Harry Potter et le phénix

Chapitre 14 : Connais-toi toi-même

2014 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/09/2021 19:00

C'est ce que je racontai, une heure plus tard, à un professeur Dumbledore qui m'écoutait le visage rayonnant, Fumseck posé sur son épaule. Je venais de terminer mon récit lorsque la porte du bureau de Dumbledore s'ouvrit si violemment qu'elle rebondit contre le mur.

Lucius Malefoy, le visage marqué par la fureur, entra en trombe dans la pièce.

-Mon elfe ! lança Lucius Malefoy en fixant sur Dumbledore un regard glacial. C'est vous qui avez mon elfe, je le SAIS !

-Dobby travaille ici, en effet, répondit très calmement Dumbledore.

-Vous n'aviez pas le droit ! aboya Mr Malefoy. Il m'appartenait ! Je suis descendu aux cuisines, il a refusé de revenir chez moi. J'ai voulu l'emmener de force et ces saletés d'elfes ont osé me chasser en utilisant leur magie contre moi !

-Je pense que Dobby considère qu'il s'appartient à lui-même, désormais.

-Vous n'aviez pas le droit ! répéta Mr Malefoy. Pas plus que celui de revenir à Poudlard ! Le conseil d'administration vous a suspendu.

-Voyez-vous, Lucius, répondit Dumbledore avec un sourire serein, les onze autres membres du conseil d'administration m'ont écrit aujourd'hui, ils voulaient que je revienne immédiatement. Ils m'ont également raconté des histoires très étranges. Plusieurs d'entre eux affirment que vous avez menacé de jeter la malédiction sur leur famille s'ils refusaient d'approuver ma suspension.

Mr Malefoy devint plus pâle encore que d'habitude, mais son regard continuait de lancer des éclairs de fureur.

-Et alors ? ricana-t-il. Qui a ouvert la Chambre des Secrets ?

-Le même que la dernière fois, Lucius. Mais cette fois, Voldemort a agi par l'intermédiaire de quelqu'un d'autre. Au moyen de ce journal intime.

Il montra le petit livre noir percé d'un grand trou.

-Vous ne sauriez pas comment Ginny Weasley a pu entrer en possession de ce journal, Lucius ? ajouta Dumbledore.

-Et pourquoi devrais-je savoir comment cette petite idiote s'y est prise pour dénicher ce journal ?

-Parce que c'est vous qui le lui avez donné, je m'exclamai. Tout me revient maintenant ! Vous avez mis quelque chose dans son chaudron. Ca s'est passé avant la rentrée, sur le Chemin de Traverse, quand on vous a croisé dans la librairie Fleury et Bott.

Lucius Malefoy me regarda en serrant les poings. Puis je vis une de ses mains se contracter, comme si l'envie le démangeait de sortir sa baguette magique.

-Il faudrait le prouver, siffla-t-il. Tes parents étaient deux traîtres, ça leur a coûté la vie. Un jour ou l'autre, tu connaîtras le même sort, je le SAIS !

Sur ce, il tourna les talons, ouvrit brutalement la porte du bureau et s'en alla.


-Un homme charmant, déclara Dumbledore. Mais chassons-le de nos pensées, j'ai une très bonne nouvelle à t'annoncer : Madame Pomfresh a administré le philtre de mandragore, les victimes du Basilic sont toutes réveillées.

-Alors Hermione va bien ! je m'exclamai.

-Il n'y aura pas de séquelles, assura Dumbledore. Harry et Ron sont avec elles. Tu vas pouvoir aussi aller la retrouver, mais j'aimerais d'abord discuter un peu avec toi. Pour commencer, je voudrais te remercier. Tu m'as été vraiment fidèle, dans la Chambre des Secrets. Seule une parfaite loyauté de ta part pouvait amener Fumseck à venir à ton secours.

Il caressa le phénix qui s'était posé sur son genou puis reprit, un sourire aux lèvres :

-Il se pourrait que tu ne sois pas une Mangemort en devenir.

J'esquissai un sourire. Soudain, quelque chose qui me tracassait franchit mes lèvres :

-Professeur, mon pouvoir s'est manifesté au moment d'ouvrir la Chambre : mes mains se sont mises à briller et...j'ai pu actionner le mécanisme, ouvrir le robinet.

-Oui, dit Dumbledore, le regard brillant. Il semblerait que ton pouvoir ne te contrôle pas en fin de compte, mais t'obéisse. N'est-ce pas là une excellente nouvelle ?

-Mais quel est ce pouvoir exactement? Quelle forme prendra-t-il?

-Oh j'imagine qu'il pourra prendre toutes sortes de formes. Le pouvoir contenu dans tes mains, s'il est comme le mien, ne sera jamais clairement défini, mais saura se manifester quand tu auras besoin de lui.

Dumbledore me montra ses mains. Devant mes yeux médusés elles se mirent soudain à briller d'une lueur blanche.


-Vous aussi ! je m'exclamai. Vous pouvez exercer la magie avec vos mains !

-Effectivement, dit Dumbledore en me faisant un clin d'oeil. Nous sommes plusieurs à pouvoir de temps à autre nous passer de sortilèges et de baguettes magiques. Les elfes de maison ne se servent quasiment jamais de baguettes, ils ont un grand pouvoir contenu dans leurs mains. La magie qui sort des mains est très puissante. Et donc très dangereuse lorsqu'elle est exercée par les forces du mal. Voldemort utilise parfois ses mains pour commettre les pires horreurs.

-Je ne serai pas comme lui, déclarai-je. J'ai choisi de faire le bien, je veux...je veux être comme vous.

Dumbledore éclata de rire.

-Je te remercie de ta confiance. D'autant que nous n'avons pas que ce pouvoir en commun.

-Que voulez-vous dire ?

-Il se trouve que lorsque Voldemort était au sommet de sa puissance, j'ai combattu pas mal de Mangemorts. Un jour, l'un d'eux a jeté le sortilège "Serpensortia". J'ai alors vu jaillir à l'extrémité de sa baguette un long serpent noir qui m'a mordu avant que j'aie le temps de réagir. Même blessé, j'ai réussi à les vaincre tous les deux, le sorcier et le serpent. Mais à la fin du combat, je me suis effondré et alors que j'étais en train de me vider de mon sang, Fumseck est venu à mon secours. C'est ainsi que je l'ai rencontré, depuis il m'est resté fidèle. Cette nuit, il t'a sauvée de la même manière.

-Incroyable ! je murmurai, regardant l'oiseau.

-Cela nous rend différents des autres, Penny. Nous avons été guéris par un phénix. Peut-être est-ce là que réside notre vrai pouvoir : les larmes du phénix coulent dans nos veines.

Le ton de Dumbledore s'était fait d'un coup si mystérieux, son regard tellement lointain que je n'osais demander des précisions.


Après un long moment, Dumbledore tendit la main vers le bureau et fit tourner entre ses mains l'épée tachée de sang. C'est alors que je vis que le nom Godric Gryffondor était gravé juste en-dessous de la garde.

Je m'éclaircis la voix :

-Professeur...cette épée...

-Seul un véritable Gryffondor pouvait la trouver dans le Choixpeau magique, Penny, dit Dumbledore en me fixant intensément.

Je le regardai, éberluée, puis décidai de lui rafraîchir la mémoire.

-Je suis une Serpentard, professeur Dumbledore.

-Non, tu es à Serpentard, nuance. Et pourquoi es-tu à Serpentard ?

-Comment ? Mais...parce que le Choixpeau magique m'y a envoyée ! dis-je en fronçant les sourcils.

-Exactement. Nous avons ici la preuve que le Choixpeau n'est pas infaillible. Il s'est trompé : tu es une Gryffondor qui a été envoyée à Serpentard par erreur !, m'annonça Dumbledore avec un grand sourire, comme si tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.

-Quoi ? dis-je, furieuse. Je devrais être à Gryffondor ? Alors il faut absolument m'y envoyer, professeur. Je serai bien mieux avec Harry et mes amis, je ne vais pas continuer à me coltiner les Serpentard, il n'y a aucune raison.

-C'est là que nos avis divergent, Penny. Je pense qu'il y a une raison pour tout, et que tu es exactement là où tu dois être. Tu vas m'en vouloir, mais je ne te changerai pas de maison, tu continueras à faire tes études à Serpentard.

-Oh professeur, je m'en veux surtout à moi-même. Pourquoi n'ai-je pas pu faire comme mon cousin, demander au Choixpeau magique à ne pas aller chez les Serpentard ? J'aurais pu CHOISIR Gryffondor, c'est ce que Harry a fait.

-Et ce que toi, tu n'as pas fait. Pourquoi, à ton avis, ne l'as-tu pas fait ?

-Parce que je suis une idiote.

-J'ai une meilleure hypothèse. Parce que tu savais, au fond de toi, qu'il valait mieux ne pas être dans la même maison que ton cousin, que ce serait bénéfique pour vous deux. Pendant toutes ces années passées à grandir chez des Moldus qui vous détestaient, vous avez été obligés de faire bloc, vous ne faisiez qu'un. Jusqu'au moment où vous avez ressenti le besoin de développer votre individualité, de savoir qui vous étiez vraiment. Mais pour cela, il était nécessaire de...

-Se séparer, je terminai à voix basse.


Puis je poursuivis d'un ton amer :

-Lucius Malefoy a tort. Je ne finirai pas comme mes parents. Et je ne trahirai pas Voldemort, puisque je ne deviendrai jamais une Mangemort. J'ai clairement choisi mon camp dans la Chambre des Secrets.

Dumbledore hésita quelques instants avant de dire :

-Je ne sais pas si tu parviendras un jour à pardonner à tes parents. Ils ont fait les mauvais choix au départ, comme beaucoup de gens. Mais ils ont pris beaucoup de risques en revenant vers nous et il faut malgré tout saluer leur courage. Au bout du compte c'est la meilleure partie d'eux-mêmes qui a triomphé, c'est ce que tu dois retenir. Tu peux les incriminer autant que tu veux, mais tu ne peux pas nier non plus que ta mère t'a sauvée. Quand il a tué tes parents, Voldemort ne t'aurait pas épargnée si ta mère ne t'avait pas d'abord confiée à sa soeur.

-Ma tante et mon oncle ont commencé à me détester à la seconde où ils ont croisé mon regard. Ma tante Pétunia faisait tout pour oublier qu'elle avait eu des soeurs, mon oncle tremblait d'épouvante à l'idée que les voisins découvrent les choses bizarres que nous faisions parfois, Harry et moi. C'est pour cela que nous avons grandi dans l'ignorance de notre monde, dans l'ignorance de qui nous étions vraiment. La magie NE DEVAIT PAS exister sous le toit des Dursley.

-C'est la raison pour laquelle je me suis inquiété lorsque j'ai entendu les révélations du Choixpeau magique à ton sujet. Toute cette concentration de pouvoir en un seul être...il faut me pardonner, j'avais peur que tu sois un Obscurial.

Je restai silencieuse, fixant Dumbledore d'un air ahuri.

-Un quoi ?

-Oh, dit Dumbledore en agitant les mains, ne te tracasse surtout pas avec ça. Juste des mauvais souvenirs qui ont ressurgi. Un Obscurial est un sorcier qui héberge un Obscurus à l'intérieur de lui. Un Obscurus est en quelque sorte une force obscure qui naît parfois lorsqu'un sorcier a été contraint pendant trop longtemps par son entourage de refouler ses pouvoirs magiques au fond de lui-même, au lieu de s'en servir librement.

-Et vous pensez toujours que je pourrais être un...un Obscurial ?

-Non, la force qui t'habite est lumineuse, j'en suis à présent convaincu. De même que je suis convaincu que tu as besoin de manger et de dormir, Penny. Va donc retrouver tes camarades et prendre du repos, je ne sais pas ce que tu attends !


Le soir, le festin fut particulièrement joyeux. Bien que je ne sois pas assise à la table des Gryffondor, Hermione y était, et c'était tout ce qui comptait. Je sus plus tard que pendant le repas, plusieurs élèves s'étaient levés des tables de Poufsouffle et de Serdaigle pour aller serrer la main de mon cousin et s'excuser longuement de l'avoir soupçonné. Et en guise de cadeau de fin d'année, tous les examens furent annulés.

La fin du trimestre se déroula sous un soleil resplendissant. Lucius Malefoy fut renvoyé du conseil d'administration de Poudlard. Quant à Ginny, elle retrouva petit à petit toute sa joie de vivre.

-Ta tante et ton oncle vont forcément être fiers de toi quand ils sauront ce que tu as fait, non ? me dit Hermione.

-Fiers ? je m'exclamai. Furieux, tu veux dire ! Avec toutes les occasions que j'ai eues de mourir, je me suis débrouillée pour survivre...


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