R.A.B

Chapitre 14

1405 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/07/2022 19:40

Régulus se mordilla la lèvre et se sentit coupable d’avoir écorné un peu plus l’image de la famille du jeune homme face à lui, alors qu’il ne l’avait jamais connue. Mais Harry lui sourit amicalement, repoussant le sujet d’un geste vague de la main.

   — Tu ne penses pas que le sacrifice de ma mère soit suffisant pour me permettre de… ?

   — Tu l’as touché et il est mort ?


Harry grimaça, visiblement en proie à des souvenirs pénibles. Il hocha lentement la tête.

   — Lorsque ma peau a touché la sienne, il a commencé à se… désintégrer.

   — Il t’attaquait à cet instant ? Ou c’était juste un contact accidentel ?


Harry soupira.

   — Il essayait de me tuer. Sur ordre de Voldemort. Je luttais juste pour l’empêcher de m’étrangler et quand j’ai touché sa joue, son visage…


Régulus claqua la langue, faisant sursauter Harry.

   — L’amour ne tue pas, pas sans une solide malédiction derrière. Je dirais juste que c’est un acte de magie instinctive.


Le brun grimaça. Régulus le dévisagea un instant, avant de reprendre.

   — Ce n’est pas toi qui l’as tué, Harry. De ce que tu me dis, c’était juste… un acte de défense tout simplement. Il t’agressait et ta magie a réagi pour te garder en vie.

   — Mais ma magie fait partie de moi, non ? Elle m’obéit ?


Régulus ricana, les yeux brillants d’amusement.

   — Ça, c’est ce que les sorciers de la Lumière veulent enseigner aux enfants. Mais la magie est une entité distincte. Elle fait partie de toi et en même temps elle a une conscience plus… sauvage. Animale, presque. La magie ne fera jamais quelque chose contre ta volonté, mais elle fera son possible pour te sauver la vie en cas de péril imminent. C’est… Comment t’expliquer... La magie des enfants est sauvage, indomptée. Elle a besoin d’être apprivoisée pour que les enfants puissent s’en servir et la contraindre comme nous le faisons. C’est pourquoi tous les petits sorciers reçoivent leur première baguette à leurs onze ans. Ils sont suffisamment grands pour apprendre à contrôler cette force en eux.


Le jeune homme sembla perdu, le front plissé en signe de réflexion.

   — Mais je ne voulais pas le tuer !

   — De toute évidence. Cependant, il n’y avait visiblement pas d’autre alternative. C’est… Comme un animal sauvage, Harry. Ta magie a fait ce qu’elle a pu, parce que tu n’avais pas la possibilité de te défendre toi-même. Tu me dis que ce professeur était déjà possédé, son esprit était probablement mort depuis le début. Il n’y avait plus rien de lui. C’était tuer ou être tué, et ta magie a choisi pour toi.


De la gratitude sembla passer sur le visage du jeune homme et il sembla soulagé. Il hocha la tête, pensivement, et eut un sourire tremblant.

   — Je crois que je préfère cette idée à celle que l’amour de ma mère puisse tuer un homme uniquement par le contact.


Il y eut un silence entre eux, alors que tous les deux se plongeaient dans leurs pensées, Régulus notant avec soin dans son esprit l’histoire de ce jeune homme étrange, pressé d’en savoir plus. Harry l’interpella soudain, le fixant avec attention.

   — Tu n’as jamais demandé qui était ma mère ?


Régulus ricana.

   — Tu as dit que ta mère était née-de-moldus. Il y en avait une seule autour de qui Potter tournait. Evans. Je suppose qu’il l’a finalement séduite.

Harry hocha la tête, se mordillant la lèvre, hésitant à poser des questions. Régulus soupira et se pencha en avant pour attraper son regard.

   — Pour ce que ça vaut, Evans est une fille bien.



Le jeune homme eut un rire étranglé et hocha la tête en signe de reconnaissance.

   — Merci. J’aurais détesté apprendre qu’elle était aussi… stupide que mon père.


Régulus eut un bref sourire.

   — Donc ta première année a été intense. Que s’est-il passé après ?

Harry fronça le nez, et évita ses yeux, mal à l’aise.

   — J’ai été renvoyé pour l’été dans ma famille — un été en enfer donc. Un elfe a débarqué chez moi pour m’empêcher de retourner à l’école, allant jusqu’à me faire manquer le Poudlard Express. Avec mon meilleur ami, on a volé la voiture volante de ses parents et… on a terminé notre course dans le saule cogneur.


Malgré lui, Régulus éclata d’un rire franc, en secouant la tête. Harry eut lui-même un petit sourire, et il croisa les bras sur sa poitrine.

   — Je pensais que ça serait le… pire de l’année, mais les élèves ont commencé à être pétrifiés. Jusqu’à ce que je découvre que l’école abritait un Basilic géant dans ses murs. J’ai ouvert la chambre des secrets pour aller au secours de la petite sœur de mon meilleur ami et je me suis battu avec le monstre qui terrifiait tout le monde. Et avec le souvenir de Voldemort, enfermé dans son tout premier horcruxe.


Cette fois, Régulus retrouva tout son sérieux. Il chuchota, effaré.

   — Un Basilic ?

   — J’ai eu de l’aide. Le phénix de Dumbledore… il lui a crevé les yeux. Mais j’ai dû le tuer quand même, avec l’épée de Gryffondor.


Régulus ricana.

   — Cesse de te prendre pour un tueur en série. Tu as juste fait ce qu’il fallait pour survivre. Mais explique-moi comment les professeurs pouvaient ignorer la présence d’un monstre pareil ? Un Basilic à Poudlard ?

   — Il était enfermé dans la chambre des secrets. Il a été réveillé visiblement quand le souvenir de Voldemort a commencé à faire des siennes, et… et bien, je suis Fourchelang. Donc, j’ai pu ouvrir le passage et l’affronter.


Voyant que Régulus restait silencieux, Harry ajouta rapidement, essayant d’oublier à quel point les réactions de peur de ses camarades l’avaient blessé lorsqu’il avait découvert son don pour parler aux serpents.

   — Apparemment, en me blessant la nuit où il m’a attaqué, Voldemort m’a transmis un certain nombre de capacités. Dont celle de parler Fourchelang.


Le jeune homme hocha la tête pensivement, puis haussa les épaules.

   — C’est une capacité comme une autre. C’est rare, bien évidemment. Et en général ceux qui parlent Fourchelang se cachent parce que c’est mal vu. Je suis plus perplexe sur le fait que ce soit un gosse qui soit obligé d’aller affronter un tel monstre. Bon sang… où étaient les professeurs ? Si des élèves ont été blessés, pourquoi n’y a-t-il pas eu de mesures de protection ?


Harry eut un mince sourire.

   — J’ai demandé l’aide des professeurs en première année et on m’a répondu que tout était sous contrôle. Je me suis donc débrouillé. Et puis, tout le monde pensait que j’étais celui qui était la cause de tout ça, à cause de ma capacité à parler aux serpents… J’étais vu comme un Mage noir en puissance, et… j’avais peur que personne ne me croie. Mes amis me soutenaient heureusement et la petite sœur de mon meilleur ami était en danger. Je n’ai pas vraiment réfléchi, c’était plus… accidentel ?


Régulus ne put s’empêcher de ricaner.

   — Tu es probablement la seule personne au monde à te retrouver accidentellement à te battre contre un troll et contre un Basilic… Et à te justifier pour ça… comme si tu avais peur d’être puni !



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