommage au directeur malgré ses manigances, mais…


Harry ricana et se crispa légèrement.

   — Si j’avais dû choisir un prénom, sans réfléchir, j’aurais voulu lui donner le prénom de mon père ou de mon parrain, comme hommage. Avant de me rendre compte que c’était lourd à porter, probablement. Finalement, Ginny a décidé pour moi en le prénommant Albus. J’ai ajouté Severus probablement par défi, parce que cet homme a fait bien plus de choses pour moi que le directeur… même si je l’ai appris après, quand il était trop tard pour le remercier. Ginny a été agacée de mon initiative au début, avant de… s’en moquer, mais c’est aussi une façon pour moi de rappeler que Severus Rogue était un homme courageux malgré ses défauts, et que je l’admire infiniment.



Drago resta bouche bée, puis laissa échapper un sifflement surpris entre ses dents.

   — J’avoue que je ne m’attendais pas à ça. Je crois que Severus serait à la fois flatté et horrifié de ton hommage.


Harry haussa les épaules.

   — Finalement, ça a peu d’importance. Ils sont morts tous les deux, et il s’agit de mon fils, pas de vouloir faire renaître deux hommes. Ils étaient des hommes de bien, mais ils ont commis beaucoup d’erreurs. J’espère que mon garçon aura un destin bien plus… léger qu’eux.


Drago hocha la tête lentement, comprenant le désir d’Harry. Il leva un sourcil.

   — Et ta fille ?

   — Lily Luna… Elle est née avec cette auréole de cheveux roux et je n’ai pas pu m’empêcher de lui donner le prénom de ma mère. Luna Lovegood est sa marraine, donc j’ai associé les deux prénoms. Je suis soulagé de voir qu’au final elle ne ressemble pas à ma mère, même si elle a ses yeux et des cheveux roux. Pour le caractère… j’avoue que je ne saurais jamais si… Si elles sont semblables.


Drago hocha la tête et murmura, pensivement, avec un sourire nostalgique.

   — Même si je ne vois plus mes parents et qu’ils ne verront probablement jamais leur petit-fils, j’ai finalement respecté la tradition familiale des Black en lui donnant un prénom dérivé d’une constellation. Le Scorpion. Le poids des traditions est… toujours ancré en nous, visiblement.


Harry sourit malicieusement et se pencha vers Drago.

   — Peut-être, mais nos enfants ne connaîtront pas la guerre et ils seront bien plus heureux et libres que nous l’avons été. Tout ça est derrière nous, non ?



L’après-midi se poursuivit, entre silences et conversations. Lorsque le ciel commença à s’assombrir, Harry hésita déchiré. Il se sentait bien près de Drago, mais il ne pouvait pas envahir sa vie de cette façon. Il y avait également les enfants à faire manger et à coucher, pour ne pas briser leur rythme de vie.

Drago sembla comprendre son dilemme et partager les mêmes pensées, puisqu’il leur proposa spontanément de dîner en leur compagnie, comme pour prolonger le moment.


Finalement, Harry refusa, avec une déception clairement visible.

   — J’adorerai, mais les enfants se sont couchés tard hier déjà et…

Drago l’interrompit avec un sourire tranquille.

   — Tu n’as pas à te justifier, Potter. Nous… pourrons peut-être organiser un dîner une prochaine fois ? Ou une autre journée ?


Le jeune homme brun se détendit et hocha rapidement la tête, avec un léger sourire. En se levant, prêt à appeler ses enfants, il eut une grimace désolée et avoua dans un souffle.

   — J’aurais sincèrement aimé que le week-end soit plus long. Demain, je retourne travailler et la semaine va être interminable… surtout que je suis forcé d’assister à cette foutue cérémonie pour les dix ans de la fin de la guerre.


Drago resta un instant silencieux, à dévisager Harry dont le regard s’était assombri et qui semblait replonger dans l’état de tristesse qui l’entourait constamment. Il s’avança vers son invité et prit son poignet. Avec un sourire moqueur, il se pencha vers lui, se plaçant presque nez à nez, certain d’attirer l’attention de Harry.

Lorsque les yeux verts se fixèrent sur lui, brillants et surpris, il chuchota tranquillement.

   — Démissionne.





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