Le choix de Lily

Chapitre 35 : trente-cinq

1177 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/06/2022 20:55


Monde magique — à partir du dimanche 1er novembre 1981



En une seule journée, le monde magique avait basculé sur son axe.


La mort de Dumbledore avait entraîné quelques petites émeutes désorganisées, lancées par les membres de l’Ordre du Phénix les plus acharnés, rapidement réprimées dans le sang par les Mangemorts.


Le message était rapidement passé : ceux qui protestaient ou tentaient de se soulever contre le nouveau régime en place étaient exécutés sans pitié par les Mangemorts qui semblaient sur tous les fronts. Ceux qui acceptaient la victoire incontestable de Voldemort se voyaient épargnés et pouvaient continuer de vivre leur vie sans être dérangés.


En prenant le contrôle du monde magique, Voldemort savait qu’il ne pourrait pas se débarrasser des nés de moldus d’un claquement de doigts sans une révolte majeure. Avec les conseils de Lucius et de Rockwood, il les laissa en paix, mais il renforça le contrôle du secret magique, rendant passible d’Azkaban quiconque dévoilerait sa nature devant un moldu. Ainsi, les nés de moldus devaient tourner le dos à leur famille moldue s’ils voulaient rester dans le monde magique et les familles des enfants scolarisés à Poudlard étaient soumis à un serment inviolable strict.


Étrangement, personne ne protesta, comme si cette mesure n’était pas si stupide que Dumbledore le clamait autrefois…




La plupart des sorciers Sang-Purs craignaient les moldus, gardant comme souvenir les histoires de chasse aux sorcières sanglantes qui avaient fait tant de victimes et qui peuplaient les livres d’histoire. Ils accueillirent les décisions de Voldemort avec soulagement puisqu’elles leur assuraient une certaine protection sans pour autant modifier leur quotidien.


Voldemort accorda également plus de droits aux créatures magiques, pour s’assurer leur fidélité à son encontre. C’était quelque chose qu’il avait promis pour les convaincre de le rejoindre, sans qu’il ait envisagé autrefois de tenir cette promesse.

Cependant, la situation avait drastiquement changé. Désormais, il devait composer avec ses anciens alliés ainsi qu’avec ses opposants pour s’assurer un minimum de coopération de leur part. Bien malgré lui, il se retrouvait à devoir faire des concessions. Étrangement, ce n’était pas aussi pénible qu’il aurait pu l’imaginer.



Ce fut de cette façon que Voldemort entra dans la politique…



*


Lorsque Lily Evans, désormais Rogue, apprit la mort de Dumbledore, le soir même d’Halloween 1981, elle ne parvint pas à s’en émouvoir réellement. Sa première réaction fut le soulagement, alors qu’elle pensa que Harry était en sécurité, qu’il n’aurait jamais à subir la perte de ses parents ou qu’il n’aurait jamais à devoir se battre sous les ordres d’un vieil homme trop obnubilé par son plus grand bien. Son fils adoré était libre et elle comptait bien faire en sorte qu’il grandisse heureux.


La décision qu’elle avait prise avait donné la victoire à Voldemort, et peut-être qu’elle le regretterait un jour. Cependant, elle avait eu le choix entre deux sorciers puissants qui se disputaient le monde magique et elle avait opté pour celui qui garderait son fils en vie. Le fait que cette décision mette fin à la guerre lui permettait d’adoucir la culpabilité qu’elle aurait pu ressentir.



Lily ne revit jamais James. À l’annonce de la mort de Dumbledore, il quitta définitivement son poste d’Auror et il se retrancha dans sa maison de Godric’s Hollow. Il vivait en ermite, refusant toute visite et ne sortant jamais de chez lui.

La jeune femme se sentit désolée qu’il ne réussisse pas à se remettre de son départ, mais elle ne fit jamais le moindre geste vers lui. James Potter appartenait à son passé et surtout, il avait pris les mauvaises décisions en laissant Dumbledore s’immiscer dans leur vie. Qu’il ait été prêt à sacrifier leur fils unique était l’affront de trop et la raison pour laquelle elle ne pouvait pas lui pardonner.

Jamais James ne demanda de nouvelles de Harry, comme s’il avait également rayé son fils de sa vie.


À l’inverse, Sirius avait compris immédiatement son choix et lui avait assuré qu’il aurait fait la même chose. Son soutien avait soulagé Lily. Par miracle, Sirius semblait avoir soudain grandi et mûri : il avait fait la paix avec Severus. C’était une paix fragile, un peu étrange. Ils ne seraient jamais amis, mais ils étaient capables de se croiser sans trop s’insulter… et surtout sans se battre. Sirius avait repris contact avec sa cousine Narcissa, faisant la paix avec son passé de rebelle, et il gâtait outrageusement son petit cousin Drago et son filleul adoré. Il n’avait pas encore revu sa mère, mais lorsque Narcissa lui avait assuré que Wallburga était proche de se laisser mourir de chagrin après la disparition de Régulus, la mort de son époux Orion et sa propre trahison, il avait commencé une correspondance avec elle, essayant de renouer un lien.


Même si Sirius passait une partie de son temps libre près de Harry et de Drago, il se faisait un devoir de rendre visite à James une fois par semaine, au nom de leur ancienne amitié, au nom des Maraudeurs. Il aurait aimé aider James à accepter la situation et à se tourner vers l’avenir, mais le jeune homme avait toujours été le plus têtu de leur groupe d’amis. Son ancien meilleur ami ne lui ouvrait jamais la porte, mais Sirius lui laissait un panier de provisions sur son paillasson, avec un courrier donnant des nouvelles de Harry, espérant qu’un jour James finisse par comprendre et par aller enfin de l’avant.

Sirius n’était pas forcément le plus doué concernant les relations amoureuses, mais il lui avait fallu peu de temps pour se rendre compte que Lily semblait heureuse aux côtés de Severus même s’ils semblaient encore un peu mal à l’aise l’un avec l’autre. Il en était venu à penser que si les Maraudeurs n’avaient pas humilié Severus et séparé ces deux-là, James n’aurait jamais eu la moindre chance avec la volcanique rousse… Il pensait sincèrement que James pouvait refaire sa vie et être heureux, à condition qu’il accepte d’ouvrir les yeux.


Rémus n’était pas revenu en Angleterre, pour le plus grand désespoir de Sirius. Lily s’était longtemps inquiétée — au début de leur scolarité, Rémus avait été son maraudeur préféré probablement parce qu’il était le plus sérieux — avant de recevoir une longue lettre au bout de quelques mois où il avouait avoir trouvé l’amour en Albanie, alors qu’il visitait une meute de loups-garous. Il lui assurait qu’ils se reverraient, mais qu’il avait besoin de temps pour s’adapter à sa nouvelle vie.



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