Le temps des Maraudeurs
Mégane n’en revenait toujours pas, elle ne pouvait ni ne voulait croire ce que son père lui annonçait dans la lettre qu’il venait de lui envoyer. C’était tout simplement inconcevable. Pour être réellement certaine que ce qu’elle venait de lire n’était pas le fruit de son imagination, elle parcourut une nouvelle fois la lettre.
Ma chérie,
Tu sais bien que je ne suis pas adepte des longs discours sans queue ni tête. Je préfère laisser ça aux autres. Je suis plutôt du genre à dire ce que je pense mais là, pour une fois, les mots me manquent. Je sais ce que tu penses : il tourne autour du pot, quelque chose de grave à dû se passer pour qu’il m’écrive si tôt. Oui, quelque chose c’est passé. C’est à propos du Major Kawalsky. Au retour d’une mission, il a été prit de violents maux de tête. Après des examens, les médecins ont découvert qu’il avait été parasité comme l’avait été la femme de Daniel. Ils ont tout tentés pour lui enlever mais ça a échoué et le Major n’a pas survécu. Je sais que tu tenais énormément à lui, ce qui est normale puisqu’il était ton parrain et tu sais que moi aussi. Il a été mon ami. Je ne peux pas te dire de ne pas pleurer ou de ne pas être triste mais ce que je peux te dire c’est qu’il t’aimait beaucoup. Tu trouveras dans l’enveloppe une lettre qu’il a tenu à t’écrire dans un moment où il était lucide.
En tout cas, ma chérie, sache que je t’aime plus que tout et que je suis vraiment désolé d’avoir à t’annoncer de si mauvaises nouvelles. Si tu as besoin de quoique ce soit, écrit moi.
Le capitaine Carter et Daniel t’embrassent.
Je t’aime,
Papa.
-Ça va ? Questionna Alice en voyant Mégane blêmir. Des mauvaises nouvelles ?
-Je…J’ai besoin de prendre l’air avant les cours, dit-elle en prenant l’emploi du temps que le professeur MacGonagall distribuait aux 6 ème année et après lui avoir dit les matières qu’elle gardait.
-Tu veux que je t’accompagne ? S’inquiéta Lily.
-Non, merci, répondit la brune en sortant de la Grande Salle.
Elle sortit dans le parc et alla s’adosser contre le saule pleureur devant le lac. C’est le cœur lourd qu’elle se laissa aller à verser quelques larmes. Elle se demanda pourquoi. Pourquoi lui et pas un autre ? Elle enroula ses bras autours de ses genoux avant d’y déposer sa tête. Tous les souvenirs qu’elle avait avec son parrain revenaient par flashs. La façon dont il la prenait sur son épaule tel un sac à patates et à chaque fois elle se débattait telle une furie mais elle adorait ça, la façon dont Jack O’Neill et lui se vouvoyaient, même en dehors du travail, alors qu’ils étaient amis, sa façon de rire quand elle sortait une blague foireuse. Se reprenant, elle appuya son dos contre le tronc de l’arbre puis tenta de trouver le courage d’ouvrir la lettre qu’il lui avait écrite. Elle prit une grande inspiration et ouvrit l’enveloppe.
Mégane,
Si tu lis ceci, c’est que je viens de perdre une bataille que je savais perdu d’avance. Je voulais simplement que tu saches certaines choses avant que je ne quitte définitivement ce monde.
Je sais que tu es au courant de ce qui m’est arrivé et je voulais me réveiller moi de cette intervention ou bien ne pas me réveiller du tout.
Lorsque Jack m’a demandé d’être ton parrain, il n’aurait pas put me faire de plus grand honneur. Tu es quelqu’un d’extraordinaire mon ange, et ne l’oublie jamais.
De là où je suis, je veillerais sur toi quoiqu’il arrive. Rien n’aurait pu me rendre plus fier que d’être ton parrain et sache que je t’aimais. Tu as la force de ton père, son courage, son sens de l’humour et la beauté de ta mère même si tu ressemble à ton père comme dans bien des domaines.
Je ne veux pas que tu sois triste car ce que tu dois savoir (et tu t’en rendras compte plus tard), une vie avec une bestiole comme ça dans le corps n’en n’aurait pas été une. Je n’aurais plus été le vrai moi.
Reste forte, tu as la chance d’avoir une famille et des amis qui t’aime et qui, j’en suis certains, seront toujours là pour toi
Tout ce que je peux te souhaiter c’est de réussir dans tes études et que tu trouve un homme que tu aimeras et qui te rendras heureuse. Et surtout qui plaira à ton père.
Je t’aime,
Charly Kawalsky, ton parrain.
Mégane fut bouleversée par cette lettre qu’elle replia soigneusement et la sera contre son cœur. Elle avait toujours considéré le Major Kawalsky comme un père de substitution et jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse mourir un jour. Pas maintenant et surtout pas comme ça. Bien décidée à faire honneur à Kawalsky, elle se releva, s’essuya les yeux et se dirigea vers la salle de sortilège pour un double cours en compagnie des Poufsouffle.
-Par Merlin, Mégane ! S’exclama Lily en se jetant sur elle. Ca va ? Qu’est ce qui c’est passé ?
-Rien d’important, marmonna la brune en entra dans la salle et en s’installant au deuxième rang, comme toujours depuis 6 ans.
-S’il n’y avait rien d’important, tu ne serais pas « sortis prendre l’air » (Lily mima les guillemets avec ses doigts) sans plus d’explications.
-Ecoute Lils, ça va. Ne t’en fais pas pour moi. C’est simplement… le poisson rouge de mon père qui est mort, finit-elle en sortant le premier truc qui lui passait par la tête.
-Le poisson rouge de ton père qui est mort? Questionna Alice septique. Tu ne serais pas en train de nous raconter des bobards ?
-Attendez ! J’adorais ce poisson ! Il l’avait acheté quand on est allé s’installer tous les deux au chalet. Et puis arrêtez de me poser des questions, le cours commence.
Comprenant qu’elles ne tireraient rien de leur amie pour le moment, les trois jeunes Gryffondor se concentrèrent sur le cours. La journée passa normalement, Mégane cachant son malheur derrière son humour et suivant les cours comme si de rien était alors que ses trois amies essayaient de trouver un moyen de savoir ce qui n’allait pas chez la jeune fille. Les quatre amies allaient sortir du cours de métamorphose, dernier cours de la journée quand le professeur MacGonagall interpella Mégane.
-Miss O’Neill, attendez un instant, j’aimerais vous parler.
Mégane fit signe à ses amies qu’elle les rejoindrait dans la Salle Commune et s’approcha du bureau de sa Directrice de Maison qui ferma la porte de la salle d’un coup de baguette.
-Je dois dire que je suis fier de vous. Vous avez fait d’énormes progrès pendant l’été.
-Ecoutez professeur, je suis sûre que vous ne m’avez pas demandé de rester simplement pour me parler de mes progrès. Alors, s’il vous plait, dites moi ce que vous avez à me dire que je puisse rejoindre mes amies rapidement.
-Votre père à envoyer une lettre au professeur Dumbledore à propos de votre parrain. Votre père est inquiet pour vous.
-Il a toujours été un peu trop inquiet pour moi, marmonna la jeune Gryffondor.
-Je suis désolé pour vous Miss, je comprends que cela puisse vous être difficile alors si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas à venir me voir.
-Merci professeur, mais ça ira.
-Vous m’avez déjà dit cela il y a deux ans, pour votre frère et vous étiez au plus mal même si vos notes étaient élevées. Alors faites-moi le plaisir de venir me voir en cas de problème.
-Bien professeur. Est-ce tout ?
-Non, dans sa lettre votre père fait savoir qu’une cérémonie commémorative en l’honneur du Major Kawalsky aura lieu vendredi matin.
-Mais c’est pendant les cours, fit remarquer Mégane.
-Oui mais le professeur Dumbledore vous permet de sortir exceptionnellement du château et de rater les cours. Enfin, si vous souhaitez vous y rendre.
-Bien, professeur, je peux y aller maintenant ?
-Oui, répondit le professeur MacGonagall en levant les yeux au ciel.
-Merci professeur, au revoir.
-Au revoir Miss.
Mégane referma la porte doucement et, son sac de cours sur l’épaule, elle se dirigea vers le parc. Elle n’avait pas très envie de se faire questionner par ses trois meilleures amies. Elles le feraient bien assez tôt à son goût. Elle se laissa glisser le long du tronc du saule pleureur comme elle l’avait fait le matin même. Elle entoura ses genoux de ses bras et y posa sa tête. Les yeux fermés, elle se demandait si elle devait se rendre ou non à la commémoration. Elle avait l’autorisation d’y aller mais le voulait-elle vraiment ? C’était la deuxième fois qu’elle perdait quelqu’un qu’elle aimait. Elle sursauta quand elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle leva la tête et son regard croisa les yeux ambrés de Remus.
-Ça va ? Questionna ce dernier.
-Oui, mentit-elle alors qu’il s’asseyait à ses côtés. J’avais juste envie de me retrouver un peu seule.
-Tu es sûre qu’il n’y a rien d’autre ? Tu as été étrange toute la journée. Les filles sont inquiètes, surtout Lily, ajouta-t-il. C’est à propos de la lettre que tu as reçu ce matin ?
-Tu as vraiment les yeux partout, hein ! Tu serais presque pire que Lily par moment.
-C’est parce que tu es notre amie et qu’on tient à toi. Alors dis-moi ce qu’il se passe.
-Tu te souviens l’été après notre quatrième année quand toi et Lily êtes venus à la maison, commença Mégane vous avez rencontré Charly Kawalsky, mon parrain.
Remus hocha la tête pour indiquer à son amie qu’il s’en souvenait ce qui encouragea la jeune Gryffondor à continuer.
-Il est militaire, comme mon père, et il y a quelques temps, il est revenu d’une mission avec des violents maux de têtes.
Mégane s’arrêta quelques secondes et essaya de trouver les mots justes pour expliquer à son ami de quoi était mort le militaire sans balancer les secrets qu’elle avait promis de garder.
-Après des examens, les médecins ont découvert qu’il avait attrapé une sorte de parasite. Ils ont tout tentés pour lui retirer mais…il n’a pas survécut, finit-elle en ravalant ces larmes.
Remus attrapa la jeune sorcière et la prit dans ses bras. La tête appuyée contre le torse du lycanthrope, elle le remercia intérieurement de ne pas lui dire qu’il était désolé. Elle avait déjà tellement entendu ce mot qui ne signifiait rien pour elle, il ne lui procurait aucun réconfort. Elle resta comme ça, dans les bras de son ami, pendant un moment avant de commencer à reprendre sa lucidité et à se détacher des bras fort du Loup-garou et de le regarder dans les yeux.
-Merci, souffla-t-elle simplement alors que Remus lui fit un sourire doux et bienveillant. Merci d’être là.
-Mais c’est normal, ma puce, répondit-il d’une voix douce. Tu veux rentrer au château ? C’est l’heure du dîner.
Mégane hocha la tête et se dégagea de l’étreinte du lycanthrope et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Ils se dirigèrent bras dessus bras dessous vers la Grande Salle où certaines filles lancèrent des regards mauvais à la Gryffondor qui osait se montrer au bras d’un Maraudeur. Mégane les gratifia d’un immense sourire hypocrite dont elle avait le secret avant de se laisser tomber à côté d’Alice tandis que Remus rejoignait les trois autres Maraudeurs un peu plus loin. Lily, Stéphanie et Alice lancèrent des regards inquiets à leur amie mais ne lui dirent rien, préférant la laisser leur raconter ce qui lui pesait sur le cœur.
-Arrêtez de me regarder avec ces yeux de poisson mort les filles, je vais bien, leur lança Mégane en se servant une part de légumes.
-Tu sais que tu peux tout nous dire, pas vrai ? Répliqua Lily.
-Bien sûre, répondit Mégane feignant de ne pas voir où la rouquine voulait en venir.
-Et !? Insista la préfère.
-Qu’est ce que vous voulez que je vous dises ? Je vais bien.
Lily, Alice et Stéphanie lui lancèrent un regard lourd de sens tandis que Mégane poussait un soupir d’exaspération.
-Ok, c’est bon, je vais tout vous dire. C’est pas vrai ! On ne peut vraiment rien vous cacher, continua-t-elle en leur tendant la lettre de son père qu’elle avait reçu le matin même.
Alice la lut la première puis, la tendit aux deux autres.
-Pourquoi tu ne nous a rien dit avant ? S’indigna Lily en repliant la lettre.
-Ecoutez les filles, je n’ai pas envie de retomber dans le même piège qu’il y a deux ans. Je veux à tout prit éviter de me morfondre dans le passé. Je veux continuer de me souvenir de Kawalsky, d’honorer sa mémoire et de continuer à vivre ma vie même si j’ai mal en repensant à lui. Je ne veux pas que vous changiez de comportement pour moi et que vous me demandiez toutes les cinq minutes si je vais bien. Non, je ne vais pas bien, mais ça passera avec le temps. Alors maintenant, la conversation est close et on passe à autre chose. D’accord ?
-D’accord, répondirent doucement les trois jeunes femmes tendit que Mégane reprenait le cours de son repas.
-Petite Lionne, j’ai absolument besoin de ton aide ! S’exclama James Potter en venant à sa rencontre.
-Oula ! Tu me fais peur Potter. Venant de toi, je m’attends à tout ! Se moqua Mégane avec un sourire moqueur.
James lui tira élégamment la langue avant de poursuivre.
-En fait, je te l’ai pas dit parce que j’y avait plus pensé mais cette année, j’ai été nommé capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor.
Le sourire de Mégane s’élargit et elle se leva pour se jeter dans les bras de son ami qui s’écroula sur le sol de la Grande Salle. Plusieurs personnes se retournèrent et Mégane entendit distinctement plusieurs groupies la traiter de « salope » mais n’y ne répondit rien.
-Pourquoi tu ne m’a rien dit avant sombre crétin !! Mais c’est génial !
-Ouais pas si génial, j’ai besoin de toi pour les sélections, réplique le brun en se relevant. En fait ce qui serait bien c’est que l’équipe soit là au complet ou du moins ce qu’il reste de l’équipe.
-Si je fait les comptes ça ne fait pas grand monde, fit remarquer la jeune sorcière. Nous ne sommes plus que trois : toi, Sirius et moi.
-Justement, c’est pour ça que j’ai besoin de toi. Donc, il faudra qu’on soit à 8 Heures samedi matin au stade.
-En fait Cornedrue, je suis désolé mais je ne peut pas venir, répliqua Sirius en venant le rejoindre. J’ai rencart.
-Tu fais chier Patmol, tu savais bien que je voulais faire les sélections rapidement.
-Oh, je suis sure que Mégane et toi vous vous débrouillerez très bien sans moi.
-Dans ce cas là tu ne viendras pas te plaindre que ceux qu’on aura choisit ne te plaise pas, fit remarquer Mégane.
-Mais j’ai entièrement confiance en toi Ma Lionne, je sais que tu fera les bons choix, dit Sirius avec un sourire.
-Dites les garçons, si ça ne vous déranges pas j’aimerais finir mon repas avant que ça ne refroidisse.
Sur ce, les deux jeunes Gryffondor retournèrent s’asseoir à leurs places et le repas se termina dans un calme relatif.
Ce soir-là, Mégane n’eut aucun mal à trouver le sommeil mais ces rêves furent peuplés de souvenirs de son parrain défunt.