Harry Potter et le phénix

Chapitre 12 : Le phénix

2066 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/08/2021 20:02

Le Basilic n'aurait pas pu me pétrifier davantage. Quand Malefoy et ses acolytes montèrent se coucher, je n'avais toujours pas bougé. Bien qu'il n'y ait plus personne dans la salle commune, la cape d'invisibilité me recouvrait toujours. Si je ne l'enlevais pas, peut-être finirait-elle par m'engloutir totalement ? C'était mon voeu le plus cher : disparaître et ne plus ressentir cette souffrance atroce, ce dégoût profond de moi-même. J'étais la fille de deux Mangemorts, avais-je seulement le droit à l'existence ? Ces deux êtres que j'avais idéalisés...on idéalise toujours les morts...avaient en réalité servi dans les rangs du plus grand assassin que le monde ait jamais connu. Ils avaient eux-mêmes pris des vies, déchiré des familles, répandu la terreur et la destruction, semé la haine et le chaos. Etait-ce sur ce chaos que je devais bâtir mon existence, quand toutes les fondations venaient de s'écrouler ?


Même Harry ne put rien faire pour moi les jours qui suivirent. J'étais inconsolable. J'allais même jusqu'à envier mon cousin.

-Comment deux soeurs ont-elles pu prendre des chemins si différents ? J'ai toujours entendu dire que ta mère était l'incarnation de la bonté.

Harry était le fils de Lily, la plus jeune des trois soeurs. Ma mère était Rose, la soeur aînée. La tante Pétunia était la soeur du milieu, l'unique Moldue. A ce moment précis, j'enviais même Dudley, mon autre cousin.

-La tante Pétunia a beau être ce qu'elle est, elle ne m'apparaît pas comme une folle dangereuse.

Même les cours ne m'intéressaient plus. La vie avait perdu toute forme d'intérêt, plus rien n'avait de sens.

-Pourquoi personne ne nous a jamais rien dit, à propos de mes parents ? je demandai à Harry. Parce qu'à choisir, j'aurais préféré l'apprendre d'une autre bouche que celle de Malefoy. La plupart des élèves viennent de familles de sorciers, ils devaient bien être au courant.

-Ils oublient souvent que nous avons grandi chez des Moldus, répondit Harry, consterné, et que les Moldus en question ne nous ont jamais rien dit au sujet de nos parents.

-Il y en a tout de même un qui le sait très bien, je m'écriai soudain, furieuse. D'ailleurs, où est Ron ?


Ron était chez Hagrid. Il y avait passé le plus clair de son temps ces derniers jours, je comprenais à présent pourquoi : il cherchait à éviter ma présence. Ou alors il recherchait la compagnie de quelqu'un qui serait également coupable à mes yeux, car Hagrid m'avait aussi caché la vérité à propos de mes parents, à présent cela me semblait évident. Je frappai trois coups à la porte, un peu plus fort que nécessaire, et je n'attendis pas qu'on me réponde. Sans dire un mot, je pris place sur une chaise. Hagrid et Ron, assis également autour de la table, me regardaient comme si j'étais une bombe prête à exploser.

-Du thé ?, me demanda Hagrid en s'éclaircissant la gorge.

-Dîtes-moi simplement pourquoi vous ne m'avez rien dit, dis-je dans un murmure.

Ce murmure sembla les effrayer davantage que si je m'étais mise à pousser des hauts cris.

-Pour te protéger, dit enfin Hagrid, la voix rauque. Pour te protéger le plus longtemps possible.

-Je l'ai su cet été, ajouta Ron, la voix tremblante. Peu de temps avant que vous veniez à la maison, Harry et toi. J'ai dit à mes parents que tu n'étais pas au courant, mais ils m'ont conseillé de ne rien te dire. Ils ont ajouté que tu le saurais bien assez tôt. On ne voulait pas...que tu aies de la peine.

-Trop tard, j'eus le temps de dire, avant d'éclater en sanglots.

Alors Hagrid se leva et me prit dans ses bras.

Et ma colère fondit dans la chaleur de l'amitié.


Hagrid me versa le thé et je décidai de parler d'autre chose. Néanmoins, cela m'était impossible de continuer sur un ton beaucoup plus léger.

-Vous êtes au courant pour Hermione, Hagrid ?

-Oh oui, j'ai appris ce qui lui était arrivé. Ca me brise le coeur.

Hagrid s'assit et hésita quelques instants avant de lâcher :

-Quand j'avais treize ans et que j'étais élève à Poudlard, quelqu'un a ouvert la Chambre des Secrets.

Ron en laissa tomber la tranche de cake qu'il tenait.

-Vraiment ?, dis-je, les yeux exorbités. Et ils ont trouvé le coupable ?

-Non, dit Hagrid d'une voix brisée. Mais ils ont cru l'avoir trouvé. C'est pour cette raison que j'ai été renvoyé. Ils ont cru que c'était moi qui avais ouvert la Chambre et que Aragog, mon araignée, était le monstre qui attaquait les enfants des Moldus.

J'étais estomaquée. J'avais fait la connaissance de cet Aragog l'année précédente. Il habitait la Forêt Interdite et je n'en gardais pas un très bon souvenir.

-Et euh...comment dirais-je ? Ce n'était pas lui ?

-Bien sûr que non, s'offusqua Hagrid. Aragog n'a jamais attaqué personne.

Je savais depuis toujours que Hagrid avait malheureusement un faible pour les créatures géantes et monstrueuses. Même si j'étais certaine que Hagrid n'aurait jamais cherché à tuer quelqu'un, j'espérais qu'il avait surveillé de près sa créature lorsque celle-ci gambadait autour du château pour dégourdir ses nombreuses pattes.

-Dumbledore a toujours cru en mon innocence, continua Hagrid. C'est grâce à lui que je suis devenu garde-chasse et que j'ai pu habiter ici. Un grand homme, Dumbledore.

-De toute façon, le monstre en question est à coup sûr le Basilic, dit Ron.

-On aurait pu penser qu'après ce qui est arrivé à Hermione, plus personne ne soupçonnerait Harry d'être l'héritier de Serpentard, dis-je en soupirant. Mais la rumeur est tenace.

-Au fait, où est Harry ?, me demanda Ron.

-Dans le bureau de Dumbledore, répondis-je. Il a été convoqué.

-QUOI ? hurla Hagrid. POURQUOI NE L'AS-TU PAS DIT PLUS TOT ?

Et il sortit en trombe de sa maison.


Je dus courir pour le rattraper.

-Hagrid, ne vous affolez pas comme ça, dis-je, complètement essouflée. Ca ne va pas se passer comme pour vous. Dumbledore est le directeur, à présent. Et il sait très bien que Harry n'aurait jamais attaqué Hermione. Il veut juste savoir comment il se sent par rapport à la rumeur qui circule sur lui.

Mais Hagrid n'écoutait rien. Il était entré dans le château et poursuivait son chemin dans les couloirs. Il tourna encore un angle et s'arrêta devant une gargouille de pierre.

-Sorbet citron, dit-il.

C'était un mot de passe : la gargouille s'anima soudain et fit un pas de côté. Derrière elle, le mur s'ouvrit pour nous laisser passer. On avança sur les marches d'un escalier en colimaçon qui tournait lentement sur lui-même. Arrivés en haut, on vit apparaître une porte en chêne. Hagrid ne prit même pas la peine de frapper et se rua à l'intérieur du bureau de Dumbledore.

-Ce n'est pas Harry qui a fait ça, professeur Dumbledore ! Je suis prêt à le jurer devant le ministre de la Magie en personne s'il le faut !

-Hagrid, je...

-Ce n'est pas lui le coupable. Je sais bien que Harry n'aurait jamais...

-Hagrid ! s'exclama mon cousin. Le professeur Dumbledore ne comptait pas me renvoyer.

-Ah ! dit Hagrid, je me suis peut-être un peu emporté, excusez-moi.

-Ce n'est rien Hagrid, dit Dumbledore en souriant. Nous allons vous raccompagner, Harry et moi, nous avions terminé. Attends-moi ici, Penny, je reviens.


Je jetai un coup d'oeil autour de moi. Le bureau de Dumbledore était une belle et grande pièce circulaire. Les murs étaient recouverts de portraits d'anciens directeurs et directrices qui somnolaient tranquillement dans leurs cadres. Un étrange caquètement retentit soudain derrière moi. Je me retournai et m'aperçus que je n'étais pas toute seule. Debout sur un perchoir en or posé derrière la porte, je vis un oiseau d'aspect misérable, le regard vitreux, qui avait l'air très malade. Je m'approchai de lui et le caressai. Deux de ses plumes tombèrent et l'oiseau s'embrasa soudain dans un jaillissement de flammes. Je laissai échapper un cri d'horreur. Bientôt il ne resta plus de l'oiseau qu'un petit tas de cendres fumantes.

La porte du bureau s'ouvrit et Dumbledore entra.

-Professeur, balbutiai-je, votre oiseau...Il a pris feu...

A ma grande surprise, Dumbledore sourit.

-Le moment était venu, dit-il. Il avait une mine épouvantable ces derniers temps. Je lui ai dit qu'il fallait faire quelque chose.

Mon visage stupéfait le fit glousser de rire.

C'est alors que je vis un minuscule oisillon tout fripé sortir sa tête au milieu du tas de cendres.

-Fumseck est un phénix, m'expliqua Dumbledore. Au moment de leur mort, les phénix s'enflamment et ils renaissent ensuite de leurs cendres. C'est dommage que tu l'aies vu le jour de sa combustion. La plupart du temps, il est très joli, avec un magnifique plumage rouge et or. Les phénix sont des créatures fascinantes. Ils peuvent transporter des charges très lourdes, leurs larmes ont de grands pouvoirs de guérison et ils sont très fidèles.

Dumbledore s'installa derrière son bureau et se mit à me regarder de ses yeux perçants et craintifs.

-J'imagine que tu dois te demander ce que tu fais dans mon bureau, finit par dire Dumbledore.

-Pas vraiment, professeur, répondis-je.

Et c'était vrai. La logique aurait voulu que je m'interroge sur la raison pour laquelle je me trouvais là, mais la vérité était que je n'arrivais plus à détacher mes yeux du phénix.

-Je voudrais savoir, Penny, s'il y a quelque chose qui te tracasse et dont tu voudrais me faire part, me dit-il d'une voix douce.

Je fus brusquement ramenée à la réalité.

-Je vois que Harry vous a parlé. Il vous a certainement dit que j'avais découvert que mes parents étaient des Mangemorts.

Dumbledore eut un sourire timide.

-Il est possible qu'il m'en ait touché deux mots, en effet. Il s'inquiète pour toi.

-Il a raison. J'ai l'intention de quitter l'école.


Dumbledore soupira.

-Tes parents sont revenus vers nous, Penny. Bien avant la chute de Voldemort.

-Je sais. Mais ça n'excuse pas ce qu'ils ont fait.

-Si tu quittes l'école, c'est toi que tu punis.

-Je ne me punis pas, je fais un choix. Le choix de ne pas devenir comme eux.

Dumbledore resta un moment silencieux.

-Tu peux faire ce choix, tout en restant ici.

-Non, m'écriai-je. Vous ne comprenez pas ! Mes mains contiennent un pouvoir immense. Il ne s'est pas encore exprimé mais le jour viendra où...

-Tu apprendras à le contrôler.

-Sauf si c'est lui qui me contrôle. Je ne peux pas prendre ce risque. Ni pour moi, ni pour les autres.

-En attendant, c'est ta peur qui te contrôle, c'est encore plus dangereux. Que comptes-tu faire ? Renier ce pouvoir, alors qu'il fait partie de toi ? Rentrer chez les Moldus et renier qui tu es ?

-C'est peut-être préférable de renier qui je suis.

J'hésitai avant de lâcher ce que j'avais sur le coeur :

-Je suis peut-être une Mangemort en devenir.

Dumbledore me fixa intensément :

-Ce ne sont pas là les paroles d'une Mangemort en devenir.


Après un long moment de silence, Dumbledore reprit :

-Nous en reparlerons. Mais ne prends aucune décision maintenant. Aie confiance en moi.

Je haussai les épaules. La confiance dans les autres allait de pair avec la confiance en soi.

-Au revoir, Penny.

-Au revoir, professeur.

J'allais partir, mais je ne pus m'empêcher de jeter un dernier regard à l'oisillon. En réalité, je sentais que j'aurais pu rester des heures et des heures à le contempler.

-Il doit être vraiment beau quand il vole, dis-je, presque pour moi-même.

-En effet, il doit l'être.

Je me retournai vers Dumbledore. Ses yeux perçants n'étaient pas fixés sur l'oisillon, mais sur moi. Et dans ce regard habituellement craintif, je vis passer quelque chose de tout à fait singulier, quelque chose de vraiment étonnant. Comme une lueur de triomphe.


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