Aut vincere, aut mori

Chapitre 16 : Pré-au-Lard

2502 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/10/2020 17:53

Lorsque Remus se réveilla, il eut l’impression d’avoir été piétiné par un hippogriffe. Il avait apparemment passé une mauvaise nuit, mais sans qu’il ne puisse pourtant se souvenir de mauvais rêves. Il émergea plus brusquement qu’il ne l’aurait souhaité, grâce aux cris de James et Sirius, qui se disputaient la salle de bain. Les ignorant, il leur passa devant sans qu’ils ne le remarquent et s’enferma pour prendre sa douche. Trois, deux, un… Les cris outrés de ses acolytes réalisant la situation et tambourinant à la porte le firent sourire. Il se prépara rapidement pour ne pas subir les foudres des deux zigotos et repassa devant eux, laissant le champ libre à Sirius qui claqua la porte au nez d’un James furieux. Avant de descendre, il lança un sourire d’encouragement à Peter qui allait devoir attendre une éternité…


- Salut Remus ! Bien dormi ?


Lily arriva devant lui, tout sourire.


- Très bien, merci Lily, et toi ?


- Super ! Je pensais faire un tour à la bibliothèque ce matin, tu veux te joindre à moi ? La potion que Slughorn nous a donné à analyser mérite quelques approfondissements…


- Oui avec plaisir, j’ai moi-même du mal avec le philtre de paix et les propriétés de la pierre de lune… Au fait, comment va Hermione ?


- Euh, elle va bien… Pourquoi ?


Remus fut surpris par sa propre question. Décidément, il se sentait bizarre ce matin.

- Oh, pour rien, je me demandais juste si elle s’habituait après une première semaine complète de cours.


- Rien à signaler, enfin, tu vas pouvoir lui demander toi-même ! Hermione, Remus voulait savoir comment tu allais. Poudlard te réussit jusque-là ?


Si Hermione fut troublée par sa sollicitude, elle n’en laissa rien paraître et acquiesça rapidement. Ils descendirent tous dans la grande salle et s’installèrent pour un petit-déjeuner rapide, avant de rejoindre la bibliothèque. Alors que Lily et Remus s’affairaient en potions, la jeune femme chercha un livre sur les pouvoirs de bâ. Elle n’avait pas pu plonger dans un sommeil réparateur suite aux événements de la veille, et ne cessait de se questionner sur son habileté à parler le fourchelang. Et étant donné le surnom que lui avait donné le basilic, fille d’Isis, elle était persuadée que cette nouvelle capacité était en lien avec le développement de son bâ ; Isis étant la déesse magicienne. Après une bonne heure de recherches infructueuses, elle finit néanmoins par trouver un grimoire lourd dissimulé dans le rayon des magies étrangères.

« La maîtrise de son énergie magique, ou bâ, peut avoir des avantages non négligeables dans l’assimilation de diverses compétences. Il s’est avéré que des sorciers égyptiens reclus ne connaissant que la langue ancienne des glyphes sacrés se révèlent capables par une intervention de cette magie de puiser dans les connaissances de leur interlocuteur pour pouvoir converser en langue commune. Cependant, nous ne sommes en mesure de déterminer ce qui serait à l’origine de ce phénomène de polyglottisme ; sans doute faut-il accepter une singularité temporaire et inexplicable : les sorciers une fois une fois ce besoin de communication passé ne semblaient pas pouvoir converser davantage en anglais commun. Pour plus d’information sur les hiéroglyphes sorciers, voir en pages 458 à 569. »


Elle ne fut pas le moins du monde étonnée par ce manque d’informations. Mais elle avait au moins eu la certitude que c’était bel et bien son bâ qui était intervenu, lui évitant de se faire croquer comme un boursouf.


Elle eut néanmoins une confirmation supplémentaire deux jours après, lors de son cours avec Heka. Après avoir longuement travaillé à diminuer la douleur qui l’étreignait lorsque son pouvoir se déclenchait, elle eut fini d’hésiter et se lança.


- Heka, je me demandais… Est-il possible que le bâ agisse de son propre chef, sans que j’aie à le diriger ?


Le professeur sourit, et répondit d’une voix amusée.


- Hermione, cette magie entière est contrôlée par les sentiments, et vous vous étonnez que votre inconscient demande de l’aide et puise dans cette source de magie de son plein gré ?


L’élève sourit à cette réponse. En effet, il était plus que probable que sa magie lui échappe, alors qu’elle commençait à peine à la comprendre.

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- Un peu d’aide ?

La lionne secoua la tête à la question de Lily, qui l’avait harcelée toute la semaine pour qu’elle vienne à Pré-au-Lard ce samedi.


- Lily, pour la énième fois, merci, je me débrouille seule. Et puis, ce n’est qu’une sortie, pas la peine de trop en faire…

- Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour Remus alors !


Hermione sursauta, interloquée.


- Pardon ?


- Je vois bien les regards qu’il te lance… Et tu ne me parais pas insensible à son charme ! ajouta-t-elle avec un clin d’œil en voyant le rougissement furieux de son amie.


Mais ce rougissement était plutôt un malaise. Après tout, elle avait connu Remus pendant plus de quatre ans, mais l’avait toujours vu comme une figure paternelle. Et pour couronner le tout, le souvenir encore vivide de son alter ego mort devant ses yeux écartait toute envie de plonger dans ses bras.


- Il n’y a rien du tout, Lily, ne te fais pas d’idées. Et il n’y aura jamais rien.


La rousse se rembrunit, apparemment froissée par ses propos. Remus était l’un de ses plus proches amis, et elle n’acceptait apparemment pas un rejet si brusque et surtout sans raison apparente.


- Je ne sais pas ce que tu lui reproches, il est tout à fait charmant, intelligent, attentionné et plus qu’agréable à regarder.


Hermione coupa court aux éloges de Lily.


- Si tu tiens tant que ça à caser les gens, Lily, applique tes propres conseils avec James. Il va finir par se lasser.


Elle se leva, ayant achevé sa coiffure, et descendit dans la salle commune en laissant une Lily outrée et sans voix. Les garçons les attendaient déjà.


- James, l’interpella-t-elle. Je ne vais pas supporter longtemps Lily. Tu voudras bien presser les choses avec elle pour qu’elle arrête ses velléités de Cupidon ? Merci bien.

La phrase eut pour effet de faire à la fois sourire et rougir James jusqu’aux oreilles, ravi d’avoir une autre personne dans son camp, alors que ses trois amis éclataient de rire. Mary, Marlène et Lily les rejoignirent bientôt, Lily jetant des regards encolérés à Hermione, mais elle l’ignora et ils gagnèrent le hall, avant de prendre le chemin de Pré-au-Lard. Le trajet se fit dans la bonne humeur ; Lily avant vite oublié leur altercation. Hermione regardait ce beau monde un peu en retrait, comme si elle s’interdisait inconsciemment de trop s’intégrer à cette vie. Elle ne pouvait s’empêcher de culpabiliser. Toute sa vie, Harry avait cherché à connaître ses parents et à se rapprocher de Sirius et de Remus, mais le destin les lui avait arrachés trop tôt. Bien sûr, il avait pu avoir quelques récits, mais les deux maraudeurs restants évitaient de manière générale ce sujet, par la douleur qu’il apportait. Leur jeunesse, malgré les bons moments, était devenue synonyme de trahison, de remords et de deuil. Ainsi, lorsqu’elle s’était retrouvée projetée à cette époque, Hermione avait d’abord été préoccupée par tous les évènements et l’angoisse de sa mission, mais plus elle tardait dans la recherche des horcruxes et plus elle culpabilisait de pouvoir passer autant de temps avec les proches d’Harry. Elle entendit Remus l’appeler et se rapprocha mécaniquement de lui alors qu’il la fixait de ses yeux miel.


- Par quoi veux-tu commencer, Hermione ? Il y a Zonko, la boutique de farces et attrapes, Honeydukes pour les sucreries, Scribenpenne ; il faudra d’ailleurs que j’y fasse un tour ; Derviche et Bang pour les objets magiques ou les Trois Balais pour aller boire une bièraubeurre. On ira certainement tous ensemble plus tard, pour l’instant chacun fait ses courses.


- Eh, bien… Depuis que je suis arrivée, j’ai fait avec les affaires que Dumbledore m’a fournies… Mais j’aimerais bien acheter quelques vêtements plus décontractés. Et j’aimerais bien aussi me trouver quelques nouveaux livres.


- Tu as Gaichiffon pour les vêtements, et nous n’avons qu’à aller chez Dumalley Fils. Ou alors, il y a une boutique de brocante avec de vieux grimoires, mais on peut trouver quelques perles, réfléchit Remus.


- Va pour Gaichiffon, choisit-elle. Et je te suis chez Scribenpenne après, et on terminera par la brocante.


- Je viens avec vous, il faut que je me rachète du parchemin, intervint Sirius. Les gars, on se retrouve aux Trois Balais à 15h ?


James, Peter et les filles acquiescèrent, et le groupe se scinda en deux. Hermione emboîta le pas aux garçons, bien qu’elle connaisse le chemin, et ils se dirigèrent vers la boutique de vêtements. En entrant, Hermione fut ravie de voir qu’elle proposait des articles issus de la mode moldue. Elle adorait les années 70. Sirius et Remus la virent ne se retenant pas de sourire errer entre les rayonnages, associant une pièce à une autre. Cela faisait depuis le mariage de Bill et Fleur qu’elle n’avait pas porté de robe, ou même un vêtement un tant soit peu habillé. Elle commença par se constituer une garde-robe de base, puis chercha des pièces plus originales. Elle dégota notamment à sa grande joie un cache-cœur à manches bouffantes rouge, article auquel les garçons acquiescèrent avec enthousiasme. Gryffondors jusqu’au bout des ongles. Elle allait régler ses achats lorsque son regard tomba sur une robe légère à col bardot, fleurie, dont la jupe s’évasait et descendait jusqu’au genoux. Elle s’éclipsa pour l’essayer, et fut ravie de constater qu’elle lui allait parfaitement ; les manches retombant très élégamment sur le bas de ses épaules. Le noir de la robe lui donnait une certaine sensualité, et les fleurs blanches contrebalançaient en un ton plus léger, automnal.


- Elle te va merveilleusement bien. Mais tu seras encore mieux sans.


Le souffle de Sirius lui caressa la nuque, alors qu’il avait approché la jeune femme discrètement, plongée dans sa contemplation, avant de lui murmurer ces mots à l’oreille. Ses mains agrippèrent la taille de la jeune femme qui pencha la tête en arrière, dans l’intention d’accentuer le contact avec le corps de Sirius. Il la fit pivoter brusquement avant de plaquer brusquement ses lèvres sur les siennes. Ses mains descendirent sur ses reins, et elle se joignit au baiser en entourant son cou de ses bras, avide de plus.


- Remus doit attendre, tu viens ?


Le traître. Réfrénant un soupir d’exaspération (ou d’impatience ?) lorsqu’il s’arracha de son étreinte, Hermione retourna se changer et rassembla ses achats avant de rejoindre les garçons qui patientaient devant la sortie. Elle les dépassa, non sans ignorer le clin d’œil de Sirius, et ils se dirigèrent vers Scribenpenne, où ils achetèrent de nouvelles plumes ainsi que du parchemin pour Sirius. L’étape suivante était donc la brocante, où Remus et Hermione espéraient dénicher des écrits inédits. Sirius les abandonna à ce moment pour rejoindre le reste du groupe chez Zonko qu’il aperçut lorsqu’ils passèrent devant la boutique, et les deux bibliophiles se retrouvèrent ainsi entre eux. Ils poussèrent la lourde porte, faisant tinter la sonnette d’entrée, et Remus la guida à sa demande vers le rayon des magies anciennes. Elle voulait en découvrir davantage sur la magie égyptienne, et non seulement sur le bâ. Cette civilisation antique l’avait toujours fascinée par son génie et sa beauté, et maintenant qu’elle avait une ouverture sur ce monde, elle comptait bien en découvrir le plus possible. Elle finit par dénicher un traité sur les premières expressions de la magie égyptienne, et rejoignit le sourire aux lèvres son acolyte, qui avait quant à lui exhumé un livre d’arithmancie avancée.


En voyant l’heure déjà avancée, ils menèrent leurs pas jusqu’aux Trois Balais, où le reste de l’équipée les attendait, installée devant des bièraubeurres. S’ensuivit un jeu de regards alambiqué durant la conversation animée, où Lily guettait les interactions de Remus et Hermione alors que James la dévorait du regard en lui parlant pour capter son attention, Peter admirant son idole à lunettes rondes. Ce dernier était par ailleurs discrètement observé par une Mary rougissante, alors que son amie assise à ses côtés, Marlène, dirigeait son étude sur Sirius. Cependant, l’objet de l’attention du brun était Hermione, alors qu’il se joignait à sa conversation avec Remus. Ce fut le cœur déjà plus léger qu’Hermione repartit vers le château avec les autres, discutant un peu avec James quant à sa relation avec Lily. Elle apprit, comme elle s’en doutait déjà, que malgré les refus répétés de Lily à ses demandes romantiques, leur relation s’était tout de même nettement améliorée depuis l’année dernière maintenant qu’il était préfet-en-chef. Elle ne put s’empêcher de lui donner quelques conseils concernant sa manière d’aborder le sujet ; pourquoi ne pas essayer de moins la tourmenter au quotidien pour qu’elle commence à l’apprécier ? Elle eut le sentiment d’avoir donné la suggestion la plus évidente du monde, mais le regard émerveillé de James lui fit comprendre qu’elle avait apparemment eu selon lui un éclair de génie en lui proposant cela. L’amour pouvait quand même rendre niais, se dit-elle. Il ne restait qu’à espérer que Lily répondrait positivement à ce changement de comportement. 

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Bonsoir à tous !


Un chapitre un peu plus tranquille que d'habitude, j'espère qu'il vous plaira tout de même !


Un grand merci pour vos lectures !


Des retours ?


A dimanche prochain,


Cassiopeia Von Black

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