R.A.B

Chapitre 55

1303 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/08/2022 20:39

Harry grimaça et hocha la tête, sans oser croiser le regard de son rival de toujours — qui semblait pourtant amical dans cette réalité.

   — La conséquence directe a été que Voldemort a exigé que… tu sois marqué. En échange de la liberté de ton père et pour protéger ta mère, tu as reçu l’ordre de… faire entrer les Mangemorts à Poudlard et de tuer Dumbledore.


Il y eut un lourd silence. Harry reprit, hésitant.

   — Tu as réussi à faire entrer un groupe de Mangemorts, dont Bellatrix et… Greyback. Cependant, tu n’as pas pu tuer Dumbledore en personne, alors… quelqu’un d’autre l’a fait pour toi.


Son hésitation n’était pas passée inaperçue et Lucius intervint, sèchement.

   — Qui l’a tué ?


Harry ferma les yeux avant de murmurer.

   — Le professeur Rogue. C’était… le professeur Dumbledore était mourant. Il… il le lui a ordonné, pour consolider son rôle d’espion.



Drago se frotta le bras avec une grimace, comme s’il imaginait cette autre réalité. Harry sourit tristement.

   — Ensuite… Et bien, puisque Poudlard était tombée aux mains des Mangemorts, je… J’ai quitté l’école avec mes deux meilleurs amis, Hermione Granger et Ron Weasley.


Drago renifla, prêt à faire une réflexion, mais Narcissa intervint, d’une voix blanche.

   — Poudlard aux mains des Mangemorts ? Que voulez-vous dire ?

Harry haussa les épaules.

   — Le professeur Rogue était le directeur, heureusement pour les élèves, puisqu’il modérait… les nouveaux professeurs un peu trop enthousiastes. Les Carrow sont devenus enseignants et de ce que je sais, ils n’hésitaient pas à lancer le Doloris pour la discipline de ceux qui voulaient résister. Dans le meilleur des cas.


Harry s’interrompit pour boire quelques gorgées de son thé qui refroidissait. Drago intervint, agressivement, visiblement secoué par le récit de Harry.

   — Alors pourquoi on est là devant toi ? Pourquoi tu proposes à mon père de le libérer de la marque ? Potter ! On était… tes ennemis et tu… Tu es là à prendre le thé tranquillement !


Harry haussa les épaules et le fixa, souriant tranquillement.

   — Je sais que tu n’avais pas le choix. J’ai vu… j’ai vu à quel point tu étais malade de faire ça, à quel point tu en as souffert. Je t’ai vu, face à Dumbledore, incapable de le tuer.

   — Mais… j’ai fait entrer les Mangemorts dans Poudlard… Greyback… Ce monstre…


Harry balaya son objection d’un geste de la main.

   — Pendant que… enfin, quand j’ai fui Poudlard, on s’est réfugié dans une forêt, où on campait avec Hermione et Ron. Voldemort avait placé un tabou sur son nom et je l’ai brisé, accidentellement. Des rafleurs… ils s’appelaient eux-mêmes comme ça, ils venaient capturer les ennemis de Voldemort ou les nés-moldus, ils sont arrivés et nous ont capturés. Nous avons été conduits au manoir Malefoy, mais Hermione avait eu le temps de me jeter un sort pour me défigurer.


Harry reprit son souffle alors qu’ils étaient tous pendus à ses lèvres. Puis, il poursuivit.

   — Bellatrix était là, mais… elle n’était pas certaine de mon identité. Elle voulait… une confirmation et elle t’a fait appeler, Mal… Drago. Tu m’as reconnu immédiatement. Je l’ai vu dans tes yeux. Je l’ai vu de la façon dont tu me fixais. Pourtant, tu n’as rien dit. Tu me regardais et tu disais que tu ne savais pas.


Harry ferma les yeux, perdu dans ses souvenirs.

   — Bellatrix a torturé Hermione. Tu… Peu importe. Nous avons réussi à nous échapper et crois-moi, j’ai regretté de ne pas t’avoir emmené loin de tout ça. Mais je savais que tes parents… Que tu voulais les protéger. J’aurais fait comme toi…



Lucius intervint, visiblement ébranlé.

   — Hormis la déchéance de notre famille, je ne vois pas ce qui vous a convaincu de faire un voyage dans le temps. Vous dites que vous avez réussi à vous échapper avec vos amis ?


Harry sourit tristement.

   — Tout a… dérapé quand j’ai dû lui faire face. J’ai découvert que je devais… me sacrifier.


Drago hoqueta et il se pencha vers Harry, essayant de capter son regard.

   — Potter ! Tu n’as pas fait ça !


Régulus soupira et resserra son étreinte sur Harry. Ce dernier lui jeta un long regard, et se laissa aller contre lui, profitant de son contact pour chasser les mauvais souvenirs. Il baissa légèrement la voix, pour poursuivre son récit, alors que les images défilaient dans son esprit.

   — Le professeur Rogue a été tué, je n’ai rien pu faire pour l’aider. C’est lui qui… m’a annoncé que je devais mourir pour qu’il soit arrêté. J’ai… envoyé mes amis à l’écart, en prétextant que c’était une mission vitale, et j’y suis allé.


Dans un silence de mort, Harry prit une grande inspiration et poursuivit, la voix tremblante.

   — Il m’attendait, je crois. Il a lancé l’Avada sur moi. Je suis mort, quelques minutes. Et puis, j’ai eu le choix. Retourner me battre ou pouvoir rejoindre mes parents. J’ai hésité… mais mes amis étaient encore en danger alors…


Le jeune homme haussa les épaules et il ferma les yeux un instant. Il laissa échapper un léger rire amer.

   — Ensuite, quelque chose a dérapé. Je me suis battu de toutes mes forces, j’ai fait de mon mieux, mais… il gagnait sans cesse du terrain. Je n’ai jamais appris à me battre de cette façon, je faisais juste de mon mieux, et quand j’ai vu qu’il allait de nouveau me tuer, j’ai compris que je devais fuir. Je n’arrêtais pas de penser à ce que Dumbledore disait avant sa mort, que j’étais le seul à pouvoir le tuer, et je savais qu’à l’instant où je tomberais, tous mes proches seraient en danger. J’ai paniqué et je me suis enfui. J’ai quitté le champ de bataille et je suis allé au seul endroit familier où je me sentais en sécurité. Ici. Square Grimmaurd. Pendant mes vacances ici, j’avais réussi à échapper à la surveillance de… enfin de ceux qui veillaient sur moi, et j’avais feuilleté les livres de magie noire de la bibliothèque. Par curiosité, je voulais savoir… ce qui était aussi attirant pour certains et aussi dangereux pour d’autres. J’avais repéré ce sort, qui offrait la possibilité de retourner à un moment clé pour changer le passé, et il était resté dans mon esprit. Lorsque j’ai quitté Poudlard en pleine bataille, je ne pouvais penser qu’à ce sort. Je me disais que si je changeais quelque chose, j’aurais un avantage. Je pensais sauver Sirius, parce qu’il était l’adulte qui me soutenait le plus et je savais qu’il ferait en sorte de m’entraîner si je le lui demandais. J’étais pressé, les deux camps me poursuivaient et je n’avais que quelques minutes pour agir. Je n’avais juste pas prévu l’intervention de Kreattur qui m’a envoyé près de Régulus à l’instant où il aurait dû mourir…

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