Les Premiers Chasseurs

Chapitre 1 : Prologue : La Confédération des Sorciers

913 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/09/2021 09:42

PROLOGUE : LA CONFEDERATION DES SORCIERS


Odon Marchas affûtait sa plume et vérifiait son encre. Il n’avait pas le droit à l’erreur. La moindre parole échangée lors de cette réunion devait être consignée. Il avait été choisi personnellement par le ministre pour effectuer cette tâche des plus importantes.

Et puis, il assistait aux prémices d’un moment historique dont on parlerait dans les livres d’Histoire et dans les écoles de sorcellerie dans le monde. Ce fait le remplissait de fierté. Lorsqu’un jour, il aurait des enfants, il pourrait leur raconter ce jour, et il l’espérait, les autres qui suivraient. Les autres jours, car aujourd’hui ce n’était que la première rencontre. Il faudrait des mois pour que tous les Sorciers ne tombent d’accord. Mais avaient-ils le choix ?

Odon cessa là ses réflexions pour se concentrer sur son devoir. Le ministre français de la Magie, l’honorable Étienne Courneuf, était à la tribune et allait s’adresser aux autres ministres qui lui faisaient face.

— Messieurs, commença-t-il. Je tiens déjà à vous exprimer la joie qui est la mienne de nous voir tous réunis aussi promptement. Vous connaissez tous la situation, depuis le 11e siècle, les tribunaux de l’Inquisition traquent ceux que l’Église Catholique nomme les hérétiques. Et depuis quelques décennies, dans certains pays, je pense en particulier à l’Espagne, la violence que déploie cette institution dépasse toutes limites. Notre peuple est autant victime que les Moldus pris pour cible. Nous déplorons des agressions, des destructions, et malheureusement, des victimes parmi les nôtres. Si dans la plupart des cas, les bûchers ne nous touchent pas, car les nôtres savent pour la plupart user du sortilège de gèle-flammes, il faut penser à ceux qui ne le maîtrisent pas et aux autres moyens de tuer contre lesquels nous sommes plus démunis. Il faut que nous agissions pour notre propre sauvegarde, et également, et c’est là tout le paradoxe, pour protéger les Moldus, certains se retrouvant victimes de cette violence par leurs semblables, mais également par les nôtres en vengeance. Vous connaissez tous la teneur de la proposition de l’honorable ministre Miguel de Farlès. Elle est contraignante et je sais que les pays moins ou non touchés par les Inquisitions ont du mal à se faire à cette idée. Moi-même souhaiterai que les circonstances nous permettent de continuer à vivre sans rien changer à notre mode de vie. Mais nous sommes à un point critique. Nous devons en discuter. Je tiens à mettre l’accent sur le fait qu’il faut que nous soyons tous unis. Si nous décidons de disparaître aux yeux du monde, nous devons tous être d’accord. Il faudra des mois pour que nous mettions aux voix les différents points que nous devons aborder. Je vous remercie de m’avoir accordé votre attention. Je laisse la parole à l’honorable Miguel de Farlès.

Etienne Courneuf revint s’asseoir près d’Odon. Ce dernier continuait à écrire, notant le discours du ministre espagnol. Heureusement, Odon parlait plusieurs langues.

Après l’espagnol, ce fut au tour du portugais, puis de l’italien. C’étaient les ministres les plus favorables à l’instauration du Secret Magique. Puis ce fut au tour de ministres moins enclin à se cacher, à commencer par le germain, leurs pays ne subissant pas ou peu les violences des Inquisitions. Certains se montraient compréhensifs envers les pays victimes et étaient vraisemblablement prêts à ratifier le Code. D’autres étaient plus réticents, voire réfractaires.

La journée fut longue, mais pas inintéressante. Odon fut tout de même content de pouvoir enfin poser sa plume. Il soupira plus fort qu’il ne l’aurait voulu.

— Ce fut long, n’est-ce pas ? dit le ministre Étienne Courneuf avec un léger sourire.

— Non monsieur le ministre, ce fut intéressant, se défendit vivement Odon.

— Oui, intéressant, acquiesça-t-il. Mais très long tout de même. Vous avez fait de l’excellent travail maître Marchas. Je referai certainement appel à vous.

— Je suis à votre service monsieur.

— Inutile de rester ici plus longtemps, rentrons au Ministère.

— Monsieur, j’aurais une question : faudra-t-il longtemps pour que le Secret Magique soit instauré ?

Le ministre ne répondit pas tout de suite. Son regard embrassa toute la salle où plusieurs de ses homologues échangeaient encore quelques mots alors que d’autres s’en allaient.

— J’ignore combien de temps exactement cela prendra, finit-il par répondre. Des mois certainement. Ce que je n’espère pas, c’est que ça prenne des années. Nous sommes en janvier, et j’espère que le Code du Secret Magique sera voté avant l’an 1690. Ce sera mon principal objectif cette année.

— Vous avez dit dans votre discours qu’en plus de nous protéger, cette mesure protégerait les Moldus. Est-ce que ça à un rapport avec la mission que vous avez confiée au Comte d’Estremer ?

— Vous en demandez beaucoup maître Marchas !

— Pardonnez mon indiscrétion, monsieur.

— Ce n’est rien, vous êtes encore jeune et bouillant, même pour un archiviste. Rentrons, d’autres affaires réclament sûrement mon attention.


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