Harry Potter et le phénix

Chapitre 17 : Des professeurs mabouls

1767 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/09/2021 20:03

Le lendemain, je fus très déçue par mon premier cours de divination. Celui-ci se passait tout en haut de la tour nord, il fallait grimper sept escaliers pour y arriver. L'endroit où il y avait lieu n'avait rien d'une salle de classe, on avait plutôt l'impression de se trouver dans un salon à l'ancienne. Une vingtaine de petites tables circulaires entourées de petits poufs rebondis occupaient l'espace. Une faible lumière rouge éclairait la pièce, tous les rideaux des fenêtres étaient tirés, il régnait une chaleur étouffante. Le professeur Trelawney était une femme à la voix douce et un peu voilée, très mince, enveloppée d'un châle, les yeux agrandis par de grosses lunettes, avec une quantité impressionnante de bijoux autour du cou et des poignets. Il me fallut moins d'une heure pour me rendre compte que j'avais affaire à une vieille farceuse qui ne possédait pas le moindre don.


Les Serpentard et les Gryffondor avaient le cours de défense contre les forces du Mal en commun. Nous attendions dans un silence inhabituel lorsqu'on entendit le son caractéristique du pas de Maugrey : le claquement de la jambe de bois sur le sol. Il entra dans la classe et alla s'installer à son bureau.

-Rangez les livres, grogna-t-il, vous n'en aurez pas besoin.

-Bien, dit-il. J'ai cru comprendre que vous étiez en retard en matière de défense contre les mauvais sorts. Je suis donc sorti de la quiétude de ma retraite pour vous remettre au niveau. Le ministère de la Magie vous estime trop jeunes pour connaître en détail les manifestations des maléfices interdits. Mais Dumbledore et moi, on pense que plus vite vous saurez ce qui vous attend dehors, mieux ça vaudra. Il faut que vous soyez préparé à réagir. Alors, quels sont les trois Sortilèges Impardonnables?

La main de Ron se leva timidement.

-Heu ... dit-il d'une voix mal assurée. Il y a le sortilège de l'Imperium, je crois?

-Ah oui, dit Maugrey d'un air appréciateur. L'Imperium.

Maugrey ouvrit le tiroir de son bureau et en sortit un bocal de verre qui contenait trois grosses araignées. Il plongea une main dans le bocal et attrapa une des araignées, pointa sa baguette magique sur elle et murmura:

-Impero!

L'araignée se mit alors à faire sous nos yeux toute une série d'actions.

-Contrôle total, dit Maugrey à voix basse. Je pourrais lui ordonner n'importe quoi, elle ne répond plus d'elle-même. Lorsque le Seigneur des Ténèbres était au sommet de sa puissance, nombre de sorcières et de sorciers se sont retrouvés soumis à ce sortilège. Les gens du ministère ont eu bien du travail pour déterminer qui avait été forcé d'agir sous la contrainte et qui avait agi de sa propre volonté.

Maugrey remit l'araignée dans le bocal et en prit une autre. La main d'Hermione tremblait légèrement lorsqu'elle la leva.

-Il y a le sortilège de mort, bien sûr, murmura-t-elle. Avada Kedavra.

-Ah oui, dit Maugrey en esquissant un nouveau sourire.

Il leva sa baguette.

-Non, je dis pour moi-même.

-Arrêtez! s'écria Hermione d'une voix perçante.

Maugrey haussa les sourcils.

-Qu'est-ce qui vous arrive, Miss Granger?

Hermione me jetait des regards en biais.

-Ce ... ce n'est pas la peine de nous montrer.

-Avada Kedavra ! rugit Maugrey.

Il y eut un éclair aveuglant de lumière verte et l'araignée roula sur le dos, morte.

De la même façon que mes parents.


-Avada Kedavra...dit Maugrey avec un air de délectation. Ce sortilège exige une grande puissance magique et il n'existe aucun moyen de le conjurer. Le pire des sortilèges. Mais est-ce véritablement le pire ?

L'oeil magique de Maugrey tourna dans son orbite et s'arrêta sur Neville Londubat.

-Toi, mon garçon, tu connais le troisième Sortilège Impardonnable, n'est-ce pas ?

Neville, mal à l'aise, approuva d'un signe de tête.

Puis il dit d'une petite voix que je reconnus à peine :

-Le sortilège Doloris.

Maugrey regarda fixement Neville, avec ses deux yeux cette fois.

-En effet.

Puis il nous tourna le dos et plongea une nouvelle fois la main dans le bocal. L'araignée resta immobile sur le bureau, apparemment trop terrifiée pour bouger.

Maugrey pointa sa baguette sur l'araignée et murmura :

-Endoloris !

Les pattes de l'araignée cédèrent alors sous son corps. Elle roula sur elle-même, agitée d'horribles convulsions, de plus en plus violentes.

C'est alors que je saisis l'horreur de la situation. Les parents de Neville, torturés par Bellatrix Lestrange jusqu'à en perdre la raison...Et maintenant, les mains de Neville crispées sur le bord de sa table, ses jointures livides, ses yeux écarquillés de terreur...

-Expelliarmus !

La baguette s'envola des mains de Maugrey et le calvaire de l'araignée prit fin.

Les deux yeux de Maugrey, son oeil magique et son oeil normal, me fusillaient.

-QUI ETES-VOUS pour oser me désarmer de la sorte, Miss Wyatt ? Voilà qui coûtera dix points à la maison Gryffondor.

-Je suis à Serpentard !

-A la maison Serpentard, alors.

Maugrey sortit sa gourde de sa poche et en but une longue gorgée. Puis, semblant regretter de s'être emporté, il reprit d'une voix étrangement calme :

-Les trois Sortilèges Impardonnables...Voilà les forces maléfiques que vous devrez affronter, celles que je dois vous apprendre à combattre. Prenez vos plumes et écrivez...

Personne ne songea à dire le moindre mot jusqu'à ce que la cloche retentisse.


Lorsqu'on eut quitté la classe, la plupart des élèves parlaient du cours comme s'il s'était agi d'une sorte de spectacle, ils commentaient ce qui s'était passé d'une voix qui trahissait un mélange d'effroi et d'admiration. Quant à moi, je fulminais.

-Nous montrer ces sortilèges en classe ! Non mais vous avez vu la tête de Neville !

Seul au milieu du couloir, Neville avait toujours sur le visage la même expression horrifiée. Je m'apprêtais à aller le voir, quand un claquement sec et régulier retentit dans mon dos. Maugrey dit à Neville d'une voix beaucoup plus douce qu'à l'ordinaire :

-Ne t'en fais pas, mon garçon. Viens donc prendre une tasse de thé dans mon bureau. Le professeur Chourave m'a dit que tu étais le meilleur de la classe en botanique, j'ai quelques livres qui pourraient t'intéresser.

Et Maugrey entraîna Neville, une main noueuse posée sur son épaule.


Trois mois plus tard


Harry, Ron, Hermione et moi faisions partie des rares élèves qui passaient Noël à Poudlard. A l'heure du déjeuner, je montai dans la Grande Salle et découvris que les tables avaient été repoussées contre les murs pour n'en laisser qu'une seule. Il n'y avait que deux autres élèves en plus de nous quatre : un nouveau de première année et un cinquième année de Serpentard au visage sinistre. Les professeurs Dumbledore, McGonagall, Rogue, Maugrey, Chourave et Flitwick étaient là également.

-Joyeux Noël ! dit Dumbledore en me voyant approcher. Assieds-toi, viens te joindre à nous !

Je m'installai à côté de Ron au bout de la table.

-Bon appétit ! dit Dumbledore, le visage réjoui.

Pendant que je remplissais mon assiette, la porte de la Grande Salle s'ouvrit et le professeur Trelawney s'avança vers nous. 

-Sibylle ! Quelle bonne surprise ! Vous êtes enfin descendue de votre tour ! s'exclama Dumbledore.

-J'ai regardé ma boule de cristal, Monsieur le Directeur, dit-elle de sa voix la plus mystérieuse. Et à mon grand étonnement, je me suis vue abandonner mon repas solitaire pour me joindre à vous.

-Le destin fait bien les choses, dit Dumbledore, le regard pétillant. Asseyez-vous donc !

Mais le professeur Trelawney ne bougea pas, ouvrit des yeux immenses et laissa échapper un petit cri étouffé.

-Si je m'assieds parmi vous, nous serons treize à table ! Ce serait le signe d'un grand malheur.

-Eh bien, prenons le risque, Sibylle, dit le professeur McGonagall d'un air agacé, la dinde est en train de refroidir.

Le professeur Trelawney hésita, puis s'assit lentement sur la chaise vide, les yeux fermés, les dents serrées. Elle se comporta presque normalement jusqu'à la fin du repas. Mais une fois le dessert avalé, elle reprit ses jérémiades.

-Je n'aurais jamais dû accepter, gémit-elle. Treize à table, c'est de la folie, mais qui serais-je pour m'opposer aux décisions du destin...

-Ca suffit, Sibylle, coupa le professeur McGonagall d'un ton glacial. Ne recommencez pas avec ces idioties.

-Vous ne comprenez pas, personne ne me croit jamais, se lamenta le professeur Trelawney. Mais on n'est jamais à l'abri d'un grand malheur. ET C'EST POUR BIENTOT !

Tous les visages autour de la table, ceux des professeurs comme ceux des élèves, s'étaient figés. En effet, le professeur Trelawney avait prononcé la dernière phrase d'une voix dure et sonore qui avait pris tout le monde de court.

-Tout va bien, Sibylle ? demanda le professeur McGonagall. Vous voulez aller vous reposer un peu dans votre tour ? 

Mais le professeur Trelawney ne semblait pas l'entendre. Elle restait là, le regard vague, la mâchoire pendante. Puis elle reprit de cette voix dure, si différente de celle qu'on lui connaissait:

-BIENTOT LE SEIGNEUR DES TENEBRES REVIENDRA, PLUS PUISSANT ET PLUS TERRIBLE QUE JAMAIS. BIENTOT LA FIDELE MANGEMORT AURA REJOINT SON MAITRE. 

La tête du professeur Trelawney tomba sur sa poitrine. Elle laissa échapper une sorte de grognement puis, brusquement, elle se redressa.

-Excusez-moi. Une superstition ridicule qui n'a rien à voir avec le noble art de la Divination. Après tout, ce n'est peut-être pas si grave que ça d'être treize à table. Voilà que je crains d'avoir cassé l'ambiance. Je monte me reposer dans ma tour, je sens que j'en ai besoin. 

Personne n'essaya de la retenir. Dumbledore s'efforça de prendre un ton joyeux.

-S'il s'avère que ce qu'elle a dit est vrai, cela portera le nombre de ses prédictions vérifiées au nombre de deux, je devrai lui donner une augmentation...

-Mais Albus, demanda le professeur McGonagall, le visage pâle, pensez-vous que Sibylle ait pu faire une véritable prédiction ? 

-C'est possible, répondit Dumbledore d'un air songeur. Mais cela ne servirait à rien de s'inquiéter à l'avance. Allez donc prendre l'air jeunes gens, et videz-vous la tête. Car comme l'a si bien dit le professeur Trelawney, qui sommes-nous pour nous opposer aux décisions du destin ?


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