R.A.B

Chapitre 65

1246 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/08/2022 20:24

En voyant ceux qui voulaient la mort de Harry, ceux qui avaient comploté contre lui, sans se préoccuper de son bonheur et de son bien-être, Régulus haleta soudain, effaré. Il refusait de les voir jubiler, de les entendre se réjouir.

Il ne voulait pas les voir emmener son corps, le séparer de lui.


Kreattur laissa échapper un marmonnement furieux en voyant les nouveaux arrivants, puis il se rapprocha de Régulus pour empoigner son épaule avec force. Sa maîtresse Wallburga lui avait ordonné de prendre soin de son fils cadet et de son ami Harry. Kreattur était un bon elfe, un elfe obéissant et il ne laisserait personne s’interposer entre eux.

Il claqua des doigts et l’instant d’après, ils disparurent tous les trois.


Régulus cligna des yeux en regardant autour de lui, se rendant compte que Kreattur les avait ramenés à Eilean Nan Ron. Il ferma les yeux, légèrement nauséeux : la dernière fois qu’ils étaient venus, Harry était en pleine forme, et ils pensaient avoir du temps devant eux.

Et ils étaient de retour, moins d’un mois après…


Régulus serra un peu plus le corps de Harry entre ses bras, s’accordant encore quelques minutes de désespoir.



*


Sur le champ de bataille, la disparition de Régulus tenant le corps de Harry passa inaperçue. La vision du corps ensanglanté de Voldemort avait détourné l’attention de tous, y compris de Fol’Oeil.


En voyant Sirius et Severus côte à côte, Rémus eut un froncement de sourcils. Puis il avança, prêt à raisonner son vieil ami, pour qu’il revienne dans le giron de l’ordre. Après tout, Sirius était le dernier Black et sa fortune serait utile pour financer leurs actions. C’était en tout cas ce que Dumbledore avait prévu avant d’être mortellement touché par un sortilège de magie noire…



Encore sous le choc de ce qu’il avait vu — Harry touché par un sort de mort, Harry s’effondrant au sol, inerte — Sirius le laissa approcher sans un mot. Severus posa une main sur son épaule avant de s’éloigner et Sirius cligna des yeux, comme s’il revenait au moment présent.

Voyant Rémus approcher, souriant, il cracha, les poings serrés.

   — Tu peux rester, Rogue. Ce foutu loup n’a rien à faire ici.


Rémus tressaillit. Il cligna des yeux puis il fronça les sourcils.

   — Patmol ? Qu’est-ce qui…

Sirius laissa échapper un rire grinçant et le bouscula en s’éloignant, refusant de lui adresser la parole ou même de s’expliquer.

Rémus lui attrapa le bras, mais il se dégagea brusquement en lui jetant un regard noir.

   — Tu ne vaux pas mieux que Peter, Moony. Au moins, ce traître a eu la décence de ne pas revenir ramper à nos pieds après son forfait.



Rémus vacilla et blêmit, sincèrement choqué. Il murmura, les yeux écarquillés.

   — Sirius ?

Loin de s’attendrir, Sirius prit le temps de le dévisager avec soin celui qui avait été son ami. Ils avaient fait beaucoup pour lui, autrefois. Rémus avait été le lien entre les Maraudeurs, soudant leur groupe par leur solidarité envers lui et son problème de fourrure mensuel.

Ils l’avaient soutenu, ils étaient devenus animagus pour lui. Et Sirius avait cru qu’ils resteraient inséparables quoi qu’il arrive.

Il pensa à James soudain, à leur amitié fusionnelle, et à la promesse qu’il lui avait faite en acceptant de devenir le parrain de Harry. Il avait juré à son ami de toujours veiller sur son enfant, sur son fils unique.

Le visage fermé, il détourna le regard, rayant Rémus de sa vie. Rémus qui n’avait pas cru à son innocence, Rémus qui n’avait jamais pris soin de Harry.

   — Tu devrais retourner d’où tu viens. Et rester loin de moi.



Sirius s’éloigna à pas lourds, tête baissée. Severus agrippa son poignet pour le guider à l’écart, résistant à l’envie de lancer un regard moqueur au loup-garou.

À distance, Severus murmura, de façon à n’être entendu que de Sirius.

   — Nous devrions retourner à Grimmaurd. C’est l’elfe de Régulus qui a emmené les garçons.


Sirius prit une inspiration brusque et chancela. Il se reprit rapidement, cependant, et secoua la tête.

   — Ils ne sont pas là-bas. Kreattur est plus malin que ça, il sait que c’est l’endroit qui sera fouillé en premier.

Severus serra les poings, détestant la sensation d’être impuissant.

   — Où alors ?


Sirius s’arrêta et ferma les yeux.

   — Ma famille a une maison sur une île. Je… Je ne sais pas où elle est exactement, au nord, il y fait toujours un temps épouvantable… Je n’ai jamais voulu y aller, mais… Harry… Harry en a parlé une fois, il semblait y avoir de bons souvenirs pour eux… Ils en parlaient toujours avec le sourire…


Severus soupira.

   — Nous devons retrouver ton frère, Black. Il doit être désespéré après…

Sirius réprima une vague de nausée en imaginant à quel point son frère devait souffrir.

   — Je sais.



*


Régulus n’avait pas bougé depuis que Kreattur les avait amenés lui et Harry sur Eilean Nan Ron. C’était à cet endroit que tout avait commencé entre eux, qu’il avait commencé à tomber irrémédiablement amoureux… et c’était à cet endroit qu’il enlaçait une dernière fois le corps inerte de celui qui avait capturé son cœur.

Il avait perdu la notion du temps et il sursauta lorsque Kreattur se plaça juste devant lui, se balançant d’une jambe sur l’autre.


Avant que Régulus ne puisse dire un mot, Kreattur lui tendit brusquement le livre que Harry avait utilisé pour remonter le temps. L’elfe le fixait, silencieux, attendant qu’il prenne le lourd grimoire.


Régulus hoqueta, le cœur battant la chamade. Il fixa le visage de Harry, puis ferma les yeux de toutes ses forces.

   — Si je fais ça… si… tout va changer. S’il m’oubliait ? Si… si je provoquais sa mort, une fois encore ?


L’elfe secoua la tête vivement, sans cesser de tendre le livre.

   — Peut-être que maître Régulus pourrait réparer les choses ?



Régulus plongea son visage dans le cou de Harry, pour étouffer ses sanglots. Il se souvint de l’arrivée de Harry dans la grotte où était dissimulé le secret le plus noir de Voldemort. C’était le moment où sa vie avait basculé, pour le mieux.

À cause de ses erreurs, il ne pensait pas avoir droit à une seconde chance, mais Harry la lui avait offerte.


L’idée même de vivre sans lui le rendait malade, lui faisait physiquement mal. Même si Harry l’oubliait, il ne pouvait pas rester sans rien faire.


Alors, il se décida, il se redressa, tendit la main et saisit le lourd volume relié de cuir.




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