Aut vincere, aut mori

Chapitre 17 : Lykos

3162 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/10/2020 15:31

Le mois de septembre s’était terminé et Hermione n’avait guère avancé dans sa chasse aux horcruxes. Elle avait toutes les informations en main pour aller chercher la bague dans la maison des Gaunt et prévoyait d’y aller le week-end suivant. Elle avait assez traîné. Les professeurs les avaient assommés de travail, leur donnant un nombre incalculable de devoirs en prévision des Aspics, et elle n’avait pu avoir un moment à elle ces deux dernières semaines. Nous étions dimanche soir, et elle était installée dans son baldaquin, les jambes repliées, adossée contre son oreiller. Un peu plus tôt dans la soirée, les Maraudeurs avaient fait une grande annonce dans la salle commune, alors que tout le monde se prélassait après une journée de révisions éreintantes.


- Oyez, oyez, chers camarades, avait commencé James, votre groupe de Gryffondors préférés, les Maraudeurs, organise une soirée pour Halloween dans notre chère salle commune, ouverte à tous les étudiants ! Les élèves jusqu’en quatrième année auront un couvre-feu à 22h, ou notre chère Minnie nous tombera dessus. En revanche, pour ceux à partir de la cinquième année, pas de limites ! Inutile de préciser que les vipères qui poseront ne serait-ce qu’un pied dans cette salle se verront éjectées en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Quidditch ». Les déguisements sont exigés, et vous devez faire preuve d’originalité.


Il était descendu de la table dont il avait fait sa tribune sous les applaudissements enthousiastes de son audience, s’inclinant avec exagération. Il n’avait pu cependant échapper aux remontrances de Lily, qui l’avait menacé de faire interdire la soirée si une seule goutte d’alcool se baladait dans les verres. Il avait esquivé habilement ses questions et rejoint Hermione, restée en retrait jusqu’alors.


- Ecoute, avait-il dit en regardant sérieusement la jeune femme dans les yeux. Je sais que tu évites en général les attroupements, je l’ai remarqué depuis que tu es arrivée ici, et je ne veux absolument pas te forcer à quoi que ce soit. Mais ça nous ferait plaisir à tous si tu venais à la soirée d’Halloween.


La jeune femme avait été sincèrement surprise par ses propos. Elle ne pensait pas que James ou qui que ce soit avait prêté attention à ce détail, mais il était vrai qu’elle évitait généralement de se retrouver dans des assemblées, à cause d’un sentiment d’insécurité depuis le début de leur fuite avec Harry et Ron. Elle était sans cesse sur le qui-vive, et supportait les repas dans la grande salle avec difficulté, préférant s’éclipser en douce dans les cuisines ; son arrivée à Poudlard avait été rude pour les souvenirs qui l’avaient assaillie, mais également pour la présence d’un trop grand nombre de gens autour d’elle. Après tout, la dernière fois qu’elle s’était tenue au milieu d’une foule était à la bataille de Poudlard, et Merlin savait que ce n’était pas un souvenir plaisant. Elle avait développé un semblant d’agoraphobie, et tenait toujours sa baguette à portée de main, en prévention. Elle était ainsi réellement touchée par l’inquiétude de James. Mais elle ne pouvait pas rester indéfiniment à l’écart, n’est-ce pas ? Elle avait donc lancé un sourire rassurant au poursuiveur ; elle ferait un effort. Son sourire à lui avait été éblouissant, ravi qu’il était d’avoir pu la convaincre.


Elle leva la tête, admirant la nuit noire qui était tombée sur Poudlard, avant de réaliser la rondeur parfaite de l’astre nocturne. La pleine lune. Elle espérait de tout cœur que Remus souffrirait le moins possible durant cette énième nuit. Mais malgré les évènements futurs, elle savait que ce soir ses amis seraient tous avec lui pour l’aider à traverser cette nuit éprouvante.


Dans la cabane hurlante, Remus souffrait le martyre. Déjà, lorsqu’il avait emprunté le passage, l’influence de la lune se faisait déjà sentir et sa tête semblait vouloir exploser. Il s’était rué dans la pièce du haut, avant de s’écrouler sur le parquet de la chambre, le corps endolori, brûlant. Ses genoux avaient brusquement cogné le sol, lui laissant déjà des genoux écorchés. Sa transformation avait alors débuté. Tout d’abord, ses yeux avaient pris une teinte plus sombre, ses pupilles se rétrécissant. Puis tout n’avait été que douleur. Son corps se convulsait dans tous les sens, en une vaine tentative d’échapper au processus monstrueux de la transformation. Ses os se brisaient, s’allongeaient pour correspondre à l’anatomie du loup, envoyant des décharges de souffrance au pauvre Remus qui pour se contenir se griffait la peau, se mutilait. Il endurait tant bien que mal cette épreuve pour ne pas alarmer plus que nécessaire ses amis restés au rez-de-chaussée, sur ses instructions, pour qu’ils n’assistent jamais à cette mutation inhumaine. Ils le rejoindraient plus tard sous leur forme d’animagi, lorsque le loup aurait entièrement pris le dessus. Un craquement sinistre se fit entendre lorsque la métamorphose atteignit sa colonne vertébrale, achevant l’esprit de Remus, qui après sa lutte vaine finit par laisser le contrôle au loup. Un hurlement s’échappa de sa gorge, comme en un soulagement pour le loup d’avoir pu refaire surface. Reniflant l’air, il courut vers la sortie de la cabane, afin de s’élancer dans la forêt. Mais avant qu’il ne puisse commencer à chasser, un cerf, un chien noir et un rat surgirent devant lui, sautillant autour du loup, qui fut d’abord complètement déboussolé. Il tenta d’attaquer le chien, mais fut vite maintenu à distance par le cerf. Après une lutte brève, comprenant qu’ils ne lui voulaient pas de mal, le loup s’apaisa et se mit à courir avec ses étranges compagnons. Leur jeu dura jusqu’au petit matin, lorsqu’un Remus éreinté reprit sa forme humaine avant de s’écrouler de douleur et de fatigue sur l’herbe ornée de perles de rosée. Il fut néanmoins rassuré lorsque, dans un éclair de lucidité, il vit trois formes familières s’avancer vers lui. Il put enfin fermer les yeux.


Remus reprit ses esprits le lendemain, dans le calme de l’infirmerie de Poudlard. Ce qu’il détestait par-dessus tout dans sa malédiction était de perdre sa conscience humaine lors de la transformation, de ne plus être en contrôle de ses actions et par conséquent de pouvoir blesser n’importe qui. Cette pensée le terrifiait encore plus depuis l’année dernière, lorsqu’il avait failli tuer Rogue à cause de la mauvaise blague de Sirius. Son salut n’avait été dû qu’à James, qui avait sauvé in extremis sa nemesis d’une mort certaine et son ami d’une vie de culpabilité. Il portait déjà le fardeau de voir ses amis se mettre en danger pour un monstre tel que lui à chaque pleine lune, et n’aurait pu vivre en ayant une mort sur la conscience. En papillonnant des yeux, il vit que Sirius, comme à son habitude, avait attendu à son chevet, refusant d’aller en cours malgré les probables directives de Madame Pomfresh et du Professeur McGonagall. Le visage du brun s’éclaira lorsqu’il réalisa que son ami s’était réveillé. Il n’était pas en trop mauvais état ; ses genoux en avait pris un coup, ses côtes le lançaient et sa lèvre était tuméfiée, mais rien d’inguérissable pour le dragon de l’infirmerie. Elle avait certainement voulu attendre son réveil avant de lui donner des médicaments.


- Monsieur Lupin, je suis ravie que vous soyez réveillé. Si vous suivez mes prescriptions, vous pourrez sortir ce midi. Vous semblez vous être bien débrouillé pour une fois. Prenez les deux potions sur votre table de chevet dans l’immédiat, voulez-vous.


Le regard sévère mais concerné qu’elle lui lança éteignit toute velléité de protestation chez lui. Il obtempéra mais ne put s’empêcher de grimacer au goût infect des potions de régénération sanguine et du fameux remontant de Pomfresh. Sirius à ses côtés lui signifia qu’il devait retourner en cours maintenant qu’il était rassuré, mais promit de revenir dès que possible. Il lui laissa néanmoins un livre pour l’occuper pendant les quatre heures qu’il allait passer seul, que Remus attrapa avec reconnaissance. Il lut durant plus de deux heures, avant d’être interrompu par une voix hésitante.


- Remus… ?


Surpris, le lycanthrope se redressa brusquement, avant de grimacer. Ses côtes le faisaient encore souffrir.


- Oh Merlin, Remus, je suis désolée, j’aurais dû me signaler, excuse-moi, tu n’as pas trop mal ?


Ce fut une Hermione rougissante d’embarrassement qui lui envoya un sourire contrit ; il s’empressa de la rassurer.


- Non, ne t’inquiète pas, ça va déjà mieux, j’ai fait une mauvaise chute dans les escaliers, c’est tout.


Elle haussa un sourcil perplexe, avant de sourire en coin.


- Tu n’es pas très adroit… deux pattes gauches ?


Remus se figea sur place. Pourquoi parlait-elle de pattes ? Savait-elle pour sa condition ? Mais dans ce cas, pourquoi était-elle assise en face de lui, à lui parler comme à un être humain ?


- Remus, je te vois paniquer, je t’en prie, calme-toi. Je sais ce que tu traverses chaque moi, et j’en suis navrée. Et je ne dirai rien à personne, tu peux en être certain, ajouta-t-elle en voyant son air inquiet.


Celui-ci se changea en un regard abattu. Allait-elle lui faire du chantage ? Le menacer ?

           

- Remus, ce que tu vis, ta malédiction, n’est pas ta faute. Seulement une fois par mois tu laisses la place à une autre présence, mais en dehors de cette unique nuit tu es et restes Remus, le Maraudeur que je considère à présent comme mon ami. Je t’en prie, n’aies pas peur de ton secret, tu peux avoir confiance en moi.

           

- Et comment toi peux-tu avoir confiance en moi, Hermione ? Je suis un monstre sanguinaire, je pourrais te tuer sans même m’en rendre compte ! Je suis un danger pour chaque personne présente dans cette école, et je me demande chaque jour comment j’ai pu être aussi irresponsable et égoïste en venant étudier ici. Tu ne devrais pas rester là. Je t’en prie, laisse-moi.

           

- Non.

           

Il releva la tête, déconcerté par son aplomb. Il l’avait baissée au fur et à mesure de son discours, ne voulant pas avoir à affronter son regard apeuré ou dégoûté. Il fut surpris de voir une lueur de détermination dans son regard, et alors il sut qu’elle ne le détestait pas.

           

- Comment as-tu su ? interrogea-t-il d’une voix hésitante.

           

- Un grand ami souffrait de la même malédiction, Remus. Il a mis du temps à se convaincre qu’il pouvait avoir une vie heureuse, mais il a fini par être entouré d’une femme et d’un fils. Il méritait tant, ajouta-elle en baissant la voix.

           

Ses yeux s’embrumèrent, mais elle reprit bien vite le contrôle. Elle avança sa main pour enserrer celle de son ami, la caressant de son pouce, un sourire triste sur les lèvres. L’essentiel était qu’il sache qu’il était aimé et entouré. Sa partie animale n’était qu’un détail insignifiant par rapport à sa bonté, son intelligence, sa gentillesse. Elle se rapprocha pour l’entourer de ses bras et lui monter son soutien. Elle fronça néanmoins les sourcils en sentant une tension subite et se recula pour voir le visage qui lui faisait face devenir embarrassé en fixant un point derrière elle. En se retournant, elle découvrit le reste des Maraudeurs, et notamment un Sirius aux lèvres pincées. A côté de lui se tenait James qui ne savait pas où se mettre, tandis que Peter était dans l’incompréhension. Elle revint vers Remus et balbutia quelques encouragements, avant de s’éclipser de l’infirmerie. Elle fut immédiatement rattrapée par un Sirius passablement énervé.

           

- Je te ne suffis plus, alors ?

           

- Par pitié, Sirius, ne me fais pas une crise de jalousie. On fait absolument ce que l’on veut, et tu es tout à fait libre d’aller voir d’autre personnes. Non pas que je sois allée voir Remus pour cela, ajouta-t-elle précipitamment en voyant son visage incrédule. Il avait besoin de soutien, c’est tout, et tu le sais plus que personne. Je sais ce qu’il doit endurer chaque mois.

           

Elle pausa une seconde, lui laissant le temps d’assimiler cette nouvelle information. Voyant les engrenages de son esprit fonctionner à toute allure alors qu’il n’avait toujours pas bougé, elle décida de le laisser en plan. Elle savait pertinemment qu’il la rejoindrait plus tard pour continuer cette discussion, et elle avait d’autres choses à faire.

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Les Maraudeurs étaient réunis dans leur dortoir, après cette première journée de semaine. Remus, encore affaibli, était affalé dans son lit, la tête enfouie dans les différents oreillers qu’il avait réquisitionnés dans la chambre.

           

- Moony, rappelle-moi ce qu’elle t’a dit. Elle a juste débarqué, t’a annoncé son amour indéfectible pour les loups-garous, t’a câliné, pardon Patmol, et a promis que cela ne changerait rien à votre relation ? Oui, Sirius, purement amicale, la relation. Mais qu’est-ce qui t’inquiète, alors ?

           

James essayait depuis une vingtaine de minutes de remonter d’un côté le moral de Moony, qui désespérait qu’Hermione soit au courant de son petit problème de fourrure, et de l’autre de rassurer Sirius sur ses relations avec la jeune femme. Tout ce qu’il avait obtenu était des gémissements d’amoureux transi de la part de son frère de cœur, et une réaction d’inferus de la part de son loup préféré.

           

- Mais bon sang, je suis le seul à être sain d’esprit dans ce dortoir ? Queudver, tu me soutiens non ? Ils sont ridicules, on est d’accord ?

           

Le pauvre Peter prit à partie ne put qu’acquiescer aux dires du préfet-en-chef. Il tentait également tant bien que mal de remonter le moral de ses deux amis, sans succès.

           

- Bon, déjà, Sirius. Vous vous amusez ensemble, elle est parfaitement d’accord avec ce système et te permet quand même d’aller voir ailleurs, et ça te pose problème ? Ne me dis pas que tu t’es attaché à elle, quand même !

Ses yeux doublèrent de volume en voyant la mine désespérée de son meilleur ami, qui s’empressa pourtant de nier toute accusation de romantisme.

- Bon, je vais laisser couler pour cette fois parce qu’on a un autre problème sur les bras, mais n’espère pas t’échapper indéfiniment, Patmol.

Il se tourna vers Remus les bras croisés, en attente d’une quelconque réaction de sa part. Le lycanthrope finit par se redresser de mauvaise grâce.

- Bon, d’accord, James, souffla-t-il, je m’inquiète peut-être outre mesure, mais tu dois avouer que je ne m’attendais pas à ce qu’elle arrive sans crier gare en m’affirmant qu’elle connaît mon pire secret. Elle m’a dit qu’un de ses amis était aussi atteint par cette malédiction, mais ça me paraît quand même rapide pour détecter un loup-garou. On l’a rencontrée il y a à peine un mois. Et je ne vous en ai pas fait part jusque-là parce que je n’avais pas de preuves, et je n’en ai toujours pas d’ailleurs, mais mes sens lupins me mettent en alerte. A chaque fois qu’on lui pose une question personnelle, elle se braque et nous donne une demi-réponse, et qui à mon avis est loin de la vérité.

- Pour le coup, Corn’, intervint Sirius, c’est vrai. On a aucune info sur elle sauf celles qu’elle a bien voulu nous lâcher à son arrivée, et je ne suis pas non plus convaincu par ses réponses.

- Je vais suivre Moony et Patmol sur ce coup-là, Cornedrue, ajouta Peter. Elle nous cache quelque chose.

En voyant les airs déterminés de ses amis, James abdiqua.

- Très bien, je déclare ouverte l’enquête des Maraudeurs sur la dénommée Hermione Granger. Mais je maintiens que ce n’est pas une mauvaise personne, elle a simplement ses secrets. Comme nous tous.

Les quatre compagnons acquiescèrent. La maraude pouvait commencer.

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Bonjour à tous !


C'est le deuxième chapitre que j'arrive à poster en milieu de semaine, et je suis assez fière de moi !


Je savais en commençant cette fanfiction que je voulais écrire un chapitre sur la transformation de Remus, parce Dieu sait qu'elle me brise le coeur. Vous avez aimé ?


A dimanche,


Cassiopeia Von Black

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