Le choix de Lily

Chapitre 1 : Un

1227 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 19/05/2022 20:42

Manoir Malefoy — fin septembre 1981


Lorsqu’un elfe arriva dans le bureau de Lucius Malefoy pour lui annoncer une visite, l’homme haussa un sourcil surpris. Il était plutôt rare que quelqu’un se présente à l’improviste. Dans le milieu social dans lequel il évoluait, il était particulièrement impoli de se présenter chez quelqu’un sans en avoir reçu une invitation formelle. Et il se servait en général de son bureau au Ministère pour recevoir ses relations d’affaires.


Il fit signe à la créature de faire patienter le visiteur dans le petit salon et il se redressa, lissant sa robe sorcière, et vérifiant qu’il était impeccable. Pour lui, les apparences comptaient plus que tout, et il veillait à toujours être parfait, quelles que soient les circonstances.


Après avoir attrapé sa canne au pommeau d’argent, il prit lentement le chemin du salon où il recevait les visiteurs. Il prenait toujours soin de faire attendre ceux qui venaient, pour leur montrer qu’il leur était supérieur. Après tout, il était lord Malefoy, membre du Magenmagot. Ceux qui attendaient pouvaient l’entendre arriver de son pas martial, sa canne frappant le sol au rythme de son avancée.


Il entra dans le salon d’apparat comme à son habitude, d’un pas vif, tête haute. Cependant, il s’immobilisa rapidement sous le choc, bien qu’il eut le réflexe de masquer ses émotions.


Face à lui se trouvait la personne la moins susceptible de lui rendre visite, de tout le monde magique.


Il se reprit rapidement, et chassa toute trace d’hésitation de ses traits, levant un sourcil amusé. Sa curiosité était piquée et il devait avouer qu’il était assez impatient de savoir la raison de cette visite impromptue.

   — Voilà une intéressante surprise.


Il y eut un lourd silence alors qu’ils se dévisageaient, puis il fit signe à ses invités surprise de prendre place sur un siège, avant de s’installer lui-même dans un confortable fauteuil, le dos droit, sans lâcher sa canne fermement plantée au sol.

   — Et si vous me disiez ce que vous voulez, Miss ?


La jeune femme face à lui posa l’enfant qu’elle portait dans ses bras sur ses genoux et le fixa, sans aucune crainte. Elle annonça d’une voix calme.

   — Je sais que vous portez la marque des ténèbres, lord Malefoy.

Lucius se crispa, mais ne laissa rien paraître. Il prit son temps pour réagir, affichant un rictus insolent sans afficher la moindre crainte.

   — Et bien, voilà une bien curieuse entrée en matière, Miss.



Elle ricana, nullement impressionnée, repoussant une boucle de cheveux d’un geste vif. Elle se redressa et poursuivit, calmement.

   — Je voulais d’ores et déjà mettre les choses à plat pour partir sur de bonnes bases. Je sais également que vous êtes ami avec Severus Rogue et qu’il est le parrain de votre fils.


Lucius plissa les yeux, avant de répondre froidement.

   — Severus est effectivement un de mes proches amis. Et vous lui avez brisé le cœur, miss Evans.

   — C’est madame Potter. Et ce n’était pas volontaire. Il est… Il était mon ami avant… Avant que nous nous disputions.


Il y eut un lourd silence alors qu’ils s’observaient, face à face. Même s’il refuserait de l’avouer, Lucius était plutôt mal à l’aise. La jeune femme rousse qui était venue lui rendre visite était traquée par son Maître, et le gamin sur ses genoux devait être livré au Seigneur des Ténèbres pour être éliminé.

Sauf qu’en lui rendant visite en plein jour, de cette façon, Lily Evans épouse Potter savait qu’il ne pourrait pas l’attaquer sous peine de se dévoiler aux yeux du monde magique.

Or Lucius Malefoy ne voulait pas être associé aux Ténèbres, pas alors qu’il entamait une brillante carrière au Ministère et qu’il commençait à devenir proche du ministre en place. Sa place privilégiée était un atout pour le mage noir qu’il servait et s’il venait à la perdre, il risquait fort de se retrouver en bien mauvaise posture.


La jeune femme se redressa, passant une main distraite dans les cheveux noirs en bataille du bambin. Ce dernier regardait calmement autour de lui, observant ce qui l’entourait de ses grands yeux verts. Pour avoir un fils de cet âge, Lucius devait reconnaître que le gamin était plutôt mignon.

Finalement, Lily Evans soupira et reprit, toujours aussi calme.

   — Mon fils est en danger. Ce n’est pas une surprise pour vous, je suppose que vous êtes au courant compte tenu de votre… allégeance.



Il haussa un sourcil moqueur.

   — L’ensemble du monde magique est au courant que vous risquez votre vie régulièrement, Miss. Votre allégeance n’est pas un secret non plus. Ce n’est guère raisonnable avec un jeune enfant à charge.

   — Je parle de la prophétie. Celle qui parle de mon fils. Qui le désigne comme celui qui doit s’attaquer à celui que vous appelez Maître.


Lucius grogna sans répondre. Si le Seigneur des Ténèbres était prêt à croire en ces inepties, il pensait pour sa part que c’était juste les divagations d’une folle un peu trop avinée.


La jeune femme continua avec un sourire triste sans tenir compte de son interruption.

   — Je suis prête à tout pour sauver mon fils. Pour lui permettre de vivre.


Une fois de plus, Lucius masqua son malaise derrière une façade soigneusement indifférente. Il haussa un sourcil pour répondre d’une voix neutre.

   — C’est admirable de voir autant de dévotion pour votre enfant, Miss. Mais en quoi suis-je concerné ? Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais vous apporter.


Lily eut un sourire triste en regardant son fils et elle le serra un peu plus contre elle. Le petit garçon leva la tête vers sa mère et agrippa une longue mèche de cheveux couleur de feu, souriant. Elle reprit, d’une voix légèrement tremblante.

   — Vous avez un petit garçon du même âge n’est-ce pas ? Né peu de temps avant mon Harry, il me semble. J’ai croisé votre épouse, lors d’une visite prénatale à Sainte-Mangouste.



Lucius plissa les yeux, n’aimant pas voir son héritier adoré être impliqué dans cette conversation. Son épouse et lui avaient eu énormément de mal à concevoir et son fils était la prunelle de ses yeux. Sans se rendre compte de sa réaction, Lily poursuivit, d’une voix douce.

   — Je me suis dit que vous comprendriez. Que vous savez à quel point nos enfants sont précieux. Que… vous pourriez peut-être… m’aider à le protéger. Je ne demande rien pour moi ou mon époux. Je veux juste m’assurer que mon fils survivra et qu’il grandira heureux.


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