Jaune et Noir

Chapitre 6 : Banquet

2376 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/12/2021 16:29

Une grande lumière blanche et une sensation d’espace et de bien-être se fit alors sentir. La salle de réception était immense, ses murs étaient faits de pierre blanche, le fond de la salle était recouvert de lierre sur lequel on pouvait voir bourgeonner puis fleurir des pétales violet et jaune. Les tables étaient rondes, et pouvaient accueillir douze convives chacune, Lilly constatait cependant qu’il y en avait beaucoup trop pour pouvoir les compter. Le sol était également fait de pierre, il était infiniment propre et paraissait même chaud, au point de presque pouvoir marcher pieds nus. Lorsque Lilly leva la tête, elle vit au plafond de longues cordes attachées de part et d’autre de la salle sur lesquelles se baladaient de nombreuses variétés d’oiseaux qui chantaient en chœur et faisait planer une paisible atmosphère tropicale dans la salle qui était pourtant bondée.

En effet les trois écoles participantes au tournoi étaient bien présentes. Il y avait une cinquantaine d’élèves de Poudlard, au moins autant de Durmstrang, et le reste de la salle était occupée par tous les élèves de l’Académie de Beauxbâtons. Lilly se laissait guider par Elenora qui avait visiblement plus d’expérience dans ce type de banquet, étant arrivée une semaine avant elle. En quelques minutes tout le monde se trouvait une place, et Lilly s’aperçut rapidement que tous les élèves étaient mélangées. En effet à sa table se trouvaient trois élèves de Durmstrang, six élèves de Beauxbâtons, et elle était, accompagnée d’Elenora puis de...

- Jasper Raywood ! s’écria Elenora.

Lilly tourna la tête, et s’aperçut que Jasper avait effectivement pris place à côté d’elle. Il était lui aussi vêtu du même uniforme qu’elle, version masculine. Elle le jalousait presque, lui et sa chemise parfaitement repassée assortie à sa veste noire et son pantalon de costume à la dimension idéale. Elle ne pouvait cependant pas voir ses chaussures, mais ne se faisait aucun doute quant à leur confort, et ce, sans aucun sortilège.

- Bonsoir Mesdames, répondit-il en souriant, Messieurs, fit-il ensuite aux jeunes étudiants bulgares qui étaient assis en face de lui.

- Je ne t’avais pas vu arriver, lui dit Lilly.

- Je me suis fait discret, ça a bien fonctionné.

- C’est un plaisir de t’accueillir à notre table Jasper, enchérit Elenora en lui tendant la main, la passant devant le visage de Lilly qui se reculait instantanément pour ne pas se faire bousculer, Elenora Sparks, sixième année et poursuiveuse de l’équipe de Quidditch.

- Oh, une sportive, tu es dans quelle maison ? répondit Jasper innocemment.

- A Poufsouffle quelle question ! Par Merlin Jasper tu ne sais pas qui représente l’équipe de ta propre maison ? fit-elle, choquée, et peut-être même vexée.

- Toutes mes excuses Elenora, au bout de cinq ans passés dans cette école, je n’ai toujours pas appris à apprécier le Quidditch à sa juste valeur. Tu me pardonnes j’espère ?

- A toi ? Je te pardonne tout ce que tu veux, minauda-t-elle.

Lilly grimaça légèrement face à cette réponse peu convenue, quand on entendit tinter des verres. Madame Maxime, supposait Lilly puis qu’elle était au centre d’une grande table légèrement surélevée


par rapport aux autres, se leva et salua tout le monde dans la salle, tout particulièrement les derniers arrivés.

- C’est un très grand honneur et un immense plaisir que tout le corps enseignant de l’Académie et moi- même avons à vous recevoir dans l’enceinte de notre domaine pour cette année. Nos murs sont les vôtres, et nous espérons que vous passerez tous d’agréables et inoubliables moments en notre compagnie.

Tous les élèves de Beauxbâtons se mirent à applaudir, rejoints par leurs invités quelques instants après. Puis Madame Maxime reprit son discours.

- Cependant, chers élèves, n’oublions pas que si nous sommes tous réunis cette année, c’est pour accueillir en notre sein, le Tournoi des Trois Sorciers. Vous connaissez tous le fonctionnement de ce Tournoi, il s’agit d’un évènement incontournable. Chaque école sera représentée par un champion pour participer à trois taches extrêmement dangereuses...

Lilly se mit alors à décrocher du discours de la Directrice de Beauxbâtons, ne se sentant pas particulièrement concernée par l’affaire. Elle était plutôt en train de se demander dans quelle direction elle devait aller pour se rendre dans la bibliothèque une fois sortie de cette immense salle de réception. Elle laissait son regard aller et venir, afin de voir si elle reconnaissait certaines têtes parmi les courageux élèves de Poudlard qui s’étaient portés volontaires pour venir jusqu’ici. Elle reconnaissait Magnus Willerval, un Serdaigle qui l’avait aidée plus d’une fois en cours de sortilèges, puis Anna Carter, une Gryffondor qui avait de grosses lacunes en potions. Son regard parcourait toujours les tables lorsqu’elle laissa ses yeux se poser sur la table de trois Serpentard. Elle ne leur avait jamais parlé mais elle savait qui ils étaient, surtout car ils avaient eu le culot d’épingler à leur uniforme, sans doute après être entré dans la salle et avoir passé les contrôles de Monsieur Vaillancourt, l’insigne de leur maison, vert et argent.

Le premier d’entre eux était d’un blond presque blanc, les cheveux coiffés en arrière, brillants de laque, le deuxième était plutôt châtain, les joues rondes avec une paire de lunettes sur le nez, il faisait tournoyer sa fourchette par lévitation et parlait vivement avec le troisième assis en face de lui. Il retint plus particulièrement l’attention de Lilly, tout comme il avait précédemment retenu son attention dans chacun de ses cours de potion qu’il avait en commun avec elle. Il était grand, avait les cheveux courts et le teint foncé. Son costume avait l’air de lui être taillé sur mesure, et Lilly fût frappée par le bleu de ses yeux, qui avait l’air de beaucoup plus ressortir qu’à l’accoutumée, était-ce dû à la luminosité ? Le moindre de ses mouvements paraissait calculé et réfléchi, comme s’il était né sans aucune part de spontanéité en lui. C’était à cause de ça que Lilly l’avait remarquée lors de leur premier cours en commun en première année. Si Elenora considérait Jasper Raywood comme étant mystérieux, que pouvait-on dire de lui ?

Ainsi donc, Drago Malefoy, Théodore Nott et Blaise Zabini avaient été volontaires pour passer l’année en France, et éventuellement se porter candidat au Tournoi des Trois Sorciers. Lilly n’en fut que peu surprise. Il était de notoriété publique que ces trois acolytes étaient les organisateurs de chacune des soirées clandestines organisées dans les passages secrets de l’école, et parfois même dans les salles communes. Ils agissaient toujours comme s’ils ne craignaient rien ni personne. Il faut dire que Drago Malefoy était préfet en Chef, et pouvait donc facilement dissimuler l’occurrence de ces soirées qui accueillaient toujours de nombreux élèves, toutes maisons confondues.

- ... vous pourrez-donc proposer votre candidature en déposant un morceau de parchemin dans la Coupe de Feu, à partir de ce soir vingt-deux heures. Nous ferons le tirage dans deux jours, nous vous laissons la fin de semaine pour réfléchir avant de mettre votre vie en jeu, pour la gloire de votre école.


- Très rassurant ! dit Elenora à voix haute.

- C’est fascinant, lui répondit une jeune française qui devait avoir seize ans à peine. Elle avait les cheveux longs légèrement ondulés, une violette coincée dans son serre-tête, le teint clair et les mains fines.

- Vous allez vous porter candidats ? demanda alors à la tablée un étudiant de Durmstrang avec son accent bulgare très prononcé.

- Je suis assez tentée, affirma Elenora, et vous ?

- Nous attendons les recommandations de notre Directeur, terminait alors le bulgare.

- Je suis Gabrielle Delacour, vous êtes de Poudlard c’est ça ? interrogea la jeune française aux trois Poufsouffle.

Lilly qui sortait à peine de sa rêverie sursauta légèrement, Jasper parût amusé.

- Nous sommes de Poudlard oui, je suis Jasper Raywood, lui dit-il en lui tendant la main pour la lui serrer chaleureusement.

- Elenora Sparks, et Lilly Arkensy, qui se demande encore ce qu’elle fait ici, pas vrai Lilly ? ironisa Elenora.

- Hm ? Oui, oui absolument, Lilly Arkensy enchantée, dit-elle en agitant la tête, puis en remontant ses lunettes.

Elle se serrèrent alors les mains en se souriant mutuellement.

- Stanislas Balkanski, Konstantin Kochanov et Marko Kochiu, nous sommes de Durmstrang, leur répondit alors ledit Stanislas.

- Votre accent est très charmant, leur dit Gabrielle en souriant.

- Merci, lui répondit simplement celui qui paraissait être Marko Kochiu.

Leurs discussions continuèrent pendant tout le repas où ils firent tous plus ou moins connaissance, en apprenant un peu plus sur leurs motivations à participer au tournoi et leurs habitudes de vie. Ils échangèrent également diverses informations sur leurs écoles respectives, les Bulgares restant néanmoins assez secrets sur le sujet.

Elenora prenait un plaisir absolu à parler Quidditch avec Konstantin et Marko qui avaient eux aussi l’air d’être passionnés par le sujet. Stanislas, lui avait plutôt l’air passionné par les grands yeux bleus de Gabrielle, qui semblait l’avoir envoûté d’une façon ou d’une autre. Lilly quant à elle, terminait de dîner sans prendre part aux discussions, n’ayant que faire du Tournoi et des joueurs survolant un terrain en équipe, le tout derrière une balle.

- Je sens que tu as hâte de t’échapper d’ici, je me trompe Arkensy ? lui glissa doucement Jasper à l’oreille.

- Tu ne crois pas si bien dire, le dîner est délicieux, mais j’ai mieux à faire que de créer des liens avec des sorciers que je ne reverrai très probablement jamais, se plaignait Lilly.

- Dis-moi alors ce qui te parait plus intéressant que tout ça ? - Etudier, lâcha Lilly sans trop réfléchir.


- S’il te plaît ne sois pas si ennuyeuse Arkensy ! Profite d’être ici pour relâcher la pression, si tu ne participes pas au tournoi ce sera comme des grandes vacances.

- Des grandes vacances ? Tu es tombé contre un chaudron ou quoi ? Je ne peux pas me permettre de relâcher la pression comme tu dis, j’ai trop à perdre, répondit Lilly qui commençait à s’énerver.

- Tu as encore plus à perdre si tu ne prends pas le temps de vivre, lui dit Jasper en s’étirant sur sa chaise, l’air penaud.

- Tu comptes faire quoi toi ? Poser ta candidature ou prendre des grandes vacances comme tu le dis si bien ?

- Je vais laisser le destin décider, qu’en penses-tu ? dit-il en souriant.

Les discussions s’animaient également autour de la table, alors que Lilly sentait la fatigue la guetter petit à petit. Quelques dizaines d’étudiants étaient déjà sortis de table, certainement pour rejoindre leurs lits, ou peut-être pour aller prendre l’air. Lilly avait hâte de terminer cette conversation au plus vite, déçue que Jasper ne soit pas plus compréhensif avec elle.

- Explique-moi, lui répondit Lilly, le visage fermé.

- Penses-tu que je devrais mettre mon nom dans cette coupe ?

- Tu fais bien ce que tu veux Jasper, ce n’est pas à moi de te dire de le faire.

- Alors je le ferai, au moins un de nous deux s’occupera la tête avec autre chose que des bouquins poussiéreux, dit-il en riant.

- Alors bon courage à toi, Raywood.

Lilly se leva d’un bon, prenant soin d’enfiler à nouveau ses escarpins qu’elle avait laissé tomber sous la table pendant le repas.

- Et bonne fin de soirée à tous, termina-t-elle en partant d’un pas décidé, titubant très légèrement sur ses escarpins sur lesquels le sort jeté plus tôt n’avait plus d’effet.

Elenora n’eut pas vraiment le temps de la retenir, puisqu’une fois qu’elle avait terminé sa conversation avec les Bulgares, Lilly était déjà partie depuis quelques minutes. Jasper lui était resté à table avec eux, reprenant la discussion en cours de route, un peu perturbé par la conversation qu’il avait eu avec Lilly.

La Poufsouffle légèrement agacée avait traversé la salle de réception et avait atterri dans les couloirs. Elle se demandait si ce n’était pas la bonne heure pour réaliser une petite visite en solitaire dans les couloirs du château, se disant que peut-être qu’au détour d’une porte elle finirait par trouver la bibliothèque.

Elle pestait contre ses escarpins qu’elle ne supportait décidément pas, et s’arrêta un instant pour les retirer. Après tout elle était seule dans ces couloirs, et personne ne remarquerait qu’elle marchait pieds nus dans l’école la plus chic qu’elle ait pu voir, ou entendre parler de sa vie.

Les couloirs se ressemblaient tous. Heureusement elle pouvait croiser de temps en temps un panneau d’indication lui expliquant vers où elle marchait : « sciences occultes », « travaux pratiquement magiques », « théories et mystères historiques ». Tout cela était bien intéressant, mais toujours aucune trace de la fameuse bibliothèque. C’est alors qu’elle entendit une voix grave derrière elle :

- Pas facile à porter quand on n’est habituée qu’aux baskets n’est-ce pas ?

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