Le Masque des Métamorphoses

Chapitre 7 : Brocéliande

Chapitre final

7086 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/12/2020 11:30

Les deux sorciers mirent pied au sol au creux d’un talus bordé de noisetiers sauvages et de ronces garnies de mûres. Les fruits, pas tout à fait blets, laissaient un goût amer dans la bouche. Henri, déçu, recracha. Le soleil, en pleine croissance, se cachait encore derrière les arbres qui badigeonnaient de leur ombre un chemin de terre. Le duo longea la lisière de la forêt, et alors que le tracé bifurquait vers un champ déjà moissonné, dans l’angle du virage apparaissait, entre les feuilles et les racines, un sentier de terre.

—   Je suppose que c’est par là, dit Martin en écartant les branches pour franchir l’orée.

Ils s’engagèrent dans la forêt et suivirent le sentier qui lézardait entre les troncs. Plus ils avançaient, plus la lumière était filtrée par la canopée. L’obscurité s’épaississait au fur et à mesure que le feuillage gagnait en densité. Après une demi-heure de marche, sans s’écarter du chemin difficile à suivre car couvert par les feuilles, après avoir bondi par-dessus des troncs morts, escaladé un escarpement de roche, être descendu le long d’une pente abrupte qui terminait dans une bauge, puis traversé un cours d’eau qui montait jusqu’aux genoux, s’être courbés sous un menhir et enfin avoir sauté une ravine, ils débouchèrent sur une clairière baignée par un rayon d’été. Au centre, à l’ombre d’un grand chêne, une petite masure de bois couverte de mousse et de lierre ne payait pas de mine. Un ruisseau clapotait entre les rochers, et les herbes étaient si hautes qu’elles obstruaient presque l’habitat.

Un gnoubouc sortit sa tête de l’herbage, une touffe entre les dents. Il lui manquait une corne à sa gauche quand l’autre, plus grande qu’un bras, s’enroulait sur elle-même. La créature scruta les nouveaux venus en mastiquant tranquillement, il semblait peu inquiet quant à leur attention. Il baissa la tête pour continuer son repas et les deux sorciers le perdirent de vue. Une trainée de fumée blanche sortait par la cheminée à l’arrière du toit, elle allait se perdre dans la frondaison du chêne. La cabane était habitée.

Les deux Aurors s’avancèrent à travers les herbes encore humides. Ils franchirent le ruisseau d’un petit bond, contournèrent un parterre d’aconits, et allèrent faire part de leur présence.

—   L’endroit est tout à fait charmant, commenta Henri en écrasant un gland.

Une bouche se dessina sur la porte et demanda d’une voix nasillarde.

—   C’est pour quoi ?

—   Bonjour monsieur Inradix, excusez-nous de vous déranger. Nous sommes les inspecteurs Lazare et Dessouche, Aurors au Département des Affaires de Criminalités Magiques. Nous avons reçu un courrier de Monsieur Soupoudré, le directeur adjoint de l’Académie de Beauxbâtons. Nous voilà suivant ses recommandations.

—   Ah oui, ce drôle de phénomène qui m’a écrit, répondit la porte, entrez donc messieurs, tirez la chevillette et la bobinette cherra.

La maison n’était pas plus grande au-dedans qu’au-dehors. Un simple lit de paille recouvert d’une peau de bête et éclairé par la lueur d’un feu suffisait à remplir une bonne partie de la pièce. Un chaudron de cuivre mijotait dans l’âtre de la cheminée remué en continu par une louche métallique rouillée. Le brasier était entretenu à bonne température à l’aide d’un soufflet qui de temps à autre caressait les braises pour revigorer les flammes. Un doux mélange d’épices embrassait les narines et embaumait les murs. Des gousses d’ail tissées et de la charcuterie étaient suspendues aux solives qui tenaient le chaume du toit. Une mousse d’un vert-gris et des feuilles de lierre s’incrustaient par les interstices des poutres et de la cloison et s’enracinaient dans le plafond. Des casseroles en cuivre en ordre de grandeur étaient accrochées à une archelle vissée au-dessus d’un pan de travail où s’exposaient des couteaux de boucherie proprement lavés, une pierre à limer encore solide, et un morceau d’entrecôte fraichement taillé. A côté un pilon broyait dans son mortier des racines de livèche mélangées à de la poudre d’iris. Un énorme tonneau en chêne rempli d’hydromel reposait dans le coin de la pièce alors qu’une chouette dormait d’un œil sur son perchoir.

Sur la table, au cœur de la pièce, un grimoire de cuisine ancestral écrit par Marie Nehmpas était ouvert à la page préparation d’un « Salmigondis de Biftouflor ». Autour du livre, sur l’épaisse planche à découper, un tas d’ingrédients plus ou moins comestibles attirait l’œil sans logique apparente. Des tranches de viandes crues finement coupées et tout juste parsemées d’herbes aromatiques se mêlaient à divers champignons d’une palette d’artiste, allant d’un jaune champêtre semblable à des giroles à des dômes d’un beige plutôt enneigé. Il y en avait même un d’un chapeau rouge clinquant couvert de points blancs qui laissait présager qu’un tour aux toilettes serait offert. Une cosse de pitaya partageait une panière à côté d’un chèvrefeuille, des feuilles de laurier séchées, du thym garroté, et d’une tige fruitée de belladone. Des groseilles agglutinées dans un saladier commençaient à se transformer en bouillie sous leur propre poids. Non comestible en l’état, une racine de mandragore, fœtus à peine né, était noyée dans l’eau limoneuse et terne d’un bocal de verre. Au bout de la table, levée sur deux pattes, la truffe en l’air et la salive plein les babines, une souris, pas plus grosse qu’un pouce, attendait patiemment l’heure du repas, subjuguée par les délicieux arômes qui s’envolaient aux quatre coins de la cabane.  

—   C’est tout à fait charmant chez vous, répéta Henri à l’intéressé en ôtant son béret. Je ne sais pas ce que vous mijotez mais cela m’a l’air tout à fait délicieux.

—   C’est du ragoût, répondit l’homme tout excité. Vous prenez une entrecôte, vous y ajoutez des patates, des carottes, du fenouil, et de la mimortelle (un champignon qu’on ne trouve que sous les dolmens). Vous pouvez l’agréer d’une sauce tomate égrainée avec une goutte de ciguë pour adoucir le tout. Tout le secret est dans la cuisson. Trois heures à cent cinquante-trois degrés à hauteur d’une baguette des flammes. Je vous invite à manger ?

—   Ce serait avec joie monsieur Inradix, dit Henri, mais nous sommes là dans le cadre d’une enquête urgente et….

—   Trêve de balivernes gamin, coupa le vieillard plus revêche. Je vous invite à manger, il n’y a rien de plus urgent. Vous ne pouvez pas me refuser cet honneur, ce n’est pas tous les jours que je reçois du monde. De toute façon je ne répondrai à vos questions qu’une fois à table, car j’ai la mémoire dans le ventre, et lorsqu’il est vide, je ne me souviens de rien.

—   Une invitation comme celle-ci ne se refuse pas, intervint Martin. Il s’amusa de la consternation d’Henri.

Ligno Inradix était un vieillard recroquevillé sur lui-même. Sa longue barbe grise trainait sur le sol et s’emmêlait souvent dans ses pieds. Heureusement qu’il avait le pas tranquille. Il s’aidait d’une canne sculptée dans un bois rare pour avancer comme avance un vieillard, le nez dans les chaussures. Il portait un chapeau de sorcier et une longue robe bleue plus courte que sa barbe. Il avait les yeux pétillant d’une énergie intempestive. Cet homme débordait de magie.

—   Ce n’est pas une simple canne ? interrogea Martin en désignant le bâton avec un nœud de tire-bouchon sur lequel s’appuyait Inradix.

—   Effectivement, répondit le vieillard, vous avez du nez, c’est ma baguette magique.

—   C’est un bâton d’enchanteur ! s’exclama Henri tout excité, c’est la première fois que j’en vois un. Ça ne se fait plus de nos jours. Vous êtes donc un véritable enchanteur, comme Merlin ?

Le vieil homme sourit derrière sa tignasse de poils.

—   La comparaison me flatte, mais n’exagérons rien, même s’il est vrai que je suis plutôt habile dans ce domaine, ce qui, je crois, est plutôt rare chez les sorciers d’aujourd’hui, s’empressa-t-il d’ajouter. C’est une vieille magie qui demande beaucoup de temps, beaucoup de patience, de concentration, et une mémoire infaillible. Et puisque vous y faites référence, le bois de ce bâton provient de la forêt de Brocéliande, la forêt où vivait le sorcier que vous nommez et dans laquelle nous nous situons actuellement.

—   Ce n’est pas un hasard commenta Martin qui faisait le tour de la pièce. J’ai lu dans Histoire de la Magie au Moyen-âge que l’on pouvait trouver dans cette forêt une espèce d’arbre tout à fait unique aux grandes propriétés magiques. Mais au cours du temps les sorciers ont tellement utilisé ce bois que l’arbre a totalement disparu.

—   Vous êtes bien renseigné jeune homme. Dites-moi, je ne vous ai jamais eu dans ma classe ? Je me souviens bien des élèves brillants, or je ne me souviens pas de vous.

C’est que vous n’étiez déjà plus là, dit l’inspecteur en se piquant le bout du doigt avec la pointe d’un rouet qui filait silencieusement une laine mauve dans l’encoignure de la pièce ; la pelote servirait à tisser une cape d’hiver, un bonnet contre le froid, et des moufles assorties.

—   Mm mm ! Ceci explique cela, reprit Inradix. Pour vous répondre, disons que oui… l’arbre n’existe plus aujourd’hui, grâce à la bêtise des hommes. Mais comme vous le voyez, quelques reliques fort rares ont subsisté, et c’est ce à quoi je m’intéresse depuis mon plus jeune âge, protéger ce qui reste des temps anciens. Ce bâton m’a été donné par mon père qui le tenait lui-même de sa mère. J’estime sans certitude qu’il a environ mille ans. Depuis le temps où je l’ai en ma possession, je lui devine encore des secrets bien cachés. Il faut bien plus de temps pour apprendre à maitriser un bâton d’enchanteur qu’une simple baguette magique. Du temps et de la patience. Je ne connais personne d’autre qui ne possède autant de connaissances que moi en ce domaine, se vanta le bonhomme. Seulement les enfants, continua Inradix avec l’éloquence de l’homme passionné, les enchantements, c’est fatiguant, ça vous épuise. Pas étonnant que les sorciers aient fini par préférer les baguettes. Plus simple à produire, plus facile à manipuler, pour des résultats qui semblent similaires pour le commun des sorciers. Mais de vous à moi, poursuivit-il, avec moins de profondeur, moins de consistance qu’un vrai bâton d’enchanteur bien maîtrisé. La raison de cette ignorance est simple, les magiciens de notre siècle n’ont plus le savoir-faire de nos anciens, nous avons perdu bon nombre de leurs secrets ; nous n’avons plus la patience de nous y consacrer...

—   Mais alors, quelle différence concrètement avec une baguette magique, demanda Henri poussé par la curiosité et qui était suspendu aux lèvres du bonhomme ?

Inradix parut ravi qu’on lui pose la question.

—   Voyez-vous, répondit-il plein d’allégresse comme s’il était devant une classe, une baguette est comme le prolongement de vous-même, ce qui fait qu’elle ne s’échange pas si facilement, il ne suffit pas de piquer celle d’un autre pour en devenir comme maître et possesseur. La baguette pourra obéir, certes, mais elle manquera de cœur si je puis dire. Elle agit comme un conducteur. Mais vous pouvez supprimer sa baguette à un sorcier, il survivra. Un bâton d’enchanteur, ça n’a rien à voir, c’est davantage une partie de vous-même, et la nuance est grande, il puise…

—   Je suis désolé d’interrompre la discussion, coupa Martin promptement, mais nous ne sommes pas venus pour une leçon de magie.

—   Vous êtes peut-être venus pour une leçon de vie ? ironisa Inradix qui ne cacha pas la déception d’être interrompu dans son élan.

Il donna un coup sec sur le sol du bout de son bâton, et la table se débarrassa, laissant place à des assiettes creuses, du saucisson aux truffes coupé en tranches, du pain encore chaud prêt pour saucer, un petit chaudron du ragoût tant vanté, et un saladier de tomates coupées au carré et recouvertes de pétales de jusquiames émincées. Un morceau de fromage se glissa sous le nez de la souris qui s’en saisit et alla le dévorer au pied du perchoir de la chouette qui veillait avec bienveillance.

—   Voyez ce pain, dit Inradix en changeant du tout au tout, c’est une recette de Moldu. Une vraie réussite n’est-ce pas ? Ils n’auront cessé de m’étonner toute ma vie. Pourtant qu’elle fut longue.

—   Rassurez-moi, elle n’est pas encore finie, demanda Martin ?

—   Pas encore, pas encore, mais enfin, je suis plus proche de la fin que du début. Je parle, je parle, c’est que je n’ai pas souvent des invités. La dernière fois, c’était… asseyez-vous donc, ce sera plus pratique pour manger.

Les deux Aurors s’exécutèrent et on servit les assiettes à la louche.

—   C’est délicieux, complimenta Henri.

Après deux premières bouchées, Martin relança la conversation. Il avait préparé sa plume-à-gratter.

—   D’après la lettre de Mr Soupoudré, vous avez enseigné la métamorphose à Beauxbâtons il y a cinquante ans. A l’époque vous avez dû croiser un élève du nom Celo Sancielo. Martin s’essuya les mains sur une serviette en popeline pour présenter un portrait du jeune homme au cuisinier. Ce dernier saisit l’image et la fixa attentivement. Ses yeux se voilèrent. C’était un élève particulièrement brillant, continua l’inspecteur, vous souvenez-vous de lui ?

Le vieillard, une larme à l’œil, chercha ses mots.

—   Ça ne me rajeunit pas tout ça, soupira-t-il. Par où commencer ?

—   Par où vous voulez.

—   Le petit Sancielo, dit-il après un long silence, n’était pas qu’un bon élève, il était doué, vraiment. J’ai rarement vu un sortilège lui résister longtemps. Au début c’était un garçon assez discret, plutôt atypique, le genre de gamin passionné par la magie, comme beaucoup de Sang-de-Bourbe au même âge. Quand il est arrivé à l’école, il ne connaissait pas grand chose. Il s’est sans doute laissé impressionner par ce nouvel univers. Un Moldu, rendez-vous compte, quel changement cela fut pour lui ! Je n’y prêtais guère plus d’attention, j’ai cru que c’était un enfant simplet, mais je l’avais mal jugé. Je ne pensais pas qu’un Moldu puisse devenir aussi talentueux.

—   Comment ça ?

Le vieux sorcier mit son assiette de côté. Il bascula sur son tabouret, l’iris tourné vers la minuscule fenêtre contre laquelle rebondissait une mouche.

—   Que voulez-vous dire, insista Martin ?

Inradix enroula sa longue barbe autour de sa main.

—   Le petit Moldu était un élève attentif. Il passait son temps à observer, il cherchait à comprendre, à reproduire. Il trainait souvent seul à la bibliothèque, ou dans des salles d’études pour s’exercer. C’était un gros bosseur, ça je m’en souviens bien, toujours à demander des conseils. Il s’est révélé rapidement être un habile magicien, surtout en ce qui concerne les métamorphoses, très habile même. Il a appris assez tôt à manipuler toute forme de matière. Entendez bien, toute forme de matière, ce qui était très surprenant pour son âge quand on sait par exemple que l’on commence à aborder sérieusement la métamorphose du vivant en sixième année. Ça m’avait marqué à l’époque. Les résultats d’examens de fin de cycle sont généralement mauvais en la matière, ça fait partie de ce qu’il y a de plus difficile dans le cursus. Vous pouvez demander à des sorciers confirmés de transformer rapidement un chien en chat, peu y arriveraient du premier coup, et pour un résultat plus que douteux. Sancielo, lui, ça ne lui posait pas de problème, il avait une âme d’artiste.

—   Vous avez un exemple ?

—   Oui, un exemple très marquant, un bon souvenir d’enseignant si je puis dire. Pendant une de mes leçons, une camarade, dont je ne me rappelle plus le nom, menaçait d’écraser une belle araignée avec son manuel. Le garçon est intervenu, il a transformé la bête, je parle de l’araignée pas de la fille, en une très jolie fleur. Puis la fleur a commencé à croître rapidement, rien que ça c’était exceptionnel pour son âge. Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là. Les racines se sont enroulées autour de la demoiselle. Elle, prise de panique, au lieu de réfléchir avec sa tête, elle s’est mise à hurler, un peu comme une truie qu’on égorge, vous voyez ? Il faut dire que la plante s’était transformée en petit Filet du Diable. J’ai dû intervenir pour mettre fin à la plaisanterie. L’étudiante, qui était charmante par ailleurs, a retourné une belle gifle à son camarade puis elle est sortie en pleurant. Martin aurait juré qu’un rictus avait erré sous la barbe du vieillard. Sur le moment je ne savais pas quoi dire, le sortilège était une parfaite réussite, très beau, sans fausses notes. Je dois avouer que j’étais très impressionné.

Un silence gêné envahit la pièce, on n’entendait plus que les respirations saccadées de la chouette endormie et de la souris qui roupillait sur sa tête. Même la plume-à-gratter était suspendue aux lèvres d’Inradix. Martin attendait la suite pendant qu’Henri se battait avec un morceau de viande.

—   J’ai été très attristé d’apprendre sa mort, reprit le vieillard à voix basse, l’horreur du crime m’a marqué. Quel talent gâché. Un artiste je vous dis, victime de la barbarie. C’est rare de voir des Sang-de-Bourbe aussi talentueux, quel dommage...

Le visage marbré, l’enseignant ne riait plus. Ses yeux étaient humides, le larmier gonflé et plein à craquer.

—   J’ai commencé à douter des hommes durant cette période, vous comprenez, j’ai perdu beaucoup d’anciens élèves, et je n’ai pas su les protéger ; j’en ai connu d’autres qui ont commis des actes affreux, et je n’ai pas su les en dissuader. J’ai vécu ma carrière d’enseignant comme un véritable échec ! Qu’ai-je appris à ces jeunes, des tours de passe-passe ? Mais la magie, mes petits amis, c’est un art de vivre, s’il suffisait d’agiter sa baguette ce serait trop facile. Les sortilèges les plus réussis, les plus inaltérables, sont toujours imbibés de passions et de sentiments, sculptés avec délicatesse comme Bardonnus la Jeune travaillait le bois et la pierre, jusque dans leurs moindres détails, dans ce qui est invisible à l’œil. Les anciens l’avaient bien compris. Nicolas aussi d’ailleurs. Voyez-vous, je crois sincèrement que celui qui se contente de réciter deux trois formules pour mouvoir les objets ou blesser les hommes, que celui-là n’y connait rien en magie. Je n’ai pas su transmettre ce message à mes jeunes. Mais j’avais reconnu chez le gars Celo cette même passion dévorante qui brûlait en moi au même âge, ce Sang-de-Bourbe entrevoyait les infinies possibilités qu’offre la magie, c’était mon rôle de l’aider, quelles que soient ses origines.

Martin et Henri croisèrent un regard discret. Ils tenaient quelque chose. Henri sauça son assiette la bouche pleine. Il se régalait.

—   Nous sommes désolés, ajouta Martin, de remuer votre passé, mais je voudrai insister. D’après ce que nous avons compris d’autres histoires de ce genre se sont reproduites, le saviez-vous ? Celo a utilisé la magie à de nombreuses reprises contre d’autres élèves. N’est-ce pas ?

—   Evidemment, comme tout élève, répondit-il à leur plus grand étonnement. Vous savez, à cet âge-là, le droit appartient au plus fort. Ces petits gars se transforment en coqs. Qu’un élève enfreigne les règles, n’est-ce pas chose courante dans une école, pour ne pas dire normale ? A quoi sert la magie si on ne peut pas l’utiliser ? L’école est faite pour ça, pour s’exercer. Il faut mieux se tromper dans l’enceinte du château que dans la vraie vie, car dehors ça ne pardonne pas. Il caressa sa barbe comme une crinière. C’était un élève très intéressant. J’ai eu avec lui de longues heures de discussion, sur tout et n’importe quoi, c’est ça, il posait des questions sur tout. La curiosité, l’envie d’apprendre, ce sont les premières qualités d’un élève. C’était un très bon gars. Il n’y avait que l’enseignant de l’Histoire des Moldus pour s’en plaindre, ce monsieur Lapierre, un gentil homme, mais un incompétent je vous dis. Je me souviens qu’il pestait souvent contre Sancielo, apparemment il le contredisait. Il a fini par sécher ses cours au prétexte qu’ils étaient inutiles. « Monsieur Lapierre enseigne un tas de bobards » m’avait-il dit ; je ne l’ai pas dissuadé, car de toute manière l’enseignant n’en voulait plus, il le considérait comme un élément perturbateur. Rien d’étonnant.

—   L’enseignant des Moldus ? Monsieur Lapierre dites-vous ?

—   Oui c’est cela, vous l’avez connu ?

—   Mon père l’a eu deux ans. Hélas, le pauvre homme a été retrouvé mort en Angleterre, dit Martin qui s’efforçait de se souvenir du discours de son paternel.

—   Je sais bien répondit le petit homme. Terrible histoire encore. Fut un temps où il n’était pas bon de s’intéresser de près ou de loin aux Moldus.

—   Si j’ai bien compris, reprit Henri qui ne perdait pas une miette de l’histoire, quand vous dites que vous parliez beaucoup avec Sancielo, voulez-vous dire que vous ressentiez davantage d’affection pour lui ?

Inradix soupira, pausa sa fourchette et but une gorgée.

—   Pas spécialement, répondit-il sincèrement. En vérité je me gardais bien d’enseigner selon les sentiments. Mais certains élèves vous marquent plus que d’autres, en bien comme en mal. Vous savez, j’ai eu des milliers d’étudiants durant toute ma carrière. Pourtant, je me souviendrai de chaque visage. Encore plus quand il s’agit des élèves surprenants. C’était le cas avec ce petit Moldu. Nous avons beaucoup discuté, mais toujours de maître à élève. Il s’intéressait beaucoup aux enchantements, à la magie très ancienne, j’étais ravi de partager cette passion avec lui. Il m’est bien arrivé de créer des liens d’amitié avec d’anciens étudiants, d’entamer des correspondances, de me tenir informé, mais hélas, avec lui je n’ai pas eu le temps, c’était la mauvaise période, ses origines lui ont coûté la vie. Un crime horrible, barbare, quel gâchis…

Le feu s’essoufflait dans la cheminée. Il ne restait, pour ainsi dire, plus que des braises incandescentes. Le vieux sorcier agita son bâton. Le chaudron, encore garni, laissa place à une grille posée une dizaine de centimètres au-dessus du foyer. Trois fines tranches de viande, du goula (moins fort que la viande d’ovinés), crépitèrent ; la graisse jutait entre les barreaux, ce qui fît frémir le feu, relançant ici et là de petits germes de flammes. Inradix fit saupoudrer d’une mince pellicule d’épices les morceaux encore saignants. Il expliqua la manœuvre :

—   Vous laissez dorer la viande cinq minutes par côté. J’espère que vous avez encore un peu de place, car c’est exquis trempé dans une sauce à la moutarde. Je tiens absolument à ce que vous y goûtiez.

—   Monsieur Inradix, reprit Martin pour recentrer la conversation vers l’essentiel, j’ai deux autres questions à vous poser. Connaissez-vous un quelconque ami à Celo, un camarade avec lequel il aurait eu davantage d’affinité ? Et ma seconde question, la plus importante, à votre avis, un sorcier qui s’y connait dans l’art de la métamorphose peut-il changer son visage sans que l’on puisse le reconnaitre et de manière, disons… définitive ?

—   Pour votre deuxième question, je n’en sais fichtrement rien. Je n’ai jamais essayé à vrai dire, mais avec de l’application et de la patience… oui, pourquoi pas ! Il faut être sûr de ne pas se louper. La nature finit toujours par reprendre ses droits. A moins d’un puissant enchantement… Je pense qu’il faut mieux regarder du côté des valeurs sûres, le Polynectar reste la solution la plus fiable que je connaisse. D’accord la potion est longue à préparer, il faut en boire régulièrement, mais c’est aussi le moyen le plus facile. Il ne faut pas grand chose, un poil, un cheveu, un ongle, de l’homme dont vous voulez prendre l’apparence, et le tour est joué. Vous pouvez tenir longtemps avec ça. Et si on se trompe, une potion à base de mandragore suffit pour corriger l’erreur. J’ai plein d’exemples en tête. Vous avez sans doute entendu parler de l’affaire Croupon-Junior, celui qui s’est fait passer pour Alastor Maugrey, le grand chasseur de mages noirs, tout ça aux yeux et à la barbe de son ami Albus Dumbledore ?

—   J’ai vaguement entendu parler de ça, intervint Henri, mais je ne me souviens plus trop.

—   A l’époque, relaya Martin, quand le Lord Noir cherchait à retrouver un corps, il a glissé une taupe à Poudlard afin de faire parvenir le jeune Potter jusqu’à lui. Maugrey Fol Œil, comme on l’appelait, avait été nommé professeur…

—   Mais oui ! s’écria Henri, Fol Œil, bien sûr ! ça me revient. J’avais sa carte de Chocogrenouille quand j’étais gamin. C’est un Mangemort qui a pris sa place. Le vrai Fol Œil s’est fait tuer quelques années après.

—   Vous resituez ?

Henri acquiesça. L’inspecteur se tourna vers Inradix qui surveillait la cuisson de la viande.

—   Et en ce qui concerne les amis de Sancielo ?

—   Je ne saurais trop vous dire, répondit le vieillard. Je le voyais trainer de temps à autre avec le jeune Cateli.

—   Voulez-vous dire Leoni Catelo ? rectifia l’inspecteur.

—   Ça y ressemble, vous savez, un jeune qui n’a pas très bien tourné.

—   J’ai moi-même arrêté Catelo il y a quelques années, précisa l’Auror.

—   Ah bon, s’étonna à peine Ligno Inradix en remettant un fagot dans le feu.

Hésitant, il ajouta :

—   Il y avait aussi cette jeune fille avec son drôle d’accent, les parents travaillaient en France, elle et son frère ont fait leur scolarité à Beauxbâtons. Sur la fin, ils trainaient pas mal ensemble. Comment elle s’appelait ?

—   Brumwink ? essaya Henri en se remémorant les archives.

—   Brumwink ? Non, ce n’est pas ça. A moins que… ! Non ! Je ne saurais rien vous promettre, de vagues souvenirs qui ressurgissent comme des flashs, tout ça s’emmêle un peu, c’est si loin, si loin, répéta-t-il.

Sa voix faiblissait, il s’endormait.

—   Monsieur Inradix ! s’inquiéta Martin.

Le vieillard sursauta. Il avait les yeux plus humides que jamais.

—   Ça va, ça va, s’exclama-t-il, je n’ai pas besoin de votre pitié.

Puis il regarda les deux hommes comme s’il les découvrait pour la première fois.

—   Tous ces souvenirs, marmonna-t-il avec la voix des regrets, découragé. J’ai enterré tellement de monde. Des gamins, à l’époque. Je les ai eus alors qu’ils n’avaient pas dix ans. Celo Sancielo, mort. Leoni Catelo, zinzin. Qui aurait pu prédire en voyant ces mômes ? C’était pourtant un gars bien, ce petit Leoni ! Gentil, serviable, avec de la malice dans les yeux.

L’enseignant fixa Henri sans vibrer d’un sourcil, il était convaincu par ses propres mots lugubrement jetés.

—   Ce n’étaient pas de mauvais gosses, inspecteur, ce qu’ils allaient advenir n’était pas écrit dans leur chair. Je ne comprends pas, qu’est-ce qu’on a manqué ? Comment les hommes ont-ils pu s’entretuer avec tant de rage, pour des questions de sang, de pouvoir ? Si j’avais eu cet imbécile de Jédusor entre les mains, je l’aurais…, je l’aurais…

Il pressa sa barbe comme s’il tordait le cou à une poule.

—   Ça n’aurait rien changé, conclut Martin. Vous ne pouviez pas savoir.

—   Et même en le sachant, continua l’autre, peut-on seulement tuer un enfant en sachant ce qu’il adviendra, en sachant qu’il deviendra responsable de la mort de milliers d’autres ?

Il soupira.

—   Je ne l’aurai même pas pu, même pour sauver l’univers.

—   Vous n’êtes pas responsable des sorciers qu’ils sont devenus, consola Martin. Vous leur avez donné les moyens de réfléchir. Ils ont pris leurs propres décisions.

Inradix secoua la tête, désemparé, comme s’il n’avait pas entendu, s’enfonçant davantage dans sa mélancolie.

—   Regardez le gars Luxward, reprit-il, la même couvée que les deux autres. Il ne savait pas manier une baguette quand il est arrivé. Il ne savait même pas ce qu’était un bézoard. Un garçon marrant, plein d’humour, et de bonne famille. J’avais eu la mère en cours. Mais quand au bout de huit ans il a quitté Beauxbâtons, il s’est transformé en bête à tuer. Une bête, c’est d’ailleurs comme ça qu’on l’a retrouvé, bouffé par un vampire, comme une charogne, vidé de son sang. J’ai en tête plus de morts que de vivants, alors vous comprenez ! J’ai fui les hommes, lâchement peut-être, mais j’ai préféré m’enterrer dans la solitude de la forêt pour y finir mes vieux jours. J’essaye de protéger ce qu’il en reste… Avec ces satanés Moldus, j’ai fort à faire. Ils détruisent tout ce qu’ils touchent ceux-là. Finalement, je me demande parfois si le monde ne serait pas meilleur sans eux.

—   Vous vous rendez compte que les plus abominables sorciers du siècle dernier ont tenu le même discours que vous ? répliqua Martin effaré.

—   Je ne sais plus ce que je pense, pardonnez-moi, se calma le vieillard. Vous avez raison, la vieillesse n’est pas une excuse à tout. Mais croyez-moi, si je l’avais voulu, vous ne m’auriez pas retrouvé. Si Madame Maxime ne m’avait pas écrit d’elle-même, vous ne seriez pas là. Prenez cela comme une preuve de bonne volonté de ma part. Je connaissais vos intentions, alors ne me jugez pas trop vite, s’il vous plait.

—   On comprend votre chagrin, dit Martin avec empathie. Notre métier est de faire justice. Bien sûr, nous ne réparons pas les crimes passés, mais nous cherchons à mettre de la lumière sur l’obscurité. Nous ferons respecter la loi.

—   La loi, répéta Inradix requinqué, vous verrez avec l’âge, jeunes hommes, que ceux qui font la loi ne sont pas toujours plus justes que ceux qui la subissent.

—   Je verrai, répondit simplement l’inspecteur, en attendant, j’en ai fait mon métier.

—   Votre repas était très réussi, coupa Henri qui se leva d’un bond.

Il fit sursauter l’assemblée, mais la viande était en train de s’embraser. Des flammes s’attaquaient aux tranches dans un frémissement de graisse qui brûle. Le vieux sorcier claqua des doigts et le feu s’éteignit subitement, la viande avait légèrement grillé. Il prit un torchon et retira la grille.

—   C’est à cause du jus, précisa-t-il en posant les morceaux sur la table, c’est que la viande est de qualité.

Le repas se termina plus jovialement. On parla de tout et n’importe quoi, mais on évita de revenir sur les années de Beauxbâtons pour ne pas déranger davantage le vieillard qui paraissait fatigué d’avoir à se souvenir. Henri et Martin ne cessèrent de se réjouir des mets qu’ils avaient mangés, simples mais délicieux. On partagea un peu d’hydromel et Inradix se confia sur ses secrets de fabrication. Le bonhomme était un vrai grimoire à lui tout seul, et en toute chose. Il trouvait toujours une anecdote marrante pour illustrer ses propos.

La seule source de lumière restante provenait de la petite fenêtre carrée qui laissaient filtrer les rayons de l’été à travers la poussière collée sur la vitre. On voyait mal ce qu’il y avait dehors tant l’herbe était haute et que la maison était basse. Plus personne n’échangea de mots durant les lourdes minutes qui suivirent la dernière miette. La tablée rassasiée, chacun était plongé dans ses pensées.  

—   Nous sommes vraiment reconnaissants de votre aide et de cette invitation à manger, finit par s’exclamer Henri la mine gourmande, enthousiaste, ce qui rompit la monotonie du silence.

Repu, il songeait maintenant à se dégourdir les jambes.

—   C’était avec plaisir, répondit le vieillard qui se levait à son tour en s’appuyant sur sa canne.

Il accompagna les Aurors jusqu’au dehors. Un soleil de plomb aveuglait le ciel, ils crurent rentrer dans un four. Henri étant sorti trop vite, sa vue se brouilla et ses jambes se dérobèrent.

—   Eh bien mon garçon, se moqua Inradix, nul besoin de se presser pour se couvrir de fleurs, la vie s’en chargera.

—   Ce n’est rien, assura Henri, qui ne voyait plus rien, comme lorsque que l’on sort de son bain trop vite.

—   Si vous avez besoin de davantage d’informations, dit-il en cueillant une tige de ciboulette, vous savez où je suis. Envoyez-moi un hibou avant, autrement vous me chercherez en vain.

Après une brève séance de politesse, Martin et Henri s’en allèrent. Le gnoubouc était assoupi à l’ombre derrière la cabane. Martin n’avait pas vu qu’il avait une chaine à son cou, au bout de laquelle était attaché un pneu qu’il trainait partout où il allait. Les deux Aurors quittèrent la clairière. La chaleur avait séché depuis longtemps les dernières traces d’humidité. En franchissant la lisière de la forêt, ils purent constater, en se retournant, que la charmante masure avait disparue. Elle laissait place à un terrain de ronces et d’arbres morts où chantait un ruisseau.

—   Je ne connaissais pas ce drôle de personnage, dit Martin en premier. J’espère que vous êtes d’accord avec moi pour dire qu’on tient un truc.

—   Un homme fort sympathique, répondit Henri, dommage, il n’était plus là quand j’étais à l’Académie. On sent bien qu’il maîtrise son sujet.

—   L’expérience instruit plus que tous les livres du monde, rajouta Martin, Inradix doit en avoir vu de toutes les couleurs.

—   Quelque chose m’interpelle quand même, reprit Henri. Le bonhomme avait l’air d’en avoir gros sur la conscience.

—   Je me suis fait la même remarque, avoua Martin.

—   Qu’allons-nous faire, à présent, inspecteur ? Voulez-vous vous rendre au pénitencier de Leoni ?

—   On peut toujours essayer, mais je crains que cela soit une perte de temps. Leoni a eu l’honneur d’embrasser un Détraqueur. Vous connaissez les sentences, je trouve que le procès fut un peu trop expéditif pour le coup. Le Rhadamanthe a jugé court. La loi, c’est la loi. Enfin, ça ne m’empêche pas de dormir. Cependant, je crois qu’il va nous falloir retourner à Beauxbâtons. C’est toute la promo qu’il faut étudier... Il manquerait plus que notre bon Alicius Suspis soit sur la liste. Remarquez qu’il devrait se situer dans la tranche d’âge qui nous intéresse. Rejoignez-moi au Département, Henri, j’espère que miss Nicéphore du Cabinet des Affaires Moldues, aura davantage d’informations à nous communiquer sur la famille Sancielo. Je l’ai envoyée fouiller de ce côté-là, pour savoir qui était la mère.

Henri, perplexe, exprima ses doutes quant à l’utilité de la mission.

—   Voyez-vous, cher collègue, précisa Martin qui le vit faire la moue, j’ai eu la malchance de rencontrer Ovide de visu. Il était à un mètre de moi. Autant vous dire que cela n’est pas loin. J’ai vu son visage, j’ai vu son regard, et des yeux comme les siens, comme vous l’avez si bien dit, non seulement ça ne s’oublie pas, mais ça s’identifie facilement. J’espère que mademoiselle Nicéphore mettra la main sur des photos de la mère, et qui sait, peut-être du père. Nos espoirs sont minces, mais elle m’a assuré que le ministère Moldu gardait une fiche d’identité de ses concitoyens. J’espère qu’elle trouvera quelque chose qui nous permettra de valider ou d’invalider mon hypothèse, à savoir qu’Ovide et Celo sont une seule et même personne.

Henri haussa les épaules. Il ne partageait pas l’idée de son supérieur. Il la trouvait trop farfelue, et ne comprenait pas cette obstination de l’inspecteur pour les Moldus.

—   D’après ce que vient de nous en dire monsieur Inradix, ajouta-t-il pour défendre son point de vue, Celo n’avait pas l’air d’être un si mauvais bougre. Il ne ressemble pas à un tueur de Moldus en puissance.

—   Détrompez-vous Henri. La vie nous entraine souvent sur des chemins que nous n’avions pas prévus. Les plus grands meurtriers ont tous ceci en commun : ils savent tromper leur monde. Personne ne peut jamais prévoir ce qu’ils adviendront. Heureusement d’une certaine manière. Le destin n’est pas déjà écrit, il s’écrit au fur et à mesure. Un grand sorcier a dit un jour que ce sont nos choix qui nous déterminent, je vous laisse méditer là-dessus.

Sur ces paroles, il transplana, laissant Henri, une fois n’est pas coutume, seul à la fraicheur des arbres.

—   Et le Polynectar, s’exclama Henri comme si Martin était encore là, si c’est ça, faudrait bien qu’il trouve ses cheveux quelque part ? Pendant quarante ans ? Cela fait un peu long non ?

C’est alors qu’un nuage de confettis explosa devant lui et dessina un mot dans les airs : PATIENCE. 

Henri sourit. Quand l’inspecteur Lazare avait une idée en tête, il n’en démordait pas.


Laisser un commentaire ?