Doremi à l’école des sorciers
Doremi cherchait la salle de métamorphose, mais s’orienter dans Poudlard relevait du défi. Le château comptait cent quarante-deux escaliers : certains larges, d'autres étroits, en colimaçon, branlants, ou encore droits comme une flèche. Certaines marches disparaissaient sans prévenir, et les couloirs semblaient changer de place au gré de leur humeur.
Certaines portes refusaient de s’ouvrir si on ne leur parlait pas poliment. Les tableaux accrochés aux murs ne restaient jamais à leur place : leurs personnages passaient leur temps à se rendre visite, tandis que les armures, parfois, se promenaient en toute liberté.
Après avoir tourné en rond un long moment, Doremi finit par demander son chemin à un personnage de tableau, qui, fort aimablement, la guida jusqu’à la salle de métamorphose.
— Merci ! souffla-t-elle avant d’entrer.
— Miss Harukaze, vous avez failli être en retard, déclara sévèrement le professeur McGonagall.
— Désolée, professeur.
— Veuillez vous asseoir à côté de Miss Granger.
Ne voulant pas se faire mal voir, Doremi s'exécuta. Hermione lui adressa un sourire satisfait, comme pour dire : Moi, au moins, je suis à l'heure.
— En attendant Messieurs Potter et Weasley, vous allez copier les deux premiers paragraphes de votre manuel de métamorphose, annonça McGonagall.
Puis, sous les yeux ébahis des élèves, elle se transforma en chat.
— Ouf, souffla Ron, on arrive à temps. Imagine la tête de la vieille McGonagall si on était en retard…
McGonagall reprit sa forme humaine devant Harry et Ron.
—vous êtes vachement doué.
— Merci pour ce compliment, Mr Weasley, répliqua la professeure. Peut-être devrais-je vous transformer en montre à gousset. L’un de vous finirait peut-être par être à l’heure.
— On s’est perdus… tenta Harry.
— Vous n’avez pas besoin d’un plan pour trouver vos places, rétorqua-t-elle.
Une fois les garçons assis, McGonagall plaça un brin de paille devant chaque élève.
— Vous allez transformer ce brin de paille en aiguille, comme ceci.
Elle pointa sa baguette sur le sien. Un éclair discret, et la paille devint une fine aiguille d’acier.
Doremi observa sa propre baguette, inspira profondément, ferma les yeux et murmura dans sa tête : Pirikala, vaporina, pekelatoum, pekelatoum, que ce brin de paille devienne une aiguille !
Quand elle rouvrit les yeux, sa paille s'était changée en aiguille. Elle jeta un œil à Hermione, qui n’avait pas encore réussi.
— Tu n’as pas réussi ?
Hermione secoua la tête. Doremi, surprise, réalisa que toute la classe la fixait avec des yeux écarquillés.
— Miss Harukaze, veuillez me suivre. Quant à vous, essayez de transformer ces aiguilles en brins de paille.
En se levant, elle remarqua que toutes les pailles des autres élèves étaient désormais des aiguilles.
Après quelques minutes de marche dans les couloirs, McGonagall s’arrêta devant une statue de griffon doré.
— Glace pistache.
Le griffon s’écarta, révélant un escalier en colimaçon. Tout en haut, la professeure frappa à une porte.
— Entrez, dit une voix familière.
Albus Dumbledore les accueillit d’un regard pétillant.
— Premier jour de cours et vous avez déjà des soucis avec une première année, professeur McGonagall ? Vous perdez la main.
— Cette élève a transformé son brin de paille du premier coup… et tous ceux de ses camarades.
— Vraiment ? Cela ne m’est pas arrivé depuis cinquante ans. C’était moi, à l’époque, le professeur de métamorphose.
— Ses capacités dépassent de loin tous les élèves que j’ai eus. Je pensais que peut-être…
— Que je pourrais m’occuper de ses cours de métamorphose et d’enchantement ? Excellente idée.
— Merci, professeur, répondit McGonagall avant de s’éclipser.
— Vous n’oubliez rien ? lança Dumbledore.
— Soixante points à Gryffondor pour Miss Harukaze.
Une fois seule, Dumbledore s’approcha.
— J’aimerais examiner votre baguette.
Doremi la lui tendit. Le directeur l’observa longuement.
— Une baguette comme celle-ci est rarissime… surtout entre les mains d’une élève de première année.
Elle se sentit rougir sous son regard perçant.
— Nous allons pouvoir commencer nos leçons. Mais avant...
Alors qu’elle s’apprêtait à sortir, il l’interpella.
— Miss Harukaze, attendez.
Il lui tendit un parchemin.
— Voici un plan de l’école. Je l’ai enchanté quand j’étais élève. J’en avais bien besoin à votre âge…
Le parchemin semblait vierge. Dumbledore pointa sa baguette et déclara :
— Je jure solennellement que mes intentions ne sont honnête.
Des tracés apparurent : c'était une carte animée de Poudlard avec les noms des personnes en mouvement.
— Voici la Carte du passeur. Elle vous sera utile pour ne pas vous perdre… ou pour aller chercher un encas de nuit.
Il la referma :
— Méfait accompli.
Grâce à la carte, Doremi arriva rapidement aux cachots pour le cours de potions. Peu après, le professeur Rogue entra.
— Pas de baguette. Pas de formule stupide. Ici, nous pratiquons l’art subtil et rigoureux des potions.
Il parcourut la classe d’un regard froid, s’arrêtant sur Malefoy.
— Pour les rares qui ont des prédispositions, je peux enseigner à emprisonner les sens, distiller la gloire et… embouteiller la mort.
Son regard glissa vers Harry.
— Certains, cependant, se croient exceptionnels… et oublient d’écouter.
Hermione donne un coup de coude à Harry.
— Monsieur Potter… notre célébrité.
Doremi trouva l’attitude de McGonagall stricte mais juste. Rogue, lui, était injustement cruel.
— Qu’obtient-on en mélangeant de la racine d’asphodèle en poudre à une infusion d’armoise ?
Hermione leva la main. Harry resta muet.
— Vous ne savez pas ? Où iriez-vous chercher un bézoard ?
— Je... je ne sais pas, monsieur.
— Et la différence entre le napel et le tue-loup ?
— Je ne sais pas non plus.
— Navrant. Moins dix points. Essayons avec une autre célébrité…
Il se tourne vers Doremi.
— Miss Harukaze, les mêmes questions ?
— Cela donne un somnifère appelé Goutte du Mort-vivant. Un bézoard se trouve dans l’estomac d’une chèvre, donc j’irais là où on élève des chèvres. Et il n’y a aucune différence entre napel et tue-loup : c’est l’aconit.
Rogue resta bouche bée.
— Vous avez lu votre manuel.
— Peut-être que j’ai un don pour les potions… ou peut-être que ça vous embête que je ne sois pas chez Serpentard. Mais au moins, vous voyez que je ne suis pas un cornichon.
— Venez me voir après le dîner. On va cultiver ce talent… et apprendre à tenir sa langue.