Harry Potter et le phénix

Chapitre 2 : La révélation

2379 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 11/08/2021 18:01

CRAAAAAC !

On cogna sur la porte avec tant de force qu'elle fut arrachée de ses gonds et tomba dans un fracas assourdissant.

Un véritable géant se tenait dans l'encadrement. Au milieu d'un enchevêtrement de cheveux emmêlés et de barbe broussailleuse, deux yeux brillaient.

Le géant ramassa la porte et, la remettant sur ses gonds sans la moindre difficulté, nous lança :

-Si vous aviez une tasse de thé, ça ne serait pas de refus. Le voyage a été pénible.

Il ne fallait pas trop compter sur les Dursley : Dudley s'était réfugié derrière sa mère qui se cachait elle-même derrière l'oncle Vernon. Le regard du géant parcourut l'intérieur de la cabane et s'arrêta sur Harry et moi.

-Ah ! Vous voilà, vous ! Les cousins : Harry Potter et Penny Wyatt . Dire que la dernière fois que je vous ai vus, vous étiez des bébés. C'est fou ce que tu ressembles à ton père, Harry.

L'oncle Vernon laissa échapper une sorte de grognement.

-Monsieur, j'exige que vous sortiez immédiatement ! C'est une violation de domicile !

-Allez taisez-vous, Dursley, espèce de vieux pruneau !

Le géant tendit le bras vers le fusil de l'oncle Vernon et fit un nœud avec le canon aussi facilement que s'il avait été en caoutchouc. L'oncle Vernon émit à nouveau un drôle de bruit, qui cette fois-ci ressemblait plus à un gémissement.

Bien qu'estomaquée, je pris mon courage à deux mains.

-Excusez-moi, dis-je, mais aucun de nous ne sait qui vous êtes.

Le géant se retourna vers moi. Il eut un petit rire.

-Oui, naturellement, j'ai oublié de me présenter. Rubeus Hagrid, gardien des clés et des lieux à Poudlard.

Je n'étais guère plus avancée. Le regard de Rubeus Hagrid tomba sur la cheminée vide. Il pointa son parapluie sur l'âtre et un instant plus tard, un feu d'enfer ronflait. Puis il s'assit le plus tranquillement du monde sur le canapé qui s'écrasa sous son poids.

-Excusez-moi, redis-je, rompant de nouveau le silence, mais c'est quoi exactement, Poudlard ?

Là, Hagrid parut scandalisé. Un instant je crus que j'allais me faire engueuler, mais c'est vers les Dursley qu'il se tourna. Ces derniers se tassaient sur eux-mêmes en essayant de disparaître dans la pénombre.

-Pourquoi elle demande ça ? rugit-il. Je me doutais bien qu'ils ne recevaient pas les lettres, mais j'étais très loin de penser qu'ils n'avaient jamais entendu parler de leur monde, de mon monde, du monde de leurs parents. Est-ce qu'ils savent seulement ce qu'ils sont ?

-Ce que nous sommes ? je demandai, complètement abasourdie.

Puis, me tournant vers Harry :

-Qu'est-ce que nous sommes ?


-DURSLEY !!!

La tante Pétunia émit un gémissement.

-Vous ne leur avez jamais rien dit ? reprit le géant en détachant chaque syllabe. Sa voix tremblait de rage. Je vais vous transformer en pâté, tous les deux. Pétunia, les derniers mots de Rose, votre sœur aînée ? La lettre dans laquelle elle vous demandait de prendre soin de Penny comme s'il s'agissait de votre propre fille ? Vous n'en avez rien dit ?

A nouveau, un couinement de Tante Pétunia.

-Et vous, Dursley ? Pour Harry j'étais là, j'ai vu Dumbledore le déposer ! Et vous leur avez tout caché pendant toutes ces années ?

-Caché quoi, bon sang ? dis-je, hors de moi. Qu'est-ce qu'ils nous ont caché ?

-Penny, Harry...vous êtes des sorciers. Tous les deux.

Un long silence assourdissant.

-Des quoi ?

-Des sorciers, bien sûr.

Bien sûr...bien sûr que non. C'était impossible. Tout d'abord parce que les sorciers n'existaient pas. Ensuite parce que nous étions simplement Harry Potter et Penny Wyatt, deux cousins orphelins élevés par un oncle et une tante qui les détestaient et grandissant au côté de cet idiot de Dudley. Et l'histoire s'arrêtait là.


-C'est une erreur, balbutia Harry au bout d'un moment.

-Oh voyez-vous ça ! ricana le géant en mettant les poings sur les hanches.

Visiblement la situation l'amusait beaucoup.

-Il me semble que je le saurais si j'étais une sorcière, dis-je en mettant à mon tour les poings sur les hanches, par provocation.

Le géant éclata de rire.

-Vous êtes drôles, tous les deux. Bon, il doit s'agir d'un regrettable malentendu. D'ailleurs il ne vous est jamais rien arrivé de votre vie de bizarre, d'inexplicable, pas vrai ?

Harry me serra le bras. Je fermai les yeux. Force était de constater que cet Hagrid venait de marquer un sacré point. L'espace d'un instant, il me sembla voir un serpent brésilien se dessiner dans les flammes.

Je m'éclaircis la gorge.

-Il se pourrait en effet que Harry possède un ou deux pouvoirs, mais...

-Et toi? Réfléchis bien, tu n'as jamais vécu de choses étranges ?

-Non, moi j'escalade les murs.

J'avais répondu du tac au tac. N'était-ce pas ce qu'on m'avait dit? La raison pour laquelle j'avais été punie ? Avoir escaladé les murs de l'école pour échapper à la bande de Dudley ? "On ne se retrouve pas comme par magie sur le toit de la cantine" m'avait-on lancé au visage lorsque j'avais tenté de m'expliquer.

Mais à présent, le regard pénétrant de Hagrid me désarçonnait. Jamais un adulte n'avait cherché à lire en moi. Mes jambes se dérobaient sous moi, j'aurais voulu m'asseoir mais le géant avait éclaté le canapé. Tout devenait flou, il n'existait aucune échappatoire.

-Tu n'escalades pas les murs, Penny . 

Tu es une sorcière, au même titre que Harry, et le 1er septembre vous ferez tous les deux votre rentrée au collège Poudlard, l'école de sorcellerie.


Là, l'oncle Vernon retrouva l'usage de la parole.

-Il n'est pas question qu'ils s'en aillent, dit-il en venant se poster devant la cheminée, l'air furieux.

Hagrid poussa un grognement.

-J'aimerais bien voir qu'un Moldu dans votre genre s'avise de les en empêcher.

-Un quoi ? demanda Harry.

-Un Moldu, c'est comme ça qu'on appelle ceux qui n'ont pas de pouvoirs magiques.

-Quand nous les avons recueillis, nous nous sommes juré d'en finir avec ces sornettes. On marche sur la tête !

Je sursautai.

-Vous le saviez ! je m'écriai. Vous l'avez toujours su et vous n'avez rien dit !

-Bien sûr que nous le savions ! se mit soudain à hurler la tante Pétunia. Quand on sait ce qu'étaient mes maudites sœurs, comment aurait-il pu en être autrement ? Mes parents étaient tellement heureux, tellement fiers d'elles !

Elle s'interrompit pour respirer profondément. Avait-elle jamais osé dire ce qu'elle avait sur le cœur ? La sœur du milieu, l'unique Moldue.

Puis elle reprit sa tirade :

-J'étais la seule à les voir telles qu'elles étaient : des monstres. Puis elles ont connu leurs maris, ce Wyatt et ce Potter, tout aussi bizarres, tout aussi anormaux. Et un beau jour, quelqu'un a fait exploser tout ce petit monde et nous avons hérité de vous.

De nouveau, je sursautai.

-Exploser ? je criai, folle de rage. Vous nous avez toujours dit que nos parents étaient morts dans deux accidents de voiture !

-DES ACCIDENTS DE VOITURE ? rugit Hagrid, forçant les Dursley à retourner se terrer dans un coin de la cabane. C'est une insulte, un scandale ! Comment des accidents de voiture auraient-ils pu les tuer, eux qui faisaient partie des sorciers les plus doués de leur génération ! Et dire que Harry Potter ne connaît même pas sa propre histoire, alors que dans notre monde, tous les enfants connaissent son nom...

Tous les regards se tournèrent vers Harry. Mon cousin était devenu très pâle. La colère disparut du visage du géant. Soudain, celui-ci eut l'air très mal à l'aise.


-Tu sais Harry, je me demande si je suis le mieux placé pour te raconter tout ça. Mais bon, après tout, c'est moi qui t'ai amené chez ces gens. C'est à moi que Dumbledore avait confié la mission d'aller te chercher dans la maison en ruine.

Hagrid essuya les larmes qui coulaient sur ses joues.

-Excuse-moi, dit-il, mais c'est tellement triste...Ton papa et ta maman étaient les gens les plus charmants qu'on puisse imaginer. Mais il faut savoir que les sorciers ne sont pas tous des gens biens. Certains tournent mal. Le sorcier qui a tué tes parents portait le nom de V...Il s'appelait V...Je n'aime pas beaucoup prononcer ce nom quand je peux l'éviter. Personne n'aime ça, tout le monde a encore peur. En tout cas ce sorcier a mal tourné, très mal tourné. Pire que ça, même. Et il s'appelait V...

-Vous pourriez peut-être l'écrire ? suggéra Harry.

-Je sais pas comment ça s'écrit. Bon allons-y, il s'appelait Voldemort.

L'immense corps du géant fut parcouru d'un frisson.

-Cette nuit-là Harry, tu étais avec tes parents...et c'est là que se trouve le vrai mystère, il a essayé de te tuer aussi. Seulement il n'a pas réussi. La cicatrice que tu as sur le front, c'est la trace du mauvais sort qu'il a lancé contre toi. C'est pour cette raison que tout le monde connaît ton nom. Personne n'a jamais pu lui échapper, sauf toi qui n'étais qu'un bébé. Pour tous les sorciers, tu es le garçon qui a survécu.

C'était le moment où il aurait fallu fuir. Le moment où il aurait fallu refuser d'y croire. Le moment où il aurait fallu se persuader que nous avions affaire à un fou. Il était encore temps de rebrousser chemin, de retrouver une existence normale. Cet autre monde n'existait pas encore, pour qu'il existe il fallait lui accorder du crédit. Rien ne nous y obligeait. Je pris la main de Harry. Il la serra un peu trop fort et instantanément je sus ce que cela voulait dire : il était prêt. Prêt à faire confiance au géant, prêt à marcher vers un destin différent de celui qu'il s'était imaginé, prêt à devenir vraiment qui il était. Et il était l'élu.


Cependant une question me brûlait toujours les lèvres :

-J'imagine que cette vermine de Voldemort a également tué mes parents ?

Le géant sursauta et me regarda avec des yeux ronds, comme si je venais de dire une énormité. Il paraissait à la fois choqué et impressionné.

-Penny, tu es folle ? Ne prononce pas ce nom !

Puis, sa voix se radoucissant :

-Oui, Vous-Savez-Qui les a tués, la même nuit. Mais toi tu n'étais pas avec tes parents ce soir-là. Ta maman avait dû avoir une sorte de pressentiment. Elle savait que Vous-Savez-Qui les recherchait aussi, elle et ton père. Elle t'avait déposée devant chez ton oncle et ta tante quelques semaines auparavant. Dans sa lettre, Rose demandait à sa sœur Pétunia de prendre soin de toi s'il leur arrivait quelque chose.

Hagrid s'arrêta de parler, comme s'il avait terminé son récit. Il sortit un mouchoir et se moucha.

-Et pourquoi ? je demandai, rompant de nouveau le silence. Pour quelle raison Vous-Savez-Qui a tué mes parents et ceux d'Harry ?

Là, Hagrid hésita quelques instants avant de répondre.

-Probablement parce qu'ils avaient refusé de rejoindre ses rangs. Vous-Savez-Qui aurait voulu les avoir à ses côtés. Comme je vous l'ai dit, ils étaient de très grands sorciers. Mais justement, un grand sorcier choisit le bien et non la facilité.

Hagrid sortit deux photos de la poche de son manteau. Il en donna une à Harry et me tendit la deuxième.

-Vos parents, dit-il, le regard pétillant.

Sur ma photo, deux têtes blondes souriaient en m'adressant des signes de la main. Pendant quelques minutes je fus incapable de parler. Parce que sur les photos des Moldus, les gens restaient immobiles. Mais surtout parce que pour la première fois de ma vie je voyais Rose et Matthew Wyatt, mes parents.


-Merci, dit Harry, la voix enrouée.

-Je me doutais que vous n'aviez pas de photos. J'ai envoyé des hiboux à certains amis d'école de vos parents pour leur en demander.

-C'est vraiment gentil Hagrid, dis-je.

-Vous pouvez être fiers d'eux. Tout le monde n'avait pas leur courage. Il y a une vingtaine d'années, Vous-Savez-Qui a commencé à chercher des adeptes. C'était une sombre époque. On ne savait plus à qui faire confiance. Certains recherchaient le pouvoir, mais beaucoup l'ont suivi parce qu'ils avaient peur. Tous ceux qui lui résistaient étaient tués. Le seul endroit où on était encore en sécurité, c'était Poudlard. Vous-Savez-Qui n'a jamais osé s'attaquer à l'école. Dumbledore était le seul qui arrivait encore à lui faire peur.

-Au final, est-ce qu'il est...mort ? demanda Harry.

-Difficile à dire. Nous sommes nombreux à penser qu'il est toujours vivant, mais trop faible pour continuer. Cette nuit-là Harry, tu lui as fait perdre ses pouvoirs et tu l'as réduit à néant. Attends un peu d'être à Poudlard et tu verras comme tu es célèbre !

-Sauf qu'ils n'iront pas là-bas !

Je sursautai. J'avais complètement oublié la présence des Dursley au fond de la cabane.

Mais l'oncle Vernon n'avait pas encore abandonné la partie.

-Ils feront leurs études, comme c'était prévu, au collège le plus proche et ils nous en seront très reconnaissants.

-Je ne pense pas Monsieur, grogna Hagrid. Ils iront étudier la magie dans la meilleure école de sorcellerie au monde et auprès du plus grand maître que Poudlard ait jamais compté, Albus Dumbledore.

-Je refuse de payer pour qu'un vieux timbré leur apprenne des tours de magie ! se mit à hurler l'oncle Vernon.

De toute évidence il était allé trop loin. Hagrid empoigna son parapluie et le fit tourner au-dessus de la tête de mon oncle, le regard menaçant.

-N'INSULTEZ...JAMAIS PLUS...ALBUS DUMBLEDORE...DEVANT MOI.

L'oncle Vernon se recroquevilla.

-On ferait bien d'y aller, ça s'est enfin calmé, dit Hagrid en se dirigeant vers la porte.

Puis se retournant vers Harry et moi :

-Sauf si vous préférez rester ici, bien sûr .

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